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 PARIS - Robert Sabatier, l'auteur des "Allumettes suédoises", est mort jeudi à l'âge de 88 ans, salué par tous comme un formidable conteur d'histoires mais aussi un poète et un admirable connaisseur de la poésie, lui qui pouvait réciter par coeur des milliers de vers.


Le doyen de l'Académie Goncourt est mort "à 13H00 à l'hôpital Ambroise Paré de Boulogne-Billancourt", a précisé à l'AFP son éditeur historique, Albin Michel.

Avec Robert Sabatier "disparaît un enfant chéri du public, un étonnant raconteur d'histoires", a souligné la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti.

Mais "derrière le masque bonhomme et les volutes de fumée de son éternelle pipe, il y avait l'un des meilleurs connaisseurs de la versification contemporaine, un excellent poète et l'auteur d'une monumentale +Histoire de la poésie française+. Il y avait aussi l'amateur d'humour noir et d'aphorismes, contempteur féroce de la comédie humaine", a relevé la ministre.

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a, lui aussi, salué ce "poète à la curiosité infinie, au style élégant et populaire. Amoureux de Paris, la capitale lui a permis de vivre sa passion de la littérature et lui a inspiré sa série +Les allumettes suédoises+".

L'un de ses condisciples à l'Académie Goncourt, Tahar Ben Jelloun, s'est dit très attristé par la perte d'un "homme d'une grande culture et d'une grande discrétion, doté d'une grande présence. Subtil et jamais véhément".

"La rentrée littéraire sans lui va être bien triste", a-t-il déclaré à l'AFP.

"C'était mon voisin de gauche à la table du jury du Goncourt (au restaurant Drouant, à Paris). Il était là avant nous tous et en a vu passer beaucoup, Aragon, Genevoix...", a-t-il ajouté.

"Vieillir comme un bourgogne"

Bernard Pivot, lui aussi membre de l'Académie Goncourt, avait fait la connaissance de Robert Sabatier il y a une cinquantaine d'années, quand il était "jeune journaliste au Figaro littéraire et Robert Sabatier attaché de presse aux PUF".

"Robert avait une double image, l'une ayant fait du tort à l'autre. Il souffrait du succès considérable de son autobiographie romancée qui avait occulté son talent de poète", a expliqué le journaliste à l'AFP.

"C'était un poète formidable et un admirable connaisseur de la poésie, qui pouvait réciter des milliers de vers, citant aussi bien Ronsard que Saint-John Perse", a-t-il ajouté. "C'est lui qui orientait le choix du jury lors de l'attribution du Goncourt de la poésie".

Amateur de bons mots et de bons vins, comme Pivot, Robert Sabatier aimait à dire "il faut s'efforcer d'être jeune comme un beaujolais et de vieillir comme un bourgogne"...

Né le 17 août 1923, enfant de Montmartre, orphelin à 12 ans, Robert Sabatier peuplait ses livres de personnages truculents et fit revivre dans une vingtaine de romans le Paris gouailleur, insouciant, un peu anar, des années 1930.

Son premier roman, "Alain et le nègre" (1953), fut salué par la revue Les Lettres Françaises comme "le premier roman français antiraciste" et adapté par Julien Duvivier au cinéma.

Encouragé par Albert Camus, il publiera une quinzaine de livres en quinze ans. Mais, c'est avec "Les allumettes suédoises" (1969), premier volet des aventures d'un jeune orphelin, Olivier, qu'il rencontre un succès international.

Le roman rate de peu le Goncourt, mais l'auteur ajoutera sept épisodes en trente ans aux aventures d'Olivier : "Les noisettes sauvages" (1974), "David et Olivier" (1986), "Olivier et ses amis" (1993)...

La saga s'est vendue depuis à des millions d'exemplaires dans le monde et France 2 a adapté "Les allumettes suédoises" en 1996. Et si le roman lui a apporté la gloire, sa grande passion restait la poésie.

© 2012 AFP


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