NOTES SUR L’IMMIGRATION LIGURE À AIX-EN-PROVENCE AU XVe SIÈCLE L’immigration italienne en basse Provence occidentale change de caractère au cours des derniers siècles du Moyen Âge et principalement durant le XVe siècle. Longtemps immigration d’élite dominée par l’établissement de marchands et de juristes au service du gouvernement et de l’administration du comté, elle prend la forme d’une immigration de main d’œuvre artisanale et, de plus en plus, agricole. À un flux provenant principalement du centre de la péninsule et essentiellement de Toscane, succède un courant issu du Piémont et de la Ligurie. Les Piémontais tiennent désormais la première place. Si l’on relève, par tranches décennales, les dates de première mention des Italiens immigrés à Aix-en-Provence dans la première moitié du XVe siècle, les Piémontais, qui fournissent moins du quart des effectifs de ces nouveaux venus en 1401-1410, représentent entre 1411 et 1430 de 40 à 50 % et de 60 à 70 % entre 1431 et 1450. L’ascension des Ligures est moins rapide, mais tout aussi nette. Presqu’absents de la documentation de 1401 à 1420, ils représentent 20 % à chacune des décennies par la suite. Un comptage portant sur les seuls testaments dictés à Aix entre 1451 et 1475 montre que, parmi les Italiens qui sont alors 1/8e des testateurs, constituant près de la moitié (45,5 %) des étrangers à la Provence et au Comtat, les deux-tiers sont originaires du Piémont et un quart de la Ligurie1. LA PREMIÈRE MOITIE DU SIÈCLE Pour examiner de plus près cette immigration ligure et ses caractéristiques, j’envisage d’abord les individus mentionnés pour la première fois Provence historique – Fascicule 214 – 2003 1. Noël COULET, « Mutations de l’immigration italienne en Basse-Provence occidentale à la fin du Moyen Âge », dans Strutture familiari, Epidemie, migrazioni nell’iItalia medievale (dir. R. COMBA, G. PICCINI, G. PINTO), p. 493-510. 0312-072Mep:0312-072Mep 28/10/11 14:38 Page 435 436 NOËL COULET dans la documentation notariale avant 1450. On en dénombre 40: 1 attesté avant 1420, 10 entre 1423 et 1430, 9 entre 1431 et 1440 et 20 entre 1441 et 1450. L’impression qui se dessine ainsi d’une accélération à l’approche du milieu du siècle trouve sa confirmation dans l’examen des seuls testaments jusqu’en 1475 : 5 testaments sont dictés par des Ligures à Aix dans la première moitié du siècle contre 33 entre 1451 et 1475. L’origine de ces immigrants repérés par la documentation notariale des années 1401-1450 n’est pas toujours indiquée avec précision, le notaire se bornant à parler de « rivière de Gênes ». La majorité des 28 dont la provenance est connue avec certitude, une douzaine, vient de cet arrière-pays d’Oneglia et Porto Maurizio dont la prépondérance se marquera ultérieurement dans les actes d’habitation. Ils sont originaires de Porto Maurizio (2), Oneglia, Diano, Arzeno d’Oneglia, Olivastri, Chiusanico (2), Maro (2) et Pieve di Teco (2). Si l’on ajoute les gens venus d’Alassio (2), Albenga, et, au nord de cette cité, Zucarello (2), c’est l’ouest de l’actuelle province d’Imperia qui prédomine sur la carte des provenances. À l’est figurent seulement Triora (2), dans l’arrière-pays de Taggia, San Romolo et Vintimille. À l’ouest, l’actuelle province de Savone est représentée par Finale et Calizzona et la riviera du Levant par Zoagli. De Gênes viennent 5 individus