Nos aïeux... On marche dans leurs traces, on porte ce qu'ilsnous ont transmis, ils sont si nombreux, on en connait si peu...Des êtres de chair, de sentiments, d'émotion, de douleur et dejoie... Dont ne subsistent bien souvent, quand elles existent, queles traces administratives. Ce qui me passionne et me touche dansla généalogie, c'est la mise à jour des toutes petites choses deleur existence qui vont au delà des dates et des noms, et qui mepermettent de parler un peu d'eux. Que l'éventuel(le) passant(e) seretrouvant sur mon arbre n'hésite pas à réagir, me questionner,corriger des erreurs, apporter des précisions s'il/elle en a.Bienvenue aux cousins et cousines innombrables... J'aurai toujoursplaisir à échanger avec vous.

![]() | Sosa :14
7 médias disponibles 7 médias disponibles A participé à la Grande GuerreL'actualité de la guerre au jour le jourUnité(s) : 106e régiment d'infanterie (106e RI) Domicile lors de la mobilisation : Brézins (38) |
Parents
Frédéric et/ou Casimir Collet 1842-
Augustine Revoire 1849-1913
Union(s) et enfant(s)
- Marié le 29 avril 1905, Brézins, 38058, Isère, Rhône-Alpes, France, avec
"Pauline" Philomène Faure 1882-1958 dont
Emma Léonie Collet 1906-1990
Alexandre Fernand Marius Collet 1908-1983
Jérome Collet 1917-2013
Fratrie
Alexandre Collet 1874-1874
Fernand Collet 1875-1956
Alexandre Collet 1884-1914
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Événements
23 février 1875 : | 23 février 1875 :Naissance - Brézins, 38058, Isère, Rhône-Alpes, France Fernand est né à sept heure du matin, le mardi 23 février 1875. Il est le deuxième garçon, sur les trois qui naitront de cette union. Il sera encadré par deux Alexandre. Lui sera le fils aîné, puisque le petit Alexandre, né un an plus tôt, n'aura vécu que cinq jours. En cette année 1875, son père a trente trois ans et sa mère 26. Frédéric ne respecte pas la tradition dans la transmission des prénoms, ne donnant pas le sien à son aîné... Il ne garde que l'initiale avec Fernand.Les témoins de cette naissance sont Jean-Pierre Berger, instituteur publique âgé de 33 ans et Louis Drevet, 39 ans, Bourrelier. Étrangement, il faudra attendre neuf ans pour que naisse le troisième garçon, qui sera de nouveau prénommé Alexandre, et sera donc le petit frère de Fernand. |
15 novembre 1897 : | 15 novembre 1897 :Service militaire - Bourgoin-Jallieu, 38053, Isère, Rhône-Alpes, France Fernand aura plus de chance que son petit frère Alexandre, mort en 1914, il survivra à quatre années de guerre et rentrera dans ses foyers. Ajournée en 1896, son incorporation à l'infanterie de Bourgoin à lieu le 15 novembre 1897 sous le numéro matricule 7865. Après deux ans de service, il est envoyé en congé le 20 septembre 1899, attendant le passage dans la réserve, avec un certificat de bonne conduite. Il accomplit une première période d'exercice dans le 99ème régiment d'infanterie du 25 août au 21 septembre 1902, une deuxième au 22ème régiment d'infanterie du 7 août au 3 septembre 1905, soit trois semaines avant son mariage avec Pauline. Il passe dans l'armée territoriale le 1er octobre 1909 et accomplit une 3ème période d'exercices au 106ème RI du 3 au 11 août 1911. Sources: Registre militaire, matricule 80 |
28 avril 1905 : | 28 avril 1905 :Contrat de mariage (avec "Pauline" Philomène Faure) - St-Etienne-de-St-Geoirs, 38384, Isère, Rhône-Alpes, France Un certificat de contrat de mariage est produit chez maitre antoine Vinoy, à ST E de St G le 28 04 1905 Sources: Acte N°2 R M Brézins |
29 avril 1905 : | 29 avril 1905 :Mariage (avec "Pauline" Philomène Faure) - Brézins, 38058, Isère, Rhône-Alpes, France Témoins Félix Revoire, oncle de Fernand, 40 ans, employé d’usine, Alexandre Collet, son frère, 21 ans, sergent de chasseur alpin (chambéry), Jérome Faure, 29 ans boulanger à grenoble, frère de l’épouse, et Antoine Ernest Audiffred, 24 ans, berger à Arles, beau-frère de Pauline. |
1906 : | 1906 :Recensement - Brézins, 38058, Isère, Rhône-Alpes, France Au recensement de 1906, Fernand et Pauline sont notés domiciliés au Rival, il est manœuvre, elle est ménagère. Pauline est enceinte de son premier enfant, puisqu'Emma naitra au début du mois d'Avril. Peut-être celle-ci était-elle déjà conçue au moment du mariage, seulement 7 mois le séparant de sa naissance. Sources: Recensement 1906, page 3 |
entre 6 août 1914 et 5 janvier 1919 : | entre 6 août 1914 et 5 janvier 1919 :Mobilisation militaire - Au front En 1914, Fernand n'est plus un jeune homme: il a 39 ans lorsqu'il est mobilisé pour la grande guerre, en ce début du mois d'août. Comme des milliers de femmes, du jour au lendemain, Pauline devient chef de famille, elle se retrouve seule avec ses enfants. Emma qui a 8 ans et Alexandre 6 voient partir leur papa à la guerre. Il est étonnant et émouvant de remarquer que Paulette, la fille d'Emma, vivra le même déchirement que sa mère, au même âge, lorsque Marcel, son père, sera mobilisé en 1939 pour la deuxième guerre mondiale. Emma, enfant, aura plus de chance que Paulette, petite fille, elle retrouvera son père vivant. Mais elle vivra deux fois l'angoisse de perdre un être cher à la guerre, et la barbarie nazie lui arrachera son époux en 1940. Soldat au 106ème RI, Fernand participe du 21 au 25 août à la bataille des Ardennes. Les journaux de campagne, disponibles sur le site "Mémoire des hommes", permettent de retracer au jour le jour l'histoire de chaque régiment. Pour le 25, il est indiqué: " En raison des pertes éprouvées, un renforcement en officiers et en hommes est demandé au dépôt..." . Début septembre: "marche en retraite loin de l'ennemi"... Le régiment de Fernand se replie à l'ouest de la Meuse avant d'être engagé du 5 au 20 septembre dans la première bataille de la Marne, avec du 5 au 14, la bataille de la trouée de Revigny. Le 10 septembre semble une journée particulièrement terrible "le grand nombre d'officiers disparus ne permet pas de retracer la physionomie exacte de cette attaque..." Les pertes de soldats ne sont pas évoquées, il est seulement indiqué que "le régiment se reconstitue progressivement dans le ravin"...Le bataillon prend position et se retranche aux Eparges et dans la tranchée de Calonne. Ils creusent tranchées, boyaux de communication... Le 25 octobre: "...La situation des travailleurs devient chaque jour plus périlleuse, les allemands, gênés par notre progression deviennent chaque jour plus agressifs... tirent sur tout ce qui se montre... Malgré les précautions prises, les pertes sont journalières..." La situation de stabilise en novembre et décembre, les allemands se fortifient de leur côté, la guerre de tranchées s'installe. 20 décembre: "Rien à signaler pour la nuit. Très mauvais temps qui inonde en partie les tranchées..." Imaginons Fernand et ses compagnons pour ce premier Noël de froid, de sang et de boue. En février 1915, les travaux s'intensifient, il s'agit de creuser des abris pour un bataillon, cela nécessite 300 travailleurs pour le creusement et 200 pour le transport de rondins. Il fait mauvais, la pluie détrempe complètement le terrain, les obus tombent alentour... Alors on travaille la nuit. La butte des Éparges est une colline des Hauts de Meuse haute de 345 mètres, longue de 1100 mètres et large d'environ 700 . Elle est située sur la face nord du saillant allemand de Saint-Mihiel. La prise de cette hauteur permettrait d'obtenir un observatoire pour l'artillerie française sur la plaine de Woëvre, afin de perturber les mouvements de troupes allemandes. Du 17 au 21 février se déroulent de violent combats aux Eparges, notamment le 18 février, juste 12 années avant la naissance de Paulette, la petite fille de Fernand. Des tranchées sont prises, puis reperdues, au prix de quelles souffrances, de combien de morts? "Les entonnoirs produits par les bombardements de la veille étaient des trous tellement énormes que toute une compagnie pouvait s'y terrer..." Ces combats se sont déroulés dans des conditions extrêmement difficiles sous la pluie, la neige, dans la boue. L'infanterie des deux camps a dû rester pendant de longues semaines sous les coups de l'artillerie. L'armée française tente au cours de plusieurs assauts de conquérir la crête. Après des pertes très lourdes des deux côtés, les Français arrivent à prendre pied sur la crête sans pouvoir en déloger totalement les Allemands. Maurice Genevois, compagnon d'infortune présent lors de ces combats retranscrira dans "Ceux de 14" les horreurs traversées. Maurice Genevoix : « Et toujours les obus pleuvaient. Les canons-révolvers de Combres démolissaient les parapets que nous refaisions, inlassables, avec les mêmes sacs à terre. Par crises, les gros arrivaient. Il en tombait cent, deux cents, qui ne faisaient point d’autre mal qu’ensevelir quelques hommes, vite dégagés. Mais tout d’un coup, il y en avait un qui trouvait la tranchée, et qui éclatait, en plein dedans : alors c’étaient les mêmes cris que naguère, les mêmes hommes qui couraient, ruisselants de sang frais et rouge ; et, tout autour de l’entonnoir brûlé, empli encore de fumée puante, les mêmes cadavres déchiquetés… Les autres restaient là, les jambes prises dans ce ruisseau lourd, profond, glacé, les jambes engourdies et mortes. » Le 106e RI connu, aux Éparges, 300 morts, 300 disparus et plus de 1000 blessés. Plusieurs monuments ont été édifiés, dont le "Monument des Revenants du 106e RI". Il a la forme d'une pyramide de crânes et d'os, surmontée d'un masque mortuaire. Au sommet de la crête, le mémorial "À ceux qui n'ont pas de tombes", parle de 10 000 corps non retrouvés sur les 50 000 morts des Éparges. Les conditions climatiques du début de l'année 1915 ont transformé le champ de bataille en mer de boue. Beaucoup de combattants se sont noyés dans les trous d'obus et les abris effondrés. De nombreux blessés ne purent être dégagés de la boue où ils étaient tombés. Par la grâce d'une bonne étoile, peut-être un peu aidé par l'expérience de l'âge, notre Fernand sort vivant de ce carnage. Il vient d'avoir 40 ans... Il reviendra néanmoins partiellement sourd. Dans le journal des opérations, on voit aussi que la guerre psychologique s'est invitée dans le conflit, tant pour saper le moral de soldats que pour le remonter... Le 2 juin, on apprend que:" des patrouilles envoyées en avant du front ont rapporté des feuilles suspendues à des arbres ayant pour but d'engager les hommes à se rendre comme prisonniers (5 gravures représentent des prisonniers français à l'église, au réfectoire, au gymnase, etc... très bien traités!)" Le 6 juin, Mr le président de la République, Raymond Poincaré, passe le bataillon en revue. Le 9 juin, les premières croix de guerre sont remises. En juillet et août, le 106ème est retiré du front. "Pendant cette période de repos, reprise de l'instruction, remise en état du régiment." Comme il doivent souffler, ces survivants de l'horreur. Et comme leur famille doit leur manquer, depuis une année qu'ils sont partis de leur foyer. Le 2 septembre, "le corps quitte sa zone de stationnement pour se reporter vers l'ouest, en colonne par division, le 106ème en tête de la 24ème brigade. Marche de 38 kilomètres, assez pénible (!)" En plusieurs marches de nuit, le bataillon parcours les 80 kilomètres qui séparent Rumont de Cernon. "Date de l'attaque: 25 septembre" C'est la deuxième bataille de Champagne. La chance quitte (partiellement) Fernand: son registre matricule nous indique qu'il est évacué le 27 septembre sur l’hôpital auxiliaire de St Etienne. Entre le 26 et le 27, on dénombre plus de 100 morts, 400 blessés et 130 disparus. Fernand a donc la chance d'être vivant, d'autant que sa blessure ne doit pas être très grave car on le retrouve, comme l'indique sa fiche militaire, engagé dans les combats un mois et demi plus tard. A la lecture des informations notées sur le registre militaire, on apprend que Fernand échappe à la mort, car il est blessé le 14 novembre 1915 "à son poste de sentinelle avancée", "évacué blessé le 14 novembre, hospitalisé dans la zone des armées". Là, on le dit "blessé le 16 à la barricade", "séton cuisse droite". (Une blessure en séton est une plaie faite par une arme blanche ou par une balle, quand celle-ci est entrée sous la peau et ressortie sans pénétrer dans les muscles.) Il sort de l’hôpital (St Etienne semble-t-il) le 18 décembre avec une permission de huit jours. Peut-être passe-t-il Noël avec sa femme et ses enfants, toujours est-il qu'il rejoint son régiment le 26 décembre 1915. Les tourments de Fernand et de ses proches sont loin d'être terminés: il fera encore quatre années de guerre et ne sera libéré que le 5 janvier 1919. Début janvier 1916, le 106ème RI est stationné au camp Berthelot près de Mourmelon le Grand, dans la Marne. C'est un important camp d'entrainement situé en Champagne. Jusqu'à mi-mars, les compagnies alternent entre la surveillance et les travaux dans les tranchées et le repos et l'instruction au camp. Il est probable que Fernand ait eu une permission au mois de mars, puisque son épouse Pauline accouchera de deux jumeaux le 5 janvier 1917, dont l'un seul vivra, Jérome. Jusqu'à mi-mai, le secteur ou se trouve Fernand est relativement calme, chacun des ennemis renforçant ses positions. Le 19 mai, il est noté que les allemands envoient des nappes de gaz chloré et des obus lacrymogènes, le vent du nord les poussent vers les tranchées, mais les masques permettent aux hommes de se protéger. Des tirs de barrage de l'artillerie empêchent les tentatives d'attaque de l'infanterie ennemie. Mais en cette année 1916, la guerre se joue ailleurs... De février à avril, les allemands ont lancé l'offensive à Verdun autour du fort de Douaumont. Pourtant, les lignes françaises tiennent bon jusqu'en mai et juin. Le 15 juin, le 106ème quitte ses cantonnements. Les troupes sont embarquées par camion pour Haudainville, au sud ouest de Verdun. Le régiment de Fernand a eu la chance d'échapper aux premiers mois de la bataille de Verdun. L'offensive allemande lancée en février n'a pas aboutie, Verdun, c'est une guerre de position, les pertes humaines ont été considérables, pour un territoire conquis nul. De février à décembre 1916, après 10 mois d’atroces souffrances pour les deux camps, la bataille aura coûté aux Français 378 000 hommes (62 000 tués, plus de 101 000 disparus et plus de 215 000 blessés, souvent invalides) et aux Allemands 337 000. 53 millions d’obus y ont été tirés: si l'on ramène ce chiffre à la superficie du champ de bataille, on obtient 6 obus par mètre carré... En juillet 1916, 70 des 95 divisions françaises sont engagées dans la bataille, soit un million cinq cent mille hommes, les soldats restant quatre ou cinq jours en premières lignes, puis la même durée en secondes lignes et dans les villages de l'arrière-front (alors que les soldats allemands restent sur place et voient leurs effectifs complétés au fur et à mesure des pertes). Pour le 106ème, à partir du 18 juin, le journal de marche égraine chaque jour le nombre de morts et de blessés de ses troupes. Le 19 juin: " ... les blessés affluent à l'abri des combats, les évacuations ne peuvent se faire que la nuit..." le 21 juin: "... les allemands ont attaqué...ils ont percé le front... un grand nombre d'hommes a été vu se rendant..." |
1956 : | 1956 :Hospitalisation - Tullins, 38517, Isère, Rhône-Alpes, France Une fin de vie douloureuse. Eliane Frandon, née Eliane Collet, est la fille de Jérome, le frère d'Emma, notre grand-mère. Notre cousine est en 2020 la mémoire vivante des Collet. Elle se souvient que la mémé Collet, Pauline, avait des soucis de santé mentale à la fin de sa vie: elle aurait eu "un ramollissement du cerveau suite à une jaunisse", on peut penser qu'aujourd'hui on parlerait peut-être de maladie d'elzeimer. Ou de sénimité. Fernand était désemparé, son épouse ne le reconnaissait plus, elle faisait des fugues, elle disait qu'elle rentrait à la maison (s'imaginait elle de retour dans le Villard d'Arêne de son enfance...). Comme il ne pouvait plus s'en occuper seul, Fernand et Pauline furent admis à l'hospice de Tullins. C'est là qu'il mourut dans des conditions suspectes, défenestré ou tombé d'un balcon. En raison de ses troubles psychiatriques, Pauline ne put rester à l'hospice de Tullins. Son fils Jérome et sa femme Manou essayèrent quelques temps de la garder à la maison, mais c'était trop difficile. Elle fut donc placée dans la partie psychiatrique de la maison de retraite de Rives. Ma sœur Chantal se souvient d'être allée lui rendre visite avec la Mémé Emma, en bus en venant de Tullins. Elle était très petite et en a gardé un souvenir terrorisé... Pauline mourra deux ans après Fernand, en décembre 1958. J'avais moins d'un an. |
12 mars 1956 : | 12 mars 1956 :Décès - Tullins, 38517, Isère, Rhône-Alpes, France Fernand décède dans des conditions suspectes, défenestré, à l'hospice de Tullins le 12 mars 1956, soit 60 ans ans et 3 jours avant sa petite fille Paulette. |
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