Humbert III de SAVOIE le bienheureux

Humbert II (qui règna de 1148 à 1189), surnommé le Saint, aurait bien préfèré être moine. La mort de son père à Nicosie, dans l'île de Chypre l'obligea cependant à devenir comte de bonne heure dans des conditions difficiles. L'évêque de Turin refusait alors toute autorité savoyarde. L'empereur Frédéric 1er dit Barberousse songeait à reprendre rudement en mains son empire en concédant force droits aux évêques; enfin le célèbre chartreux Saint Anthelme de Chignin était prêt à entamer un long conflit juridique avec le comte.
Devant cette situation, Humbert III s'efforce de garder l'appui des monastères qu'il comble de droits et de dons, tout en jouant un rôle décisif dans l'organisation d'Hautecombe sur son site définitif. En 1173, il parvient à obtenir l'alliance fort intéressante d'Henri II Plantagenêt, l'Angevin dont les immenses possesions s'étendent des Iles Britanniques au Massif Central et à l'Aquitaine.
Malheureusemnt les fiançailles d'Alix de Savoie avec le futur Jean sans Terre n'aboutirent pas du fait du décès imprévu de la princesse savoyarde.
Furieux de cette attitude anti-impériale, Frédéric 1er fait d'abord une démonstration de force en saccageant Suse en 1174, puis il cite Humbert III à comparître devant son tribunal; à la suite du refus du comte, il ordonne à son fils Henri de Saisir la Savoie. Finalement en 1187, Henri vient détruire Aveillane, mais il ne peut franchir le Mont Cenis enneigé et abandonne sa tentative.
Humbert III à, dans cette affaire, manifesté une incapacité militaire et politique qui a irrité beucoup de Seigneurs laïcs. De surcroît, il lui a fallu quatre mariages pour avoir un fils, Thomas. A l'avènement de celui-ci, les grands vassaux s'empressent d'organiser la tutelle du jeune prince en faisant appel au Marquis de Montferrat qui rétablit immédiatement la vieille entente entre Savoie et Empire. Avec Humbert III, le premier à être "sépulturé" à Hautecombe, c'est bien une politique anti-impériale qui disparait.

Source : Les comtes qui en 400 ans firent la Savoie - Sociéte Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie - 1993