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1 média disponible 1 média disponible A participé à la Grande GuerreL'actualité de la guerre au jour le jourUnité(s) : 147e régiment d'infanterie (147e RI) , 402e régiment d'infanterie (402e RI) , 124e régiment d'infanterie (124e RI) Domicile lors de la mobilisation : Saint-Brieuc (22) |
Parents
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Union(s) et enfant(s)
- Marié le 2 août 1929 (vendredi), Créteil, avec Renée louise nathalie VALENTIN, née le 27 août 1899 (dimanche) - Créteil 94, décédée le 31 mars 1994 (jeudi) - Saint Brieuc 22 à l'âge de 94 ans (Parents :
Armand françois honoré marie VALENTIN &
Nathalie augustine BIENAIME 1875-1964)dont
Grands parents maternels, oncles et tantes
François marie TREHEN 1834-1899
(1863)
Marie françoise LE CORNEC 1835-1882
Marie françoise TREHEN 1864-1943
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Notes
Notes individuelles
1 - Originaire de Guingamp, le général Flouriot fait ses études à Saint Brieuc au lycée Anatole le Braz, où ses parents construisent peu après sa naissance au 21 rue de Robien et y obtient le baccalauréat de mathématiques. Il fait partie des premières générations redevables envers Jules Ferry : quelques oncles et tantes savent signer, mais aucun ne sait lire. Cependant il ne put préparer les grandes écoles, son père étant décédé alors qu’il n’avait que neuf ans et sa mère, de ce fait, se trouvant dans une situation financière difficile. Les bourses n’existant pas à l’époque, il s’engage à l’âge de 18 ans au 71ème RI à Saint Brieuc. Soldat de 2ème classe en novembre 1911, il est sergent onze mois plus tard. Une fois engagé, il prépare l’école de Saint Maixent pour devenir officier : il y est reçu en juillet et, presque aussitôt, il allait être formé à la plus terrible des écoles, celle de la Grande Guerre.
Parti avec ses galons d’aspirant le 5 Août 1914, il est nommé sous-lieutenant le 31 août et prend le commandement d’une compagnie à Charleroi. Il fait la retraite jusqu’à la Marne et participe à la contre-offensive sur Montmirail, attaque qui lui vaut sa première blessure, un éclat de shrapnel dans la cheville et, quelques mois plus tard, la Croix de Guerre. Neuf mois plus tard il est lieutenant, et capitaine en février 1918. Affecté au 147ème RI, il se retrouve aux Eparges et en garde un souvenir d’horreur. Puis c’est Verdun, avec le 140ème RI de Grenoble, le Fort de Vaux, le Chemin des Dames, etc … Sa participation à l'attaque du 23 Octobre 1917, à Nanteuil la Fosse dans le secteur du Chemin des Dames, lui vaut une citation à l'ordre de la VIème armée. Et huit jours après, le 3 Novembre 1917, il reçoit sa troisième blessure, la plus sévère, suite à un bombardement à l’ypérite qui n’a laissé que six survivants dans sa compagnie (voir ci-après le déroulement de ces combats). La veille de ce jour, il a la surprise de tomber nez à nez dans une tranchée avec Clemenceau, le seul resté debout malgré une pluie d’obus ! Voyant le jeune Flouriot couvert de boue et mal rasé, et après quelques questions, il lui dit : « Voilà comment vous devriez être quand vous êtes en permission à Paris !», ceci pour montrer aux gens de l’arrière l’état des combattants. Le 11 juillet 1918, il participe à l’attaque du « Mont sans nom » en Champagne, une position allemande puissamment fortifiée : enlevant la position de haute lutte, ce nouveau fait d’armes lui vaut la Légion d’Honneur et une cinquième citation.
Sites d'opérations durant cette guerre (dans l'ordre chronologique) : Les Eparges, tranchée de Calonne, Bois le Prêtre, Montbéliard, Héricourt, Remiremont, Belfort, La Miotte, Belrupt, Bois Bourru, Réthenans, Villers aux Noeuds, Berry au Bac, La Pompelle, Cormicy, Thilloy, Beaufort en Santerre, Landricourt, Fouquescourt, Andechy, Nesle, Breuil, St Quentin, Flavy le Martel, Roye, Ambleny, Montescourt Lizerolles, Bonneuil en Valois, Benay, Clastres, Lassigny, Seraucourt le Grand, Hurtebise, Chemin des Dames, La Neuville, Darney, Ressons, Soilly, Champlieu.
Quelques jours après l’armistice, son régiment est appelé à faire face à des grèves à Lyon : ne voulant pas en être, il profite de ce que l’on demande des volontaires pour aller en Pologne pour poser sa candidature, et est envoyé dans ce pays avec le grade fictif de commandant. Versé dans une unité combattante et retiré deux mois plus tard suite au traité de paix entre la Russie et la Pologne, il est affecté à la mission française à Varsovie en avril 1919. Il fait partie des équipes d’officiers chargés de l’instruction, par groupe de quatre, et le « patron » de son groupe était un certain Charles de Gaulle : son caractère, son intelligence et sa mémoire d’éléphant faisait déjà grosse impression ! Le général Flouriot ne revit de Gaulle qu’à Guingamp et à Saint Brieuc après la libération, et ce dernier le reconnut immédiatement, évoquant des souvenirs de Pologne.
Entre les deux guerres le capitaine Flouriot connait diverses affectations : la Tunisie, le Maroc, puis retour en France dans un bataillon de chasseurs alpins à Barcelonnette, dont il garde un excellent souvenir. Entre temps, il prépare l’Ecole de Guerre, y est admissible à deux reprises, mais bute à l’oral sur un obstacle infranchissable dû sans doute à son passage à Saint Maixent : à cette époque il y avait des règles dont on ne pouvait s’affranchir … Cependant ces admissibilités le font remarquer, et il enseigne dans différentes écoles : Saint Cyr durant trois ans, Saint Maixent, puis l’école d’artillerie de Poitiers. Nommé commandant puis lieutenant-colonel, il se retrouve en octobre 1938 chef de bataillon au 71ème RI à Saint Brieuc sans avoir rien demandé ! Mais il n’a guère le temps de profiter de la ville de son enfance. Il prend le commandement du 102ème RI dès sa formation le 2 septembre 1939 avec le grade de lieutenant-colonel et prend position sur la frontière de l’est à Colmen, par conséquent encore aux avant-postes. En mai 1940, au début de l’invasion allemande, le 102 est à Hagondange, entre Metz et Thionville. Ecrasé par le rouleau compresseur du blitzkrieg son régiment, comme tous ceux de la division, fait un pas en avant un pas en arrière pendant 500 kilomètres, se retrouve fin mai dans le secteur de Margival, Laffaux, Vauxaillon, donc tout près du Chemin des Dames, de la Malmaison, et des souvenirs de la Guerre 14-18. Extrait du journal du 102 : « Pertes : au cours des combats des 5 et 6 juin, le 102ème RI a perdu environ : 8 officiers et 500 hommes (tués, blessés, disparus ». Quel effet une telle annonce, monnaie courante pendant cette guerre, ferait-elle aujourd’hui ? A la mi-juin le bataillon reçoit l’ordre de repli, franchit la Seine et continue à progresser vers le sud. Le 18 Juin 1940 (la date ne s’invente pas !) au lever du jour, vers 4 heures, le détachement tente de franchir la Loire au hameau d’Arcole : tous les ponts ont sautés et il n’y a ni embarcations ni gués franchissables. Les hommes se mirent à l’eau pour traverser mais il restait une vingtaine de mètres à franchir où il n’y avait plus pied. En face des français regardaient, impassibles, mais personne ne bougea pour aider et, finalement, les troupes allemandes arrivèrent et firent prisonniers les soldats du 102 dans l’eau jusqu’à mi-corps. C’était fini …
S’ensuivirent cinq années de captivité dont le début fut très dur, et pendant lesquelles il dispense des cours aux jeunes officiers issus de Saint-Cyr. Les Allemands ne voyaient pas cela d’un très bon œil et le faisait changer de camp, et c’est en Silésie que la fin de la guerre le trouva. Les prisonniers furent alors rassemblés et dirigés à pied vers d’autres lieux. Très éprouvé, c’est grâce à ses hommes qui l’appréciaient beaucoup qu’il pût franchir ce cap difficile d’une longue et pénible marche. Finalement, ils furent délivrés par les Américains à Leipzig. Ci-dessus : aperçu de la vie quotidienne dans un camp de prisonniers réservé aux officiers. Aquarelles originales de J.M. Cardine réalisées à l'oflag XIII-A à Nuremberg en 1941.
Après la guerre, après un an d’activité et promu général de brigade, il fait valoir ses droits à la retraite et s’occupe activement de différentes associations en tant que président départemental :
Le Secours Catholique pour commencer, dès 1946 ; les APG (Anciens Prisonniers de Guerre) de 1946 à 1962, où il y eut beaucoup à faire sur le plan social. En effet, beaucoup de prisonniers se retrouvaient dans la misère, n’ayant pas retrouvé leur emploi, avec parfois un foyer détruit. Les APG des Côtes d’Armor (Côtes du Nord à l’époque) participèrent notamment à la reconstruction du village alsacien d’ Ammerschwihr, et il y eut durant de nombreuses années des échanges entre ce village et l’agglomération de Saint Brieuc. l’ APF (Association des Paralysés de France) durant de nombreuses années, où il s’est énormément investi ; le conseil d’administration de la Caisse d’Epargne de Saint Brieuc ; et enfin l’Union Départementale de la Protection de l’Enfance et de l’Adolescence. Ce fut donc une vie bien remplie.
L’ATTAQUE DU 23 OCTOBRE 1917 ET LE BOMBARDEMENT A L’HYPERITE
LE DÉPLACEMENT. - Le 17 septembre, le régiment quitte à nouveau la IIIe armée pour revenir à la VIe armée et, par une série d’étapes, il gagne la région au nord-est de Soissons. L’É.-M., la C. H. R., le 3e bataillon et la C. M. 2 cantonnent dans un camp blotti au fond d’un ravin en dessous de Vregny; le 2e bataillon occupe Vregny et le 1er bataillon va en réserve à la carrière Saint-Blaise, au-dessus de Nanteuil-la-Fosse, et dans le bois de Nanteuil aux Abris Sébastopol. Il sera remplacé le 28 septembre par le 2e bataillon. Le T. R. est resté au faubourg Saint-Waast à Soissons.
LA PRÉPARATION DE L’ATTAQUE. - Une opération offensive puissante est préparée dans le secteur et le régiment va participer aux travaux préparatoires d’attaque. Les pionniers sont chargés de construire le P. C. de combat du colonel à la Ferme Mennejean, et d’y constituer le dépôt régimentaire de matériel, de munitions et d’artifices. Les bataillons travaillent tout d’abord aux grands boyaux E0, E1, font du transport de matériel et de munitions et construisent des baraquements à Vregny.
Le 4 octobre, au soir, les 1er et 3e bataillons quittent leurs emplacements et se rendent à Ambleny. Le 2e bataillon les y rejoint le lendemain par Chivres, Sainte-Marguerite, Bucyle-Long et Soissons. Le 14, un peloton de la C. M. 1 et un peloton de la C. M. 3 sont envoyés en ligne devant Nanteuil-laFosse pour effectuer des tirs indirects dans la zone d’attaque, sous la direction du capitaine HULIN, qui commande tout un groupement de mitrailleuses. Les journées passées à Ambleny sont consacrées à parfaire la préparation matérielle et morale des troupes en vue de l’attaque projetée. La mission du régiment est d’ores et déjà établie. Sur un terrain se rapprochant autant que possible de celui sur lequel le régiment devra opérer sont exécutées de nombreuses répétitions. Les unités y occupent exactement la place qui leur est assignée dans le plan d’engagement et étudient leur rôle dans les moindres détails afin de réduire au minimum les effets parfois fâcheux du hasard.
La préparation morale est l’objet de soins particuliers de la part des officiers et quand, le 17 octobre, le régiment quitte Ambleny, c’est en toute confiance qu’il voit s’approcher le jour J. Tandis que les bataillons échelonnés sur la route de Soissons se rapprochent des lignes, les hommes remarquent les lueurs des coups de départ qui illuminent sans arrêt le ciel. La chose les met plus encore en confiance, car cela fait bien augurer de la préparation d’artillerie. Et cependant, de ce bombardement, qui doit être terrible, ne nous parvient pas un écho, sans doute en raison de la configuration compartimentée du terrain.
Ce soir-là, le 1er bataillon va cantonner à Crouy, le 2e aux carrières nord de Sainte-Marguerite ainsi que le 3e bataillon, l’É.-M. et la C. H. R. à Sainte-Marguerite. Les journées du 18 et du 19 se passent sur place. Les poilus en profitent, les uns pour rendre visite aux pièces de 400, en position à Sainte-Marguerite, les autres pour assister des hauteurs de Vregny à la préparation d’artillerie qui paraît formidable; les lignes ennemies disparaissent sous un épais nuage de fumée.
LA MISE EN PLACE DES UNITÉS. - Dans la nuit du 20 au 21, le 1er bataillon monte en ligne; la 2e compagnie relève une compagnie du 414e en première ligne; les autres compagnies occupent les Petits Golets, la C. M. 1 fait du tir indirect. Le 21 au soir, le 2e bataillon monte à la carrière Saint-Blaise; le 3e bataillon vient s’installer aux Petits Golets. Le 22, vers 6 heures du matin, un peloton, commandé par le lieutenant FLOURIOT et composé d’une section de la 3e compagnie (sous-lieutenant AUDOUARD) et d’une section du 75e (aspirant PELLIS), exécute une reconnaissance offensive sur la tranchée Garceau. Cette reconnaissance pénètre dans la tranchée ennemie et ramène 7 prisonniers dont un sous-officier. Ces prisonniers permettent d’identifier la fameuse 13e D. I. allemande, entrée un jour avant en ligne (division composée de régiments d’attaque et comprenant notamment le 55e R. I. dit régiment de l’Impératrice Augusta).
La préparation d’artillerie bat son plein : torpilles de toutes dimensions, obus de tous calibres, pleuvent sur les positions d’infanterie et d’artillerie ennemies. A quelque instant que l’on regarde, des torpilles par dizaines décrivent leur trajectoire interminable et vont soulever des colonnes de poussière et de fumée vers la route de Maubeuge et le ravin du Fruty. La réaction d’artillerie ennemie, vive au début de la préparation, va en s’affaiblissant tous les jours; les guetteurs doivent être bien démoralisés, car le 22 on peut se promener impunément en terrain libre dans les premières lignes.
La nuit du 22 au 23 est la veillée d’armes. On apprend que le jour J est le 23 octobre et l’heure H, 5H 15. De l’animation et une gaieté franche règnent dans les creutes parmi ces troupes qui, dans quelques heures, vont affronter la mort; les fantassins en ont vu bien d’autres et savent que jamais bataille n’a encore été engagée dans d’aussi bonnes conditions. Deux heures après minuit, les troupes vont occuper leurs emplacements de départ. Les 1er et 2e bataillons vont se masser autour des ruines de la Ferme Mennejean. Le 3e bataillon, dont l’entrée en action doit suivre celle des autres bataillons, à quatre heures de distance, se groupe dans les grottes des Golets.
RÔLE DU RÉGIMENT. - La mission du régiment est particulièrement délicate à remplir. Placé à l’aile droite du 14e C. A., il doit prendre pied sur le plateau de Mennejean, s’assurer des importantes organisations des Gobineaux et de là se porter en flèche en avant des autres régiments de la division, d’abord à la ferme Saint-Guillain, puis au plateau du Grand-Vivier qui domine la vallée de l’Ailette et la forêt de Pinon.
La minutieuse préparation qui a précédé l’attaque a mis chacun au courant des nombreuses difficultés de cette tâche. Pourtant, le moral est splendide, la volonté de vaincre anime tout le régiment et c’est dans un frémissement d’impatience que s’écoulent les derniers instants avant l’heure H.
LE DECLENCHEMENT ET LE DEVELOPPEMENT DE L’ATTAQUE
LE RÔLE DU 1er BATAILLON - Dans un terrible fracas d’artillerie, déchaîné par une nuit noire où fulgurent les éclairs d’explosion et rougeoient les signaux de l’ennemi, les 1er et 2e bataillons, échelonnés l’un derrière l’autre, s’élancent vers l’ennemi d’un irrésistible élan. L’obscurité permet de surprendre l’ennemi qui ne s’attend pas à un déclenchement d’attaque aussi matinal. En toute hâte, les deux bataillons se précipitent sur les premières lignes ennemies, de façon à dépasser sans retard la zone de barrage. Dans le chaos du terrain défoncé, c’est la poussée violente d’une marée humaine. Les unités s’élancent et se pressent dans la nuit; des appels s’entrecroisent et aussi parfois des cris d’agonie. Mais on colle au barrage roulant, que les camarades du 2e servent à toute volée et quand les premières lueurs de l’aube nimbent à l’horizon les plateaux que domine la cathédrale de Laon, les premières vagues d’assaut du 1er bataillon atteignent déjà le ravin des Gobineaux, aux pentes de la position du Balcon. On se reforme, on se réorganise, on donne appui aux camarades du 75e qui, à gauche, se sont heurtés à des mitrailleuses boches. Les nettoyeurs de tranchées vident les abris et déjà les prisonniers affluent de tous côtés.
Maintenant le jour est levé et c’est pour les combattants un saisissant spectacle. La canonnade fait rage et notre barrage dense établit un mur de feu à 400 mètres en avant du Balcon. Les chasseurs progressent à droite vers Vaurains. Plus loin, les mitrailleuses crépitent vers la Malmaison et Filain, où la lutte est des plus dures. A gauche, le plateau de Laffaux est aux mains des autres régiments de la division, le 75e et le 52e. La première phase est terminée. Comme rançon de ce succès foudroyant, quelques combattants manquent à l’appel. Le 1er bataillon a perdu les deux commandants des compagnies d’attaque, deux officiers de très grande valeur : le lieutenant DREVET, commandant la 1ère compagnie, est tué par un obus au départ de l’attaque, et le lieutenant BIESSY, commandant la 2e compagnie, trouve la mort en arrivant sur l’objectif final du bataillon.
LE RÔLE DU 2e BATAILLON. - A 6H 15, le 2e bataillon s’ébranle pour franchir les ravins humides et les pentes boisées qui le séparent de son objectif : la Ferme Saint-Guillain, cote 144,4. Dès le départ, la 7e compagnie qui ouvre la marche est arrêtée aux Gobineaux par des mitrailleuses ennemies. Le vaillant capitaine JOUSSET, qui la commande, est tué, les sous-lieutenants PAJAROLA et GERMANIQUE blessés et 40 hommes sont mis hors de combat. La compagnie de chasseurs à pied, qui progresse à notre droite, est également très éprouvée. Les mitrailleuses ennemies tirent même sur les prisonniers allemands capturés par la 7e compagnie et en tuent une douzaine. La 6e compagnie, appelée par le chef de bataillon, attaque les nids de mitrailleuses ennemies dans un splendide mouvement. A l’appel du capitaine RONDOT et du lieutenant GIRIN, blessés tous les deux, la compagnie s’élance, et en quelques instants les mitrailleuses ennemies sont réduites au silence et leurs servants faits prisonniers. Le bataillon continue sa progression à toute allure. Le mouvement est grandement facilité par la section de flanquement du lieutenant BUREAU qui, sous un feu violent de mitrailleuses, a foncé par la gauche sur Saint-Guillain d’où elle a débusqué un fort parti ennemi. A 7H 45, le 2e bataillon a atteint tous ses objectifs et a commencé son installation en avant de la Ferme Saint-Guillain et des hauteurs de la cote 144,4 qui la domine à droite.
LE RÔLE DU 3e BATAILLON. - Pendant cette phase de l’attaque, le 3e bataillon a quitté les Golets et a pris place dans les tranchées de départ qu’il franchit à 7 H 15 ainsi disposé : 9e et 10e compagnies en première ligne; 11e et C. M. 3 en deuxième ligne. Il parcourt le plateau de Mennejean, peu battu par l’artillerie ennemie, et se porte rapidement vers la partie sud de la position Saint- Guillain-cote 144 sur laquelle il franchit à 9H 15 la ligne tenue par le 2e bataillon. La 10e compagnie voit sa marche entravée par des feux de mitrailleuses partant du bois au nord de Saint-Guillain. A 9H 50, la 9e compagnie occupe la tranchée du Lézard et pousse des antennes vers la lisière sud du bois du Vallon, dans lequel sont réfugiés plusieurs groupes ennemis résistant énergiquement. De violents feux de mitrailleuses sont dirigés sur nos éléments avancés. Deux chars d’assaut interviennent et ouvrent le feu sur les nids de mitrailleuses ennemies les plus proches, mais de la tranchée de la Girafe, des mitrailleuses prennent de flanc et paralysent tout élément des 9e et 10e compagnies cherchant à progresser. Cependant, à 12 heures, la 9e compagnie a réussi à nettoyer la tranchée du Lézard et une partie des abris dans le bois jusqu’à hauteur du point 14.54, faisant plus d’une centaine de prisonniers. Notre artillerie bat violemment la région du Grand-Vivier et, au delà, la forêt de Pinon. Le reste de la journée s’écoule sans incidents notables. Notre aviation, en dépit du temps brumeux, est active. Sur le soir, un avion ennemi volant très bas, croyant ravitailler les siens, nous envoie plusieurs sacs de vivres qui tombent en avant de la position tenue par le 2e bataillon. Le ravitaillement en matériel et en munitions s’effectue normalement. Les troupes s’organisent sur le terrain conquis. Le ramassage et le dénombrement de l’important matériel capturé sont commencés.
BILAN DE CETTE JOURNEE : 59 tués, 154 blessés, citation à l’ordre de l’Armée pour le lieutenant Flouriot.
LA JOURNÉE DU 3 NOVEMBRE. - A 9h 15, l’artillerie allemande déclenche des rafales extrêmement nourries d’obus toxiques de calibres divers sur la partie ouest de la forêt de Pinon, la Faisanderie, l’Orangerie, le village et le château de Pinon. Vers 10h 30, le tir s’étend à toute la forêt, la tour, le Grand-Vivier et tous les bas-fonds. Une nappe de gaz se forme, sans cesse entretenue par la violence du tir, qui se ralentit cependant vers midi. A 13H30, il reprend et ne diminue que vers 20 heures. La nappe nocive est dense et très étendue. capitaine DE JOUFFRAY sont faits chevaliers de la Légion d’honneur sur le champ de bataille. La médaille militaire est décernée à l’adjudant-chef MOIROUD (Dominique), à l’adjudant EYZAC, aux sergents VAUSSENAT, ÉCHEVIN, JOINET, RIFFAULT, DREVON, aux caporaux DEVIGNOT et BESSON, aux soldats PEYRELEVADE et BOUZIGOU.
PÉRIODE DE RÉSERVE. - Le régiment devenant régiment de deuxième ligne, fait mouvement vers l’arrière le 27 au soir. Le 1er bataillon quitte les Gobineaux et vient s’installer aux Golets. Le 2e bataillon, remplacé par un bataillon du 75e, se rend dans le même temps à la carrière Saint-Blaise où le 3e bataillon vient le rejoindre peu après, ainsi que l’ É.-M. et la C. H. R. Pendant quatre jours, le régiment se remet des émotions de la bataille. On se nettoie, vérifie son armement et son matériel, le recomplête et visite aux heures de loisirs le champ de bataille sur lequel la canonnade a fait rage et où plane maintenant le silence propice aux morts qu’il a recueillis.
LE SECTEUR DE LA FORÊT DE PINON. - Avant de s’en aller au grand repos, le régiment doit remonter en ligne. A partir du 2 novembre, il relève le 75e dans la partie ouest de la forêt de Pinon. Les 2e et 3e bataillons sont en ligne, le 1er bataillon en réserve. Le colonel établit son P. C. au piton du Grand-Vivier.Les unités s’organisent sur les emplacements qu’elles occupent. Les abris allemands sont précaires, naturellement mal orientés et très insuffisants. La nature marécageuse du terrain n’a permis que la construction d’abris faits de rondins et en superstructure. La nuit et les premières heures de la journée se passent sans événements notables.
Malgré les masques et les appareils Tissot, utilisés dès le début du bombardement, les pertes sont très élevées. En longues files, les intoxiqués se succèdent aux postes de secours. Afin d’échapper à l’action persistante des gaz toxiques, la 7e compagnie est poussée 600 mètres à l’est de son emplacement primitif, et vers 21 heures, les 1re et 3e compagnies, réduites à une trentaine d’hommes, sont ramenées en arrière et s’installent dans la tranchée au sud du bois du Vallon. L’ennemi ne prononce pas d’attaque d’infanterie, mais celle-ci n’en est pas moins très vigilante. Avant le jour, conséquence de notre victoire de la Malmaison, l’ennemi a évacué tout le Chemin des Dames sur un front de 18 kilomètres, depuis la ferme Froidmont jusqu’à l’est de Craonne. Afin de se rendre compte s’il n’a pas exécuté lui repli analogue devant la division, une reconnaissance de la 6e compagnie est envoyée vers 12h 30 au delà de l’Ailette pour prendre contact avec l’ennemi. Forte d’une vingtaine d’hommes et suivie peu après d’une patrouille de soutien, elle franchit le canal, l’Ailette et se dirige droit au nord. Ses éléments de tête ont déjà progressé de 300 mètres quand l’ennemi brusquement ouvre le feu. La reconnaissance se replie vers la passerelle, mais ne peut la franchir, deux mitrailleuses la balayant dès qu’on fait mine de l’aborder. Le capitaine RONDOT, qui a appelé une partie de sa compagnie au secours de la reconnaissance pour l’empêcher de tomber aux mains de l’ennemi, est tué près de la passerelle; le sous-lieutenant BUREAU est blessé. La compagnie n’a plus d’officiers. La reconnaissance s’est tapie sur les bords du canal où elle reste jusqu’à la nuit; à l a faveur de l’obscurité, elle réussit à rentrer sans être inquiétée par l’ennemi et n’abandonne qu’un homme tué sur le sommet de la digue nord du canal. Le chef de bataillon manifeste le désir de voir ramener le corps du soldat MAILLET dans nos lignes. Deux volontaires se présentent et réussissent à exécuter à la nuit tombante leur périlleuse mission. Ce sont les soldats JUSSY (Émile) et BEAUX (Élie).
BILAN DE CETTE JOURNEE : 2 tués et 327 blessés (dont le lieutenant Flouriot, qui en conserva des séquelles respiratoires toute sa vie).
LA RELÈVE. - A partir du 6 novembre, le régiment est relevé par le 62e et les différents bataillons se rendent par étapes à Osly-Courtil, Laval, Cuisy-en-Almont.
LA REMISE DE LA FOURRAGÈRE. - Le 10 novembre, a lieu à Soissons une prise d’armes impressionnante au Cours de laquelle le général PÉTAIN accroche la fourragère aux couleurs de la croix de guerre au drapeau du régiment. Mais pourquoi faut-il qu’à ce moment même, par delà les Alpes, au fond des plaines italiennes, une effroyable tourmente emporte les armées de Rome et fasse courir un frisson d’angoisse sur nos âmes qui croyaient déjà à la victoire?
ETATS DE SERVICE ET AFFECTATIONS : il s’agit de la recopie aussi fidèle que possible de la fiche matricule avec quelques aménagements de mise en page et remise en ordre chronologique des différents évènements :
« Incorporé au 71ème régiment d’infanterie comme engagé volontaire pour trois ans à St Brieuc le 14 novembre 1911. Soldat de 1ère classe le 16 février 1912. Caporal le 15 mars 1912. Sergent le 16 octobre 1912. Sergent fourrier le 23 septembre 1913. Rengagé pour deux ans le 23 janvier 1914 à compter du 14 novembre 1914. Parti au front le 5-8-1914. Nommé aspirant le 10-8-1914. Nommé sous-lieutenant à TT (titre temporaire) le 31 août 1914. Sous-lieutenant à titre définitif le 4 décembre 1914. Passé au 147ème régiment d’infanterie le 14-3-1915. Lieutenant à titre TT le 8 juillet 1915. Passé au 402ème régiment d’infanterie le 11 octobre 1915. Passé au 140ème d’infanterie le 2 janvier 1916. Lieutenant à TD (titre définitif) le 4 avril 1916. Capitaine le 15 février 1918 à titre définitif. Passé au 124ème régiment d’infanterie le 12 avril 1919. Passé au 12ème régiment de chasseurs polonais le 10 mai 1919. Rentré de l’armée polonaise le 2 juin 1920. Passé au 12ème régiment de tirailleurs le 12 juillet 1920. Passé au 4ème régiment de tirailleurs nord-africains le 1er janvier 1924 (service). Au Maroc du 28 juillet au 16 novembre 1925. Arrivé à Sousse le 22 novembre 1925. Affecté au 15ème bataillon de chasseurs alpins le 7 juillet 1927. Affecté à l’Ecole Spéciale Militaire le 10 mars 1928. Passé au 137ème régiment d’infanterie le 25 octobre 1931. Promu au grade de chef de bataillon le 23 septembre 1932. Affecté à l’état-major particulier de l’infanterie, professeur d’infanterie à l’Ecole Militaire d’Artillerie de Poitiers le 25 septembre 1935. Passé au 71ème régiment d’infanterie le 10 octobre 1938. Passé au 102ème régiment d’infanterie le 2-9-39. Parti aux armées le 12-9-39. Fait prisonnier le 18 juin 1940. En captivité à l’oflag XVIIIA. Promu colonel le 25-12-1941. Rapatrié le 1er mai 1945. En congé de convalescence de 30 jours à partir du 2-5-1945. Se retire à St Brieuc 18 bis rue de Brest. Affecté en qualité de commandant du COI 111 (affectation provisoire). Prend le commandement du 65ème RI à la transformation du COI 111 le 20-12-45. Admis à sa demande au bénéfice des dispositions … relative au dégagement des cadres. Rayé des contrôles de l’armée active le 1er mai 46. Se retire à St Brieuc au 18 bis rue de Brest (Côtes du Nord). Promu … au grade de général de brigade le 1er septembre 1946. »
BLESSURES : le 8 septembre 1914 à la jambe gauche à Brunay, balle dans la cuisse gauche le 8 juin 1915, à l’ypérite le 3 novembre 1917.
CITATIONS ET DECORATIONS A l’ordre de la 21ème Brigade de Marche du Maroc : « Remplissant les fonctions d’adjoint au lieutenant-colonel commandant le groupement au cours des opérations contre les Tsouls du 17 au 20 août 1925 et contre les Branes du 26 au 29 août 1925. A assuré la liaison avec les bataillons engagés dans un terrain difficile et sous un feu violent de l’ennemi. Collaborateur précieux. Modèle de calme et de sang-froid. » A l’ordre de la division du 9 novembre 1917 : « Jeune et ardent commandant de compagnie, a dirigé avec beaucoup de brio le 22 octobre 1917 un coup de main réussi qui a permis de ramener des prisonniers. » A l’ordre de la 5ème armée du 18 novembre 1917 : « A montré pendant l’attaque du 23 octobre 1917 un courage personnel et une décision remarquable. Commandant la compagnie de soutien d’artillerie d’assaut, a engagé très à propos deux de ses sections au moment d’atteindre l’objectif le plus difficile. Contre-attaqué au même instant, s’est lancé résolument sur la contre-attaque. A obtenu de sa main un ennemi et a longuement contribué à la prise de l’objectif du bataillon. » Légion d’Honneur du 19 juillet 1918 : « Excellent officier, a enlevé sa compagnie à l’attaque, d’une façon remarquable, donnant le plus bel exemple de courage et d’énergie. Pénétrant dans les organisations de l’ennemi, a atteint son objectif final et l’a maintenu en dépit de deux contre-attaques et d’un bombardement violent. » Croix de Guerre, Chevalier de la Légion d’Honneur du 28 mai 1918 : « Officier énergique. A montré les meilleures qualités d’initiative en particulier le 2 septembre 1914 en prenant position avec sa compagnie sur le flanc d’un bataillon ennemi ce qui a amené la reddition de celui-ci. »
Sources utilisées : article du Télégramme de Juillet 1967, journal de marche du 102ème RI, historique du 140ème RI, état des services, fiche matricule, site « Mémoire des Hommes », documents de famille.
Sources
- Personne, famille: Alain Flouriot
Photos & documents
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