Auguste RobertGECHTER

à l'oratoire Saint-Côme, rue du Battoir (aujourd'hui Rue de Quatrefages) ou rue du Battoir, dite rue du BattoirSaint-André, (devenue la partie ouest de la rue Serpente - 6e). La seconde rue du Battoir semble plus proche dudomicile des parents.
http://www.famillesparisiennes.org/v6e/introv6e.pdf

Il plaide notamment avec Me Hennequin dans l'affaire Lecouffe et défend le meurtrier Asselineau qu'il ne peut sauver. Ceprocès est relaté dans l'ouvrage "Vie de J.-B.-Elisabeth Asselineau, écrite par lui-même. Précis de l'acted'accusation, résumé des débats et plaidoirie de Me Gechter, suivis de l'arrêt de la Cour Royale de Paris du 26 mars1827, qui condamne Asselineau à la peine de mort" - J. B. E. Asselineau.- Librairie ancienne et moderne, 1827",autrement dit dans l'imprimerie de Balzac.
Son adresse professionnelle a beaucoup varié : 15 quai Saint-Michel, 20 rue de l'Odéon, 44 rue Mazarine, 10 rue desquatre-vents, 1 rue de Condé.

Notaire: BEAUDESSON
Le contrat figure dans le répertoire du notaire mais est absent de la liasse

Fin 1827, ARG fait partie des briseurs de vitres dont l'apparition à Paris est interprétée comme une provocation
politique. Arrêté avec Juliot et Dubarle, il est condamné à 3 jours de prison et 10F d'amende.


Il est surtout radié de l'ordre des avocats le 10/01/1828 mais, à cette période, il vivait plutôt des articles de
critique théatrale qu'il faisait pour différents journaux.

Il devient défenseur au conseil de guerre siégeant au tribunal de justice de paix du 11éme arrondissement.




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Le Courrier des tribunaux. Journal de jurisprudence et des débats judiciaires
Source: Bibliothèque nationalede France

Le plaidoyer de son avocat

Charles X a été chassé par les 3 Glorieuses à Saint-Cloud, puis à Rambouillet . Il abdique mais attend que sonpetit-fils soit reconnu roi. Une foule de Parisiens s'assemble le 3 au matin sur les Champs-Elysées et décide de serendre à Rambouillet. En omnibus, en fiacre, petites voitures ou à pied, ce sont quinze mille individus qui prennent laroute.
Parmi eux se trouvait Auguste Robert GECHTER, portant le drapeau de la 11ème légion de la garde nationale avec son amiCORBIOT. Charles X prend finalement le chemin de l'exil... et ARG ramène sa compagnie et son drapeau à Paris. Ledrapeau est accroché à la grille du Passage du Commerce qui donne dans la rue Saint-André des Arts.

Des troubles ayant éclatés dans Paris, la Garde nationale décide de retirer le drapeau triclore du passage du Commercepour le porter à la mairie du XIème arrondissement. Elle confie cette tâche à CORBIOT mais Auguste s'empare duditdrapeau. Le lieutenant de la Garde le fait saisir et mettre 14 jours au cachot à la prison de La Force.
Mis en liberté sous caution, ARG peut enfin expliquer que son geste était avant tout patriotique, ce que corroboreCORBIOT. Il acquitté par le tribunal le 17/11/1830.



La Semaine (Paris. 1828)
Source: gallica.bnf.fr




Etait-il indicateur de police ?











in Le Figaro (Paris. 1/3/1831 et 3/3/1831) Source: gallica.bnf.fr

Ce que l'on appelle "'affaire de la rue des Prouvaires" est l'échec d'une conspiration des Carlistes (=légitimistessoutenant la duchesse de Berry) aux quels s'étaient joints des Républicains frustrés par la confiscation de laRévolution de Juillet par Louis-Philippe. Il s'agissait d'enlever la famille royale au cours d'un bal aux Tuilleries.Plusieurs groupes de conjurés devaient venir de différents coins de la capitale. Les chefs étaient réunis dans unrestaurant de la rue des Prouvaires où ils furent arrêtés avant de faire quoi que ce soit. La police était, semble-t-il,trés bien renseignée sur ces agissements.


Auparavant ARG était allé avec Jules Lebrun, secrétaire de M. de Bourmont, chercher des fonds (100.000 fr) à Gènes chezle banquier Parodi.



La duchesse de Berry et les monarchieseuropéennes (août 1830-décembre 1833) : d'après les archives diplomatiques et les documents inédits des Archivesnationales / par Étienne Dejean,...
Source: gallica.bnf.fr


Réfugiés auprès de la famille de Lebrun, les deux hommes sont arrêtés à Valognes le 13 mars 1832 et conduits à Paris àla prison Ste-Pélagie.
Le procès cherche à préciser leur rôle dans le complot.





ARG aurait cherch à embaucher dans la conspiration un pêcheur d'Issy
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k52310456/f2.item.r=gechter%20avocat.zoom


La maitresse de ARG, une ancienne actrice de l'Odéon, avait également été arrêtée après l'affaire : on avait fabriquédes balles chez elle, carrefour Gaillon.



Le 25 juillet 1832, ils sont condamnés à 2 années de prison suivies de deux ans de surveillance de haute police.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56676270/f1083.item.r=gechter.zoom


Le 15 janvier 1833 ARG et Lebrun sont transférés à la prison de Soissons.


A son entrée à Ste Pélagie, le signalement de ARG est le suivant : nez fort ; taille 65 ; bouche grande ; cheveux
chatain foncé ; menton rond ; visage ovale ; front haut ; yeux gris.


Principaux moyens de cassation pour lessieurs Marliat, Poncelet, Dutertre et Dutillet,... condamnés par arrêt de la Cour d'assises de la Seine du 25 juillet1832 (affaire dite des Prouvaires). [Signé : Alexe Guillemin.]
Source: gallica.bnf.fr



Le complot est devenu l'objet d'un feuilleton dans La Lanterne en 1877. Notre Auguste apparait dans cet épisode :

La Lanterne (Paris. 1877)
Source: gallica.bnf.fr

ARG est nommé défenseur à Alger par le Gouvernement général mais le ministére de l'intérieur ne confirme pas cettenomination compte tenu de ses antécédents. ARG devient alors avocat devant le tribunal civil : il se spécialise dans ladéfense des militaires justiciables du conseil de guerre. Son talent et sa conduite sont appréciés.

Proposé pour un poste de défenseur à Bône où plusieurs emplois sont vacants, il est refusé dans un premier temps, puisnommé provisoirement défenseur par le ministère de la guerre en 1837, il est finalement nommé à Bône le 12/5/1838 enraison de "sa conduite irréprochable depuis qu'il exerce en Afrique". Il figure d'ailleurs dans l'Almanach royal de 1838comme défenseur auprès du Tribunal de première instance de Bône.
En 1841, ARG défend l'ex-Khalifa Ahmet Ben Emlaoui accusé de trahison. Il lui sauve la vie mais ne lui évite pas 20 ansde prison à l'île Ste Marguerite. En remerciement il reçoit la mule du khalifa avec son harnachement. Il propose alors àla famille de se rendre en France pour demander la grâce du condamné moyennant espèces, esclaves et bijoux pour safemme arabe. Ses exigences étant excessives, une plainte est déposée. ARG est suspendu pendant 6 mois en mai 1842 pourindélicatesse et cupidité. Les Arabes dont il parle la langue l'appellent l'Oukil.
Par ailleurs il se sert de l'argent de ses clients pour acheter des biens immobiliers, vite hypothéqués, et uneentreprise agricole qui périclite peu après.
En 1845 on lui reconnait un grand talent de parôle mais on lui reproche sa cupidité, sa négligence dans les affaires quilui sont confiées, son goût immodéré de l'absinthe, sa fréquentation des cafés et sa vie privée.
En février 1847, il obtient un congé d'un mois, qui sera prolongé de dix jours, pour aller à Paris voir sa mère maladeet régler des affaires de famille. Il loge à l'Hôte de Rouen, rue Grenelle St Honoré.

ARG aurait reçu la jeune Slira de son père en remerciement pour un procès gagné par l'avocat.
Dans son dossier, une note du 30/09/1845 signale qu'il est "marié selon les formes musulmanes à une Mauresque de bonnefamille dont il a deux enfants ; il manifeste l'intention de se marier selon la loi française et de faire baptiser sesenfants dès qu'elle aura été baptisée. Il lui apprend le français".

ARG est à nouveau candidat à Alger. Le ministère de la Justice pèse le pour et le contre :
ARG est considéré comme le meilleur défenseur de Bône et a une connaissance approfondie de la langue arabe mais saréputation reste médiocre, ainsi que son état de fortune. Le besoin urgent du tribunal d'Alger d'un défenseur de talentfait oublier les défauts du personnage : ARG est nommé le 15 mai 1847 défenseur auprès du tribunal de commerce d'Alger.
Pour exercer cette fonction, il doit déposer un cautionnement de 4000 francs. N'en disposant pas, il les emprunte à unofficier d'administration dénommé Hubert qui aura bien du mal à se faire rembourser.
ARG démissionne le 25/9/1851officiellement pour raisons de santé mais surtout pour récupérer son cautionnement, payerson débiteur et éviter une révocation qui lui interdirait à nouveau la profession d'avocat.
En mars 1853, le Garde des Sceaux est informé par le procureur général du rôle compromettant de ARG dans une instructioncriminelle. Avocat et ami d'un nommé Hoener, officier comptable coupable de détournements de fonds et de vivres, ARGest soupçonné de complicité. Il est destitué le 21/7/1853

frappé en pleine rue d'une attaque d'apoplexie selon Le Constitutionnel

un article de la Seybouse du 12 janvier 1860 relate le décès d'Auguste .
(la Seybouse est un journal dont le propriétaire et imprimeur est Dagand, un proche qui apparait souvent comme témoin)
Extrait de quelques lignes du discours prononcé sur sa tombe par Maître Carrivenc :
"cette parole toujours dévouée à la défense des malheureux, elle charmait hier encore notre oreille; hier encore, enadmirant son talent si plein de vie, d'énérgie et d'activité, qui de nous eût prévu cette catastrophe si fatale, si soudaine."
le discours intégral a été publié dans l'Algérie nouvelle du 27/12/1859.