RAPHAELMISCHKIND

logo la Voix du NordVendredi 21 août 2009 00:00Deux galeries emblématiques dans l'incertitude...photo annie wable et georges-raphaël mischkind, deux figures emblématiques de l'art lillois. © la voix du nordAnnie Wable et Georges-Raphaël Mischkind, deux figures emblématiques de l'art lillois.© La Voix du Nord

Le monde de l'art lillois vient de perdre l'une de ses figures avec la disparition brutale de la galeriste Annie Wable. À cela s'ajoute l'annonce de la mise en vente de Mischkind, la plus ancienne galerie lilloise.PAR HEDWIGE HORNOY

[email protected] PHOTO ARCHIVES S. MORTAGNE

Ce sont deux piliers de l'art lillois qui s'effondrent. La galeriste Annie Wable, 73 ans, d'abord, dont l'annonce du décès a retenti jusque sous le beffroi. Martine Aubry parle d'une « grande dame passionnée de culture et d'art contemporain, qui a toujours défendu, avec sensibilité et exigence, des choix artistiques forts ». Ancienne adjointe au maire de Boulogne-sur-Mer, elle avait fermé en 2005 la galerie qu'elle avait là-bas pour se concentrer sur sa galerie lilloise.

Georges-Raphaël Mischkind, ensuite, qui, à 89 ans, a mis en vente sa galerie éponyme de la rue Jean-Sans-Peur. Sa fille, Myriam Taisne, explique brièvement ce choix : « Mon père va maintenant s'arrêter. Il est usé, et c'est raisonnablement qu'il a mis en vente la galerie. » Elle habite dans le Sud, où elle a fait sa vie. Pas question donc de remonter pour assurer la succession. Elle confie aussi, à demi-mot : « Passer derrière mon père est très difficile. » C'est que l'homme est un ponte dans le milieu. Léopold Wojtan, artiste et « Lillois depuis toujours », voit en Georges-Raphaël Mischkind « l'emblème de Lille ». Avec la fermeture de la galerie, « c'est un morceau de l'histoire de l'art qui s'en va ». On ne s'étonne donc pas que Myriam Taisne assure avoir la même volonté que son père : « Surtout, que ça reste une galerie. » Au lendemain du décès d'Annie Wable, nous n'avons pu contacter ni son fils ni sa soeur, qui travaillait à ses côtés. On ne connaît donc pas l'avenir de la galerie de la rue Thiers. Jacqueline Storme, de la galerie du même nom, avenue du Peuple-Belge, estime que « si les deux ferment dans le même temps, ce sera un coup très dur pour Lille ».

On n'en sait pas plus pour l'instant sur le devenir de Mischkind. On peut espérer qu'elle connaîtra une suite ou une fin aussi pittoresque que ses débuts.

Dans une interview parue dans nos colonnes en janvier, le passionné d'art africain racontait : « À la télévision, il y avait une émission qui s'appelait "Le gros lot". Un jour, j'ai eu une otite, je l'ai regardée et je m'y suis inscrit. J'ai gagné 600 000 anciens francs. » Il pousse alors son père à participer à une autre émission. « Il devait répondre à des questions sur Goya et Picasso. Un peintre l'a vu et, impressionné par ses connaissances, lui a envoyé un petit tableau. » Nait alors l'idée de faire une exposition, puis de fonder une galerie. Elle a ouvert ses portes rue Jean-Sans-Peur en 1962. Même si la relève est assurée avec l'ouverture régulière ces dernières années de nouvelles galeries (lire ci-dessous), nombre de collectionneurs et d'artistes doivent se sentir orphelins. •

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