Family Book



=Principales sources utilisées=

= Origine du nom Coëzy =


En 1844, le 28 mai, les enfants de Jacques Auguste Bodenan - propriétaire d'une habitation avec des esclaves - en l'absence de leur père retourné en France demandent l'affranchissement de leur domestique
"Marie, négresse, âgée de 38 ans, couturière". Ce jour-là lui est attribué le patronyme de Coëzy.
Ce nom existait déjà en France, on en trouve trace dès la fin du 17ème siècle et au début du 18ème à Lagery un petit village de la Marne (naissances, décès et mariages de 1691 à 1732). Ce nom existe aussi au 18èmes. à Concarneau sous la forme "de Coëzy" en 1777. Curieusement dans les moteurs de recherche généalogique aucune trace de Coëzy après 1826 enFrance hexagonale. Puis ce patronyme réapparaît au milieu du 19ème en 1844 en Guadeloupe à l'occasion de l'affranchissement de Marie.
Après des investigations approfondies il apparaît que les Coëzy de la Guadeloupe ont tous comme ancêtre Marie l'esclave affranchie sous ce nompar les enfants Bodenan en 1844 à Bouillante. Les Bodenan étaient originaires du Finistère en Bretagne, 98% des Bodenan de France sont concentrés dans ce département. Concarneau [citée ci-dessus] est une ville duFinistère, il est plausible de penser que les Bodenan aient saisi l'occasion de cet affranchissement pour redonner vie à un nom disparu, voire au nom d'un lointain ascendant.
Une recherche sur internet suggère de manière peu convaincante l'origine ci-dessous pour le patronyme Coëzy :
"Coezi, Coezy, Coëzy, le nom se rencontre aujourd'hui en Guadeloupe. Ilpourrait désigner celui qui est originaire du village de Coisy, dans la Somme."
Les variantes Coësy, Coëzzy, Coëzzi, etc. viennent du fait qu'à cette période, l'écriture étant souvent phonétique, les rédacteurs n'étaient pas toujours soucieux d'exactitude orthographique.
Ainsi en 1844 la demande d'affranchissement de Marie porte Coëzy, mais l'acte d'affranchissement quelques jours plus tard est rédigé avec Coësy, quoique les deux documents aient eu le même rédacteur, le maire Laurent Lafages; de même en 1848 Clara une fille de Marie, lors de l'abolition de l'esclavage, est affublée d'un "Z" supplémentaire et figure sur l'exemplaire du registre dit "des nouveaux libres" destiné au greffe dutribunal sous le nom de Coëzzy, alors que sur celui restant en mairie l'othographe est Coëzy - le rédacteur est encore le même officier d'état-civil Laurent Lafages.
Par la suite les premiers déclarants sachant rarement lire et écrire étaient "à la merci" des employés d'Etat-Civil, eux-mêmes peu lettrés, qui transcrivaient au mieux ce qu'ils entendaient.
Vous aurez compris que quoiqu'ait été très grande ma satisfaction de détecter la toute première Coëzy Marie de Bouillante, je reste encore surma faim quant à l'origine du patronyme Coëzy.

Joseph Coëzy - Mars 2013





="Sois en fier et garde la précieusement" Marius Coëzy, mai 1916=


"Mon cher François,
je t'envoie une photo tirée le jour de la remise de ma croix de guerre.
Ce sera une nouvelle page de gloire pour nous. Sois en fier et garde laprécieusement.
Je vais toujours et souhaite que la présente te trouve en très bonne santé toi et ta famille. Donne moi de tes nouvelles.
Ton frère qui t'embrasse bien fort ainsi que Thérèse.
Marius"


Nous sommes en 1916, Félix Marius Justin Coëzy a 26 ans, il est mobilisé depuis 2 ans dans la marine et vient d'être décoré de la croix de guerre. Il partage ce moment de gloire avec son frère aîné François* resté à Baillif, il a une pensée pour Thérèse*, elle a 20 ans et deviendra en juin 1918 l'épouse de François.

Après plus de 4 ans de guerre l'armistice est signée en novembre 1918. Mais le matelot Marius ne reverra pas ses proches, comme beaucoup de ses camarades de guerre il a sacrifié sa santé au service du pays. Il estterrassé par la tuberculose contractée durant les effroyables conditions climatiques de cette fin de guerre. Il n'y survivra pas et meurt le 22 avril 1919 dans un hôpital militaire de la banlieue de Nantes. Marius repose à Nantes au Carré militaire Bouteillerie [carré PP, rang 3, NG 4, Indice bis] avec nombre de ses compagnons d'infortune.

Curieusement il ne figure pas sur le monument aux morts de Vieux-Habitants, sa commune de naissance. J'ai demandé en août 2012 au maire réparation de cette omission, car "il y a pire que d'être le soldat inconnu... c'est d'être le soldat oublié".

(*) François et Thérèse étaient mes grands-parents paternels.

Joseph Coëzy, janvier 2013

1916_Coezy_Croix_de_guerre_1.jpg




=Métissages=

Un de mes motifs d'étonnement lorsque j'ai commencé à fouiller dans lesarchives a été de découvrir la ségrégation institutionnelle qui régissait les rapports sociaux entre libres - les blancs et les libres de couleurs - avant l'abolition de l'esclavage en 1848.
Les gens de couleur, ou sang-mêlés ou mulâtres (par extension du terme qui indique de façon plus spécifique uniquement les premiers rejetons du croisement) étaient le produit de lâÇÖunion entre un blanc et une noire (le cas inverse étant quasi inexistant) et de tous les croisements successifs. Les résultats de ces croisements étaient enregistrés et dénommés de façon maniaque pour empêcher que la tache noire originelle ne fût oubliée, surtout lorsque à la suite de ces unions les enfants naissaient entièrement blancs.
Ainsi dès la naissance était inscrite à l'état-civil l'appartenance de chaque individu à une référence colorée qui déterminait ses droits (notamment à l'éducation) et perspectives futurs. La caste des colons blancs esclavagistes institue l'aristocratie de l'épiderme. »

Appellations martiniquaises concernant le degré de couleur pour les enfants issus d'un couple :
  • nègre & câpresse -> griffe
  • nègre & mulâtresse -> câpre - câpresse
  • mulâtre & métive/métisse -> métis ou mulâtre
  • métis & quarteronne -> métis ou quarteron
  • blanc & négresse -> mulâtre, mulâtresse
  • blanc & mulâtresse -> métis ou métif (au féminin métisse ou métive)
  • blanc & métive/métisse -> quarteron, quarteronne [= un quart de sangde nègre]
  • blanc & quarteronne -> mamelouc, mamelouque.

    Ces appellations figuraient à la rubrique couleur sur les actes de naissance des "libres de couleur" avant 1848 [il était de même mentionné "nègre (ou négresse) libre" pour les noirs affranchis]. Ces dénominations revêtaient une connotation négative voire humiliante, elles venaient souligner la non-appartenance à la caste des maîtres blancs. Câpre/câpresse renvoyait au vocabulaire des caprins, en latin caper = bouc, l'ovicapre est l'hybride du bouc et de la brebis. Mulâtre renvoyait à mulet, hybride du cheval et de l'âne. Quarteron indiquait qu'il subsistait encore un quart de sang de nègre. Mameloukvient de l'arabe et signifie esclave.
    De nos jours le terme "chabin" est souvent employé, il procédait de la même intention. Une recherche sur Wikipédia nous donne cet éclairage : "Le terme chabin qualifie l'hybride entre un ovin et un caprin. Plus précisément, entre un bélier (mouton mâle) et une chèvre. C'est l'antonyme d'ovicapre (bouc et brebis).
    Le terme de chabin qualifie également une variété de moutons normands au poil roux.
    Le terme de chabin a été historiquement transposé à l'Homme de façon méprisante pour qualifier des personnes noires à la peau claire, aux îlesd'Amériques pendant la colonisation."


    Dans l'acte ci-après la mère Marie Catherine quarteronne libre de naissance déclare à Basse-Terre le 6 décembre 1826 la naissance de sa fille Rose Adélaïde couleur mamlouk née le 26 novembre 1826.


    Joseph Coëzy - septembre 2013, révisé octobre 2014

    Couleur mamlouk 1826.jpg




    Redencao.jpg




=Quelques patronymes présents sur cet arbre dont j'ai retrouvé les premiers esclaves à les avoir portés après l'abolition=

Cliquer sur le nom pour accéder au premier porteur

Liste non exhaustive
=Le choléra à Basse-Terre et en Guadeloupe en 1865=


==1675 décès entre le 13 novembre et le 31 décembre 1865==

A partir du 21 novembre 1865, le choléra qui régnait à la Basse-Terre, depuis le 13 du dit mois, a pris de telles proportions, qu'il a été impossible de constater d'une manière régulière les décès des nombreuses victimes qu'il faisait chaque jour, il n'a pu être dressés que des actescollectifs, [...]
A cet effet il a été ouvert des registres supplémentaires pour constater les dits décès.
Le maire. A. Eggimann.

Cholera_deces_B_Terre_nov_1865.JPG



Deux ans et deux mois plus tard, le 23 janvier 1868 après de longues etminutieuses investigations le président du tribunal d'instance de Basse-Terre établit et signe un registre de 150 feuillets pour servir de rectificatif aux actes des 1675 décès recensés pour la seule ville de Basse-Terre entre le 13 novembre et le 31 décembre 1865 du fait de l'épidémie de choléra.

Cholera_B_Terre_1865.JPG





==Un exemple d'acte collectif de décès en pleine épidémie puis individuel après enquête==

===Acte collectif de décès de quinze personnes le dimanche 26 novembre 1865===

Marie Coësy y figure au n°1

COEZY_Marie_deces_acte_collectif_1865.JPG


===Acte individuel de décès de Marie COËSY dans le registre rectificatif de janvier 1868===

NB - La transcription du décès occupe ici 5 lignes, alors qu'en tempsnormal elle prend une demie page

COEZY_Marie_deces_24_11_1865.JPG

==Mortalité causée par le choléra à la Guadeloupe==

Le nombre de morts causées par le choléra à la Guadeloupe de 1865 à 1866 est estimé à plus de 12 000 pour une population de 144 000 personnes avant l'épidémie. [soit plus de 8% de la population]

Le 22 octobre, le choléra s'est manifesté à Pointe-à-Pitre et a fait beaucoup de ravages dans la population noire. Il est mort jusqu'à 23 personnes en 24 heures sur une population de 18,000 âmes.
Le 18 novembre, le choléra y continuait ses ravages et avait envahi la Basse-Terre et Marie-Galante. Il se déclara aux Trois-Rivières sur une personne venant de Pointe-à-Pitre et ce cas fut suivi de deux autres.
Le premier cas eut lieu à la Basse-Terre le 7 novembre sur un matelot arrivé de la Pointe, et la maladie s'y propagea de suite avec une extrême gravité. La proportion des décès serait de 5 sur 6 malades.
Le 1er novembre, la goëlette Marie-Athalie arrivait à Marie-Galante de Pointe-à-Pitre et, dans la journée du 5, trois de ses hommes étaient frappés. Peu après, le capitaine lui-même succombait.
Le 11 l'Adda entra dans le port ayant perdu un de ses hommes pendant latraversée. Le lendemain la maladie se manifesta à Marie-Galante, enlevant en trois jours 33 cultivateurs.
Le seul point resté indemne est la dépendance des Saintes qui a refusé toute communication avec la Pointe, la Basse-Terre et toute la Guadeloupe.
Un bateau nommé la Sirène, parti de Pointe-à-Pitre et arrivé à Bridge-Town, y fut soumis à une quarantaine de 16 jours, bien qu'il eût eu une longue traversée et que les hommes de l'équipage fussent en très bonne santé. A peine la quarantaine commencée, deux matelots moururent de choléra.

L'importation du choléra à la Guadeloupe est attribuée au navire à voiles la Virginie qui avait quitté Marseille le 3 septembre et était arrivé à Pointe-à-Pitre le 9 octobre. Le choléra éclata le 22 du même mois pendant qu'on déchargeait le dit bâtiment tout près du lieu de déchargement, et le troisième jour depuis que cette opération avait commencé. La santé n'avait pas cessé d'être parfaite à bord ; 12 à 15 hommes d'équipage au plus ; cargaison, matières alimentaires.
Jusqu'au 22 novembre, les Antilles préservées furent celles où des mesures énergiques ont été prises pour éviter toute communication avec les lieux infectés. (Union Médicale,12 décembre.). On dit que la mortalité causée par le choléra à la Guadeloupe monte à 10,000 personnes. »

Source : Généalogie et Histoire de la Caraïbe numéro 223 Mars 2009 - Pierre Baudrier [Notes de lecture]


Ajouté le 6 février 2017



====1865-66 Mortalité choléra en Guadeloupe====

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Ajouté le 17 mars 2018


=Gratien Candace, fils et petit-fils d'esclaves=

Député de la Guadeloupe durant 30 ans de 1912 à 1942. Président du Conseil Général de la Guadeloupe de 1921 à 1925. Sous-Secrétaire d'Etat auxColonies de juin 1932 à janvier 1933.

===Les grands-parents et le père de Gratien Candace étaient esclaves jusqu'à l'abolition de 1848===


====La grand'mère paternelle et le père de Gratien Candace esclaves à Bouillante====

Au n° 113 du registre d'inscription des nouveaux libres de la commune de Bouillante, au vingtième rang de la journée du 31 août 1848, Charlottine, la grand'mère paternelle de Gratien Candace, est inscrite sur le dit registre; l'officier d'état-civil maire de la commune Abraham Victorin Lesueur - lui-même ancien propriétaire d'esclaves - précise que Charlottine née à Bouillante âgée de 51 ans figurait précédemment au n° 529 du registre matricule des esclaves de la commune de Bouillante, [cultivatrice] attachée à l'habitation de la veuve Amé-Noël.
L'officier d'état-civil lui octroie le nom de CANDACE.

Ce nom est ensuite attribué aux 4 enfants âgés de 14, 10, 6 & 2½ ans qu'elle reconnaît et qui sont inscrits aux rangs suivants, le plus jeuned'entr'eux Edouard surnommé Gédéon - celuiqui sera 25 ans plus tard le père de Gratien Candace - est inscrit au n° 117, au vingt-quatrième rang de la journée, il figurait précédemment au n° 2120 du registre matricule des esclaves de la commune de Bouillante, attaché lui aussi à l'habitation de la veuve Amé-Noël.

====Ses grands'parents maternels esclaves à Vieux-Habitants====

C'est à Vieux-Habitants le 2 juillet 1843 que Jean-Baptiste et Zoflora se marient. Les deux conjoints étant esclaves obtiennent l'autorisationde se marier de leurs propriétaires JOUACHIM & Veuve ETIENNE Lolo. Le marié a 40 ans et est inscrit au registre matricule des esclaves de cette commune au n° 968, la mariée n'a que 16 ans et figure au n° 848 de ce même registre.
Jean-Baptiste 46 ans et Zoflora 22 ans, cultivateurs à Grand'Rivière, grands'parents maternels de Gratien Candace, esclaves jusqu'à l'abolition de 1848, figurentau registre d'inscription des nouveaux libres de la commune de Vieux-Habitants aux rangs 613 & 614 et reçoivent alors le patronyme de CORVO. Ils ont 4 enfants.
5 autres enfants naîtront après l'abolition.

Leur sixième enfant Marie Joseph Corvo, la mère de Gratien Candace, naîtra donc libre en 1852.


====Gratien Candace naît à Baillif====

Edouard Candace surnommé Gédéon & Marie Joseph Corvo se marient en 1871 à Vieux-Habitants, cultivateurs domiciliés à Baillif, de leur union naîtra dans cette commune le 18 décembre 1873 Gratien Candace.

===Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)===


Né le 18 décembre 1873 à Baillif (Guadeloupe), mort le 11 avril 1953 à Lormaye (Eure-et-Loir).

Député de la Guadeloupe de 1912 à 1942. Sous-Secrétaire d'Etat aux Colonies de juin 1932 à janvier 1933.

Né à Baillif, d'une famille de propriétaires terriens, Gratien Candace se montra dès l'enfance exceptionnellement travailleur et doué. Son acharnement au travail était cité en exemple à ses camarades de Basse-Terre lorsque, jeune étudiant de 16 ans, il se préparait à l'enseignement. Il débuta à 18 ans comme instituteur dans une petite commune de la Guadeloupe. Très vite, les inspecteurs le distinguèrent. Il fut d'abord désigné comme secrétaire d'inspection, puis, se ralliant aux conseils de ses supérieurs, il vint en métropole afin d'y poursuivre ses études.

C'est à Toulouse qu'il se fixa. Reçu à l'Ecole normale d'instituteurs parmi six candidats sur 80 concurrents, il s'inscrivit à la Faculté des Sciences et suivit simultanément les cours d'une Ecole régionale d'agriculture et les leçons de philosophie sociale, professée par Rauh et parBougle à la Faculté des Lettres. En deux ans, il obtint sa licence es-sciences naturelles. Il se vit alors confier sa première charge officielle : une mission en Afrique du Nord ayant pour objet l'organisation del'agriculture. Cette mission, parfaitement menée à bien, lui valut lesfélicitations de Gaston Doumergue, alors Ministre des Colonies. Il partit peu après pour une seconde mission, cette fois aux Antilles Britanniques. Ce qu'il pût observer à Trinidad l'incita à encourager les planteurs des Antilles Françaises à intensifier et à améliorer leurs cultures de cannes à sucre selon les méthodes modernes qu'il avait pu étudier et qu'il était en mesure de leur faire connaître.

Rentré en métropole, il prépara son Doctorat ès sciences et fut nommé àl'Ecole de Pau. C'est à cette époque, en 1906, que le Ministre du Travail, René Viviani, l'appela à son Cabinet. Il y demeura jusqu'en 1909. En 1910 et 1911, il occupa un poste de professeur à l'Ecole professionnelle de Creil. Le journalisme l'intéressait. Il avait collaboré à La Dépêche de Toulouse, à l'Homme Libre, il dirigea La Justice. Une telle activité, menée au sein de milieux politique, convenait particulièrement à Gratien Candace et mettait en valeur ses qualités multiples.

Disciple de Jaurès, il se présenta aux élections générales du 24 avril 1910 dans sa Guadeloupe natale, il obtint 1.592 voix et fut battu par Gérault-Richard, député sortant, journaliste, qui remporta 9.098 suffrages. Mais Gérault-Richard mourut le 7 décembre 1911. Candace se présentaà l'élection partielle du 10 février 1912 destinée à pourvoir le siègevacant, et fut élu député de la première circonscription de la Guadeloupe, au deuxième tour de scrutin, par 6.022 voix contre 5.483 à M. Gerville-Réache, rédacteur au Matin.

Inscrit, à la Chambre, au groupe des Républicains socialistes, membre de nombreuses commissions, notamment de celles des finances et de la marine marchande, il se consacra particulièrement à la mise en valeur des colonies et au développement de la flotte de commerce. En juin 1912, ilprononça un important discours pour demander l'application de la loi militaire aux ½ Vieilles Colonies », comme on les appelait alors, et sa proposition fut votée. A dater de ce jour, les jeunes gens des terres d'outre-mer furent enrôlés en France. En 1913, il fut parmi les députés qui votèrent la loi de trois ans, présentée par Aristide Briand, car ilvoyait là le seul moyen de ½ renforcer immédiatement notre rideau de couverture de 200.000 hommes et de faire face à une agression inopinée de l'Allemagne ». Aux élections générales du 26 avril 1914, il est réélu, au premier tour de scrutin, par 5.581 voix contre 3.726 à M. Jean François. La guerre éclate, Gratien Candace contracte un engagement volontaire puis est rappelé au Parlement pour y suivre ses travaux. En 1915, il fonde, avec le sénateur Henry Bérenger et le docteur Vitalien, le Foyer Colonial pour les combattants et le Comité d'aide et d'assistance coloniales. En 1916, il est rapporteur général de la Commission supérieure des prisonniers de guerre ; il inspecte les camps de prisonniers et va souvent en Suisse pour prendre contact avec les dirigeants de la Croix Rouge internationale. La guerre achevée, il est de nouveau sur la brèche. Membre de la Commission parlementaire du traité de paix en 1919, il est réélu cette même année, le 14 décembre, au deuxième tour de scrutin, sur la liste de l'Union Républicaine et socialiste. Il remporte 11.147 voix sur 16.302 votants. Sur cette liste, René Boisneuf est également élu avec 10.927 suffrages. A la Chambre c'est toujours à l'action coloniale et aux questions maritimes qu'il consacre le meilleur de lui-même. ½ Par sa connaissance approfondie des éléments de la politique navale et des besoins maritimes de la métropole et de ses possessions d'outre-mer, écrira plus tard Gasnier-Duparc, Ministre de la Marine, Gratien Candace contribue à rehausser les conceptions de notre avenir sur merau niveau où le portent les événements internationaux. Il sait allier la sagacité du censeur à la vigilance de l'administrateur. »

C'est à cette époque 1918-1919 qu'il fonde avec Alcide Delmont et HenryBérenger, l'Institut colonial Français, devenu l'Ecole nationale de laFrance d'outre-mer. A l'Union coloniale il préside la section de nos colonies d'Amérique et du Pacifique. Lors du décès de M. René Boisneuf, Président du Conseil général de la Guadeloupe, Gratien Candace lui succède à la présidence de l'Assemblée. Sa nomination a lieu le 31 octobre 1921.

Aux élections générales du 11 mai 1924, la liste d'Union Républicaine Socialiste et Radicale comporte deux candidats : Gratien Candace et Jean-François. Ils sont élus tous les deux : le premier obtient 20.629 voix, le second 20.113, sur 34.017 votants. Ainsi que sous ses précédentes législatures, Gratien Candace est membre de la Commission de la marine,de la Commission des finances et de plusieurs autres commissions spéciales. Son assiduité aux débats ne se dément jamais. Son activité dans les commissions, ses dons personnels, sa culture, font de lui un orateurtrès écouté. Il est prompt à l'émotion, toujours précis, très estimé de tous, ½ Il a eu des adversaires, dira de lui M. Henry Lemery, député de la Martinique, Sous-Secrétaire d'Etat aux Transports maritimes, il n'a pas eu d'ennemis. Il désarmait la haine et il défiait l'injure par son affabilité, sa parfaite politesse, sa largeur d'esprit qui faisait crédit de bonne foi et de sincérité à ses contradicteurs, parce qu'il était lui-même de bonne foi. » Aux élections générales des 22 et 29 avril1928 (retour au scrutin d'arrondissement), il est réélu, au deuxième tour de scrutin, député de la première circonscription de la Guadeloupe,par 5.834 voix contre 4. 747 à M. Adolphe Lara, son principal adversaire, sur 10.900 votants.

Fondateur, avec M. Henry Bérenger, de là revue Colonies et Marine, Gratien Candace publie chez Payot, en 1930, un ouvrage important, tant par l'intérêt qu'il suscite que par l'abondance du texte : Marine marchandefrançaise et son importance dans la vie nationale. En dépit de son caractère très technique, le livre remporte un grand succès et reçoit, en 1931, le grand prix de l'Académie de Marine. Cette année-là, Gratien Candace est l'ardent promoteur de la mise en chantier du Normandie, gloire de la Compagnie Générale Transatlantique que dirige M. Henri Cangardel.

Aux élections générales du 1er mai 1932, il est réélu, au premier tour de scrutin, par 6.442 voix contre 3.336 à M. Adolphe Lara. Le 3 juin suivant, il est nommé Sous-Secrétaire d'Etat aux Colonies dans le 3e Cabinet Herriot. Il conserve ces fonctions dans le Cabinet Paul Boncour. Ilsera remplacé par Albert Sarraut, le 31 janvier 1933, dans le 1er Cabinet Daladier. Pendant son court passage au pouvoir, il s'attache à l'undes problèmes qui, depuis longtemps, le préoccupe : la culture des bananes dans son pays de la Guadeloupe et leur transport en métropole. On lui doit, pour une grande part, la constitution d'une flotte bananière qui permet de transporter en France la totalité de la production de bananes des Antilles, de la Guinée et du Cameroun. Il organise aussi des coopératives fruitières.

En 1936, aux élections générales du 26 avril, il retrouve son siège, aupremier tour de scrutin, par 8.795 voix contre 3.454 à M. Graëve. Cette année-là, fut fêté le tricentenaire du rattachement des Antilles à laFrance. Ce furent de magnifiques manifestations de patriotisme. ½ C'est là, écrivit M. Henri Stehle, membre correspondant de l'Académie des Sciences Coloniales, qu'il me fut donné de voir Gratien Candace dans sonîle natale, et c'était bien l'ambiance qui lui convenait. Les Antillesavaient revêtu leur air de fête et leur visage d'apparat. La foule frénétique des cultivateurs, descendus des ½ mornes », endimanchés, se mêlant aux créoles à madras et à foulards multicolores, clamait sa gratitude, sa fidélité et son amour pour la France libératrice, C'est en de telles circonstances qu'il faut avoir vu les Antilles Françaises pour connaître l'hospitalité, la tendresse de ses populations, pour sentir leurcÅôur battre au rythme de la nation, pour comprendre, enfin, ainsi quel'a dit Albert Sarrault, pourquoi tous levaient des mains frémissantesde reconnaissance vers les symboles de la grande patrie qui était venue, un jour, mettre fin à la longue misère de la race et lui apporter ces bienfaits suprêmes : la liberté et la dignité humaines. »

L'année suivante, le 4 février 1937, est célébré le Jubilé Parlementaire de Gratien Candace, en l'honneur de ses 25 ans de représentation ininterrompue de la Guadeloupe au Palais-Bourbon. Une brochure est éditée àcette occasion par la Dépêche Coloniale et Maritime. En tête de cette plaquette, figure un remarquable portrait de Gratien Candace dû à la plume de M. Gheerbrandt. A cette même occasion, Gaston Doumergue écrit: ½Par son caractère, sa droiture, la dignité de sa vie, la conscience avec laquelle il a rempli son mandat et collaboré, en qualité de Sous-Secrétaire d'Etat, à la haute direction des colonies, il mérite bien l'honneur qui lui est rendu » . Et M. René Coty, alors Sénateur, lui adresseses chaleureuses félicitations en l'assurant de sa plus cordiale amitié.

A la Chambre, Gratien Candace poursuit inlassablement la tâche qu'il s'est fixée. C'est à lui qu'est due l'exonération, au bénéfice des produits agricoles d'origine coloniale, de la taxe unique à la production et à l'importation. (Loi Candace de janvier 1937). En 1938, il est élu Vice-Président de la Chambre, puis c'est la guerre, l'exode et, pour ce pionnier, la douleur de voir l'impuissance de nos deux flottes maritimes et la coupure avec nos colonies.

Gratien Candace fut de ceux qui votèrent les pouvoirs constituants au Maréchal Pétain le 10 juillet 1940 à Vichy. Il fut membre du Conseil national de l'Etat français.

Après l'armistice, il se retira de la vie politique. Il devait mourir àLormaye, le 11 avril 1953 de façon presque subite. Une crise cardiaquele terrassa. Il avait 80 ans.

L'Académie des Sciences coloniales dont il avait été un des fondateurs annonça son décès, dans sa séance du 24 avril 1953, par la voix de M. Henry Lemery qui prononça un émouvant éloge du disparu. Le 17 décembre 1954, M. Paul Carton, appelé à occuper à cette Académie le siège de Gratien Candace, évoqua avec émotion la carrière de son collègue. M. Henri Stehle consacra à sa mémoire un long et intéressant article qu'il termina en citant ces paroles de son ami Albert Sarraut : ½ C'est parce qu'elle a posé son geste de liberté et de lumière sur son front et sur son cÅôur, que notre France a fait de ce fils noir l'égal de ses meilleurs enfants par l'intelligence, le talent, la culture, la bonté, la conscience et l'exaltation du sens patriotique. Si le prestige blanc avait à se chercher des titres, le meilleur, à mes yeux, serait d'avoir su créeret promouvoir des hommes comme Candace. »

===Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)===



Né le 18 décembre 1873 à Baillif (Guadeloupe)
Décédé le 11 avril 1953 à Lormaye (Eure-et-Loir)

Député de la Guadeloupe de 1912 à 1942
Sous-secrétaire d'Etat aux Colonies du 3 juin 1932 au 31 janvier 1933

(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome III, p. 860 à 862)

Bien que nommé membre du Conseil national de Vichy, Gratien Candace ne participe plus à la vie politique.

A la Libération, par sa décision du 30 novembre 1945, le Jury d'honneurmaintient l'inéligibilité qui le frappait en raison de son vote du 10 juillet 1940, favorable au projet de loi portant révision constitutionnelle.

Retiré à Paris, Gratien Candace meurt d'unecrise cardiaque à Lormaye (Eure-et-Loir). Il avait 79 ans.

A l'Académie des sciences coloniales, dont il était un des fondateurs, Henri Lémery prononce son éloge funèbre le 24 avril 1953 et le 17 décembre 1954 Paul Carton, appelé à occuper le siège de Gratien Candace, évoque la carrière de son prédécesseur.

Sources :
=L'âge de la majorité=

Source http://patrickdeveaux.fr/histoire/lage-de-la-majorite/


Les différents âges de la majorité

Les étapes du consentement parental selon l'âge de la majorité des conjoints:
- De 1556 à 1792 majorité à 30 ans pour un garçon, 25 ans pour une fille.
- De 1792 à 1804 (Code civil): 21 ans pour les deux sexes.
- De 1804 à 1907 : majorité matrimoniale à 25 ans pour les garçons, 21 ans pour les filles, mais la majorité civile demeure à 21 ans.
- De 1907 à 1974 : 21 ans pour les deux sexes.
- Et depuis 1974: 18 ans pour les deux sexes.

Evolution du droit

- L'édit royal de février 1556 stipulait que les garçons jusqu'à 30 ans, et les filles jusqu'à 25 ans, ne pouvaient se marier sans le consentement de leurs parents ou de leurs ascendants. Au dessus de ces âges, les futurs époux devaient toujours requérir le consentement par des"sommations respectueuses"..Deux étaient exigées avant de pouvoir passer outre à un refus.
- L'ordonnance de Blois de 1579 décidait que tout curé qui célébrait unmariage sans le consentement des familles des futurs époux pouvait être puni pour le crime de rapt, ayant consacré une "union clandestine".
- Une déclaration de 1639 privait de leurs droits successoraux les enfants qui s'étaient unis par un tel mariage.
- La loi du 20 septembre 1792 n'exigea le consentement des familles desfuturs conjoints que jusqu'à l'âge de 21 ans.
- Le Code civil rétablit la distinction entre garçons et filles pour lamajorité matrimoniale qui fut différente de la majorité ordinaire : 25ans pour les garçons, 21 ans pour les filles. Les "sommations respectueuses" furent rétablies entre 25 et 30 ans pour les garçons et entre 21et 25 ans pour les filles : "deux actes respectueux" étaient demandés de mois en mois et, en cas de refus des parents et des ascendants, le mariage ne pouvait être contracté qu'un mois après la dernière sommation.
- Une loi de 1896 réduisit à un le nombre de ces sommations dites respectueuses.
- La loi du 21 juin 1907 abaissa la majorité matrimoniale à 21 ans pourles deux sexes. Toutefois, en cas de refus des parents, une notification devait leur être adressée par les enfants majeurs jusqu'à 30 ans. Cet âge fût réduit à 25 en 1922. Enfin, cette notification fut supprimée en 1933.
- La majorité civile a été abaissée à 18 ans pour les deux sexes par laloi du 5 juillet 1974. L'autorisation parentale est toujours nécessaire pour le mariage des mineurs.

NOTE : - Les dispositions qui précèdent ne concernent que le consentement des parents ou des autres ascendants. Mais l'âge auquel le mariagepeut-être contracté indépendamment du consentement parental a été et demeure régi par l'article 144 du Code civil: 18 ans pour les garçons, 15 ans pour les filles. Sous l'Ancien Régime, ces âges étaient variablesselon les régions, car il était fixé d'après ceux de la puberté.[...]

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Article ajouté le 23 juin 2016


=Que signifie
'implexe des ancêtres?=

Endogamie et implexe


L'endogamie est la tendance, fréquente dans l'ancienne société, à se marier, à la fois dans son milieu géographique, social, professionnel, etsouvent aussi familial, c'est-à-dire entre parents, certaines famillesla recherchant parfois systématiquement.

Ces unions consanguines engendrèrent souvent moins de catastrophes génétiques qu'on a tendance à le penser

En ligne ascendante, elles réduisent le nombre des ancêtres réels. Ainsi, un homme dont les parents étaient cousins germains aura bien 4 grands-parents différents, mais seulement 6 arrière grands-parents différents au lieu de 8.
Ce rapport entre le nombre d'ancêtres réels et le nombre d'ancêtres théoriques est appelé l'implexe des ancêtres.
Ainsi, le roi d'Espagne Alphonse XIII, pour n'avoir eu que 111 ancêtresdifférents au lieu de 1 024 à la 11ème génération avait un implexe de [1 024 - 111 = 913], soit de [913 rapporté à 1 024] 89 % ! Le record connu.

''Article ajouté le 23 juin 2016''

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