Auguste DÉPIERRE

né à 2 heures du soir

signalement : cheveux châtains, yeux châtains et verdâtre, front moyen et grand, nez horizontal et moyen, visage plein, taille 1m69, marques particulières : cicatrices à côté de l’œil droit, au coude droit et au front.

2e canonnier, 1er canonnier, brigadier puis maréchal des logis

incorporé au 66e Régiment d'Artillerie, 13e Bataillon

"j'ai reçu une carte du 11 et hier votre lettre du 12 et en effet j'ai eu beaucoup de plaisir à revoir sur la carte mon vieux Jaligny, j'espère que vous m'en enverrez d'autres, surtout de ma rue. Je suis étonné qu'Adrien dont vous avez eu la visite, ne soit pas sur le front, il a peut-être été blessé. Alors il vous a dit que les petits d'Emilie avaient été malades, pourtant elle ne m'en parle pas dans sa dernière lettre, elle s'excuse seulement de ne pas m'avoir envoyé un colis plus tôt, qu'elle avait beaucoup à faire avec tous ses enfants, ce qui est un peu vrai ; je lui ai donc répondu que j'avais pour le moment tout ce qu'il me fallait, de ne pas m'envoyer de colis maintenant, qu'elle fasse comme elle voudra ! Hier je me suis fait vacciner pour la 3ème fois, je n'ai pas été malade du tout, à peine si mon bras était raide, aussi j'ai passé la journée dans les tranchées de 1ère ligne à 70 mètres des Boches avec un sous-officier observateur qui est de Bellerive près de Vichy, nous avons fait feu sur un boche qui montrait son museau par l'ouverture d'un créneau. C'est une vraie ville toutes ces tranchées en zig-zag ; il y a de quoi se perdre, chaque boyau porte un nom de rue et les casemates où logent les fantassins portent un nom de villa. Pendant que nous y étions les coloniaux ont habillé un mannequin et le promenant dans les tranchées les boches ont tiré je ne sais combien de coups de fusil sans pouvoir le toucher, il aurait fallu entendre ces blagues d'une tranchée à l'autre. Après, à l'aide du téléphone nous avons réglé le tir de notre canon, c'est terrible de voir à 70 mètres de la tranchée boche l'effet de notre obus, voilà pour vous en donner une idée : à quelques mètres de la tranchée boche il y avait un arbre d'environ 1 m de diamètre qui gênait les fantassins, notre premier obus est tombé dans les branches de l'arbre, il n'en est pas resté une, le 2ème coup(...) au pied de l'arbre qui a été déchiqueté entièrement, les coloniaux tapaient des mains. Après nous avons fait bouleverser la tranchée, oui mais à force de leur en faire voir, les boches se sont fâchés tout rouge et il nous a fallu rentrer quelques mètres sous terre et attendre que leur rage soit passé. Bref le soir j'étais content de ma journée, mais je n'envie pas le sort des fantassins, il vaut mieux être artilleur. Ce soir comme j'étais exempt de service, j'en ai profité pour faire la tête des deux plus célèbres gredins que la terre porte et il a fallu que je les fasse deux fois car un de mes camarades en a voulu autant pour mettre sur sa lettre de sa femme, ce qui fait que la soirée a été vite passée. Il est huit heures, je vais me coucher, j'ai du sable dans les yeux ce soir."

Il a été cité à l'ordre de l'Armée avec toute sa batterie comme suit : "sous officier énergique et dévoué, a toujours fait preuve de sang-froid et d'énergie, à maintenu la discipline de ses hommes sous le feu, notamment le 6 avril 1918, le matériel de tir pris sous un violent bombardement et précis d'artillerie lourde ennemie, à sauvé tout le matériel de sa pièce en empêchant la capture par l'ennemie qui avançait".

Auguste effectuait une toiture sur une maison jouxtant le jardin de la famille GOUTALIER. Une jeune fille à son goût (Claire GOUTALIER) ramasse des petits pois. Il lui siffle du haut de son perchoir une chanson patriotique : "ah ! les p'tits pois, les p'tits pois, les p'tits pois, c'est un légume bien tendre..."

contrat de mariage

il effectua une période de 3 semaines comme spécialiste de la Défense Contre Avion (DCA) car il était doué d'une vue perçante !

il fut mobilisé dans la DCA jusqu'au printemps 1940