On the side of Jean-Jacques le Franc de Pompignan, marquis de Pompignan 1709-1784 | On the side of Anne-Olympe Mouisset 1714-1784/ |
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Je suis franche et loyale républicaine, sans tache et sans reproche; personne n'en doute, pas même ceux qui feignent de méconnaître mes vertus civiques"
(Olympe de Gouges défenseur officieux de Louis Capet Lettre à la Convention, le 14 décembre 1792)
Quand les despotes sont armées l’inaction et le silence accusent le citoyen. Il faut combattre pour la liberté ou entretenir par ses écrits le feu du patriotisme. Personne ne s'est plus empressé de payer cette dette sacrée que la républicaine Olympe de Gouges. Les ouvrages qu'elle a publiés depuis la Révolution sont trop connus pour qu'il soit nécessaire de les rappeler. "L'Entrée de Dumouriez à Bruxelles" est une nouvelle preuve de la haine qu'elle porte aux tyrans. Nous n'entreprendrons pas de faire l’extrait de cette pièce. Elle est à la Shakespeare et l'on sait combien les productions de ce poète sont peu susceptibles d’être analysées Ceux qui ont lu le théâtre anglais trouveront plus d’un trait de ressemblance entre Olympe de Gouges et son modèle (Louis-Sébastien Mercier, Journal de Paris, 27 février 1793).
Olympe de Gouges a eu l'honneur insigne d'avoir appartenu, à partir de 1790 et jusque 1792 à l'illustre société antiesclavagiste des Amis des Noirs, comme l'a rappelé l'abbé Grégoire, un de ses membres éminents. Selon le député girondin Brissot, cofondateur avec Condorcet des Amis des Noirs à Paris, Olympe de Gouges était bien membre de cette brillante société:
J'ai, écrit-il, cité quelques unes des femmes qui faisaient partie de la "Société des Amis des Noirs". Je ne dois pas oublier, parlant d'elles, Olympe de Gouges, encore plus célèbre par son patriotisme et son amour de la liberté que par sa beauté et plusieurs ouvrages écrits parfois avec élégance, toujours avec une noble énergie. Admise dans notre Société (des Amis des Noirs), les premiers essais de sa plume furent consacrés aux malheureux que tous nos efforts ne pouvaient arracher à l'esclavage.
Un dossier tiré des papiers du conventionnel Brissot, aux archives nationales, recelait encore en 1993 l'extrait ci-dessus, tiré des "Mémoires" partiellement inédits de Brissot (AN, 446 AP 6 (lettre du 20 novembre 1792), et AN 446 AP 15). Il est scandaleux que les élèves de Mme Florence Gautier, enseignante en histoire et fameuse apologiste de Robespierre et de la Terreur, cherchent à perpétuer une autre version que celle de Brissot et de l'abbé Grégoire à laquelle on doit se référer.
Olympe de Gouges était une femme spirituelle: présent à son exécution le 3 novembre le journaliste Perlet se désolait que, ce jour là, sur la place de la Révolution, "on avait bien tué de l'esprit et, ajoutait-il, on en tuera encore". En 1804, Fortunée Briquet, l'érudite autrice du Dictionnaire des Françaises et des Etrangères (p.19), rappelait qu'Olympe était douée d'un "esprit facile et d'une imagination ardente" et que "sa beauté et ses succès dans la carrière des lettres, l'avaient placée parmi les femmes les plus intéressantes de son temps". En 1820, Gabrielle de Paban a elle aussi salué la mémoire d'Olympe de Gouges qui, dit-elle, avait reçu de la nature un esprit vif et facile, une grande beauté, une âme ardente et une imagination peut être trop exaltée. Elle fut élevée avec assez de négligence; mais elle brilla de ses talents naturels et se fit de bonne heure un talent de la littérature (Année des Dames ou petite biographie des femmes célèbres pour tous les jours de l'année, II, 184-185). Homme sensible et intelligent, l'avocat Edouard Lairtullier écrivait en 1840: Ce fut sans contredit une des femmes les plus spirituelles, les plus éloquentes et les plus courageuses que la France ait produites (...) Peut être si elle fût restée dans le mouvement auquel son enthousiasme semblait appartenir, eût-elle obtenu d'importantes concessions en faveur des femmes. On aurait fini par rendre hommage à ses talents et à l' impulsion utile en résultats qu'on leur devait et par leur donner la récompense des honneurs et des marques distinctives refusés à son sexe. (Les femmes célèbres de 1789, 1840 p.138-139)
Marie d'Agoult l'amie de George Sand salua à son tour sa mémoire par ces mots: L’éloquente Olympe de Gouges parait alors ; donne aux prétentions de son sexe une formule politique d’une précision hardie qui rejette toute réticence et toute équivoque".
D'autres femmes, des hommes aussi ont compris l'importance du rôle de précurseur d'Olympe de Gouges dans le Révolution éclairée, celle de 1789. Et c'est précisément son amour de la liberté, de la paix civile et de la justice, son patriotisme aussi, qui ont provoqué son assassinat. Puis les idéologues, prenant le relais des assassins ont voulu faire de ce crime un fait divers sans importance: ils ont cherché à tuer une seconde fois Olympe. C'est à ces historiens, ces enfumeurs de mémoire auxquels Hippolyte Carnot fait allusion lorsqu'il écrit d'après les notes de son père Lazare:
"Les premières histoires ont été écrites par des plumes trempées dans la boue sanglante de cette désastreuse époque, et l'on ne saurait croire combien de mensonges ont été accumulés sur les faits et sur les personnes. Malheureusement, les premières histoires servent presque toujours de base à toutes les autres; il est rare qu'un historien surmonte cette paresse naturelle qui empêche de remonter aux sources; et ces sources, d'ailleurs, où les trouver ? Combien n'ont pas été détruites par ceux qui les redoutaient et qui furent si longtemps les maîtres du terrain ? On se contente donc des premiers témoignages en se fondant sur leur proximité des événements, sans songer aux événements qui les ont corrompus ou aveuglés. Un esprit sérieux, patient et juste, réussira-t-il jamais à déblayer ce fumier, à saisir le fil conducteur de la vérité dans ce labyrinthe impur et trompeur ?"
Pour Charles-Henri SANSON:
Cette femme avait eu le tort de provoquer le ressentiment de ses juges. Pendant les débats, elle leur avait tenu tête ; elle les avait taxés d’ineptie et de mauvaise foi ; elle leur avait reproché de n’être que des ambitieux qui aspiraient à la fortune et au pouvoir, tandis qu’elle, au contraire, s’était ruinée pour propager les principes de la Révolution. [Charles-Henri Sanson, Mémoires pour servir à l'histoire de la Révolution française, 1829, p.116 (seule édition véritable - celle de 1829 - des notes authentiques et inédites de Sanson, à tort considéres comme apocryphes par l'historiographie robespierriste, recueillies et rédigées par Lhéritier, et qui font écho, pour l'essentiel, aux indiscutables Procès fameux de Desessarts parus en 1797]
DES SOURCES OCCULTEES
Le chantier scientifique sur la Terreur et le Tribunal révolutionnaire comme instruments d'un système de brigandage, plusieurs fois dénoncé par Olympe de Gouges, y compris au Tribunal révolutionnaire, se heurte à des résistances opiniâtres de la part de quelques universitaires médiatisés comme M. Jean Clément Martin qui dénie la Terreur comme système de gouvernement. On observe en outre que la plupart des auteurs qui ont imprimé leur marque à la littérature historique du XXe siècle (le "roman national" de la Révolution), éludent le détournement d'argent public qui fut pourtant très en vogue en l'an II - avec les formes, bien sûr, c'est à dire l'apparence de la légalité : la dénonciation de ces pratiques serait un aspect du "complotisme", selon eux.
Les dictateurs tricotant des lois à l'exacte mesure de leurs méfaits - vols et assassinats -, n'imaginant même pas qu'ils pussent rendre les comptes qu'il n'ont jamais rendu (les anciens membres des comités de gouvernement furent exécutés , déportés ou absous sans procès), leurs opposants - et d'ailleurs la postérité - sont donc en peine de leur opposer une quelconque "illégalité" au sens juridique, car tout, en dictature, est fait "dans les formes" ou avec l'apparence des formes. Cependant les documents sur le brigandage institutionnalisé, sous la protection des comités de gouvernement, existent bien, principalement dans les fonds de la police politique, des tribunaux criminels et dans les dossiers ou plaintes de leurs victimes miraculeusement arrivées jusqu'à nous puisque la destruction de pièces, au 9 thermidor, est patente, souvent exprimée par les historiens. Olympe de Gouges, qui voyait s'ouvrir en grand le bourbier de la corruption et du sang où la Révolution française alla en effet s'engloutir en l'an II, avait alerté ses compatriotes dès l'époque des massacres de septembre (cf La Fierté de l'innocence où elle oppose brillamment "l'esprit de 89" à celui du 2 septembre). Comme elle, les Girondins Buzot ou Louvet dénoncèrent avec véhémence, dès la première séance de la Convention, ces "hommes de proie" de la Commune de Paris qui, depuis le 10 août, avaient abusé de leur pouvoir et terrorisaient les Parisiens pour mieux piller sans avoir de comptes à rendre. Il est donc temps de redonner la parole à tous ces hommes courageux, oubliés, à Biroteau, à Guadet, à Barbaroux, à Louvet, à Isnard, à Mercier ou encore au remarquable Lanjuinais qui, dans toutes leurs interventions, dans tous leurs discours de février-mai 1793, ou encore dans leurs souvenirs et commentaires si instructifs pour ceux qui avaient échappé à la hache, ont pointé les pécheurs en eaux troubles de la guerre civile et de la Terreur....
Mais demeurés impuissants face à la démagogie et à la violence physique d'une population "colérée", hystérisée, ils furent emportés par la grande vague de violence ochlocratique qui s'est abattue au sein même de la Convention, les 31 mai et 2 juin 1793: ce jour là la France, à travers ses députés, dut se mettre à genoux devant une poignée de factieux qui organisèrent en toute illégalité (voir ce qu'en dit le maire Pétion dans ses derniers écrits), une nouvelle forme de dictature dite robespierriste, à la mesure de leurs ambitions, mais pour, disaient-ils, "sauver la patrie".
Pour comprendre comment Robespierre s'est appuyé sur les instigateurs crapuleux des massacres de septembre 1792 puis sur les agents de la démagogie et de l'étranger (Pache et Marat) - à l'origine de la fracture entre Montagne et Gironde ("Girondins et Montagnards") -, on peut s'inspirer des travaux de Joseph Guadet , neveu du député guillotiné, écrits qui forment la meilleur introduction sourcée à une histoire (complexifiée à dessein par la propagande puis l'historiographie maratiste et robespierriste toujours très active mais dans le cadre universitaire et dont s'inspirent les rédacteurs de Wikipédia France/Portail révolution).
https://gw.geneanet.org/darbroz_w?lang=en&pz=rose&nz=theze&p=joseph+marcellin&n=guadet
Sur Olympe de Gouges et les idées qu'elle a défendues jusqu'à l'échafaud, il faut aussi se reporter aux écrits de Barbaroux (que ce soit la première édition qui comporte une précieuse introduction de son fils qui a été évacuée dans l'édition critique robespierriste" de 1933, ou celle de Charles Aimé Dauban), aux écrits de Jacques Antoine Dulaure dans ses Esquisses historiques, de Louis-Sébastien Mercier (voir ses écrits de prison, et notamment sa pétition cosignée de Dussaux et autres compagnons de captivité (an III), également son indispensable Nouveau Paris publié sous le Consulat); on lira encore avec profit les écrits oubliés de Fantin-Désodoards alors qu'il est le premier historiographe de la Convention sous l'angle "girondin" (Histoire philosophique , Paris, an IV), les écrits de Coiffier de Verseux, ceux de Garat (avec la prudence qui convient tant le personnage cherche à se disculper des accusations terribles de Manon Roland, peu avant son exécution, accusations relayées par Buzot), les discours incontournables de Jean Denis Lanjuinais dans les Archives parlementaires (très important pour la période février-mai 1793), les écrits de Bergoeing (essentiel: c'est l'éditeur à Caen en 1793, des précieux papiers de la Commission des Douze, ultime publication des Modérés de la Convention, avant censure), et encore les écrits et discours de Meilhan, de Louvet, de Durant de Maillane, de François Buzot (ed. A.-Ch. Dauban), de Coste d'Arnobat (ses Anecdotes d'abord publiées à Genève en août 1793) , les Mémoires de Manon Roland (édition par Champagneux qui a partiellement malmené le manuscrit original), de Jomini, etc. Dans la mesure où sont abondamment utilisés ou publiés (fac-simile) les copies conformes de documents issus des archives de la Commune de Paris (qui ont brûlé en 1871), on peut utiliser les travaux plus tardifs d'érudits et d'archivistes tels que Lairtullier (qui rend d'ailleurs hommage au courage et à l'esprit de Mme de Gouges), Mortimer Ternaux, Léon Labat, Charles Vatel, Granier de Cassagnac, Edmond Biré, etc. A peu près tous les auteurs que Mathiez, Soboul et leurs suiveurs actuels ignorent superbement dans leurs publications soi-disant scientifiques.
UNE PIONNIERE
En 2014 alors que la majorité des Françaises et des Français trouvaient justes qu'Olympe de Gouges eût une place au Panthéon des Grands hommes et des Grandes femmes, que son nom y fût honoré, une escouade de faiseurs médiatisés, d'historiens médiocres et de politiciens bornés en ont décidé autrement. Aujourd'hui, tout le monde - ou presque, si on considère l'hostilité de l'envahissante Ecole soboulienne - s'accorde pour reconnaître qu'Olympe de Gouges fut une pionnière en matière d'engagement politique au féminin, et une humaniste. A l'étranger, encore plus qu'en France où les études sur la Révolution sont encore parasitées par la propagande post-jacobine ou robespierriste. Elle laisse une oeuvre politique importante, publiée entre 1789 et 1793. Elle laisse surtout sa Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne, et ses écrits sur l'abolition de la traite et de l'esclavagisme colonial. Malgré les gros mensonges de certains petits professeurs d'histoire égarés par leur obsessions maratistes, elle appartint en 1790 et 1792 à la Société des Amis des Noirs: elle remit la nouvelle édition de sa pièce L'esclavage des Noirs à plusieurs membres de l'association et l'avocat et député Brissot lui rendit un chaleureux hommage. L'abbé Grégoire a également tenu à lui rendre hommage en la citant dans la liste ds "hommes courageux qui ont plaidé la cause des malheureux Noirs".
Olympe de Gouges admiratrice de Voltaire était agnostique : à l'exception d'une bible de famille, on ne trouve pas de livres de prières ou d'images pieuses dans l'inventaire de ses papiers. Elle était libre penseur, à tout le moins sceptique et "philosophe", compagne d'un franc maçon et proche des membres de la Loge maçonnique des Neuf sœurs (Mercier, Cublières, Cailhava etc.). Elle était également liée d'amitié avec les éditeurs de Voltaire, les marquis de Villette et de Condorcet, et elle s'engagea à leur suite dans le mouvement des Girondins qui était un parti républicain et voltairien, nullement déiste et idolâtre comme le furent Chaumette et Robespierre. Et chacun sait peut-être que les Girondins ont formé, le seul mouvement véritablement républicain en 1793 (voir les Mémoires de Buzot), avec des valeurs très proches de celles que nous partageons aujourd'hui. Les stupidités et anachronismes sur le "royalisme" d'Olympe de Gouges inspirent beaucoup l'engeance historienne gauchiste qui oublie que plusieurs membres des comités de gouvernement robespierristes ont appartenu au club monarchiste des Feuillants, tels Vadier ou encore Barère qui en fut le président en septembre 1791. Nous avions globalement répondu à quelques unes des attaques et élucubrations faisandées de Madame Florence Gauthier (sur le site Féministes en tous genres), de Monsieur Jean Marc Schiappa et de quelques historiens englués dans une idéologie rancie, dans une longue notice d'octobre 2016 consacrée à l'engagement politique pionnier d'Olympe de Gouges, étude parue dans l'ouvrage collectif publié sous le titre et la direction de Martial Poirson "Les amazones de la Révolution. Des femmes dans la tourmente de 1789", Montreuil, Gourcuff Gradenigo, 2016, pp.68-79. Que l'extrême gauche, le PCF et certains électrons libres liés au trotskysme et à l'anarchisme de salon, instrumentalisent la Révolution française, glorifient la Terreur, Marat et les coupeurs de tête, quoi de plus habituel, car cette période est leur chasse-gardée et leur domaine de prédilection (on le constate du moins sur toutes les "bibliographies" des notices WIKIPEDIA/Révolution française). Il est en tout cas dommage de voir que l'ancien président Hollande, mal conseillé par certains "experts ès-révolution française" ait souscrit à la croyance absurde qu'Olympe de Gouges avait été royaliste et réactionnaire (discours de Mme Vallaud-Belkacem, ministre, à Blois en 2014), pour s'opposer au transfert de ses cendres au Panthéon (contre vœu exprimé des Français en 2013). Pourquoi ce harcèlement révisionniste contre Olympe DE GOUGES ?
Olympe de Gouges dénonce Robespierre'
Dans au moins quatre de ses écrits Olympe de Gouges eut le courage insigne de défier frontalement Robespierre qu'elle fut la première, avec Louvet, a démasquer publiquement. Elle lui reproche son ambition pour lui et les siens, c'est a dire son réseau de privilégiés qu'il favorisa en effet en l'an II. Elle toucha son amour-propre en le prétendant "sans génie" et simulant la pauvreté en 1792, et à nouveau lorsqu'en prison, elle le dénonçait une nouvelle foi à l'opinion publique. Robespierre n'intervint pas directement dans son "affaire" mais nul doute qu'il voulut sa tête. Courtois a fort bien vu la susceptibilité maniaque de Robespierre vis à vis des écrivains :
Orgueilleux et vindicatif, jamais il ne pardonna rien de tout ce qui pouvait tenir à l'amour-propre. Tous les auteurs qui avaient eu le courage de le signaler, ceux méme qui avaient été accusés ou soupçonnés d'avoir pensé à lui, devinrent les objets de ses vengeances. C'est pour les atteindre plus sûrement qu'il fit porter une peine de mort contre tous les auteurs d'écrits insidieux, bien sûr d'envelopper par ce mot, dans une proscription générale, tous les hommes à talens, toutes les réputations .dont l'éclat blessait les yeux de cet oiseau de ténèbres.
Dans un chapitre inspiré d'un essai sur les sources intellectuelles du féminisme (Chryseis, 2022, 155-174), Christine Fauré, directrice de recherche au CNRS, a montré comment Olympe de Gouges avait été mise au ban de l'histoire de la Revolution. Elle a été livrée à la petite histoire et au roman, sans être prise au sérieux, contre toute logique, du seul fait explique Fauré, qu'elle se soit opposée frontalement à Robespierre. En 1793, ses arguments étaient ceux des Girondins députés républicains proscrits par un certain nombre d'aventuriers éphémères du club des jacobins dans sa version de l'an II. S'attaquer à Robespierre a donc été pour l'influente historiographie universitaire de gauche, une sorte de crime de lèse majesté, d'où cette scandaleuse exclusion des livres de classe et de la reconnaissance publique, situation que certains élus mal conseillés, ont encore la faiblesse d'imaginer justifiée.
Malgré son évidente contribution à l'avancée des libertés fondamentales, Olympe de Gouges fait toujours l'objet d'une campagne de désinformation plus ou moins assumée de la part des membres du conseil d'administration de la Société des Etudes robespierristes (encore récemment par Guillaume Mazeau membre administrateur de cette société proche du PCF, dans un article du Monde Histoire (octobre 2017) ou une certaine Mathilde Larrère militante du Front de gauche (encore et toujours ...) qui s'en prend ridiculement à Stéphane Bern qui effectue un remarquable travail de médiatisation de notre récit national. Dans le droit fil des apologistes des massacres de septembre et de la Terreur, certains reprochent toujours à Olympe de Gouges d'avoir, à la suite de Louvet et des modérés de la Convention nationale, démasqué Robespierre (parlant de son "ambition folle et sanguinaire") et de la duplicité de son aboyeur Marat, l'ami prétendu du peuple. En prison à partir de juillet 1793, à la suite de Roch Marcandier et des héroïques soutiens des républicains à visage humain, Olympe dénonçait encore avec véhémence celui dont les circonstances avaient créé la réputation- voir "Olympe de Gouges au Tribunal révolutionnaire , en août, et Une patriote persécutée en septembre) .
Avec trois phrases perpétuellement recousues et ressassées dans tous ses discours et tous ses écrits, que ce soit son apothéose, la prédication des vertus du peuple ou la satire des riches et des puissants, Robespierre, écrit un contemporain, s'était soudain acquis "la popularité la plus vaste, la plus constante dont jamais un tribun ait pu jouir. Il avait poussé le charlatanisme si loin qu'il s'était créé de vrais séides" (ses "gardes du corps", ironisaient ses adversaires), prêts à devenir ses apôtres et ses martyrs; on dit qu'il aurait subjugué des hommes vertueux ou passant pour tels, qui ont avoué par la suite avoir cru à sa bonne foi comme à ses vertus (voir ce qu'en dit Marie Joseph Chénier en l'an III) . Porté par la propagande jacobine, par toutes les flagorneries que lui prodiguaient de toute part les autorités constituées elles-mêmes, Robespierre passait pour être le fondateur, l'appui, la colonne, la pierre angulaire de la République - qu'il n'a jamais mis à l'ordre du jour en 1792 (on la doit aux républicains Vergniaud et Condorcet) . D'ailleurs il la détestait copieusement en 1789, taxant les Français de "républicomanes" (comme cela fut rappelé lors du procès des Hébertistes) .
https://gw.geneanet.org/darbroz_w?lang=en&pz=rose&nz=theze&p=maximilien+isidore&n=de+robespierre
En 1794, après l'élimination de Danton, Robespierre était donné comme le protecteur des patriotes, le génie incorruptible, le Montagnard éclairé qui voit tout, prévoit tout, déjoue tout et qu'on ne peut tromper ni séduire; il réunissait en lui, soi-disant, l'énergie d'un ancien Spartiate ou d'un Romain des premiers temps de la République et l'éloquence d'un Athénien; il était aussi, évidemment, l'homme éminemment sensible, humain, et bienfaisant: la patrie, la nature et la divinité lui devaient une triple couronne. Démagogue, il est corporatiste, flattant les entrepreneurs de Paris qui constituaient son public aux Jacobins (aidé en cela par ses intimes Duplay ou Arthur parmi les chefs de corporations qui composaient son entourage); nationaliste, il était opposé à Brissot qu'il haïssait et calomniait en le présentant comme un "agent de la finance internationale", l'ami des banquiers et le promoteur du cosmopolitisme, qu'il affirmait être un danger pour la nation. Robespierre, l'incorruptible prétendu, aimait l'argent (il distribue les places, et les promotions pour son clan, ses suiveurs et ses gardes du corps qui sont tous des jurés qu'il a places au Tribunal révolutionnaire (Duplay, Garnier Launay, Nicolas de Mirecourt et bien d'autres).
Le programme de Robespierre et de son mentor Barère, fut mis en œuvre dès l'élimination des Girondins, dès son entrée au Comité de salut public dont il assura la toute puissance, provoquant la mort de tous ceux qui avaient osé le critiquer (voir ci-dessous la notice Robespierre).
Sur l'auteur de la présente notice
http://gw.geneanet.org/darbroz_w?lang=fr&pz=rose&nz=theze&ocz=0&p=charles%20olivier&n=blanc
Comment Olympe de Gouges regardait Jean Paul MARAT, l'homme aux 300 000 têtes coupées,
http://gw.geneanet.org/darbroz_w?lang=fr&pz=rose&nz=theze&ocz=0&p=jean%20paul&n=marat
UNE FEMME EXCEPTIONNELLE
Olympe de Gouges, décapitée le 3 novembre 1793, est devenue un personnage emblématique du féminisme moderne, non seulement en France mais dans le monde entier où son œuvre littéraire, dramatique et politique est passée au crible. Des travaux scientifiques récents ont rendu justice à la qualité de sa pensée et à la noblesse de ses intentions. Son engagement dès 1785 pour un certain nombre de causes humaines ou humanistes, la distingue de ses contemporaines, et particulièrement des femmes de salons. Olympe de Gouges a en effet inventé une forme inédite d'engagement politique au féminin dès avant la Révolution française, par ses pièces de théâtre engagées (L'Homme généreux (1785, sur les lettres de cachet) et Zamore et Mirza (1788) - devenu L'Esclavage des Noirs (1792) -), mais aussi, dès 1788, par ses brochures politiques dont la Lettre au Peuple, ou Projet d'un impôt volontaire, et ses Remarques patriotiques. Mme Eloffe, une femme connue pour son rôle dans la mode portait intérêt à Olympe de Gouges, et elle en parle avec sympathie dans son journal à la date du 15 décembre 1792: "Une femme, Olympe de Gouges, s'offrit, dit-elle, avec Malesheres, Lally-Tollendal, Cazalès, Malouet pour présenter la défense de Louis XVI. Elle avait d'abord donné dans les excès (sic) de la Révolution, mais les malheurs de la famille royale lui firent ouvrir les yeux. Elle avait revendiqué l'émancipation de la femme et ses droits politiques en s'appuyant sur ce que les femmes comme les hommes montaient sur l'échafaud; mais, en apprenant la mise en accusation du roi, elle écrivit à la Convention "Je m'offre après le courageux Lamoignon pour être le défenseur de Louis XVI; Laissons mon sexe à part: l'héroïsme et la générosité sont aussi le partage des femmes, la Révolution en offert plus d'un exemple." Le dévouement de cette femme fut repoussé et Olympe de Gouges, femme Aubry, douée d'esprit et d'une grande beauté, fut exécutée comme ennemie de la Terreur, à la fin de 1793" (Mme Eloffe marchande de modes, couturière en lingerie ordinaire de la reine et des dames de la Cour, Livre Journal publié par le comte de Reiset, 1885, II, 372)
Cas unique dans l'histoire politique du 18e siècle, Olympe de Gouges a, bien que femme, donné par sa conduite exemplaire, une expression forte et une respectabilité à l'engagement politique au féminin, tant par ses actes politiques (adresses, manifestes et pétitions) à l'Assemblée nationale, que par l'importance de ses publications politiques, et notamment son extraordinaire campagne d'affichage qu'elle signa la plupart du temps de son nom (soit une quinzaine d'affiches qui s'étalent de la déclaration de guerre (mars-avril 1792) jusque septembre 1793, époque où, de sa prison, elle eut encore le courage insigne de faire placarder sur les murs de Paris par ses amis dévoués, son dernier écrit politique et sa dernière justification "Une patriote persécutée").
Pendant la Révolution, elle eut à faire face non seulement à ses ennemis politiques "montagnards" mais aussi à tous ceux qui, nombreux, lui reprochaient de donner une visibilité à la femme politique qu'elle était. Le XIXe et le XXe siècles seront à cet égard, encore plus sévères, reprenant souvent les arguments de ses juges du Tribunal révolutionnaire qui lui reprochèrent d'avoir "oublié les vertus qui conviennent à son sexe", et d'avoir bafoué les lois de la nature qui voulait que les femmes, en fait de création et d'expression, s'en tiennent à la maternité. Son procès de 1793 s'est donc prolongé jusqu'à la deuxième moitié du XXe siècle où commence enfin sa réhabilitation.
OLYMPE BELLE ET TALENTUEUSE
La beauté d'Olympe de Gouges, voir (pp 15 et 48) de :
http://archive.org/stream/posiesdiverses00lamo#page/166/mode/2up
Les critiques selon lesquelles elle était sans talent n'ont aucun fondement, bien au contraire. Ainsi que le suggère un de ces auteurs qui , comme Mercier ou Cubières, la connaissaient, le baron Pierre de La Montagne, membre correspondant de l'Académie littéraire de Bordeaux, elle avait non seulement du talent mais elle était une belle femme. Il lui rend hommage après avoir lu "Molière chez Ninon", une de ses pièces de théâtre les plus réussies.
A Madame de Gouges, après avoir lu une de ses comédies
J'ai lu votre heureux badinage,Où l'esprit joint à la raison,A pris de chaque personnageEt le caractère et le ton.
En admirant votre génie,J'ai cru, pardonnez mon erreur,Que d'être encor jeune et jolieVous n'aviez pas du moins l'honneur.
J'ai cru voir un visage étique,Des traits par le temps sillonnés,Sur le front une coëffe antique,Et les lunettes sur le nez.
A votre aspect, mon erreur cesse,Je vois sous un chapeau de fleursLa plus riante jeunesseLes appas les plus séducteurs
Dans des yeux où se peint votre âme,Plus brillans que ceux de Cypris,Je vois étinceler la flammeQui nous brûle dans vos écrits.
Je vois la main d'une Bergère,Des doigts mignons faits pour cueillirLa rose qui croît à CythèreEt pour caresser le plaisir.
Je dis alors dans mon ivresseQue si, comme il est très certain,Vos écrits méritent la presse,Vos traits sont dignes du burin.
Qu'à la tête d'un sot ouvrage,Un auteur se donne les airsDe nous offrir son laid visage,Plus plat que sa prose et ses vers,
lise de ces vers à la glace,Enveloppe son éventailEt du portrait sur le Parnasse,Momus fait un épouvantail.
Mais vous qui embellissez la Nature,A vos écris intéressantsJoignez encore votre figurePour charmer l'esprit et les sens.
Plus loin, le baron de La Montagne imagine un "quatrain pour mettre en bas du portrait de Madame de Gouges" que, décidément, il trouve charmante:
Pour narguer Aristote et souffleter HoraceLa Nature a formé cet auteur en jupons,Avec le bon Molière, elle rit au Parnasse,Et tout en le flattant, lui vole son crayon.
Portrait par le chevalier de Cubières:
Olympe de Gouges a fait plusieurs pièces de théâtre (…) Ces ouvrages pèchent un peu du côté du style, ils sont écrits en général avec peu de soin et de correction. Mais il y a dans tous ou presque tous des conceptions fortes et hardies, des caractères bien prononcés et des scènes amenées avec art. Quiconque les lira avec attention sera forcé de convenir que Madame de Gouges était née avec beaucoup de talent pour l’art dramatique, et qu ‘elle aurait pu se faire un nom dans cette carrière si elle n’avait pas été découragée par les comédiens ordinaires du roi qui l’ont traitée avec très peu d’égards et beaucoup d’injustice.
Epître à Marie Olympe de Gouges, en lui adressant le poème "les abeilles ou l'heureux gouvernement", lu au Palais-Egalité (1793)
Ce coeur exempt de feinte ignore la licence. Du fils de Cythèrée, il connut la puissance. Tout change avec le temps, et je crois qu'à ce jour, l'amour de la patrie y succède à l'amour. Comme ta voix, jadis, grondait les infidèles ! Tu n'en veux aujourd'hui qu'aux citoyens rebelles qui prêchent le désordre et violent la loi: le plus beau dictateur est un monstre pour toi, et, fût-il Adonis, Endymion, Alcide, à tes yeux courroucés il n'offre qu'un perfide. Oui le patriotisme a sur tes sentiments l'empire qu'autrefois obtenaient les amants. Et si quelque César nous préparait des chaînes, plutôt que de céder à ses lois souveraines, de Porcie imitant le courageux effort, dans un ardent brasier tu chercherais la mort.
De nos législateurs pour suivre la carrière, n'as-tu pas déserté la scène de Molière où l'aimable Thalie, accueillant tes essais, te promettait déjà de glorieux succès ? N'as-tu pas surmonté les dégoûts, les obstacles que t'opposait l'envie assise à nos spectacles ? Et telle que la rose au milieu du printemps, qui des zéphirs quittée est en butte aux autans, n'ai je pas vu ta muse à travers les orages, du parterre attentif conquérir les suffrages ? Et malgré la cabale de traîtres acteurs, seule par ton talent, charmer les spectateurs. Que dis-je ? Il me souvient de cette fête auguste, fête où des magistrats honorant le plus juste, le peuple au Champ de Mars, dans un ordre nouveau conduisit l'oeil en pleurs l'ombre de Simoneau. Je crois les voir encore ces vierges innocentes qui remplissaient les airs de leurs voix gémissantes. Tu marchais à leur tête, et comme ta douleur du martyr de la Loi déplorant le malheur, relevait de ton front la noblesse et les charmes !
Pleure, pleure, Marie ! Hélas en ces moments, quel coeur n'est point ouvert aux noirs pressentiments ? La discorde s'éveille et la guerre civile, avec elle, rugit aux portes de la ville. Encourant ses fureurs sous un masque emprunté, la licence déjà se nomme Liberté
(Michel de Cubières, Epître à Marie-Olympe de Gouges en lui envoyant le «poème des abeilles », 1793, p.10).
Joseph de Saint-George chez Jeanne de Montesson
Plusieurs de ses pièces manuscrites furent jouées sur son théâtre privé itinérant qu'elle vendit en 1787 au marquis de La Maisonfort (Mémoires), ou sur la scène du théâtre luxueux de la marquise de Montesson, rue de Provence, à l'angle avec la rue de la Chaussée d'Antin, dont le guadeloupéen Joseph, chevalier de Saint-Georges, était le régisseur au début des années 1780. Le beau mulâtre avait certainement lu le manuscrit de sa pièce Zamore et Mirza dans laquelle Olympe de Gouges dénonçait la traite des Noir(e)s. Puisqu'il état natif de la Guadeloupe, fils d'une esclave affranchie, "enfant de la nature" comme Olympe qui ne s'en cachait pas, et sachant qu'elle avait choisi cette île pour cadre de sa pièce, on ne peut s'empêcher de penser qu'il en parla avec sympathie avec elle, et peut-être même qu'il la conseilla pour donner de la vraisemblance au décor, à son intrigue et à ses protagonistes.
Voir la notice sur Joseph de Saint-George
https://gw.geneanet.org/darbroz_w?lang=fr&pz=rose&nz=theze&ocz=0&p=joseph&n=de+saint+george
POSTERITE''
Outre son fils Pierre, général des armées de la République, Olympe de Gouges pourrait avoir eu un autre enfant, une fille née de sa liaison depuis au moins 1774 avec Jacques Biétrix. Dans une de ses pièces de théâtre, elle se met en scène avec ses deux enfants dont une fille (Julie) qui serait morte avant la Révolution. Elle parle d'ailleurs au médecin du Tribunal révolutionnaire des ses "deux" précédentes grossesses.
Voir sur la présente base Geneanet sa généalogie descendante aux Etats Unis (Virginie etc.) et en Océanie (Tasmanie et Australie)
DOMICILES D'OLYMPE
Avant 1774 rue des Saussaies (au Faubourg Saint-Honoré, Paris 8e, près de l'hôtel Titon du Tillet) Voir Minutier Etude VII/412 du 11 juin 1774, "bail pour Marie Degouges, veuve de Pierre Daubry, négociant de Montauban". Voir aussi son contrat de rente avec Biétrix pour 1774
1775- 1777 rue du Marais Paris 6e (actuelle rue Visconti) (Minutier Etude XCVI/483, le 8 septembre 1776, Bail de Marie Degouges "pour une maison rue des Marais"
1777-78 Elle occupe un logement rue Ventadour selon lAlmanach royal des adresses de Paris''. Il se pourrait que cette adresse fût celle de Jacques Biétrix chez qui elle logeait épisodiquement (angle avec la rue Neuve des Petits Champs)
1779-1781 : rue Poissonnière (Paris 2e) voir lAlmanach des adresses de Paris''
1782; rue d'Enfer (acte notarié AN, Miniutier XCI/1206 le 10 août 1782
1782-1785, rue de Condé, ex-n°5 (Paris 6e)
1786-1788 rue et place du Théâtre français (Paris 6e) Peu avant la Révolution, en 1786 apparemment, Olympe de Gouges avait emménagé rue et place du Théâtre Français, dans le même immeuble que Lucile Desmoulins qui devint une amie. Lucile Laridon dite Melle du Plessis, et sa mère fréquentaient comme elle le baron de La Montagne qui les célèbre en vers en 1788 et 1789. Voir la notice Lucile DESMOULINS" Bail passé avec le propriétaire, un sieur Vandenmarcq : commis des vivres de la Marine, membre de la Loge FM L'Aimable Concorde (Rochefort) en 1787.
1789-1792 rue du Buis à Auteuil (aujourd'hui à Paris 16e) (en alternance avec un "petit meublé" rue Saint-Honoré n°253, face à l'hôtel de Noailles, que lui louait le beau-frère du maire Pétion et où elle passait la nuit quand elle n'avait plus de transport pour retourner à Auteuil)
1793 rue de Harlay Paris 1er (elle loua ce dernier appartement au citoyen Bourg, orfèvre, le même qui lui avait loué la maison d'Auteuil jusque fin 1792)
1793 acquisition en mai 1793, dans l'étude de maitre Juge, notaire à Tours, de la propriété "le Clos Figuier", actuel 29 route de la Chappe à Saint-Etienne de Chigny (37). Cette maison dominant la vallée de la Loire, sera vendue comme bien national après l'exécution d'Olympe (voir René Caisso, les Biens nationaux dans le district de Tours).
Malgré une plaque fantaisiste apposée sur un immeuble, Olympe de Gouges n'a jamais logé rue Servandoni. On ne sait d'où vient cette "légende urbaine". Elle n'a, non plus, jamais logé rue du Mail comme l'affirme Hillairet qui s'appuie une fausse allégation de Girault de Saint-Fargeau (Histoire des rues de Paris). Naturellement, sur internet, les ventilateurs à fake news ne tiennent aucun compte de ces mises au point.
Notaires parisiens d'Olympe de Gouges
Nicolas Armet, le 12 avril 1774 constitution de rente de Jacques Biétrix à Marie Degouges
Etude VII /41211 juin 1774 (location de son logement rue des Saussaies)
Étude XCI Minutes et répertoires du notaire Jean-Baptiste LEFEBVRE, 26 septembre 1778 - 1er février 1788 (étude XCI/1206 Vente par Marie Gouges, veuve de Pierre Daubry, négociant à Montauban, demeurant rue d'Enfer, à Louis François Chauveau, maître de mathématiques, de meubles.Producteur(s) :Lefebvre, Jean-Baptiste Étude notariale XCI (Paris ; 1525-....)
Gaspard Momet le 24 août 1780 (XVI/834 et 835) et 18 juillet 1780
Delmas à Montauban le 11 octobre 1780 (procuration d'Olympe Mouisset passée chez Delmas)
Aubert le 7 septembre 1780(XCIV/448): transport de 300 livres de Marie Degouges à sa mère Olympe Mouisset et autre le 23 novembre 1780 : acceptation de transport et ratification par Olympe Mouisset.(ces actes allèguent la vérité des faits relatés par Olympe de Gouges dans le Mémoire de Mme de Valmont contre l'ingratitude de la famille de Flaucourt)
Etude XCI liasse 1206 10 août 1782 vente de meubles par Marie Gouges veuve de Pierre(sic) Daubry, négociant à Montauban, demeurant rue d'Enfer à Louis Chauveau, maître de mathématiques.
Tiron 11/10 1783 Etud XXXII/6 et 7, 192 (à vér.)
Mélite Balsame Le Mire le 28 juin 1784 (XXXIV/740): remboursement de 16875 livres et extinction de la part de rente en survivance au nom de Pierre Aubry (cf grosse du contrat viager du 12/4/1774); le 29 juin: constitution d'une rente viagère en faveur de Marie Degouges, par Jacques Biétrix, de 750 livres au principal de 8500 livres
Louis René Gittard le 22 juin 1785 (LXXXI/510): remboursement de 8500 livres et extinction d'une rente de 750 livres)
Dufouleur Et XVI (janvier 1793) liquidation de la rente Biétrix
(à voir XXXII/6, 7 et 192; Tiron 11/10 1783)
OEUVRES
BIBLIOGRAPHIE D'OLYMPE DE GOUGES
Dans l’œuvre théâtrale d’Olympe de Gouges (une quinzaine de pièces), il faut distinguer les pièces à thèmes - notamment l’Esclavage des Noirs (joué en décembre 1789 sous le titre Zamore et Mirza ou L’Heureux naufrage à la Comédie française) et Le Couvent ou les Vœux forcés (créé à Paris en octobre 1791, Bordeaux, Tours, etc., voir Almanach général de tous les spectacles, Paris, Froullé, 1792) -, du théâtre plus spécifiquement politique comme Les Aristocrates et les Démocrates (1790), Mirabeau aux Champs-Elysées (1791, voir Les spectacles de Paris, 1792, p.245). L'Entrée de Dumouriez à Bruxelles, ou les Vivandières (1793).
De 1788 à 1793, Mme de Gouges a écrit une soixantaine de textes politiques en rapport avec l’actualité sous la forme de brochures, d’affiches, d’articles etc., le tout réuni avec son théâtre imprimé dans des recueils factices publié en 1788, 1792 et 1793 sous le titre Oeuvres de Madame de Gouges (voir, pour la première édition de 1788, le compte rendu dans le Journal de Paris du 3 avril 1788). Les plus remarquables de ses textes politiques sont la Lettre au Peuple ou projet d’une caisse patriotique, par une citoyenne, septembre 1788 et les Remarques patriotiques, par la Citoyenne auteur de la Lettre au peuple, Paris, décembre 1788. On citera encore Le bonheur primitif de l’homme, ou les rêveries patriotiques, Amsterdam et Paris, Royer, 1789
Sous la Constituante, Olympe de Gouges s’est fait remarquer par ses remontrances ou éloges adressés à divers hommes politiques dont Necker, La Fayette et Mirabeau (qu'elle rencontra plusieurs fois et qui estimait son talent), son Adresse au roi, adresse à la reine, adresse au prince de Condé, Observations à M. Duveyrier sur sa fameuse ambassade, par Mme de Gouges, Paris, (mai) 1791 et Les droits de la femme et de la citoyenne (dédié)à la reine, signé « de Gouges » (septembre) 1791.
Sous la législative elle publie, entre autres, Action héroïque d’une Française, ou la France sauvée par les femmes, par Mme de G..., Paris, (10 septembre) 1789. Le Bon Sens français, ou L’apologie des vrais nobles, dédié aux Jacobins, Paris, 15 avril 1792, et Pacte national par Marie-Olympe de Gouges, adressé à l’Assemblée nationale 5 juillet 1792.
Sous la Convention, elle se fera remarquer par ses campagnes d’affiche dans lesquelles elle s’élève contre la démagogie des Jacobins, les émeutes provoquées par calcul politicien et la violence verbale et physique. L’histoire se souvient de son Compte moral rendu à la Convention et de Olympe de Gouges défenseur officieux de Louis Capet, de l’imprimerie de Valade fils aîné, rue Jean-Jacques Rousseau, 16 décembre 1792. Après la mise hors la loi et la proscription des députés Girondins du 31 mai 1793, elle ne reconnaît plus les autorités constituées, entre en résistance et sera arrêtée pour avoir composé Les Trois Urnes, par un voyageur aérien, (19 juillet) 1793), un texte qui entraînera, sur la question des intentions déclarées "perfides et criminelles" (le jury était composé d'amis de Robespierre comme Duplay etc.) sa condamnation à mort. Ses deux derniers textes en forme de défense, écrits en prison, sont deux affiches publiées sous le titre Une patriote persécutée, à la Convention nationale (août1793) et Olympe de Gouges au Tribunal révolutionnaire (daté 21 septembre 1793).
Olympe de Gouges a publié une pièce de théâtre de circonstance intitulée Le temps et la liberté, ou la Fédération", chez la Veuve Duchesne, rue Saint-Jacques, 1790. Or nous n'avons jamais pu mettre la main sur un seul exemplaire de cet imprimé (qui n'est pas à la BNF apparemment), dont la publication a été annoncée et dont des exemplaires cités dans un inventaire de 1793, furent brûlés sur ordre du gouvernement, avec l'ensemble des papiers personnels d'Olympe de Gouges en novembre 1793
Voir Olivier Blanc, éditeur de "Olympe de Gouges, Ecrits politiques (I et II, Côté femmes édition, 1993)"; et Gisela Thiele-Knobloch éditrice de "Olympe de Gouges, Théâtre politique, Côté femmes édition, 1994)".
Sur les écrits d'Olympe de Gouges, voir aussi l'édition en quatre volumes (2010-2017) de Betty Daël qui a poursuivi le travail initié en 1991 par Félix Marcel Castan (Œuvres complètes, Editions Cocagne, Montauban). Betty Daël et Félix Castan sont, depuis le bicentenaire de la Révolution, à l'origine des grandes manifestations universitaires et culturelles autour d 'Olympe de Gouges, qui s'inscrivent dans le cadre de la décentralisation.
Louis Lairtullier écrivait au sujet d'Olympe de Gouges
Ce fut sans contredit une des femmes les plus spirituelles, les plus éloquentes et les plus courageuses que la France ait produites (...) Peut être si elle fût restée dans le mouvement auquel son enthousiasme semblait appartenir, eût-elle obtenu d'importantes concessions en faveur des femmes. On aurait fini par rendre hommage à ses talents et à l' impulsion utile en résultats qu'on leur devait et par leur donner la récompense des honneurs et des marques distinctives refusés à son sexe. (Les femmes célèbres de 1789, 1840 p.138-139)
https://books.google.fr/books?id=aeaCEoqDwNgC&pg=PA413&lpg=PA413&dq=pauline+d%27aunez+louise+bourgeois&source=bl&ots=ErICEIuLrb&sig=k7ajU_P9AyZVLa4R8NWBM-r5SNQ&hl=fr&sa=X&ei=SUdGVK-0AobxaNqygbAI&ved=0CCQQ6AEwAA#v=onepage&q=pauline%20d'aunez%20louise%20bourgeois&f=false
GLANESA la séance de l'Assemblée du 1er juillet 1791 Malouet dénonce une affiche d'Olympe de Gouges placardée à l'entrée de la salle (probablement sur la garde nationale de femmes).
Sur les droits de la femme, voir "la baronne de Staël et les Droits de la femme dans le Journal de la cour et de la ville", 22 mai 1791, chez Desenne libraire aau Palais-Royal, 1 et 2.voir Déclaration des droits des citoyennes du Palais-Royal, slnd, 8°, 7 p. 8°Lb39 7676
Sur la Fête de la Loi du 3 juin 1793 et la formation du cortège des femmes (voir entre autres, le compte rendu par Prudhomme, l'auteur des Révolutions de Paris, et qui dénonça en l'an III les crimes des montagnards)
Voir p.181 de l'amateur d'autographes ci dessous en lien :
http://books.google.fr/books?hl=fr&id=PJoTAAAAYAAJ&q=gouges#v=onepage&q=gouges&f=false
Olympe et Dulaure, l'auteur des Esquisses sur la Révolution.
Voir ci-dessous une lettre à Dulaure (p 298), tirée d'un article passablement misogyne qui tranche avec ce que Lairtullier dit d'Olympe à la même époque. Il existe une autre lettre à Dulaure, datée de 1786, reproduite par O. Blanc dans les Ecrits politiques Côté femmes,1993, volume I (voir préface, p...)
Olympe défenseur de Louis XVI
https://books.google.fr/books?id=QwkoAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=gouges&f=false
Olympe de Gouges arrêtée avec le fameux éditeur Jean-Pierre Costard (qui avait été victime de la censure sous l'ancien régime), le 20 juillet 1793:
Olympe de Gouges au Tribunal révolutionnaire
Sur le procès du 2 novembre 1793, voir (pp. 304-308) de:
https://books.google.fr/books?id=YC8DAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
Olympe de Gouges a reproché à ceux qui la condamnaient à mort d'être des ambitieux qui aspiraient à la fortune et pouvoir alors qu'elle même s'étaient ruinée pour la patrie:
Le Tribunal révolutionnaire occupait deux salles. L’une, la plus vaste, celle de l’ancienne grande chambre du Parlement de Paris, était appelée « salle de la liberté ». Marie –Antoinette y fut jugée. La seconde salle appelée « salle de l’égalité » correspondait à l’ancienne salle Saint-Louis située dans la tour Bonbec, quai de l’horloge. Cette salle épousant la circonférence de la tour se trouve actuellement dans les locaux de la Cour de cassation. Elle est bien identifiée et abrite « le club » des hauts magistrats. Il apparait qu’Olympe de Gouges a été jugée dans cette « salle de l’égalité » selon la dénomination qu’elle reçut sous la Terreur, ce qui est un symbole fort d’un renversement des valeurs et idéaux que celle-ci défendait.
Un excellent ouvrage disponible actuellement pour contextualiser l'engagement d'Olympe de Gouges et comprendre (enfin !) l 'histoire (véritable) du mouvement girondin est celui de Pedro J. RAMIREZ, Le Coup d'Etat: Robespierre, Danton et Marat contre la démocratie, Vendémiaire 2014, 991 pages. Cet ouvrage ambitieux met à mal les thèses hallucinantes de partialité anti-girondine des membres anciens et actuels du conseil d'administration de la Société des études robespierristes. Grâce à un travail critique de haute tenue, des dépouillements impressionnants et la qualité des synthèses de lecture, l'auteur propose une approche indépendante des envahissantes thèses "robespierristes" sur le coup d'état du 31 mai 1793 et de la Terreur qui a emporté Olympe de Gouges et les républicains démocrates
La compagne de prison d'Olympe de Gouges
Un administrateur des prisons, Wolf, a raconté qu'Olympe, à la Petite Force, avait reçu la visite de sa belle-fille Hyacinthe Mabille qui peut être avait emmené avec elle son bébé, Charlotte de Gouges, future épouse d'un membre du sénat américain. Olympe était alors placée à l'infirmerie de la prison où se trouvait une femme condamnée à mort en sursis, Madeleine Françoise Joséphine de Rabec, dont le mari venait d'être guillotiné. Le 20 septembre 1793, la nuit apparemment, Mme de Kolly fit une fausse couche, que, semble-t-il, elle ne déclara pas aux autorités. Olympe de Gouges l'assista certainement lors de cette épreuve terrible. Les jours suivant, Mme de Kolly se mit en situation, avec la complicité d'un inconnu qu'elle dit avoir rémunéré, de commencer une nouvelle grossesse (déclaration du 14 brumaire an II)
Mme de Kolly ne put simuler sa grossesse que quelques mois et lle fut finalement exécutée malgré son désespoir immense. "elle fit un cri long et prolongé avant que le couteau ne la frappât".
« Il paraît que la femme Degouge [sic], qui a habité la même chambre àla Petite-Force, voulait suivre le même plan. » Rapport de Fouquier-Tinville au Président du Tribunal révolutionnaire du 13 brumaire an II. Arch. nat., W 269.
Enceinte à l'époque de son procès, Olympe fut examinée par les médecins Naury et Théry, et par la sage femme Paquin qui ne contredisent pas cette affirmation: "Il y a environ trois semaines, elle eut une occasion dans laquelle elle se mit dans le cas de devenir grosse et, en effet, elle nous dit qu'elle croyait l'être, attendu que les règles, qui avaient coutume de venir abondamment pendant huit jours de suite, ont cessé au bout de deux heures ; depuis, les seins se sont gorgés avec des titillements dans les mamelons et un peu de dégoût, et des envies de vomir, symptômes qu'elle a éprouvés au commencement de ses deux précédente grossesses. L'ayant ensuite examinée par le loucher, nous avons trouvé le col de la matrice assez resserré, signe qui se remarque ou à l'approche des règles ou au commencement des grossesses. Les autres parties environnantes ne nous ont rien offert que de naturel.
Malgré l'observation du col de la matrice "resserré" et le doute, Fouquier prit sur lui de passer outre et Olympe fut néanmoins exécutée. Lors de ces examens elle parle de ses deux précédentes grossesses. Outre Pierre Aubry de Gouges, elle aurait eu un second enfant dont on ignore l'existence. La seconde grossesse à laquelle elle fait allusion concernerait probablement une fille, l'enfant dont elle parle dans un de ses ouvrages : Bienfaisance ou la Bonne Mère.In Oeuvres dramatiques, Paris, 1788.
Olympe autodidacte
Contrairement à ce qu'ont affirmé ses détracteurs (Dulaure, Forestié etc.), Olympe de Gouges savait lire ainsi que le révèlent des documents divers, dont ses abonnements à des journaux et surtout son portrait de la collection Soulavie au Louvre. En revanche on sait qu'elle écrivait avec difficulté comme beaucoup de femmes de son époques qui faisaient généralement appel à la calligraphie d'écrivains publics ou de secrétaires à qui elles dictaient. les femmes de la haute société condamnées à mort sous la Terreur ont laissé d'ultimes messages, toujours poignants, rédigés à la hâte et sans l'aide de personne: l'écriture est très laborieuse et la ponctuation inexistante. La plupart des lettres de femmes d'Ancien régime qui circulent dans les catalogues d'autographes ne sont pas autographes mais de la main de secrétaires. Olympe de Gouges a peut être bénéficié de l'enseignement dispensé dans les années 1750 par les sœurs ursulines de Montauban. Mais sa formation d'autodidacte s'est faite grâce à ses relations choisies: elle savait s'entourer. Fleury et d'autres plaisantent sa propension à s'entourer d'académiciens et d'hommes cultivés comme l'étaient ses amis intimes. En 1784 elle a certainement bénéficié des cours donnés au "premier Musée" fondé sous les auspices du comte et de la comtesse de Provence. La Harpe, Lavoisier ou Pilâtre de Rosier (un de ses fondateurs avant de mourir en 1785 en voulant traverser la Manche), Marmontel, Condorcet, Monge, Garat, Fourcroy, Deparcieux, Sue, Delacroix, Robert y ont donné des cours et des conférences dans l'ancien manège souterrain du Palais royal (situé sous une pyramide au milieu des jardins). Ce cercle d'élite où les femmes se pressaient était à la fois une académie, un salon et un cabinet de lecture, ou on s'abonnait moyennant quatre louis par an, sous le patronnage des princes jusque 1789. En juillet 1792, Michel de Cubières y lut un long hommage à Marie-Olympe de Gouges. Ce Musée relevé par Bontemps sous le nom de "Lycée", qui fut une sorte de collège de France avant la lettre, a survécu à la Révolution et a porté le nom dAthénée des étrangers'', occupant sous le Directoire le ci-devant hôtel Séguier. Comme sous l'Ancien régime il a continué (à nouveau sous le nom de ''Lycée'' en 1799) a donner des conférences des cours et des lectures de cosmographie (Leblanc), d'architecture rurale (Bélanger), d'économie politique (Palissot, Beauvois), de géologie, d'hygiène, de physiologie (Blanvillain), de physique (Gautherot et Cadet de Gassicourt), de langue (Baldwyn) ou de littérature française ou italienne
Portraits
Un portrait d'Olympe de Gouges, par l'écrivain Labouisse Rochefort de Montauban
Bon portrait d'Olympe de Gouges par Lairtullier (p. 99, 100 etc.)
http://books.google.fr/books?id=aeaCEoqDwNgC&pg=PA413&lpg=PA413&dq=pauline+d'aunez+louise+bourgeois&source=bl&ots=ErICEIuLrb&sig=k7ajU_P9AyZVLa4R8NWBM-r5SNQ&hl=fr&sa=X&ei=SUdGVK-0AobxaNqygbAI&ved=0CCQQ6AEwAA#v=onepage&q=pauline%20d'aunez%20louise%20bourgeois&f=false
Le reniement de Pierre Aubry
On sait que le général Pierre Aubry, fils d'Olympe de Gouges, alors mal noté par sa hiérarchie militaire et sur le coup de dénonciations, craignant d'être impliqué dans l'affaire de sa mère, avait, sur les conseils de ses amis qui voulaient soustraire un père de famille à l'échafaud, adressé le 24 brumaire an II une profession de foi civique aux autorités dans laquelle il reniait Olympe jugeant qu'elle avait mérité son sort. Cette acte fut regardé à raison comme monstrueux à la Convention. Lecointre de Versailles y fait allusion dans son attaque en règle contre les membres des anciens comités de gouvernement (an III) . Pierre Aubry déposa peu après une demande de réhabilitation de sa mère à la Convention à une époque où les thermidoriens étaient partagés sur la nécessité de reconnaître ou non la validité de nombreux jugements à mort de l'ère terroriste qu'ils avaient validés quelques mois plus tôt autant par peur que par lâcheté.
Voir le Journal des Débats et des Décrets, volume 40 (24 brumaire an II).
Un texte perdu d'Olympe de Gouges
Cette pièce de théâtre imprimée en 1790 est introuvable. ce qui est étonnant même si elle a été tirée à un faible nombre d'exemplaires. Son titre est
Le Temps et la Liberté, ou La Fédération, chez Royez, Libraire quai des Augustins, et la Veuve Duchesne, rue Saint-Jacques, Paris (1790)
La publication de cette pièce de théâtre, non signée par l'auteur, est annoncée en avril 1790 dans la brochure intitulée Départ de M. Necker et de Mme de Gouges.
L'Esclavage des Nègres"."'
Sur la pièce intitulée Zamore et Mirza, ou l'heureux naufrage" (1786-1789)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k566870.r=Zamore+et+Mirza%2C+ou+L%27heureux+naufrage.langFR
Voir sur ce sujet essentiel aux yeux d'Olympe de Gouges, les commentaires de Brissot et de l'abbé Grégoire sur son engagement en faveur de l'abolition de l'esclavage, et sur son appartenance à la Société des amis des Noirs de Brissot et Condorcet entre 1790 et sa mort en 1793. Elle dit elle-même y avoir consacré plus de temps encore que pour les autres causes qui lui tenaient à coeur. Il faut lire à ce sujet la préface à l'édition de 1792 de sa pièce sous le titre "L'esclavage des Noirs".
Lettres d'Olympe de Gouges à Marie-Antoinette
En lui envoyant "La Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne" (septembre 1791)
Madame,
Peu faite au langage que l’on tient aux Rois, je n’emploierai point l’adulation des Courtisans pour vous faire hommage de cette singulière production. Mon but, Madame, est de vous parler franchement ; je n’ai pas attendu pour m’exprimer ainsi, l’époque de la Liberté : je me suis montrée avec la même énergie dans un temps où l’aveuglement des Despotes punissait une si noble audace. Lorsque tout l’Empire vous accusait et vous rendait responsable de ses calamités, moi seule, dans un temps de trouble et d’orage, j’ai eu la force de prendre votre défense. Je n’ai jamais pu me persuader qu’une Princesse, élevée au sein des grandeurs, eût tous les vices de la bassesse.
Oui, Madame, lorsque j’ai vu le glaive levé sur vous, j’ai jeté mes observations entre ce glaive et la victime ; mais aujourd’hui que je vois qu’on observe de près la foule de mutins soudoyée, et qu’elle est retenue par la crainte des lois, je vous dirai, Madame, ce que je ne vous aurais pas dit alors. Si l’étranger porte le fer en France, vous n’êtes plus à mes yeux cette Reine faussement inculpée, cette Reine intéressante, mais une implacable ennemie des Français.
Ah ! Madame, songez que vous êtes mère et épouse ; employez tout votre crédit pour le retour des Princes. Ce crédit, si sagement appliqué, raffermit la couronne du père, la conserve au fils, et vous réconcilie l’amour des Français. Cette digne négociation est le vrai devoir d’une Reine. L’intrigue, la cabale, les projets sanguinaires précipiteraient votre chute, si l’on pouvait vous soupçonner capable de semblables desseins. Qu’un plus noble emploi, Madame, vous caractérise, excite votre ambition, et fixe vos regards. Il n’appartient qu’à celle que le hasard a élevée à une place éminente, de donner du poids à l’essor des Droits de la Femme, et d’en accélérer les succès. Si vous étiez moins instruite, Madame, je pourrais craindre que vos intérêts particuliers ne l’emportassent sur ceux de votre sexe.
Vous aimez la gloire ; songez, Madame, que les plus grands crimes s’immortalisent comme les plus grandes vertus ; mais quelle différence de célébrité dans les fastes de l’histoire ! l’une est sans cesse prise pour exemple, et l’autre est éternellement l’exécration du genre humain. On ne vous fera jamais un crime de travailler à la restauration des moeurs, à donner à votre sexe toute la consistance dont il est susceptible. Cet ouvrage n’est pas le travail d’un jour, malheureusement pour le nouveau régime. Cette révolution ne s’opérera que quand toutes les femmes seront pénétrées de leur déplorable sort, et des droits qu’elles ont perdus dans la société. Soutenez, Madame, une si belle cause ; défendez ce sexe malheureux, et vous aurez bientôt pour vous une moitié du royaume, et le tiers au moins de l’autre. Voilà, Madame, voilà par quels exploits vous devez vous signaler et employer votre crédit. Croyez-moi, Madame, notre vie est bien peu de chose, surtout pour une Reine, quand cette vie n’est pas embellie par l’amour des peuples, et par les charmes éternels de la bienfaisance. S’il est vrai que des Français arment contre leur patrie toutes les puissances, pourquoi ? pour de frivoles prérogatives, pour des chimères. Croyez, Madame, si j’en juge par ce que je sens, le parti monarchique se détruira de lui-même, qu’il abandonnera tous les tyrans, et tous les cœurs se rallieront autour de la patrie pour la défendre.
Voilà, Madame, voilà quels sont mes principes. En vous parlant de ma patrie, je perds de vue le but de cette dédicace. C’est ainsi que tout bon citoyen sacrifie sa gloire, ses intérêts, quand il n’a pour objet que ceux de son pays.
Je suis avec le plus profond respect, Madame, Votre très-humble et très-obéissante servante, De Gouges.
Seconde lettre écrite à Marie Antoinette au Temple, entre l'annonce de la prise de Verdun par les coalisés (fin août 1792) et les massacres de septembre
Madame,
Je reviens de ma longue léthargie. J'avais toujours eu l'entière conviction qu'une reine n'avait point l'esprit des plus basses intrigues. Je n'insulterai point à votre malheur, Madame, je me contenterai de vous dire que vous l'avez mérité. I est donc vrai que vous êtes coupable et vous ne voyez pas quel est le sort terrible qui vous attend. On vous prête plusieurs propos entre autres celui-ci : "Je ne serai jamais contente que je me sois baignée dans le sang des Français. Ah! Madame, pourquoi le peuple irréfléchi ne vous a-t-il point donné ce plaisir la jour de la Saint-Laurent. C'était la plus juste vengeance qu'il devait employer envers vous; il devait sans vous faire de mal, vous promener dans la cour du château, là il coulait à grands flots, là vous auriez joui d e ce plaisir, là vous auriez entendu de toute part des cris lugubres qui demandaient vengeance. Ah ! Madame frémissez il en est temps, vous n'avez plus d'espérance et vous ne régnerez plus sur un peuple libre; mais vous pouvez sauver votre époux, vos enfants et vous même si vous êtes capable d'entendre la raison et la justice.
Vous n'êtes pas du sang de Jupiter. Celui qui circule dans vos veines est le même que celui de la faiblesse humaine. Les hommes ne veulent plus élever le trône aux ingrats, ils ne veulent plus de roi, Madame, ou si c'est une nécessité absolue, ils veulent qu'ils méritent leur confiance. Vous l'avez donc perdue. Et si quelque chose pouvait cous rendre supportable aux Français ce serait de faire terminer la guerre avec l'étranger. Songez, Madame, que vous n'êtes pas heureuse, que vous ne devez pas l'être, et que vous entraînez dans le chute de votre époux, celle de votre neveu et celle de tous les rois de la terre. Si cependant vous pouviez éviter tous les malheurs que j'entrevois ! Je connais bien les Français, Madame, ils vous combleraient encore de bienfaits et vous donneraient une existence digne de votre rang. Quelle est donc leur espérance et la vôtre ? La voici il est temps de vous la mettre sous les yeux: si nous succombons sous le feu des tyrans, plus d'espoir de vous sauvez. Les Français veulent vivre libre ou mourir. D'après cette résolution ils ont arrêté que si les puissances ennemies entrent en France ou se portent vers Paris vous serez placée sur un amphithéâtre au milieu de votre famille, entourée de tous ceux qui vous ont servi. Et si nous devons périr, vous périrez la première, Madame. Voilà la dernière résolution des Français, et jugez actuellement s'ils sont dignes d'être libre.
Je viens d'écrire au roi, Madame, je lui propose d'être l'intermédiaire entre lui et ses frères, s'ils ne vous sacrifient à leur ambition, sans doute mes discours auront plus d'empire sur leur esprit que tous ceux de ces envoyés esclaves qui ont trahi leur patrie et qui vous ont desservi en vous obéissant.
AUTOUR D'OLYMPE DE GOUGES ET SUR LES FEMMES ENGAGEES POLITIQUEMENT PENDANT LA REVOLUTION
Voir
Manon Roland
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Claire Lacombe
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Théroigne de Méricourt
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sur Joseph de Saint-George
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Dubois Descourt comte de La Maisonfort
Louis Sébastien Mercier
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Jean-Pierre Costard
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Marriage with Michel de Cubières:
Elle inspira dans le temps une vive passion au chevalier de Cubières, gentilhomme du Bas-Languedoc, poète assez, gracieux, et qui réussissaitd'ordinaire, excepté quand il prétendait suivre la carrière dramatique ; brouillé aussi avec les comédiens , il prit le parti de madame de Gouges avec une chaleur passablement comique ; il la conduisait partout, la soutenait avec vivacité, et par là ajoutait aux ridicules dont il était affublé. C'était, à cette époque, un fort joli garçon ; il avait un ton mielleux qui faisait des dupes ; on lui croyait de l'esprit , parce qu'il fréquentait des gens qui eu avaient beaucoup ; il ne fit que des sottises en avançant en âge , et je le retrouvai plus tard dans de bien cruelles circonstances , où il déshonora son nom. (Julian Mémoires d'un Pair de France vol. I 199)
Par une épître aimablement tournée, dans l'esprit de l'époque, Michel de Cubières fit l'hommage à Olympe de Gouges d'un poème sur l'organisation sociale des abeilles sous le titre Les Abeilles, ou l'Heureux gouvernement, poème... précédé d'une épître à Marie-Olympe de Gouges, et suivi d'un poème sur la mort de Michel Le Pelletier, par Dorat-Cubières M. de Cubières-Palmézeaux 1792. Il y rend hommage à ses talents d'auteure, à ses succès de théâtre, à son amour de la patrie et, de façon prémonitoire, il annonce la lutte à mort qu'Olympe de Gouges opposa à la dictature de 1793. Extrait:
Ce coeur exempt de feinte ignore la licence: du fils de Cythérée (l'Amour) il connut la puissance. Tout change avec le temps, et je crois qu'à ce jour, l'amour de la patrie y succède à l'amour. Comme ta voix, jadis, grondait les infidèles ! Tu n'en veux aujourd'hui qu'aux citoyens rebelles qui prêchent le désordre et violent la loi. Le plus beau dictateur est un monstre pour toi, et, fût-il Adonis, Endymion ou Alcide, à tes yeux courroucés il n'offre qu'un perfide. Oui, le patriotisme a sur tes sentiments, l'empire qu'autrefois obtenaient les amants.Et si quelque César nous préparait des chaînes, plutôt que de céder à ses lois souveraines, de Porcie imitant le courageux effort, dans un ardent brasier tu chercherais la mort.
https://books.google.fr/books?id=Xw4jTaZ2OvcC&printsec=frontcover&dq=%22les+abeilles+ou+l%27heureux+gouvernement%22&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj0z_Xgvt_tAhWq4IUKHWhfA1sQ6AEwAHoECAEQAg#v=onepage&q=%22les%20abeilles%20ou%20l'heureux%20gouvernement%22&f=false
Droits réservés
Article publié dans l'ouvrage collectif
Olivier BLANC "ENTRE HEROISME ET DEMAGOGIE L'ENGAGEMENT POLITIQUE DES FEMMES (1789-1799) "Femmes des Lumières Recherches en arborescences , Ed Garnier, 2017, pp. 153-165
Plusieurs séries des Archives nationales révèlent l’importance de l’engagement politique des femmes depuis le début de la Révolution jusqu’à la Restauration (1). Le nombre de dossiers de poursuites et d’arrestations de femmes est très élevé, beaucoup plus qu’on ne l’imagine, mais curieusement, cette documentation est quasi-inexploitée, inconnue aux nombreux historien(ne)s qui se bornent aux aspects littéraires et mondains de l’histoire des femmes. Les femmes se seraient-elles désintéressées des affaires politiques pendant la Révolution ? Tout démontre le contraire, car les recherches effectuées à partir des archives des polices politiques successives, auxquelles il faut ajouter les archives des comités de surveillance révolutionnaires (2), révèlent la forte présence des femmes dans l’histoire des oppositions politiques, à une époque où, jusque et y compris la dictature du Comité de salut public, on devient « contre-révolutionnaire » à tour de rôle.
On y trouve les dossiers des femmes royalistes légitimistes bien sûr, des femmes constitutionnelles, des femmes républicaines, ceux enfin des militantes ultra jacobines comme la citoyenne Sijas arrêtée après le 9 thermidor, ceux, après le coup d’état du 18 brumaire, des conspiratrices anti-bonapartistes qui sont, ou bien des jacobines (appartenant à ceux qu’on appelait les Exclusifs) ou bien des intrigantes royalistes, anciennes émigrées, et, pour la Restauration, des femmes bonapartistes placées sous surveillance policière ou arrêtées, d’autres encore. Dans cette masse documentaire, qui n’est que la partie émergée de l’iceberg, on repère immédiatement les pièces indiquant les formes variées de l’engagement de ces femmes. Certaines d’entre elles qui ont une grande longévité politique d’opposition aux différents pouvoirs, comptent plusieurs dossiers de police, répartis dans l’immense sous-série F7, vrai labyrinthe dont l’utilisation n’est pas toujours aisée, qu’il faut compléter avec d’autres séries dont les papiers des sections publiés par Albert Soboul.
Les dossiers de cette série incontournable nous renseignent sur la nature des délits politiques des femmes et on peut retenir, en s’appuyant par exemple sur la nomenclature courante reprise devant les tribunaux révolutionnaires et notamment celui de Paris, trois crimes ou délit politiques principaux : l’opinion exprimée en paroles ou en écrits (soit dans des correspondances et plus rarement des publications comme dans le cas d’Olympe de Gouges et des éditrices ou directrices de journaux) ; les délits à caractère économique liés au recel de matières précieuses principalement, à l’accaparement de denrées, à l’agiotage ou à la spéculation, ou au transfert de matières précieuses à l’étranger et aussi de distribution de faux assignats à des fins contre-révolutionnaires (3); ceux, enfin, de conspiration ou de complot contre la sûreté de l’Etat ou de ses représentants, de complicité avec des suspects, de rébellion y compris dans les prisons, autant de désignations vagues, qui recouvraient mille activités réelles ou supposées, car nombre de délits retenus par les juridictions d’exception n’ont jamais été prouvés (4).
L’héroïsme des femmes
Peut-on parler d’héroïsme dans le cas de ces femmes poursuivies, parfois arrêtées, parfois exécutées ? Outre que l’engagement politique en temps de guerre et de révolution présente des dangers objectifs, ces femmes ont dû surmonter les pesanteurs et obstacles liés aux mentalités de leur époque pour investir l’espace public et se lancer dans l’action individuelle ou collective. Si les femmes royalistes semblent avoir eu moins de barrières de ce type à surmonter cela tient à leur éducation (5) et au fait de la clandestinité de leurs activités d’opposition ou de résistance. Il n’en est pas de même des femmes républicaines qui, elles, agissaient en pleine lumière, dans des manifestations pacifiques ou des insurrections populaires plus ou moins provoquées artificiellement (« émeutes de la faim »). Repérées et sévèrement jugées, souvent diffamées par la presse royaliste, puis par la presse révolutionnaire, surtout montagnarde, elles sont durement stigmatisées lorsqu’elles participent à ces dangereuses et décisives « journées révolutionnaires ». En l’an II, le nombre de dénonciations frappant les femmes est en constante augmentation, jusqu’ à la veille du 9 thermidor quand tout, alors, est « contre-révolutionnaire », excepté le robespierrisme. Leur maturité politique surprend et leur courage, du moins ce qui en a été rapporté dans les interrogatoires, est ainsi remarquable dans la capacité qu’elles ont à défier le danger inhérent à leurs entreprises. Même chose en ce qui concerne leur comportement devant la mort, c’est-à-dire entre le moment de leur arrestation et leur éventuelle condamnation. Beaucoup de récits de contemporain(e)s emprisonné(e)s à Paris et en province, et les témoignages d’inspecteurs de police en civil (6), de membres des administrations de police, ou encore d’indicateurs de prisons nous renseignent amplement sur l’attitude des prisonnières jusqu’à leur comparution devant les tribunaux révolutionnaires et même dans les charrettes de la guillotine. Il ressort qu’il n’y a pas eu de différence marquante avec les hommes et apparemment la plupart des femmes ont affronté la mort avec sang-froid (7).
Il a donc fallu beaucoup de courage et même une certaine dose d’héroïsme aux femmes qui, en 1789, se sont jetées dans l’arène politique et surtout de façon aussi résolue qu’Olympe de Gouges. Avant même la prise de la Bastille celle-ci voulait montrer l’exemple à suivre aux femmes, ayant déjà elle-même attiré l’attention publique en publiant une dizaine de brochures politiques, ce qui n’allait pas de soi en 1789, on l’oublie souvent, tant les dangers d’une contre-révolution étaient grands.
" Lorsque M. Mercier me vit lancée dans la dangereuse carrière ou tant d’hommes ont trébuché, disait-elle, il me conseilla de rétrograder quand il était temps encore. Mais fière et hardie comme Jean-Jacques, je n’en continuai pas moins mon entreprise" (8).
Puis après Olympe de Gouges, on vit apparaître une poignée de femmes qui, se signalèrent de façon ponctuelle lors des premières journées révolutionnaires et qui sont vite devenues emblématiques dans l’opinion, principalement Théroigne de Méricourt et Reine Audu qui durent leur grande réputation de patriotes au fait d’avoir été poursuivies dès 1790, par le Châtelet de Paris, pour leur prosélytisme révolutionnaire et leur rôle supposé au 6 octobre 1789. A la fin de la Constituante, les noms d’une dizaine de femmes occupent régulièrement l’espace « médiatique ». Elles sont surtout citées dans la presse ultra-royaliste, notamment dans le Journal de la Cour et le Petit Gauthier, mais jamais en bonne part. Les journaux constitutionnels saluent au contraire le patriotisme de Bonne de Villette qui participe au transfert des cendres de Voltaire au Panthéon, de Louise de Kéralio rédactrice du Journal de l‘Etat et du Citoyen, de Germaine de Staël, de Mme Helvétius qui, comme Mmes de Condorcet et de Koch, tient un salon politique à Auteuil, d’Olympe de Gouges, de Mme Charles de Lameth ou encore de la jeune Lucile Desmoulins; et ensuite, sous la Législative, le public découvre dans les journaux, l’existence de Claire Lacombe et de Manon Roland dont l’influence politique qu’elle exerçait sur son mari ministre était notoire. Si l’on met à part les protestations corporatistes et les réclamations portant sur des cas d’intérêt particuliers, si l’on excepte les envois de vœux à l’Assemblée (tels ceux des femmes de la Halle), les femmes se sont associées dès 1789 pour porter une revendication collective, que ce soit une pétition à caractère politique, une proposition de loi ou un don patriotique (ainsi en septembre Mmes Le Ray, Moitte, Pajou, Fragonard et autres femmes artistes). Et peu à peu, elles se sont fait admettre dans des clubs de diverses tendances, tel que le Club de la Révolution, ou Portique français (9) ou surtout la Société fraternelle des deux sexes où les revendications des femmes y furent élaborées avant d’être portées sous forme de pétitions à l’Assemblée avec le peu de succès qu’on connaît.
D’autres femmes, issues de la noblesse libérale et de la bourgeoisie, ont œuvré quasi exclusivement dans la sphère privée, agissant par leur influence auprès d’élus ou de ministres qui gravitaient dans les cercles qu’elles animaient. Il y eut des cercles constituants comme ceux de Germaine de Staël, maitresse écoutée du ministre de la guerre Narbonne, et d’autres qui demeurèrent exclusivement royalistes comme le salon de Mme Duval d’Eprémesnil, née François-Augustine Sentuary, ou de la ci-devant duchesse de Grammont sœur de l’ex-ministre Choiseul. Les habituées du salon de Mme de Grammont, rue Grange-Batelière, avaient activé depuis le 10 août 1792, une sorte d’escadron féminin dont le but était d’intervenir, auprès des administrateurs de la Commune de Paris ou de conventionnels disposés à vendre contre argent leur signature ou leur influence protectrice dans le cas de poursuites, d’arrestations et de procédures en cours contre des royalistes (10).
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https://gw.geneanet.org/darbroz_w?lang=fr&pz=rose&nz=theze&p=charlotte+elisabeth&n=de+scoraillesOn retrouve ces femmes et d’autres dans la grande opération de corruption parlementaire diligentée par l’Espagne et plusieurs banquiers lors du procès de Louis XVI (ainsi les sœurs d’Estat, Mmes de Montendre, de Maurville, de Fontenay, etc.), ou dans l’acquittement contre argent du général Miranda (où Mme de Rochechouart intervint).
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Depuis 1790 les femmes furent aussi très présentes dans l’organisation de complots destinés à faire évader la famille royale des Tuileries (ainsi Mme de Villeroy, Mme de Narbonne ou Mme de Staël);
puis du Temple (avec Mme de Jarjayes ou Mme Atkyns), et enfin les ultimes tentatives d’évasion de Marie-Antoinette de la Conciergerie auxquelles prirent part Mmes de Janson ou Sophie Dutilleul.
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Il y en eut six ou sept qui échouèrent successivement, principalement l’expédition arrêtée à Varennes ou se trouvait cité le nom d’Eléonora Sullivan, amie des organisateurs Quentin Crawfurd et Fersen.
Des femmes toutes tendances confondues participèrent comme agent de liaison ou de correspondance à l’un ou l’autre des réseaux chouans qui se formèrent, ou, tout au contraire, des groupes d’opposition ultra-révolutionnaire comme, dès la Constituante, Anne-Félicité Colombe, l’imprimeuse de Marat, qui fut arrêtée. Les imprimeuses et les libraires (alors elles-mêmes éditrices) furent souvent dénoncées et plusieurs d’entre elles, accusées d’avoir diffusé des manifestes royalistes, comme la citoyenne Lesclapart, la citoyenne Feuchères, née Aimée Leroy, ou encore l’héroïque Avoye Paville, finirent leur vie sur l’échafaud. Les femmes vendéennes et des bretonnes, souvent parentes d’émigrés prirent des risques, elles aussi, et finirent tragiquement en Vendée, à Nantes ou Paris comme Thérèse de Moellien, codirectrice du complot de La Rouërie. D’autres cherchèrent à créer de petites vendées en pays picard ou briard, dans l’est de la France, ou encore dans la région d’Orléans et de Blois. Elles étaient généralement des femmes ou filles d’émigrés, divorcées par nécessité (intérêt), assurant des correspondances depuis la France ou passant les frontières sous de fausses identités. Elles agissaient comme « boite à lettres » ou comme agentes de liaison et de renseignements au profit de Hyde Neuville ou des membres de « l’agence de Paris » de Lemaître, voire de l’Angleterre, comme Mmes William (née Arabella Malet), de Champcenetz (née de Nyvenheim), de Mascarenne de Rivière, More de Prémilon ou l’actrice Mayerbeg (11);
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elles jouent aussi bien le rôle d’agentes d’influence, à Paris même, en pleine Terreur, comme Sophie de Jaucourt et Armide de Rochechouart, fille de l’auteur Durey de Morsan et Miss Maria Héléna Williams, qui, chez les banquiers Conrad de Koch et Junius Frey, cherchaient à circonvenir des membres de la Commune tels qu’Hébert ou François Chabot (ce qui fut révélé dans les nombreuses lettres de Chabot figurant dans l’instruction des procès de ventôse et germinal an II).
On citera encore, dans le même registre, les démarches intéressées en lien avec l’émigration de Mmes de Beaufort, de Charry, de Bonneval et de Canisy qui, raconte Albert Mathiez, s’essayèrent à la séduction auprès des influents députés Julien de Toulouse ou d’Osselin, deux farouches montagnards membres du Comité de sûreté générale (police politique) (11 bis) ; ou encore Mme de Bonneuil née Michelle Sentuary, maîtresse de Cazalès puis agente de Talleyrand, qui fit une véritable carrière dans les réseaux contre-révolutionnaires puis dans l’Europe de l’émigration et de la guerre.
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Curieusement, ces figures sont demeurées inconnues à l’historiographie alors que leur périple, parfois dramatique, est conservé à peu près intact dans les fonds des Archives nationales (F7) ou dans ceux du quai d’Orsay.
Les femmes républicaines, principalement les Girondines, se sont, elles, surtout illustrées dans les résistances à la Terreur, souvent des femmes dont les amis, les maris ou les parents étaient des élus proches de Barbaroux, Valazé, Vergniaud, Roland, etc. Les archives parlementaires contiennent les cas exceptionnels de Marie-Anne Marcandier (son mari journaliste fut secrétaire de C. Desmoulins puis du ministre de l’intérieur Roland), dont l’affaire liée à la distribution du journal intitulé "Le véritable ami du peuple", fut évoquée à la Convention en mai 1793, et bien sûr de Olympe de Gouges véritablement héroïque dans sa défense des Girondins arrêtés ou proscrits. Les persécutions anti-girondines révélèrent le courage insigne de beaucoup d’épouses ou amies de ces députés qui elles-mêmes furent arrêtées et parfois guillotinées pour des motifs liés à leur engagement actif auprès de leurs maris ou pour avoir donné asile à des proscrits (12).
Lors de la chute de la commune hébertiste, les épouses (républicaines) de plusieurs administrateurs furent arrêtées (13). Même chose encore avec les épouses des modérées ou dantonistes, telle Mme Philippeaux qui, parce qu’elle secondait son mari, fut à deux doigts d’être exécutée avec Lucile Desmoulins, ou encore la ci-devant comtesse de Linières, tenancière d’un salon de jeu au Palais-Royal, fréquenté par les Jacobins. Avec la chute de Robespierre, nombreuses furent les arrestations de femmes supposées « complices de la conjuration », et principalement sa richissime amie, Melle Marguerite Roger de Chalabre (14) , la première femme arrêtée en même temps que l’Incorruptible, puis aussi les dames Duplay, les épouses de Lebas, de Sijas, de Couthon et bien d’autres qui appartenaient à l’entourage des membres des comités terroristes.
Certaines femmes, plus rares évidemment, se signalèrent par un geste « fou ou héroïque », selon les points de vue : ainsi la républicaine Charlotte Corday qui assuma pleinement son acte et qui, malgré la légende, de son vivant, ne s’est jamais reconnue « royaliste ».
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Le cas de Aimée-Cécile Renault, fille d’un papetier de l’île de la Cité à Paris, autre héroïne qui fut véritablement une victime innocente, est beaucoup plus complexe, et relève de l’histoire des faux attentats, ces mises en scène politico-policières qui visaient à promouvoir la popularité des démagogues. Cette jeune fille simple et illettrée fut arrêtée, mise au secret et instrumentalisée par la police politique peu après un débat à la Convention où l’on avait évoqué la rumeur venue de Londres, d’une nouvelle Charlotte Corday venant attenter aux jours des conventionnels.
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Dans la série des vrais faux complots, d’une nature différente de ce qui précède, on peut encore signaler le cas de Catherine Théot, chef de secte, qui fut l’instrument passif d’une cabale antirobespierriste montée par le tandem Vadier et Barère pour déstabiliser Robespierre.
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On citera enfin les femmes, décrétées par la Convention et exécutées pour un complot – de fait chimérique ou imaginaire - contre la représentation nationale, tel celui du 17 juin 1794 où les condamné(e)s furent revêtu(e)s d’un manteau rouge, attribut des « parricides ». Mmes Griois, sœur du peintre Vincent, d’Eprémesnil, de Sainte-Amaranthe, de Sartines, Lemoine de Crécy, de Lamartinière, réunies autour de Cécile Renault, parurent ainsi des assassins aux yeux du public médusé. La loi du 22 prairial permit également par les mêmes voies tortueuses et machiavéliques, de se débarrasser, sous de faux prétextes, de femmes qui étaient témoins de faits graves de clientélisme ou de corruption avérée susceptibles d’embarrasser des membres des comités ou leurs agents.
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D’autres parce qu’elles étaient de riches héritières, dépositaires ou propriétaires de biens convoités par des élus, comme l’ex princesse de Chimay occupante du domaine d’Issy-les-Moulineaux, à l’entrée de Paris.Il n’y a pas vraiment de différence avec les formes d’engagement au masculin, mis à part l’accès à la tribune qui fut résolument fermé aux femmes.
Beaucoup d’entre elles qui avaient pris de grands risques au moment des crises et journées révolutionnaires, surtout sous la Constituante, avaient imaginé que leur engagement serait consacré par des droits politiques. C’est ce qui ressort des discours ou pétitions de quelques-unes d’entre elles, la plus connue, après Olympe de Gouges, étant Etta Palm d’Aëlders, fondatrice du Club des amies de la Vérité.
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Elles furent bien déçues dans cet espoir, ainsi que l’a résumé Olympe dans sa "Déclaration des Droits de la Femme" (1791), rappelant avec amertume qu’ on ne dédaigna pas de les admettre parmi tous les citoyens lorsque les murailles de la Bastille s’écroulèrent. Ainsi résumait-elle le sentiment pénible, pour certaines femmes, d’avoir été utilisées souvent à des fins de pure démagogie.
La Démagogie
A la lecture des procès-verbaux d’interrogatoires de la commission séante au Châtelet, chargée d’instruire l’enquête relative aux événements dramatiques du 6 octobre 1789, on relève que la majorité des femmes présentes dans le cortège ont été sciemment recrutées contre argent, et mises en avant pour éviter qu’on ne fît feu sur les manifestant(e)s. En outre, parmi ces femmes, et ce point singulier a rarement été évoqué, il y avait, d’après des dizaines de témoignages, un certain nombre d’hommes travestis et armés, ce qui enlève beaucoup au caractère pacifique et spontané de la manifestation féminine du 6 octobre telle que Michelet l’a inscrite dans la légende (15) .
Marie-Louise Reine Audu (16), qui en fut la grande héroïne, fit l’objet d’une procédure criminelle, et elle passa un an en prison, « ignorée des patriotes dans son cachot » du Châtelet (17). Elle se plaignit amèrement d’avoir été abandonnée à son sort par ceux-là mêmes qui, à l’Assemblée législative, auraient dû prendre activement sa défense, c’est-à-dire les membres siégeant à la gauche de l’assemblée.
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Impliquée elle aussi dans les événements du 6 octobre, rentrée à Paris après une détention de quelques semaines en Autriche, Anne Josèphe Terwagne dite Théroigne de Méricourt, fut, elle, sollicitée par l’Orléaniste Santerre pour se charger de recruter dans les faubourgs à la veille de la promenade civique du 20 juin 1792, journée révolutionnaire dirigée contre le château des Tuileries où elle fut largement mise en avant tant sa popularité était grande (18) . Or une fois cette journée terminée, avec le succès qu’on en attendait, Théroigne se vit rejetée et méprisée des révolutionnaires dont elle avait servi les intérêts avec un si grand zèle patriotique. Si plus tard, le 10 août 1792 Reine Audu, blessée à la cuisse, et Théroigne encore, furent citées et récompensées, ce le fut, non par l’assemblée ou les clubs, mais par leurs compagnons d’armes, les Fédérés, qui honorèrent publiquement leur attitude courageuse au siège des Tuileries (19).
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Sous la première république, les Montagnards en général, l’entourage de Robespierre dont son propre frère Augustin, se montrèrent régulièrement hostile à la prise de parole publique des femmes dans l’arène politique. Et la presse, notamment les articles antiféministes du dantoniste Prudhomme continua de plus belle à railler celles qui comme Etta Palm d’Aëlder ou Olympe de Gouges prétendaient donner une visibilité aux femmes engagées politiquement.
En revanche Jean-Nicolas Pache, ministre de la guerre devenu maire de Paris, personnage considérable dans l’histoire de l’ochlocratie révolutionnaire (20), imagina, quant à lui, de se servir à nouveau des femmes, cette fois dans la croisade meurtrière qu’il mena avec Marat et Santerre (21) notamment, contre les Girondins. Depuis le début de la Convention (22 septembre 1792), ceux-ci leur demandaient, en particulier à Pache, des comptes sur l’administration des fonds du ministère de la guerre et sur l’origine de ceux de la Commune de Paris depuis le 10 août, mais s’interrogeaient aussi sur les fortunes rapides de plusieurs élus montagnards de l’entourage de Danton, de Robespierre et de Marat. Ils établirent des commissions et firent voter des lois sur la transparence financière qui inquiétèrent vivement ceux, essentiellement la cinquantaine de députés Montagnards qu’elles concernaient. Ce sont surtout les meneuses du club des républicaines révolutionnaires, composé d’environ soixante-dix femmes fanatisées qui feront les frais de cette récupération démagogique de leur mouvement. Pauline Léon et surtout la charismatique Claire Lacombe, belle et éloquente comédienne, en furent la plus parfaite illustration.
Elles se distinguèrent dans « la politique de l’insurrection », dite aussi du « tocsin » -, suscitée par la Commune de Paris, à savoir les mouvements du 25 février 1793, du 10 mars et aussi lors de l’acquittement de Marat qu’elles vénéraient. Le 10 mai, à l’instigation de Sylvie Audouin (22) , fille du maire de Paris Pache, Lacombe, Colombe, Léon et quelques autres cofondèrent la société des Républicaines révolutionnaires qui, siégeant un temps en la salle de la Bibliothèque des Jacobins, allait, à sa façon, contribuer à la chute de la Gironde en s'inféodant trois semaines au mouvement démagogique de l'exagération révolutionnaire. Le but était pour les membres de la Commune, d’entretenir la division au sein de la Convention pour l’affaiblir et la dominer, et pour les autres, dont ceux qui se disaient robespierristes, de se débarrasser physiquement des principaux meneurs girondins, derniers obstacles aux projets de dictature personnelle de celui qui se faisait appeler l’Incorruptible (23) .
La mise à mort de 29 soi-disant traîtres, à savoir les plus remarquables des députés girondins, fut alors largement encouragée dans la presse populaire subventionnée par la Commune (journaux de Marat et de Hébert). La présence remarquée de Sylvie Audouin dans cette société révolutionnaire de femmes, accrédite l’accusation des Girondins, selon laquelle les femmes dites républicaines et révolutionnaires, furent instrumentalisées par la Commune de Paris, non seulement dans les émeutes du début du printemps, mais également dans les séances d’obstruction et d’intimidation qui eurent cours en mai suivant à la Convention (24 ) .
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Elles occupaient journellement les tribunes de la Convention pour huer et agonir d’injures les députés girondins qui prenaient la parole, ou applaudir frénétiquement ceux des Montagnards qui les attaquaient (25) . On les vit aussi à l'assemblée révolutionnaire de l'Evêché, où, selon Michelet qui résume avec lyrisme divers témoignages sur ce fameux comité d’insurrection mis en place par Pache et ses amis montagnards, "elle prit la plus violente initiative et dépassa de beaucoup la fureur des hommes, ainsi que dans la foule qui assiégeait la Convention le 31 mai et le 2 juin, haranguant, vociférant, poussant aux résolutions les plus énergiques" (26).
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Mais dès le but atteint, dès l’arrestation des Girondins, ces femmes-instruments - dont Claire Lacombe et Pauline Léon que l’historiographie a retenues - furent priées de se faire oublier. Elles que leur patriotisme égalitariste sincère et exalté avait rendu aveugles sur l'utilisation démagogique faite de leur club de femmes, de leurs ambitions et de leur personne, mais surtout sur les visées réelles de l'exagération révolutionnaire, furent décriées par leurs employeurs de la veille après le 31 mai 1793. Elles ne trouvèrent de soutien que dans la personne de Marat qui les poussa à verser dans la surenchère : elles rejoignirent alors le courant ultra dit des Enragés de leurs amis Jacques Roux et Théophile Leclerc. Les républicaines révolutionnaires, « habillées en hommes », essayèrent vainement de gagner à leurs idées les citoyennes des marchés de la section du Contrat social qui les accueillirent, dit-on, en donnant le fouet à la présidente Lacombe (septembre). Quant aux Jacobins et aux Cordeliers ils maintenaient désormais à bonne distance ces femmes organisées et imprévisibles. Même chose à la Commune de Paris et à la Convention où, une fois les Girondins éliminés, elles furent indésirables dans les assemblées politiques. On les acceptait plus facilement au Tribunal révolutionnaire où, nous dit un inspecteur de police en civil qui assistait au procès d’Olympe de Gouges, ces femmes de « mauvais ton » devraient faire l’objet d’une surveillance particulière.
Dans ses diatribes à l’attention des femmes révolutionnaires, Chaumette, second personnage de la Commune de Paris après le maire, borna leur rôle à accompagner leur mari dans l'espace public, un tricot à la main, et sans chercher à prendre la parole : « Les femmes, disait-il en invoquant ce qu’il appelait l’ordre naturel, doivent se respecter et c’est pourquoi nous les forcerons à se respecter elles-mêmes »(26 bis). Lacombe et ses associées qui firent l’objet d’un rapport défavorable lors d’une séance houleuse aux Jacobins, furent publiquement dénoncées le17 septembre 1793 comme « contre-révolutionnaires ». A l’issue de cette séance, Lacombe fut arrêtée. Consciente d’avoir été manipulée, elle avait changé du tout au tout et s’était mise à appuyer le modérantisme prôné par Danton, Philippeaux et Desmoulins. Elle se risqua même à critiquer les massacres de septembre, sujet tabou pour les ultra-jacobins. Par une sorte de miracle elle ne fut pas exécutée lors des procès politiques de ventôse et germinal (27) . Son cas demeure exemplaire des limites tolérables de l’engagement politique au féminin, tel que les démagogues de l’an II se le représentaient.
CONCLUSION
Entre héroïsme et démagogie, l’engagement sous la Révolution des femmes des Lumières, dans sa diversité, est fortement sous-estimé. Les travaux sur ce thème sont encore inversement proportionnels en nombre à l’importance que revêt le phénomène, par misogynie certes, mais peut-être aussi à cause de cette notion de « visibilité bibliographique » - celle notamment des dictionnaires et encyclopédies - qui illusionne encore beaucoup d’historien(ne)s. La visibilité massive de l’histoire bataille et de l’histoire tribune, de même que les différentes formes de censure et d’autocensure ont plus ou moins évincé de la mémoire collective d’autres champs d’action et d’expression. Il en est ainsi de l’histoire diplomatique ou de l’histoire financière, qui n’ont pas fait l’objet de « récits » enregistrés par des publications comme le « Moniteur », et doivent se reconstruire patiemment aux archives avec la prise en compte des non-dits, de l’absence et des lacunes. Il en est de même de même l’histoire de l’engagement politique des femmes et des minorités, souvent discret et clandestin par nécessité, qui ne se revendiqua pas ou peu après coup, quand vint l’heure de publier mémoires ou souvenirs. Il y a donc urgence à ouvrir des chantiers de recherche et lever le silence sur une période où les femmes des Lumières traduisirent leurs idées en actes et participèrent pleinement, héroïquement, au grand bouleversement politique de 1789.
NOTES
1 On consultera, aux Archives nationales, les sous-séries F7, BB3, ABXIX, l’incontournable série W, notamment les papiers dits de Fouquier-Tinville et ceux du Tribunal révolutionnaire, et enfin ceux du séquestre (série T) qui recèlent parfois des correspondances privées. Voir P. Caron, Manuel pratique pour l’étude de la Révolution, Paris, 1947, p.84-135.
2 Elles dressaient un tableau du comportement civique depuis 1789 des individus résidant sur leur territoire. On s’aperçoit en les lisant tableaux et dénonciations que beaucoup de femmes sont perçues comme conspiratrices « tenant des conciliabules » et politiquement engagées.
3 Le 27 thermidor an II, six jeunes femmes furent condamnée à mort pour ce motif. Elles étaient les amies de royalistes impliqués dans des projets contre-révolutionnaires de fabrication et de distribution de faux assignats souvent fabriqués à l’étranger pour discréditer la monnaie nationale.
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4 O. Blanc, Résistances à la Révolution, l’influence des femmes, Colloque les femmes et la Révolution française, 12-14 avril 1989, Presse universitaire du Mirail, 1989, 205-210.
5 Les femmes de la bourgeoisie et surtout de l’aristocratie ont, si l’on en juge par leurs lectures et leurs correspondances, une « culture » politique plus étendue qu’on ne l’imagine. Voir par exemple la surprenante correspondance, essentiellement politique, de Mme de Damas à son amie Adélaïde de La Briche, publiée par Claude Hoëh, Paris en Révolution. Lettres de la comtesse Charles de Damas (1791-1792), Paris Musées 2006).
6 Pierre Caron, Paris pendant la Terreur. Rapports des agents secrets du ministère de l’intérieur (voir tome VII, le 14 brumaire sur Olympe de Gouges).
7 Olivier Blanc, La dernière lettre, prisons et condamnés de la Révolution, Paris, Laffont, 1984 et Pierre. Caron, Paris pendant la Terreur, op.cit. Voir aussi l’une ou l’autre des éditions des Mémoires de Sanson d’après les notes laissées par Henri Sanson.
8 Cité par Olivier Blanc, Olympe de Gouges, Tallandier, 2014, p.124.
9 Rivarol a donné un compte rendu satyrique de l’ouverture de ce club en janvier 1790 (Olivier Blanc, Olympe de Gouges, 2014, p.131-133).
10 Après Albert Mathiez Autour de Danton, Paris, Payot, 1926), Arnaud de Lestapis a parfaitement décrit ces stratégies de séduction mises en œuvre par les femmes royalistes, auprès des comités révolutionnaires, dans une série d’articles consacrés à « Un grand corrupteur, le duc du Châtelet », Annales Hist. de la Révolution, avril-juin 1953). La dénonciation d’une dame Jeanne-Claude Ferniot femme Hugues donne des détails sur cet activisme politique au féminin et cite des noms (AN, F7/4704).
https://gw.geneanet.org/darbroz_w?lang=fr&pz=rose&nz=theze&p=jeanne+claude&n=ferniot
Voir aussi O. Blanc, Les libertines, Perrin, 1997, 135-148 et La corruption sous la Terreur, p.118-155. En 1793, la Commune de Paris prit des mesures drastiques pour interdire l’accès des bureaux aux « jolies solliciteuses ».
11 Impliquées dans les complots contre le Directoire puis contre Bonaparte qui fit exiler hors de Paris et surtout à l’étranger une centaine de femmes après la rupture de la paix d’Amiens (1803).
11 bis Sur toutes ces femmes voir les treize études particulières d'Olivier Blanc, Les Libertines, plaisirs et libertés au temps des Lumières, Paris Perrin 1987.
12 Mmes Roland, Brissot, Buzot, Pétion, Bouquey et autres furent arrêtées et parfois guillotinées. Mme Paysac née Antoinette Albisson fut exécutée pour recel des papiers hautement recherchés du Comité des Douze (commission chargée le 18 mai 1793 d’enquêter sur la Commune de Paris) conservés par Rabaut de Saint-Etienne et Meillan.
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13 Epouses ou maitresses du banquier Jean-Conrad de Koch, du général Ronsin, de l’imprimeur Momoro, de Hébert, du député Delaunay d’Angers, des administrateur La Chabeaussière, Lhuillier, Audouin de Geronval, etc. (voir les notices consacrées à ces femmes sur Geneanet (Charles-Olivier Blanc / darbroz)
https://gw.geneanet.org/darbroz_w?lang=fr&pz=rose&nz=theze&p=marie+angelique&n=lequesne
14 Fille du principal banquier de jeu de la cour de Versailles, Melle de Chalabre s’était installée dans un hôtel particulier, dépendant du couvent de la Conception Saint-Honoré, mitoyen de la maison où logeait Robespierre.
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15 Très nombreuses dépositions allant en ce sens dans le recueil intitulé Procédure criminelle instruite au Châtelet de Paris sur la dénonciation des faits arrivés (…) le 6 octobre 1789, Paris 1790. C’était une action concertée et préparée avec soin par l’entourage du duc d’Orléans, leur but étant d’emmener Louis XVI à paris pour l’empêcher la famille royale de se mettre sous la sauvegarde de l’armée. Un parallèle fut fait avec les femmes qui avaient participé le 13 juillet au pillage des armes conservées au château des Invalides avant de participer à l’encerclement de la Bastille.
16 Mariée à Claude Degand, elle eut une fille Marie-Victoire née en 1796 (Paris, paroisse Sainte-Marguerite).
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17 Voir ses différentes requêtes publiées dans le répertoire Maurice Tourneux. Le maire girondin Pétion s’intéressa à elle pour la sortir du dénuement où elle se trouvait.
18 Isabelle Bourdin, Les sociétés populaires à Paris pendant la Révolution, 1937, p.153. Sur Théroigne la meilleure biographie récente est en allemand, Helga Grubitzch et Roswitha Bockholt, Théroigne de Méricourt, Die Amazone der Freheit, Berlin, Centaurus, 1991. D’après ses archives conservées en Autriche, depauis au moins avril 1788, Anne Josèphe Théroigne se faisait soigner avec un produit à base de plomb, contre le mal vénérien qui, évoluant après la Révolution, provoqua ses premiers accès de folie.
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19 Voir Le Moniteur à la date du 3 septembre 1792. A. Tuetey, Répertoire des sources manuscrites de l’histoire de Paris pendant la Révolution, IV, p. XV.
20 De concert avec Marat, Pache encouragea de tout son pouvoir les actions de déstabilisation de la Convention en jouant, par le noyautage des sections et le recours aux insurrections. Il était soupçonné d’avoir détourné au profit de la Commune, des fonds issus du ministère de la guerre. La commission girondine dite des Douze, sur le point de rendre son rapport public sur les agissements de la Commune fut peu après emportée par le coup de force parlementaire du 31 mai 1793. S’ensuivit la recherche et la destruction des papiers réunis par cette commission. Lors des procès de ventôse, Pache fut néanmoins inquiété puis arrêté par les robespierristes (mai 1794), placé au secret, mais sauva sa tête. Il parvint à justifier sa conduite en l’an IV, sans qu’on y regarde de trop près.
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21 Le commandant de la garde nationale de Paris était témoin au mariage de la fille de Pache et son ami intime.
22 Epouse de François Xavier Audouin que Pache avait placé auprès de lui au ministère de la guerre, elle était aussi la filleule (14/7/1777) du maréchal de Castries chef de l’émigration militaire, et d’Ursule Augustine Le Danois de Cernay, épouse d’Auguste de La Mark, comte d’Arenberg, agent actif de l’Autriche auprès de Mercy-Argenteau. « On ignore, dit un contemporain, si c’est par hasard ou à dessein qu’il (Pache) se fit porter au ministère de la guerre, précisément au même instant où le maréchal de Castries était à la tête d’un corps d’émigré » (P. Roussel dit Proussinale, Histoire secrète du Tribunal révolutionnaire, p.230-231) : la question de la trahison de Pache (lui-même auteur, au XIXe siècle, d’essais sur les conspirations) , hystériquement niée par les Robespierristes, fut largement posée par les Girondins (voir entre autres J.-B. Louvet, Mémoires, 1823, pp.82-85 et 97-99 et Coste d’Arnobat, Anecdotes curieuses et peu connues sur les différents personnages qui joué un rôle pendant la Révolution, Genève, 1793).
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23 Pour Olympe de Gouges, Mme Roland et les Girondins, Robespierre déjà entouré d’une garde rapprochée visait à établir un triumvirat, autrement dit une dictature militaire qui devait en effet prendre le pas sur la Convention, les ministres et, à la veille du 9 thermidor, sur les comités de salut public et de sûreté générale eux-mêmes.
24 Parmi d’autres, J.-B. Louvet, Mémoires, Paris, 1823, p.23, et F. Buzot, Mémoires, p.p. A. Dauban, Plon, 1866, p.78. Voir aussi Barante, Histoire de la Convention, 1851, II, 391 Fortement politisée, Sylvie Audouin s’était pris d’une violente querelle avec Carnot (Louis de Launay, Monge, 1933, p.121). Associée avec l’aval de son père et de son mari aux mouvements démagogiques de 1793, elle pourrait évidemment avoir contribué au financement du Club des républicaines révolutionnaires que Léopold Lacour a soupçonné voir « Rose Lacombe », La revue hebdomadaire, 1899/10, p.236 et suivantes. Aimé Charles Dauban a publié dans une magistrale compilation (La démagogie en 1793 , Paris, 1868), l’essentiel des documents se rapportant à l’histoire des mouvements de femmes en 1793, et notamment au Club des Républicaines révolutionnaires. Les Girondins ont tous pointé le rôle de la Commune dans la récupération anti-girondine de ces mouvements rassemblant environ 170 femmes « du peuple », peu instruites, désargentées, et égarées par l’extrême démagogie des discours et des publications, également par l’argent distribué (Dauban, op.cit., p.189). Les mouvements de femmes comme instrument anti-girondin, dénoncés par Vergniaud et les Girondins, sont demeurés inconnus à l’école soboulienne (voir Dominique Godineau dans sa thèse sur les Citoyennes tricoteuse, Alinéa, 1989).
25 Barante, Histoire de la Convention, 1851, vol. II, p.391.
26 Jules Michelet, Les femmes de la Révolution, Paris, 1855.
26 bis Danton au sujet de l'ordre naturel ne dit pas autre chose car il considérait que les femmes n'avaient pas à réclamer de droits particuliers puisqu'elles appartenaient à leur père ou leur époux. Et lorsque fut voté l'article premier de la constitution sur la nouvelle définition du mariage républicain avec la précieuse égalité dans l'administration des biens, son rapporteur général Cambacérès, déclara:
- Cette innovation éprouvera peut-être des critiques Elles auront leur réponse dans ce principe d'égalité qui doit régler tous les actes de notre organisation sociale... Le mari ne pourra plus disposer des biens de la communauté sans le consentement de la femme.
Premier à prendre la parole, l'influent Danton ne trouva rien d'autre à dire que:
- Eh bien ! plus rien n'est naturel.
27 Elle subit une longue incarcération de dix-sept mois avant de disparaître de la scène publique. En l’an III, une autre femme, Marie Françoise Carle-Migelli reprit le flambeau de l’ochlocratie au féminin, lors des insurrections de germinal contre la Convention. Egarée par le calcul des démagogues qui la dirigeaient, et aussi par sa propre exaltation, elle finit tragiquement après l’affaire Boissy-d’Anglas/Féraud et fut guillotinée en l’an IV (La Revue, septembre 1910 ; Revue des questions historiques, T.CIV, p.117-136 et Histoire secrète du Directoire, II, 1832, chap. IV).
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Bibliographie (Le manque de place n'a pas permis, pour cet article, un développement plus grand des références bibliographiques et d'archives: voir ci-dessous et en renvoi aux notices des femmes concernées pour les manuscrits)
Adresse au beau sexe, relativement à la Révolution (sl) 1790, 8°, 15 p. (8°Lb39 8261
Adresse aux dames parisiennes. Le voyage de Saint-Cloud Paris 1790, 8°, p. (8° Lb 945)
Avis aux dames (slnd) Lb39 604
Cahier de doléances et de réclamations des femmes, par Madame B... B... (sl) 1789, 8°, 18 pages (8° Lb39 1593 A) (l'identication avec Françoise de Rivarol est à confirmer)
Chanson des dames de la place Maubert (sl) 1789, 8°, 4p. (Rés. Ye 3064)
Compliment des poissardes de Paris à MM. les électeurs qui ont été à Versailles pour solliciter l'amnistie des Gardes-Françaises (slnd) 8°, 7 p. BN(8°Lb39 7354)
Compliment des Dames poissardes à leurs frères du Tiers Etat avec des couplets (slnd) 8°, 4p. BN (8°Lb39 1635)
De l'influence des femmes dans l'ordre civil et politique, Eleuthéropolis, 1789, 8°, 54 p. BN Rp 1781 : esquisse historique écrite par Condorcet)
Discours prononcé au nom des citoyennes affiliées à la Société des Cordeliers lors de la présentation d'un drapeau et de deux piques à ladite société par ces vertueuses citoyennes (11 mars 1792). Paris (sd) 8° 3 p. (Martin et Walter ano N°5835)
Discours d'une femme de la capitale présente au Roi (slnd) 8°, 7p. BN(8° Lb39 7521)
Epitre à la milice parisienne, par une amazone française. Paris 1789, 8°, 8p. (8° Lb39 2287)
Fête civique en l'honneur de Lepeletier et de Marat, et inauguration de leurs bustes, par la Société fraternelle des deux sexes de la section du Panthéon français, le 1er frimaire l'an II, (sl) 8° 11p (8° Lb40 2455)
Grande conspiration contre les dames et contre la Nation, dénoncée à tous leurs tribunaux (sl) 1791, 8°, 8p (8°Lb39 4649 (contre l'assemblée nationale)
L'enrôlement des dames citoyennes pour faire la guerre aux ennemis des Français, Paris (sd) 8°, 31 p. (8° Lb39 7712)
Invitation aux dames françaises (slnd) 8° 4p. (8°Lb39 7040 (pour obtenir des changements dans la noblesse et la reprise de la fabrication des étoffes; travail des femmes)
Les femmes françaises à la Convention nationale (slnd), 8°, 16p. 8°Lb41 1956) Pour le rétablissement de la monarchie
La Femme patriote, ou le gros Bon sens (slnd), 8° 16 p. 8°Lb39 8530
Les concitoyennes, ou arrêté des dames composant l'ordre de la vraie noblesse de Brest en Bretagne, du samedi 24 janvier 1789, suivi de la vision qui n'en sera pas une (slnd) 8° 15 p. (8°Lb39 1017) Cité par Martin et Walter, Catalogue de l'Histoire de France, IV/2, n°3716)
Les filles et les femmes en ribote, ou les amazones françaises de retour de l'armée, Paris 1793, 4°, 2 p. (Bnf Ye 2811)
Les filles mariées dans la ci-devant province de Normandie à la Convention nationale Paris, 1793, 8°, 8p (8°LB41 788)
Les héroïnes de Paris, ou l'entière liberté de la France par les femmes. Police qu'elles doivent exercer de leur propre autorité ? Expulsion des charlatans… 5 octobre 1789, Paris, 8° 7p. (8° Lb39 2111)
Les trois poissardes buvant à la santé du tiers-état, au temps du Carnaval (slnd), 8° 24 p. (Martin et Walter Catalogue de l'Hist. de la Revolution, IV/2 n°17726)
Lettre des Dames de Paris à MM. les officiers du Camp (sl) 1789, 8°, 8p (8°LB39 1937) (sur les moyens de lever le camp établi devant Paris à l'époque des Etats généraux).
Lettre d'une citoyenne à ses concitoyennes de Paris et invitation à celles de province à faire le même établissement, Paris (sd) 8°, p. (8°Lb39.11620)
Lettre d'une citoyenne à son ami sur les avantages que procureront à la nation le patriotisme des dames, Grenoble-Paris, avril 1789, 8°, 14 p (8°Lb39 1540
Liste des femmes et des filles des émigrés qui trafiquent ouvertement de leurs charmes pour avoir du pain. Leurs noms, leurs demeures et leurs prix. Avis intéressant pour les curieux et les amateurs, imprimerie Favier, sd, 8+, 8p. (Britich Library (Tourneux III20435)
L'esprit libertin ou le calendrier des plaisirs, contenant la liste des jolies femmes de Paris, an XI, 1809
Nous devenons capricieux comme les filles entretenues (slnd) 8°, 8p. (8° Lb39 4603)
Pétition des femmes du tiers-état au roi (sl) 1789, 8°, 8p. (8° Lb39 920) Cité par Martin et Walter Catalogue de l'histoire de la Révolution ( IV/2 n°13776)
Protestation des dames françaises contre la tenue des états prétendus généraux, convoqués à Versailles pour le 27 avril 1789 (slnd) 8°, 16 p. 8° Lb39 1011) (demandant la représentation des femmes aussi bien que des hommes: factum humoristique cité par Martin et Walter in Catalogue de l'Histoire de la Révolution, IV/2 n°14797)
Offre généreuse des dames françaises du tiers état, ou moyen de rétablir les finances en 24 heures, Paris, août 1789, 8°, sl. (8° Lb39 7710)
Pétition des 2100 filles du Palais-Royal à l'Assemblée nationale, Paris, veuve Macart 1790 8° 11p (8°Lb39 8440 (Martin et Walter, IV/2, n°13766)
Sur les moeurs des femmes, Révolutions de Paris, n°170, p.105 (semaine du 6 octobre 1792)
Très généreuses remontrances des filles du Palais Royal et lieux circonvoisins à MM de la noblesse (sl) 1789 8° Lb39 1073 (Martin et Walter vol IV/2 n°17682)
Très humbles remontrances des femmes françaises, sl 1788, 8°, 15 p. (Lb39 603 (Les Très humbles remontrances ne contiennent pas de revendications féministes mais s'achèvent, page 15, par ces mots :Les femmes du royaume élèvent vers le Trône leurs mains suppliantes; il ne sera pas étonnant de voir la force et la puissance céder à la Beauté; les maux sont grands mais aussi il y a des remèdes; car la gloire du Monarque n'est pas d'être Roi de France mais d'être Roi des Françaises: et le coeur de ses sujettes est le plus beau de ses Domaines)
Voir Christine Fauré, « Doléances, déclarations et pétitions, trois formes de la parole publique des femmes sous la Révolution », Annales historiques de la Révolution française, 344 | 2006, 5-25.
ps://journals.openedition.org/ahrf/5823?gathStatIcon=true
Regards de contemporains
Aëlders (Etta Johanna Lubina Palm dite baronne d') voir
https://gw.geneanet.org/darbroz_w?lang=fr&pz=rose&nz=theze&p=etta+lubina+joanna&n=d+aelders
Andrews (John) Remarks on the French and English Ladies Londres 1783 8° (Li4 2" cf. Cioranescu 2293)
Andrews (John) A comparative view of the french and English nations in their manners, politics an littérature Londres 1785 8° (Li4 13
Condorcet
Gacon-Dufour (Mme) Les dangers de la coquetterie … Paris, 1788, 2 tomes en un volume in 12 (Marie-Antoinette possédait cet ouvrage)
Gacon-Dufour (Mme) Contre le projet de loi de Silvain Maréchal … Paris 1801 8° 61 p. (R 32350)
Gacon-Dufour (Mme) Mémoire pour le sexe féminin contre le sexe masculin Londres Paris 1787, 12°, 50 p (RZ 3536 cf. Cioranescu n° 2295 (voir Artaize (Henri chevalier de Feucher d') Lettre à Mme G(acon) D (Dufour) auteur du mémoire contre le sexe masculin Paris 1788, 12 (R 41709 cf Cioranescu n°2296)
Gouges (Olympe de) voir
https://gw.geneanet.org/darbroz_w?lang=fr&pz=rose&nz=theze&p=marie+olympe&n=de+gouges
Grégoire (abbé Henri) De l'influence du christianisme sur la condition des femmes Paris 1821 8° 11 + 48 p (Rp 1788)
Hollier (Claude) Discours sur les bienfaits de la constitution française envers les femmes, prononcé par C H vicaire métropolitain et administrateur du département de la Gironde Bordeaux (1791) 8+ 16 p (Cioranescu n°34147)
Lacombe ( Claire dite Rose) voir
https://gw.geneanet.org/darbroz_w?lang=fr&pz=rose&nz=theze&p=claire+dite+rose&n=lacombe
Lanjuinais (Jean-Denis)
Maréchal (Pierre Sylvain) Projet d'une loi portant défense d'apprendre à lire aux femmes, par S … M ..., Paris 1801, 8°, VIII-106 p (R 43053) Maréchal a collaboré avec Fabre d'Eglantine et Chaumette aux Révolutions de Paris de Louis Marie Prudhomme (cf Eliane Vienot). D'après la catal. BN il serait l'auteur de l'Almanach des honnêtes femmes pour l'année 1790 (Enfer 588) Sur sa biographie voir la Notice que Michaud lui consacre et celle contenue dans la nouvelle édition de Sylvain Maréchal, Dictionnaire des athées, Bruxelles, 1833 (4° Z Payen 1089
Raup de Baptenstein Mémoire sur les moyens faciles et infaillibles de faire renaître le patriotisme en France, dans toutes les classes de citoyens comme dans les deux sexes … présenté au Roi par M. R. D. B. (20 avril 1789). Amsterdam 1789, 8°, VIII-104 p (8°Lb39 7141 (par Raup de Baptenstein selon Martin et Walter, Catalogue, IV/2, n°9893)
Robespierre (Augustin de)
Rutlige (chevalier de) Essai sur le caractère et les mœurs des Français comparés à celles des Anglais Londres 1776 12°
Rutlige (chevalier de) An account of the character and manners of the French Londres 1770 (BNF)
Ségur (Joseph Alexandre de) Les femmes, leur condition et leur influence dans l'ordre social chez les différents peuples anciens et modernes an XI 1803 3 vol. in-12 BN R 24205-24207
Suard (Jean Baptiste) "Fragmens sur les femmes Lettres d'une femme à M. A. de Ségur sur son ouvrage intitulé "Les femmes". Mélange de Littérature, tome IV, Paris an XIII (1804), 218-271 (BN 20424 (Suard parle abondamment des femmes auteurs sans les citer : le seul nom mentionné explicitement est celui de Mme de Lambert)
Terwagne (Anne Josèphe dite Théroigne de Méricourt) voir
https://gw.geneanet.org/darbroz_w?lang=fr&pz=rose&nz=theze&p=anne+marie+josephe&n=terwagne
Villette (Charles) voir
https://gw.geneanet.org/darbroz_w?lang=fr&pz=rose&nz=theze&p=charles+michel&n=de+villette
FLORILEGE SUR LES FEMMES DE LA REVOLUTION
On a raison d’exclure les femmes des affaires publiques et civiles : rien n’est plus opposé à leur vocation naturelle que tout ce qui leur donnerait des rapports de rivalité avec les hommes, et la gloire ne saurait être, pour une femme, qu’un deuil éclatant du bonheur. Germaine de Staël De l’Allemagne, IIIe partie chapitre XIX « de l’amour dans le mariage ».
Si l’on vient à examiner l’effet que les livres produisent en particulier sur l’esprit des femmes, ils s’en trouvera peu qui leur soient utiles y compris parmi ceux que l’on croit bons. Les filles ne doivent rien apprendre de ce que doivent savoir les hommes, non pour l’ignorer toujours mais afin de s’en faire instruire avec plus de plaisir et de trouver un jour leurs maîtres dans leurs amants . (Bernardin de Saint-Pierre, Oeuvres, XI, 368-374).
Paul de Barras : Sans contester le mérite supérieur qu’ont pu avoir des femmes dans les rangs différents de la société, j’ai rarement trouvé que leur bonheur, ni celui des autres, eût à gagner à ce qu’elles sortissent de leur sexe et se chargeassent des soins virils (Mémoires de Barras, les éditions littéraires et artistiques, 1946, p.105).
Chaumette aux républicaines : Rappelez-vous cette virago, cette femme-homme, l’impudente Olympe de Gouges qui, la première institua des sociétés de femmes, qui abandonna les soins de son ménage, voulut politiquer et commit des crimes. Tous ces êtres immoraux ont été anéantis sous le fer vengeur des lois. Et vous voudriez les imiter ? Non, vous sentirez que vous serez intéressantes et vraiment dignes d’estime que lorsque vous serez ce que la Nature a voulu que vous fussiez. Nous voulons que les femmes soient respectées c’est pourquoi nous les forcerons à se respecter elles-mêmes. (Courrier républicain du 29 brumaire an II ; voir aussi le Courrier universel du même jour dans une version légèrement différente).
La Feuille du salut public du 27 brumaire an II : Olympe de Gouges née avec une imagination exaltée prit son délire pour une inspiration de la nature. Elle commença par déraisonner et finit pas adopter le projet des perfides qui boulaient diviser la France : elle voulut être homme d’Etat et il semble que la loi ait puni cette conspiratrice d’avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe.
Historiens du XIXe siècle (jusque 1914)
Les études sur le rôle particulier des femmes pendant la Révolution française a d'abord été délibérément ignoré par les historiographes puis timidement évoqué dans des publications peu nombreuses jusque 1914. On trouve quelques historiens pour souligner le courage des femmes déférées au Tribunal révolutionnaire dans P. J. A..Roussel dit Proussinalle (Histoire secrète du Tribunal révolutionnaire, Paris, 1815) qui répond à Tisset et Desessarts (Procès fameux, an V). Outre les faiseurs de dictionnaires qui, après Prudhomme, évoquent une dizaine de figures féminines du temps de la Révolution (dont Michaud et Hoffer), il faut encore remarquer les contributions, au XIXe siècle, de MM. Jules Michelet (Les femmes de la Révolution, 1854) et E. Lairtullier (Les femmes célèbres de 1789 à 1795 et leur influence dans la Révolution, pour servir de suite et de complément à toutes les histoires de la Révolution française", 1840); ils sont suivis par MM. A. Aulard "Le féminisme pendant la Révolution française" Revue bleue, I, 1898, 361-366 (BN 4°R 16bis cf. Cioranescu n° 2298); Chabaud (L.) Les précurseurs du féminisme: Mme de Maintenon, de Genlis et Campan, leur rôle dans l'éducation chrétienne de la femme. Paris 1901 16°, XXIV, 335 p. (Cioranescu n°30770); A. Dessens Les revendications des droits de la femme au point de vue politique civil et économique pendant la Révolution Française, Thèse de droit, Toulouse, 1905; Lacour Léopold) Trois femmes de la Révolution, 1900); de nouvelles approches dans Max Billard, Les femmes enceintes devant le Tribunal révolutionnaire, 1910) et Hector Fleishmann (Les femmes et la Terreur, 1910).Expositions
Musée Lambinet Versailles 78 FRANCE Exposition Les Amazones de la Révolution (2016-2017)
http://www.viapictura.com/pdf/DP_Amazones_Versailles.pdf
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Un logiciel "lutte des classes" est appliquédepuis bientôt un siècle àl'interprétation de la Révolutionfrançaise par une historiographiequasi-officielle, incarnée à une largemajorité par les membres cooptés du conseild'administration anciens et actuels de la Société desEtudes robespierristes.
Rattrapée par ses mensonges et omissions calculées(entre autres sur la Vendée et la vénalité desJacobins de l'an II), cette école historique tendencore à ostraciser toute lecture desévénements, qui ne serait pas dans la suite deshistoriographes sympathisants du PCF ou durécent "Front de gauche", depuis Albert Mathiezjusqu'à Albert Soboul et leurs suiveurs actuels del'Université. On trouvera sur cette base des notes delecture et références inéditestirées de mes lectures et recherches d'archives (1977-2007).Et plus d'une centaine de notices sur les grandes figures de laRévolution de 1789, notamment, Robespierre, Saint-Just,Danton, Marat, Olympe de Gouges, Pache, Camille Desmoulins, etc. Madémarche est de mettre en lumière ce qui aété ignoré ou écarté, notammentles questions liées, en l'an II, à la transparence dela vie publique et aux enjeux financiers individuels, aux enjeuxgéo-politiques dont le rôle de l'Angleterre de Pitt,aux artifices de la démagogie et aux résistancesà la violence présentée comme une"nécessité".
A toutes fins utiles.