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  • Né le 26 juillet 1826 - Aunois, Saint-Quentin, 02691, Picardie, France
  • Décédé le 29 août 1892 - Maré, 98815, Nouvelle-Calédonie, France,à l'âge de 66 ans
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Notes individuelles

condamné le 25 octobre 1878 à 8 ans de travaux forcés pour incendie volontaire - Embarqué sur la frégate "La Loire" le 7 juin 1879 -
Cote FRANOM COL H 534 Matricule n´ 10946 / 5329
Si Badinguet fut le sobriquet méprisant ou narquois attribué à l'empereur Napoléon III par ses détracteurs, il fut avant tout le surnom du maçon du fort de Ham (Picardie) qui passe pour avoir prêté à Louis-Napoléon sa blouse et une planche grâce auxquelles il put sortir... par la grande porte. Et s'enfuir de la prison où il avait été emprisonné à vie.
BADINGUET eut donc les malencontreux honneurs d'une presse hostile à Napoléon III qui cherchait à le ridiculiser, à l'abaisser. BADINGUET fut l'attribut malheureuxcollé à l'Empereur comme une douloureuse infirmité, une sorte de hontesociale.
Et dans les faits, on verra que la hargne anti napoléonienne, s'acharna sur le maladroit maçon, même après que l'Empereur fut déchu, exilé... et mort ! Surtout après !
L'affaire du fort de Ham eutdonc deux conséquences fâcheuses : d'une part, l'empereur fut raillé de s'être évadé en tenue d'ouvrier, d'autre part, l'ouvrier fut poursuivi de haine parce qu'il aurait aidé l'homme politique.
BADINGUET estun sobriquet de hargne de mépris. Or, le maçon en question, qui étaiten réalité plâtrier, s'appelait PINGUET, et son nom déformé fut vite assimilé à un verbe du vieux français : "Badinguet", qui signifie "aller et venir sans but" : la métaphore fut facilement accolée à l'homme que l'on prétendait voir s'agiter pour rien ! Et voilà pour l'assimilation... et la raillerie.
En définitive, des écrits relativement nombreux ont été publiés sur "le maçon de Ham" mais curieusement, il fut aussi souvent appelé RADOT que BADINGUET. On lui attribua un peu trop facilement le prénom de Bertrand, aussi bien que celui de Charles. Depuisla dernière guerre, le dossier fut repris avec moins d'inexactitudes par deux historiens célèbres :
- Louis HASTIER est le premier qui établit vraiment l'identité : PINGUET= BADINGUET
- Alain DECAUX s'approcha le plus près de la Nouvelle-Calédonie : c'est lui qui diffusa la nouvelle de la mort de PINGUET aux Nouvelles-Hébrides !
Pourtant, c'est un Calédonien à l'esprit curieux, Lucien COLARDEAU, qui suscita en monesprit l'intérêt de l'histoire locale sur l'affaire : un entrefilet DEHISTORIA (n´ 445 de décembre 1983) indiquait que le nommé PINGUET, condamné au bagne, serait mort "dans l'île de Maré en 1892 à la missiondu père DOILAUX".
C'était peu ou beaucoup ! Il fallait vérifier ou rectifier. r Tout d'abord, il n'y a pas eu de père DOILAUX à la mission de Maré mais un père BOILLOT Auguste ; arrivé en Nouvelle-Calédonie en1880, il fut d'abord aumônier de l'hôpital du Marais à l'île Nou, puisil fut nommé curé à la mission de la Roche en 1881, enfin à Pénélo en1882. On lui doit les plans et la construction de l'église de Médou ;durant les travaux, il fut blessé à l'oeil et en mourut en 1895
Ainsidonc, il a pu connaître et apprécier des condamnés experts en différents métiers de la construction et sans doute peut-il en embaucher puisrecueillir des libérés qui avaient été maçons ou plâtriers : un lien avec PINGUET existait. Mais il faut commencer au fort d'Ham, en Picardie, et voir comment le prince Louis-y fut enfermé.
I - LOUIS-NAPOLEON JUSQU'EN 1840
Ces quelques lignes tentent de résumer la vie du prince Louis-Napoléon, fils de Louis roi de Hollande, frère de Napoléon 1´,et de la reine Hortense : ce neveu de l'empereur déchu se considère comme l'héritier du grand empereur dès 1832, date de la mort du duc deReichstadt. Il vit alors en Suisse, près de sa mère et a appris à conspirer avec les "carbonari" italiens en 1830. Et déjà, un ami intime lesuivait partout : le docteur Henri CQNNEAU, auquel la reine Hortenseavait fait jurer de "ne pas quitter le prince".
Le 30 octobre 1836, ilfranchit la frontière et tente de se faire acclamer par les soldats de la garnison de Strasbourg car celle-ci est commandée par le colonelVAUDREY, héros de Waterloo. Mais après un début de ralliement, l'arméequoique ébranlée, ne se soulève pas et les conjurés sont arrêtés. Leroi Louis-Philippe n'organise pas de poursuites et tourne la tentative en dérision : il se contente de faire exiler le prince vers l'Amérique en l'embarquant sur un bateau en partance. Mais celui-ci retraversel'Atlantique et s'installe à Londres.
Le 6 août 1840, il renouvelle la tentative à Boulogne : ayant débarqué, il tente de soulever la garnison du port du nord mais n'y réussit pas non plus. Cette fois, le roiLouis-Philippe traduit le groupe devant les tribunaux : le général Montholon, le fidèle de l'Empereur, est condamné à 20 ans de prison ainsique Persigny et le commandant Parquin. Le docteur Conneau fera 5 ansde prison, le valet de chambre Thélin est acquitté. Mais Louis-Napoléon est condamné à la prison à vie en enceinte fortifiée.
Le 7 octobre1840, il est enfermé au fort de Ham (Picardie) et il y reste sans espoir jusqu'en 1845, date où son père, l'ex-roi de Hollande, meurt à Florence : il demande alors à assister aux funérailles, s'engageant surl'honneur à revenir en prison. La supplique ayant connu un refus, il décide alors d'essayer de s'évader.
Il - LE FORT HAM ET BADINGUET
Le fort est vraiment une enceinte fortifiée avec 4 tours massives aux angles des hauts murs. Un donjon domine l'ensemble et permet de surveillerles alentours marécageux de Picardie.
Dans la cour intérieure, existent 2 casernes en' briques et un petit bâtiment à un étage : c'est la maison du prisonnier, de son inséparable ami et médecin Henri CONNEAU etdu fidèle valet Thélin. Trois agents de la Sûreté et quatre compagnies de soldats assurent la surveillance, les services et la garde : c'est un forteresse d'Etat. Le commandant Demarle doit s'assurer de la présence physique du prisonnier matin et soir : celui-ci est bien gardé.
Que peuvent faire Louis-Napoléon et Henri CONNEAU pour occuper leurtemps dans la villa centrale? Lire, lire beaucoup. On lit surtout Fourrier, Saint-Simon, Proudhon. On lit aussi Balzac, George Sand, Alexandre Dumas et cela fait rêver. On écrit aussi : "L'avenir de l'artillerie" et encore "L'extinction du paupérisme". Bref, le prince s'instruit

il dira plus tard qu'il était "à l'Université de Ham". ll y avait aussi une lingère, choisie par Louis : Alexandrine VERGEOT. Il en eut deux enfants.
En mai 1846, des crédits sont affectés, à la réfection dubâtiment des prisonniers. Une entreprise commence les travaux. Louis-Napoléon a 38 ans. Parmi les ouvriers, un ouvrier plâtrier va et vientdans la petite maison, sort dans la cour et revient. On s'aperçoit qu'un jour, il part avec une planche sur l'épaule sans attirer l'attention. ll a le même âge et un peu la même allure et... les gardes ne lèvent pas les yeux sur lui !
Le 21 mai, on éloigne Alexandrine VERGEOT pour quelque temps.
Ill - LA FUITE DE LOUIS-NAPOLEON
Le 25 mai 1846, BADINGUET sort du fort de Ham ! Sans problème ! Par la grande porte. Déguisé en ouvrier. Avec une planche sur l'épaule l Louis-Napoléon a rasésa moustache, s'est posé une mouche sur la joue, s'est teinté le visage au fard et a revêtu une perruque noire (il est blond).
Le docteur CONNEAU a usé artificiellement la blouse achetée préalablement par Thélin et l'a maculée de plâtre ; une casquette, un foulard rouge, des sabots et une pipe en terre complètent le déguisement.
A l'arrivée des ouvriers, le matin à 6 heures 45, le docteur CONNEAU a trouvé un prétexte pour offrir à boire dans une pièce du fond : on fête un anniversaire. Le passage est libéré ainsi de curieux éventuels, de gêneurs ou desots importuns. A la porte de la maison, le garde Saint André voit uneplanche arriver et recule pour laisser passer le balourd. ll passe. Dans la cour, au poste de police, le sergent lit une lettre. Le plâtrier change sa planche d'épaule, masquant ainsi son Visage mais sa pipe tombe et se brise. Ce fut le seul moment délicat. Le plâtrier ramasse calmement les morceaux et passe en demandant "Porte si-ou-plaît". Puis"Merci". Au pont-levis, le garde Guénard évite la planche. Et par lagrande porte, BADINGUET sort, sa planche sur l'épaule. Il entre ainsiau village, qu'il traverse sans se presser. Il fait les deux kilomètres prévus et jette sa planche au pied d'un arbre : une voiture à chevalarrive : il est 7 heures et demie. C'est le fidèle Thélin qui fait monter Louis-Napoléon dans le cabriolet où il retrouve son épagneul : ilse change et se démaquille. On s'éloigne comme prévu.
A 8 heures et demie, on arrive à Saint-Quentin, on a parcouru 18 km dans l'heure. Avant l'entrée, il descend et conduit le chien en laisse et traverse à pied la ville sans attirer l'attention. Pendant ce temps, Thélin changede voiture et de cheval. A la sortie de la ville, il le rattrape, on repart vers Cambrai mais on évite prudemment cette ville et à 15 heures, on arrive à Valenciennes : il suffit d'attendre. A 17 heures, un train part pour Bruxelles, qu'on atteint à 20 heures. C'est fini : le prince est en exil mais libre.
IV - A HAM, L'ALERTE N'A PAS ETE DONNEE
Lematin, à 8 heures, le commandant Demarle est venu : le docteur Conneau, à voix basse, lui a dit : "Le prince est malade, il souffre d'un dérangement intestinal en ce moment, il dort". Il est revenu à 15 heureset le médecin l'a rassuré : "Il va mieux, il a pris un déjeuner légeret il sommeille". Mais il insiste pour le voir et la porte ayant étéentrebâillée, il aperçoit une forme humaine dans le lit, avec le bonnet de nuit habituel. Tout paraît normal.
On tiendra comme cela jusqu'au lendemain matin à 7 heures où le commandant du fort exige de le voir, entre et retire le drap : "Mon honneur est perdu, dit-il, ma carrière est brisée !"On vous dédommagera, lui promet le docteur Conneau, quand le prince sera Empereur !".
L'alerte n'est donc donnée que le 26 mai dans la matinée : mais à cette heure-là, Louis-Napoléon est à Bruxelles en sûreté depuis la veille au soir ! C'est le souvenir d'un sentiment de défaite et même l'amère constatation "d'avoir été roulé", de façon si simple, qu'on retrouvera dans le sobriquet de "Badinguet", qu'on répandra pour se venger du retournement intempestif de l'histoire !
Car tout alors ira très vite, comme une vague de fond qui déferle : l'histoire de la France s'empare de l'affaire. Et le prince est désormais connu, il incarne l'idéal napoléonien.
En février 1848, Louis-Philippe est renversé. La République est proclamée. Aux élections d'avril,des bonapartistes notoires sont élus sous l'étiquette "Républicains".Le 4 juin, Louis-Napoléon lui-même tente sa chance et est élu dans quatre départements. Mais le fruit n'est pas mûr : il démissionne et retourne à Londres. Il a vu juste : CAVAIGNAC voit sa popularité baisser.En septembre, des élections partielles le font revenir. L'élection présidentielle du 10 décembre est pour lui un triomphe car il a misé surle rétablissement du suffrage universel.
Le 2 décembre 1851, il forcele destin au prix, selon Morny, d'une "opération de police un peu rude" : des cadavres, 32 départements en état de siège, 100.000 citoyens emprisonnés. On n'a jamais su combien de personnes furent déportées à Lambessa ou Cayenne. Le 20 décembre, le suffrage universel lui donnaitla légitimité. Un an après, il devenait Napoléon III.
V - LE SORT ETONNANT DE PINGUET-BADINGUET
Louis HASTIER assure que le plâtriers-maçonPINGUET, surnommé BADINGUET, reçut comme récompense deux mille francsd'abord, puis quarante mille ultérieurement l Des francs d'époque, desfrancs-ors. Il aurait racheté l'entreprise de travaux qui l'employait et, désormais parvenu à une situation enviable, se serait fait construire une belle maison, près de Ham qui fut vite surnommée "le château". Et comble d'assise sociale, il se marie en 1855. Il aura deux enfants. Désormais, il est envié et jalousé. Le sommet d'honneur est atteint le 25 décembre 1857 car il est invité aux Tuileries par l'Empereur.A cette incroyable occasion, il se rend à Paris chez sa belle-soeur etlà, voiture et équipage impériaux viennent le prendre et le conduireà la réception, selon les indications du carton imprimé avec les aigles, transmis par la préfecture et qui porte en suscription : Charles PINGUE T, maître maçon au Fort de Ham".
Tout va pour le mieux jusqu'en 1870 mais à partir de là, les jaloux et les envieux lui font payer sa nouvelle condition et sa fortune. Il sera moqué, raillé, critiqué, suspecté et bientôt, persécuté.
Une affaire malheureuse éclate au début de1878 : un incendie détruit le "château". Railleries de certains. En juin 1878, il porte plainte nommément contre les incendiaires. L'affaire est soumise aux Assises d'octobre 1878 à Amiens. Et là, retournementde situation : des témoins déclarent l'avoir vu mettre le feu ! Il est confondu... et condamné à 8 années de bagne.
Voilà BADINGUET-PINGUET transporté en Nouvelle-Calédonie, cause de l'ouverture d'un dossierinfâmant qui ne peut-être encore consulté. Charles PINGUET est graciéen 1883 : il a 57 ans. Depuis trois ans, il est en Nouvelle-Calédonie.Il a ensuite suivi le père BOILOT qui, sans doute, s'était intéresséà son cas. Après un séjour à La Roche où l'on construisait l'église, il va travailler à l'église de Médou. Libéré en 1883, que pouvait-il faire ? Soumis au "doublage", il continua donc comme ouvrier libre, à maçonner pour la mission et pour son protecteur.
Pendant ce temps, sa femme et ses enfants, qui n'avaient rien compris à l'écroulement soudainde leur situation totale, se morfondaient dans l'attente, sans douteencore raillés de la gloire éphémère attachée à BADINGUET.

Charles PINGUET est mort à Maré le 30 août 1892 : l'acte de décès, signé par l'officier d'état-civil Achille de CASABIANCA et de deux témoins mélanésiens envoyés par la mission catholique : André Joseph WANAKAMINE et Alexandre KAPEONE, tous deux de Médou. Charles .PINGUET était né le 26 juillet 1826 à Aunois, département de l'Aisne (France)... et n'aurait sans doute jamais quitté sa région natale si... un prétendant impérial n'y avait pas été emprisonné !
C'est encore un cas de Calédonien malgrélui et son odyssée dépassa sa modeste situation !
Ne pas confondre les pères BOILEAU et BOILLOT. Le père BOILEAU Henri (1874-1966) a laisséun souvenir encore vivace, vingt ans après sa mort. Le père BOILLOT Auguste ne resta que 15 ans en Nouvelle-Calédonie et son nom est aujourd'hui oublié.
Le Théophile CONNEAU qui fut lieutenant de port à Port-de-France est le frère du docteur Henri CONNEAU. Ancien négrier en Afrique, aventurier assagi, il fut accepté comme candidat à la Nouvelle-Calédonie grâce à l'intérêt que lui portait son frère qui resta le familier fidèle de la jeunesse du prince, puis de sa vie d'Empereur et d'exilé.
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