Message d'information du propriétaire de l'arbre

close

Oublier ses ancêtres, c'est être un ruisseau sans source, un arbre sans racines.

 

Rendez vous dans la chronique familiale pour connaître l'histoire de mes ancêtres


 Chronique familiale



 Beaucoup de nos ancêtres du Nord avaient une double activité de cultivateurs et de mulquiniers, les femmes filaient ou tissaient

Sommaire

 1 - Le Métier de MULQUINIER :

Dans le nord de la France, aux XVIIème et XVIIIème siècles, on trouve fréquemment des personnes exerçant la profession de mulquinier. Le mulquinier est l’ouvrier qui tissait les batistes, étoffes de toile fine de lin utilisées pour l’habillement. Il appartenait à une industrie régionale prospère.

 1.1 - Un artisanat tout en finesse

Le mulquinier (ou meulquinier, murquinier, etc.) etait l’artisan qui fabriquait les étoffes de lin. L’appellation était dérivé du vieux mot molaquin ou mollequin qui était une étoffe de toile fine que nos ancêtres utilisaient pour leur habillement. Souvent, le mulquinier achètait directement le fil aux fileuses des villages et faisait travailler sous sa direction, dans sa cave, des ouvriers tisseurs. On donnait le nom de batiste (linon et toilettes) à ces toiles fines de lin. Toutefois, les mulquiniers et les tisseurs n’utilisaient jamais ce mot pour désigner leurs fabrications, mais les appellaient des toilettes ou linons.

 1.2 - Gloire et déboire du batiste

Le succès des toiles du Cambrésis, tant en France qu’à l’étranger (Italie, Espagne et d’autres pays plus éloignés), a incité d’autres villes (Valenciennes, Douai, Péronne, Saint-Quentin, Bapaume...) à se lancer dans la fabrication de toiles, qu’elles vendaient sous le nom de toiles de Cambrai. Sous le Premier Empire, 350 000 pièces de batiste étaient ainsi fabriquées dans la région de Cambrai. Cette extension géographique de l’industrie du lin entraîna une baisse de la production dans le Cambrésis proprement dit. L’apparition de nouveaux tissus, comme les mousselines, concurrença également la batiste. Le perfectionnement de la filature de coton et l’apparition des machines, la crise de 1788-1789, contribuèrent à la diminution de sa fabrication et à partir de la Restauration, la production ne cessa de diminuer. En 1844, on n’en tissait plus que 90 000 pièces. C’est à la fin du XIXème siècle, que disparut complètement cette industrie. (Extrait du chapitre concerné, dans l’ouvrage Les métiers d’autrefois, de Marie-Odile Mergnac, Claire Lanaspre, Baptiste Bertrand et Max Déjean, Archives et Culture.)

 1.3 - Du beurre dans les épinards

Pendant plusieurs siècles le tissage a été l'activité principale. Ces artisans ruraux passaient entre 10 à 14 heures par jour à pousser la navette de leur outil de travail. Les petites pièces mouchoirs, torchons étaient souvent le travail des enfants et des femmes, la fabrication des draps, linons, baptiste, plus pénible étaient réservé aux hommes. Dans les Flandres ou le nord de la France, ces artisans se sont appelé successivement , aux cours des siècles ,"Parmentiers, Mesquiniers, Mulquiniers, Tisseurs ". Il est à remarquer que dans le pays picard le mot mulquinier n'est plus compris ; un érudit a même traduit ce mot, il y a quelques années, par, « conducteur de mules »

C'est dans le tissage que les habitants ont trouvé non seulement une occupation secondaire, lorsque les travaux des champs ne les retenaient pas ou par suite des circonstances de famille ou de situation, mais aussi et surtout une profession lucrative, plus rémunératrice certes et moins dure que la culture des champs. Le métier de mulquinier était souvent une seconde occupation. En effet lors de la belle saison les gens travaillaient aux champs. L'hiver venu, ceux ci descendaient dans leurs caves ou était installé le métier à tisser ou « étile ». Ils lançaient la navette pou faire sortir, après de longs jours de travail assidu et pénible, la fine toile de batiste ou de linon destinée à l'exportation, ou la grossière étoffe de chanvre qui servirait aux usages journaliers du ménage, ou les draps de laine destinés à faire les « paletots » et les « brayes ». Alors que femmes et jeunes filles apportaient par leur travail au rouet leur contingent de bien être à la famille.

Le fil de mulquinerie était un fil de plus ou moins grande finesse qui n'était employé qu'à la fabrication des toilettes et de la dentelle. Le fil de lin avant d'être travaillé, était peigné à la brosse de soie de sanglier par la fileuse afin d'en retirer l'étoupe. Ce déchet appelé l'étoupe était filer plus gros et servait à la confection de toile de ménage ou linge de table. Il est facile de comprendre que plus le fil était fin au départ, plus il donnait de longueur à l'arrivée, ce qui augmentait la plus valu.

La filature pouvait ensuite commencer, on utilisait pour cela les rouets ou moulins. Le fil était ensuite ourdi pour pouvoir être vendu. La chaîne ourdie était confiée au mulquinier. L'ouvrier pour façonner sa toile utilisait l'otil, métier composé de quatre pieds, reliés par des traverses. Le tisserand pouvait ainsi produire dix à douze mètres de tissus sur sa journée. Les toiles achevées étaient ensuite portées au blanchisseur.

 1.4 - Les toilettes de batiste et linon :

Les batistes étaient fabriquées essentiellement dans le Cambrésis, qui est aujourd’hui intégré presque entièrement dans le département du Nord, dans sa partie orientale. Toutefois, la consultation des registres paroissiaux du XVIIIe siècle montre la présence de mulquiniers, ou marchands de toilettes, dans d’autres villages, notamment dans l’Aisne, le Pas-de-Calais et certaines communes du Hainaut.

La tradition veut que ce soit un nommé Baptiste du village de Courtaing, près de Cambrai, qui tissa vers 1300 les premières toiles fines. Le lin qui servait à la fabrication des batistes était récolté, roui et filé dans le Cambrésis. Les toiles étaient blanchies dans la région. Tout ce travail constituait une vaste industrie qui participa longtemps à la prospérité de la région. La filature du lin n’atteignit nulle part ailleurs une telle perfection. La finesse de ses fils était telle que, pour obtenir un poids de 500 grammes, il fallait une longueur de fil de 250 km ! Les fils utilisés dans d’autres villes, comme Valenciennes pour les dentelles, étaient de moins bonne qualité. Outre le fil utilisé, on attribuait, généralement, la qualité des batistes aux propriétés des caves où elles étaient tissées, à leurs conditions d’humidité et de température.

On appelait toilettes, les toiles connues sous le nom de batistes, gazes ou clairs à jour, linons ou clairs unis, pour lesquelles on n’employait que le beau fil de mulquinerie. Les fabricants de Valenciennes disaient, c’est à St-Amand que se cultive exclusivement ce superbe lin destiné à la fabrication des toilettes ; C’est donc à Valenciennes qu’on a dû naturellement avoir la première idée de tirer parti de cette production précieuse.

Au contraire les fabricants de Cambrai, prétendaient être restés en possession de fabriquer ce qu’il y a de plus beau, de plus fin, non seulement en batistes, mais aussi en linons et gazes. Ce sont les pièces de la fabrique de Cambrai qui ont été encouragées par une médaille aux expositions nationales de 1800 et 1801, Cambrai doit donc prétendre à être le berceau de cette fabrique.

La matière première était trouvée, dans le pays, soit par la toison des « bestes blanches », soit par les récoltes des champs. Livrés au rouisseur, puis au teillieur, si c’était du lin ou du chanvre, les fils en étaient rachetés par le filaqué », « marchand de filets », qui les livrait aux fileuses. Celles-ci, par leurs doigts agiles et leurs rouets actifs, les cariots, transformaient cette matière en fils souples, fins ou gros, qui devaient constituer la trame et la chaîne formée par l’ourdisseur et qui serviraient au tisseur à faire son étoffe.

La toile était portée au maître mulquinier qui la vérifiait, l’estampillait de sa marque et la livrait aux négociants de Cambrai ou de Valenciennes, parmi lesquels il comptait des amis.

 1.5 - La corporation des Mulquiniers

L’un des quatre métiers de la ville de Cambrai n’apparaît dans les ordonnances que vers 1407, bien qu’il en soit fait mention en 1275. On trouve trace dans la charte des mulquiniers de Valenciennes, vieux rouleau de parchemin, de l’appellation molekinier (1413), meullequinerie (1474).

La corporation ancienne était sujette à une tutelle stricte de l’autorité supérieure exercée par ses Mayeurs qui déléguaient leurs charges à la police du métier. Quant aux autorités qui exerçaient cette tutelle, les magistrats ont été les premiers à la gérer. Hiérarchisée, comme toute corporation de Métier, la mulquinerie comprenait apprentis, compagnons, (ou idem valet de mulquinier) maîtres et était gouvernée par des Maïeurs. Le Maïeur était le maître qui, nommé par le magistrat, était chargé de la police et de l’administration du corps de métier. Pendant les périodes troubles et d’alternatives sur les possessions de Cambrai, la tutelle était généralement exercée par les Rois d’Espagne ou de France.

Après le traité de Nimègue, le roi de France, Louis XIV, use de son droit de tutelle sans grand égard pour la coutume locale ce qui provoquât de vives contestations. Ces bouleversements et l’arrêt du Roi, du 24 juillet 1731, provoquèrent, sans aucun doute, le début du transport des métiers de Cambrai vers les campagnes. Il ne faudrait pas omettre le fait que Cambrai était sur la grande route qui relie les Pays Bas à la France et nos ancêtres s’acheminaient le long de l’Escaut où le lin qui y poussait, considéré comme le plus beau, était convoité par nos mulquiniers. Les protestants qui allaient contracter mariage au Pays Bas en violant l’interdiction, disaient "le chemin de Tournay", mais bien auparavant, nous retrouvons sur cette route de nombreuses similitudes avec les patronymes qui ont peuplé le Cambrésis preuve de la liberté commerciale ou individuelle dont jouissait Cambrai sous Charles Quint.

Les mulquiniers, s’ils ne constituaient pas à eux seuls une corporation, (aux abords de la Révolution, on cite un « valet de mulquinier dans un procès du XVIIe siècle), étaient cependant organisés en confrérie, et avaient pour patronne Sainte Véronique, « Sainte Vérone », comme disent encore les tisseurs actuels.Il semble que la plus belle période de prospérité des mulquiniers fut la seconde moitié du XVIIIe siècle. Avant la réunion du Cambrésis à la France, la mulquinerie du Cambrésis envoyait ses produits bien loin, presque partout en Europe, mais, par sa position même de neutralité, rencontrait des entraves, quand les frontières de France se fermaient, ou quand les Hollandais, jaloux de protéger leur industrie, empêchaient le commerce des toilettes avec leur pays. On appelait ce négoce commerce de toilettes, et couramment entre eux, les tisseurs actuellement encore parlent de leur « commerce », et non de leur industrie.

Après la Révolution, si le commerce connut certaines éclipses, dont pâtissaient surtout les ouvriers, ceux qui ne faisaient que travailler sur leur métier, pour le compte des contremaîtres, qui étaient les facteurs de négociants de Cambrai ou de Valenciennes, ou pour les patrons du village, les fabricants, comme l’on disait, qui se chargeaient eux-mêmes du négoce, à la fois de l’achat des matières premières et de la vente du tissu, la mulquinerie apporta à ceux qui la professaient une aisance bien plus appréciable que la culture seule, aurait pu leur donner.

Dans la première moitié du siècle dernier, on voit apparaître dans les actes, timidement, quelques noms de tisseur en coton. L’on sait que les Mulquiniers avaient le privilège, avant la guerre de 1914, de fournir de baptiste la cour impériale de Russie.

La désaffection des ouvriers tisseurs pour un labeur qui leur semblait peu rémunérateur pour eux-mêmes, les poussa à donner leurs bras pour un travail plus lucratif dans les usines voisines, alors qu’un tissage mécanique leur offrait sur place une occupation continue. Mais, après la guerre de 1940, des métiers mécaniques ont été acquis par certains qui préféraient, avec raison, le travail à domicile rendu plus facile par la machine. Ils sont ainsi venus rejoindre, dans la confrérie de Sainte Vérone, les derniers ouvriers fidèles à « l’étile », mais qui ont cependant abandonné le tissage du fil de main trop absorbant et trop pénible. Néanmoins début 1900 apparaît le terme de tulliste qui va remplacer l’activité principale des mulquiniers dans la région.

 1.6 - Sainte Véronique, patronne des fileuses, dévideuses, mulquiniers, blanchisseurs de toiles

Alors que le Christ montait au calvaire, une femme nommée Séraphia sortie de sa maison pour apercevoir l’envoyé de Dieu. Lorsque Jésus, le visage couvert de sueur et de sang passa près d’elle, elle lui essuya le visage de son voile. Pour la remercier de son geste, Jésus reproduisit sa figure sur le voile qui fut appelé "Véronique", c’est-à-dire vraie image. Suite à cela Séraphia décida de s’appeler Véronique, et les Chrétiens par la suite ne l’ont plus appelée autrement. C’est à cause du voile à l’empreinte divine que les fileuses, dévideuses, mulquiniers, blanchisseurs de toiles l’ont choisie pour patronne.

 2 - Architecture et Habitat

On peut voir, à Carnière, place du Général-de-Gaulle, la Maison des Mulquiniers, aujourd'hui siège du syndicat d'initiative et des différentes associations de la commune. Edifiée en 1818, elle abrite à cette époque des paysans-tisserands, "les mulquiniers", qui pendant l'hiver, travaillent en famille le coton et le lin avec un métier à tisser dans leur cave. Particulièrement florissante jusqu'à la fin du XIXe siècle, la mulquinerie rurale a laissé de nombreuses traces dans le Cambrésis notamment par les blocures, arcs de décharge qu'on peut voir au bas des pignons ou sur la façade latérale des maisons.

maisonmulquinier.jpgmaison_tisserand.jpg

 2.1 - La blocure,

L’Arc de décharge surmontant la grande baie de la cave qui abritait le métier à tisser, a perdu sa fonction utilitaire : apporter la lumière au tisserand travaillant.

Elle est visible sur la façade latérale de la maison. La cave est conçue de façon à créer une atmosphère humide, nécessaire au travail du coton et du lin.

Les murs construits en alternant quelques rangée de briques rouges avec une rangée de pierres calcaires blanches sont appelés : disposition en "rouge-barre"Celle ci est équipée à l'extérieur d'un volet permettant de fermer l'accès à la cave.

arceaumulquinier.jpg

 2.2 - La cave, le meilleur endroit pour tisser :

Tous les locaux n'étaient pas favorables au tissage du lin. Lorsque le fil était trop sec il cassait, laissant des défauts dans le tissu. L'endroit le plus convenable de la maison était la cave, à cause de son humidité. Les mulquiniers possèdaient donc obligatoirement à l'aplomb de leurs habitations cette grande ouverture qui amenait la clarté suffisante. Après le travail celle ci était fermée par des planches. L'accès a la cave se faisait par les marches de l'escalier en pierres creusées en leur milieu, le sol était en terre battue et les murs régulièrement blanchis à la chaux. L'ouvrier pour façonner sa toile utilisait l'otil, métier composé de quatre pieds, reliés par des traverses Le métier était installé de manière à ce que le tisserand placé le dos contre le mur reçoive l'éclairage directement sur l'otil. Lorsque le tisserand actionnait son métier, on entend ait au dehors le "Tipe Tape Tipe Tape" caractéristique.

mulquinier.jpg

A l'époque, la majeure partie de la population s'adonnait à cette activité épuisante. En effet le métier à tisser manuel faisait travailler tout les muscles du corps et exigeait habilité et rapidité. Les marchands apportaient la matière première à domicile et repartaient avec le produit fini.L'industrie textile, notamment celle du lin occupait une place prépondérante dans le département du Nord. C'était alors une activité prospère qui faisait vivre de nombreux corps de métier, entre autre, fileuses, ourdisseuses, blanchisseuses, mulquiniers, etc.


Index des pages