Sosa :22
  • Né le 28 janvier 1875 - Civry
  • Décédé le 27 septembre 1935 - Saint Cloud en Dunois,à l'âge de 60 ans
  • Tailleur d'habits à Civry Mosny
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A participé à la Grande Guerre

L'actualité de la guerre au jour le jour
Domicile lors de la mobilisation : Civry (28)

 Parents

 Union(s) et enfant(s)

 Fratrie

 Notes

Notes individuelles

Mariage d'Alphonse et ThérèseAlphonse, né le 28 janvier 1875 à Civry est le fils unique, dès l'âge de six ans, d'Alfred Galerne et Armandine Jolivet, un couple de petits cultivateurs puis employés des chemins de fer.Son frère, Paul Eugène, est mort à un an (1877-1878) et sa soeur, Armandine Valérie, également morte en bas âge en 1881.Alphonse, scolarisé d'abord à Civry puis à Lutz en 1883, est un excellent élève et ses études se prolongent, un an, après son certificat d'études primaires au collège de Mainvilliers en 1887. Il y apprendra même un peu d'anglais. (La pratique était assez courante en faveur des meilleurs élèves, peu argentés, des écoles publiques sur proposition de l'instituteur.) Le 15 septembre 1888, il entre en apprentissage chez Monsieur Violette, un tailleur de Chateaudun, situé place du 18 octobre. Il obtient sa qualification d'ouvrier en 1890 et s'embauche chez Jaboureck à Sancheville jusqu'au 31 décembre 1890, puis à Orléans chez Venot du 28 janvier 1891 à novembre 1892. Le jeune ouvrier travaille à Chartres de 1892 jusqu'au 10 juin 1893. Durant ces années, son père est poseur de rail et sa mère garde barrières au PN 30 puis 26 de Jallans vers Mainvillliers (tout près de Chartres).Le 30 juin 1893, Alphonse s'engage dans l'armée pour 4 ans, au 102ème régiment d'infanterie de Chartres en tant qu'ouvrier tailleur. C'est alors un jeune homme d'un mètre soixante quatre aux yeux bruns et cheveux châtains.A son retour à la vie civile, Alphonse est employé à Romorantin le 4 janvier 1899, puis revient à Civry le 3 avril 1902. Il épouse le 2 mai 1903 Marie Thérèse Robillard à peine âgée de 19 ans et originaire de Civry.Aussitôt le couple se met à son compte, lui tailleur et elle couturière, au hameau de Mosny sur la commune de Civry. Au début l'argent manque et les parents du couple participent à l'équipement de l'atelier en achetant leur première machine à coudre. Alphonse et Thérèse confectionnent des vêtements d'hommes, de femmes et des robes de mariées. La clientèle est d'origine très diverse et vient même de Chateaudun. Le frère de Thérèse, Marcel, est aussi tailleur, mais à Dangeau. Alphonse et Marcel s'échangent du travail en se rencontrant dans un café du village de Lolong. Lolong situé à mi-chemin entre Dangeau et Mosny, les deux hommes s'y rendaient à bicyclette.La famille s'agrandit en 1904 avec la naissance d'Henriette, de Madeleine en 1906 puis de Marcelle en 1913.En 1914, la grande guerre éclate et c'est la mobilisation générale. A 40 ans, Alphonse est mobilisé au 30 ème territorial à Chartres. Il est d'abord garde-voie puis tailleur pour la confection d'uniformes et fait la connaissance de 2 collègues qui deviendront des amis : Monsieur Marusseau de Saint Cyr, qui était le tailleur des élèves de l'école militaire et Monsieur Klein exerçant à Trappes La Boissière. Malade, il est hospitalisé à Chartres du 22 fèvrier au 9 avril 1915. En Août c'est le départ vers le front avec la 15ème compagnie.Alphonse note précieusement sur un carnet les villes qu'il traverse : Connerré-Beillé (près du Mans) le 11 août, Theuville, Voves, Fains la Folie, Orgères, Les Aubrais, Vitry aux Loges, Montargis, Courtenay, Chatillon, Chateauvillain, Bologne, Jinville, Saint Dizier, le 1er septembre à La Chalade en Argonne. Le 8 septembre il fait parvenir à sa famille une carte du secteur sur laquelle il marque sa position, aux Islettes, par un trou d'épingle pour éviter la censure. Il assiste au bombardement de Sainte-Ménéhould le 14 septembre.Alphonse correspond avec son épouse tout au long de la guerre par cartes postales. (voir en annexe la copie de la correspondance du 11/9 au 28/12/1915).En 1916, il est vraissembablement dans les tranchées et son livret militaire porte, le 1er octobre, la mention GBDG (grand bléssé de guerre?).Affecté le 1er septembre 1917 au service infirmier, il termine la guerre à Strasbourg du 28 décembre au 1er janvier 1919 date de son retour au foyer.Alphonse revient à l'atelier familial. Il participe à la formation de ses trois filles au métier de couturière. La famille s'agrandit à nouveau avec la naissance, en 1923, d'un petit garçon prénommé Paul et d'une quatrième petite fille, Simone, qui décèdera l'année suivante victime de la grippe. La crise économique s'installe peu à peu en France et touche quelques artisans dont la famille Galerne. Alphonse lâche alors son atelier toujours maintenu par Thérèse. Chauffeur dans une laiterie, il dirrige l'été la batterie de blé de Monsieur Renard.Le 27 septembre 1935 à 11h30, Alphonse, après avoir travaillé à la conduite d'une locomobile à vapeur lors du battage du blé à Saint Cloud en Dunois, s'effondrait dans le fossé alors qu'il revenait à son domicile sur son vélo. Il s'était plaint quelques heures avant, au moment du café, de petits malaises.Il avait 60 ans, il laissait un fils de 12 ans et une veuve de 51 ans.

  Correspondance, écrite aux dos de cartes postales, par Alphonse Galerne destinée à sa femme durant la première guerre mondiale.

Carte ; « Connerré-Bellé. Monument élevé à la mémoire de Mme La Comtesse de Nicolay et de son fils le Comte Christian de Nicolay, décédés en ce lieu affreusement broyés par un rapide au passage à niveau de la gare de Conneré-Bellé, dans la nuit du 4 décembre 1910. »11 août 1915 (timbre de la poste)Ma Chère Thérèse,Je suis de passage à Connerré pour Bermitables. Je passe à la 15ème compagnie, mon ancienne. Sitôt arrivé je vais demander pour la permission. Je sis pas si je vais réussir. Embrasses les petites pour moi. Ton mari qui t’aime. A Galerne.

2 cartes : « Four de Paris (Argonne) » (Ruines d’un château)L’argone- La chalade (les plagneux) avec commentaires écrits : « Dernier pays avant les boches aujourd’hui en ruines totalement. »1er septembre 1915.Ma chère Thérèse,Je te remercie beaucoup de ton colis que j’ai reçu aujourd’hui, mais surtout de ta pipe qui m’a fait bien plaisir. Je l’ai étrennée sitôt arrivée. Elle ne sera pas embarrassée dans la poche. Je te remercie aussi de la fromagée qui a l’air bonne et le fromage, voilà quelques chose de bon, avec ça pas besoin de viande et les filets de harengs, je crois vraiment que tu veux me gâter. J’oubliais le tabac et le chocolat. J’ai oublié de te dire que dimanche un camarade nous a payé une poule et des huîtres pour déjeuner le tout arrosé de deux bouteilles de Médoc. Nous n’en ferons peut-être pas de pareil de sitôt. Je ne vois plus rien de nouveau à te dire pour le moment si ce n’est que le canon tonne depuis deux jours et deux nuits du côté de la Champagne et du four de Paris. J’ai aussi reçu une lettre de chez nous en même temps que la tienne. Je vais même répondre aujourd’hui. Le temps a encore l’air de vouloir se remettre à la gelée. Bien le bonjour à toute la famille et embrasses les petites filles pour moi.Ton mari pour la vie. A Galerne.

Carte : « Argonne – Le défilé des Islettes. » Photographie prise avant la guerre.Chères filles 11 septembre 1915,Bons baisers a vous trois et surtout soyez bien sages et bien obéissantes. Vous les deux grandes ne faites pas trop embêter votre mère qui doit s’ennuyer. Je la vois d’ici.Votre père qui vous embrasse.A Galerne.

Carte : « En Argonne. Château du four de paris pris maintes fois. »5 octobre 1915Ma chère Thérèse,Je vois que tu ne reçois pas toutes mes lettres. J’ai reçu mon pantalon de suite après la lettre. Pour le moment je n’ai pas de rhume. Martin est arrivé au repos ici hier comme je revenais d’habiller les autres aux Serrades où j’ai vu Jules et plusieurs autres du pays. Petit est caporal maréchal. Bonjour à tous et embrasses les petites filles pour moi.Ton Alphonse qui t’aime pour la vie. A Galerne.

Carte : « La grande guerre 1914-15 l’église de Souain (Marne) après le bombardement. »7 octobre 1915Ma chère Thérèse,Je repars ce matin travailler pour les camarades qui sont aux Serrades. Je crois que ça va encore durer 2 ou 3 jours, après je reprendrai mes habitudes. Bonjour à toute la famille et embrasses les petites. Ton mari pour la vie. A Galerne.

Carte : « Vue générale de Suippes. Grosse cloche de l’église tombée avec son échafaudage. »12 octobre 1915Ma chère Thérèse,Je crois que si je n’ai pas eu de lettre hier toi tu en auras 2 à la date du 11. Je ne vois rien de nouveau à te dire pour le moment. On entend toujours le canon du côté de la Champagne. Chez nous rien de nouveau. J’ai reçu une lettre de Marcel (1) hier, il est encore reconnu inapte avec 1 mois de tranquillité. Je me dépêche il va être l’heure de commencer à travailler et comme nous avons du travail au moins pour un mois d’avance ! Bonjour à toute la famille et embrasses les petites pour moi. Ton Alphonse qui pense sans cesse à toi pour la vie ma Thérèse. A Galerne.

(1) Marcel Robillard frère de Thérèse né le 16/08/1876, 39ans, également tailleur. Habite Dangeau.

Carte : « Campement d’artilleurs en Woëvre »23 octobre 1915Ma chère Thérèse,Je t’envoie une carte qui te donnera une idée des campements que j’ai vu des gourbis ou nous avons été pour travailler peut-être allons nous avoir le bonheur d’aller dans un pays habité car dans la contrée ici pas beaucoup d’habitants quoique ça, il en revient tous les jours.… suite sur une autre carte perdue.

Cartes : « Clermont-en-Argonne- Rue de la gare (prise de l’abattoir) » Champs de ruines et « les ruines de Clermont-en-Argonne (Meuse) Le pays entier fut la proie des flammes » Champs de ruines.28 octobre 1915Ma chère Thérèse,Le temps s’est un peu rassuré hier. Je crois qu’il va encore se gâter aujourd’hui, il est en train de se couvrir et il fait un froid de voleur. Chien de pays, cuit au soleil et à l’abri l’après-midi et gelé la nuit. Je crois que si ça continue je vais donner mes huit jours au singe. Ici encore un peu de nouveau, les hommes ne touchent plus de vin mais ¾ de boisson chaude, soit café ou thé, par jour. Merci si seulement c’était bon, mais c’est du jus de chapeau.Je n’ai pas plus de nouvelles de Marcel que toi. Il est vrai que sur ma dernière lettre je lui demandais mes ciseaux et je n’en ai pas encore entendu parler. Joseph Robillard (1) a de la chance lui ce n’est pas comme nous autres. Il est vrai qu’il y avait déjà un moment qu’il était parti. Nous allons probablement être versés en bataillon d’étapes soit à Saint Dizier soit à Bar-le-Duc. Nous allons probablement être versés en bataillon d’étapes soit à Saint Dizier soit à Bar-le-Duc. Nous ne savons pas où cela, d’ici peu probablement. Le mouvement a commencé. Ceux de 90 (4 seulement) sont relevés d’hier comme de 91 ils ne sont pas plus de 100. Je crois que ça ne va pas être long. Pour Louis Allezy (2), il est tout près à la verrerie aux Islettes. Seulement il est absolument interdit d’y aller. Pas de danger de s’ennuyer on n’a que de 10h à midi a soi… (illisible) et dimanche il faut manger, éplucher les pommes de terre, se raccommoder et laver autrement tu es roulé le soir il ne fait plus clair et le matin non plus.J’ai été hier soir chez Mr Théno… il m’a montré la carte qui leur a fait bien plaisir. Remercie les bien chez nous et bonjour à toute la famille pour moi, embrasses les petites filles, ton mari qui t’adore.A Galerne

(1) Joseph Robillard né le 21/07/1871, 44ans, époux d’Adeline David cantonnier et cultivateur à Civry incorporé le 2 août 1914 dans un régiment de territoriaux GVC puis au début de l’année 1915 au 73e régiment du génie. Futur beau-père d'Henriette.(2) Louis Joseph Allézy né le 16/08/1888, 27 ans, fils d’Edouard Allézy le maréchal ferrant de Varize.

Carte : « Ruines de Clermont en Argonne »29 octobre 1915Ma chère Thérèse,Je remplace le papier par les cartes postales des environs. J’ai reçu ta lettre m’annonçant l’envoi des colis qui était arrivé en gare avant que j’ai ma lettre. Tu vois qu’il n’a pas mis longtemps. Je crois que tu as eu du mal pour le faire partir. Tout va bien qui finit bien. Pauvre petite Marcelle mettre du chocolat à papa, elle qui l’aurait si bien mangé. J’ai trouvé le paquet d’aiguilles avec celle à coton dedans. Ce soir je vais repriser mes chaussettes. Je ne me dis pas artiste, comme je boucherais les trous je les mettrais dans mes pieds tout de même quand j’aurais mes souliers et comme je ne les quitte jamais ça ne se verra pas. Demain je t’enverrais un endroit où ça a chauffé. C’est peut-être là qu’est arrivé ce que tu crois mais ne dit rien.

Carte : « Les villages que nos soldats construisent en Woëvre »29 octobre 1915Chères filles,Je vois que vous travaillez bien et avec courage faites tout ce qui dépend de vous. Si j’étais à la maison je pourrais vous montrer puisque c’est impossible pour le moment continuez comme vous êtes parties.Votre père qui vous embrasse.A GalerneEmbrassez petite Marcelle pour moi et toute la famille.Envoi de Galerne tailleur CHR 30ème territorial secteur postal 59.

2 Cartes : « Ruines du four de Paris (Meuse)où se livrèrent de très nombreux combats. » et « l’Argonne-Tahure-vue générale » (vue prise avant la guerre)30 octobre 1915Ma chère Thérèse,Il est bien probable que quand nous serons relevés nous ne travaillerons pas de notre métier, nous serons envoyés chacun de notre côté. Je crois que les jeunes qui sont dans les bataillons d’étapes doivent rester. Ceux du métier seulement la relève se fait tout doucement. Il y en a encore huit de partis hier. Tu te demandes comment sera la vie après le guerre, ne te fais pas de bile, tu sais bien que quand je suis à la maison je ne suis pas embarrassé de plus j’ai deux bras qui ne sont pas encore pourris. J’ai dû te mettre que Pavie était pour revenir avec nous. Il est arrivé hier soir et il dit qu’il était content d’avoir vu ce que c’était mais qu’il serait encore plus content de ne plus retourner. Ce n’est plus le même, ce que sa figure et son ventre ont coulé ! Il dit que ce n’est pas une vie, il vient de 1ère ligne et dit qu’il s’y plaisait mieux qu’en 3ème car il y a moins d’obus a recevoir. Les boches ont encore bombardé le Claon nous avons plusieurs blessés et un ou deux morts. Cette carte doit-être celle du pays dans les environs duquel Albert a été fait prisonnier. Aujourd’hui il doit être en ruine comme les autres. Que Marthe lui envoie du pain si elle veut. Pour ça il lui faut acheter du pain spécial autrement le pain ordinaire serait perdu. Depuis la prise de Courtine il doit encore y en avoir de nouveaux malheureusement. Bien le bonjour a toute la famille et embrasses les filles pour moi. Ton Alphonse pour la vie.A Galerne.

2 Cartes : « Vienne-le-Château (Marne) Ruines près de l’hôtel de ville. » et « L’Argonne Le Claon – L’église » (vue prise avant la guerre.) commentaires : « Les boches ont bombardé ce pays encore une fois le 29/10 »31 octobre 1915Ma chère Thérèse,Sur ce que tu mets je vois que ce n’est pas le travail qui vous manque. Si j’étais à la maison je pourrais peut-être t’aider un peu. Marthe (1) n’est pas mauvaise cliente je crois. Pour le pétrole c’est à vous à ne pas laisser l’occasion échapper sitôt que vous pourrez vous en procurer nous aurons peut-être du mal à en avoir tout l’hiver. C’est toujours la même chose quand vous allez à Châteaudun. Mon bouc allonge tous les jours il commence même à faire la pointe et d’ici peu je ne me ferais plus rasé.J’ai écris à Bonnétable, je ne sais pas encore quand j’aurai la réponse, probablement avec les camarades qui ont été en moisson et qui n’ont pas été réglé avant de partir, l’argent n’est pas encore parvenu. Cela me fera un peu plus de cinq francs et quelques sous pour moi. Je suis comme vous, depuis que Marcel à changé de compagnie, je n’ai pas eu de nouvelles de lui. Je lui ai envoyé une carte sur laquelle j’ai mis « Marcel es tu mort. Signé Alphonse» Du moment qu’il n’a pas répondu à ma lettre ! il est vrai que je lui demande mes ciseaux dessus et je crois bien que ça le contrarie. C’est rare si Barussaud ne les a pas emporté avec lui à St Cyr !Quelle veine ils ont eu d’autres jeunes depuis qu’ils sont rentrés à la SHR dans d’autres régiments et nous sommes toujours au 30, mais un peu loin de la garnison. Je vais envoyer a petite Marcelle un de ces jours une lettre. Bien le bonjour a toute la famille pour moi et embrasses bien les 3 filles pour moi qui t’envoie mille baisers. Ton mari qui t’aime pour la vie. A Galerne.(1) Marthe Rachelle Normand née en 1882 épouse d’Aurélien Martin cultivateur, futur maire de Civry.

Carte : « En Champagne. Suippes-Usine incendiées par les Allemands. »1er novembre 1915Ma chère Thérèse,Encore un mois qui va commencer et combien encore comme ça à être loin de toi et aujourd’hui encore il doit y avoir un grand nombre de familles qui apprendront leur malheur d’ici quelques temps. Depuis 2 jours le canon ne cesse de tonner mais sans discontinuer. Je pense que nous apprendrons du nouveau d’ici deux ou trois jours peut-être avant. Je vois que vous avez eu la visite de Marcel et Blanche vendredi, c’est ta lettre qui me l’apprend. Je n’ai rien reçu, ni lettre, ni colis. J’ai envoyé une carte à Marcel. Je crois te l’avoir marqué. C’est un flemmard, je lui ai écrit et il ne me répond pas.… suite sur une autre carte perdue.

2 Cartes : « L’Argonne. Nos « poilus » à une fontaine. La Houyette » et "Souain (Marne) intérieur de l’église bombardée par les allemands + traduction en anglais »8 novembre 1915Ma chère Thérèse,Je suis aux tranchées depuis ce matin. J’ai été faire une course. On m’a fait faire 5 kms de plus que j’aurais dû. Heureusement que les boches étaient tranquilles ce matin car des moments il y fait chaud. Il n’y avait que les mouches qui bourdonnaient, les marmites étaient absentes, tu sais ça ne fais aucun effet. Je ne m’en fait pas plus que si j’étais dans mon jardin. Quand est ce que j’y serai comme c’est parti là encore au moins 1 an. Bonjour à toute la famille et embrasse les petites pour moi. Ton Alphonse pour le vie. A Galerne.Je te fais la lettre dans la guitoune où je vais coucher ce soir. Je vais dormir au son du canon cette nuit.

Carte : « Explosion d’un obus à Vienne le Château. »12 novembre 1915Ma chère Thérèse,Hier pas de lettre, ce que j’ai trouvé le temps long. La soirée était interminable. Il est encore arrivé 40 nouveaux venant de Bonnétable et ce sont des hommes de 5 classes depuis 90 jusqu’à 94, ils sont partis pour les tranchées de suite. Tu parles s’ils vont être frais, de l’eau à discrétion, gare les maladies. Heureusement pour moi qui n’ai pas y aller de ce moment, quelle humidité !(la carte représente l’explosion d’un obus à Vienne le Château)J’ai vu éclater ça de beaucoup plus près. Les morceaux tombaient auprès de nous et tout autour.

Carte : « Vue générale des Eparges »15 novembre 1915.Ma chère Thérèse,Je commence a pas avoir trop chaud tu sais. L’humidité pénètre les chaussures, ça fait frais.. le temps est un peu moins mauvais qu’hier car nous avons eu de la neige jusqu’à 2h de l’après midi. Nous pouvons nous apprêter a passer l’hiver ici dans cette contrée où les hivers sont très rigoureux, mais que veux tu nous allons peut-être passer … à l’arrière d’ici un moment, peut-être un mois, peut être plus. Cela ne sera pas le meilleur moment de la saison. J’ai reçu la lettre de chez nous avec un billet dedans. Tu les remercieras pour moi je vais faire une lettre tantôt elle partira demain. Bien le bonjour a toute la famille et embrasse nos petites filles pour nous.Ton Alphonse pour la vie. A Galerne

Lettre19 novembre 1915Ma chère Thérèse,Je te renvoie la (illisible) d’Henriette remplie. Oui j’ai reçu mon mandat mais une semaine après que tu me l’as envoyé et aussi un billet … dans une lettre. Nous sommes tous en colère pour la nourriture si ça continue on en crèvera et pourtant je ne suis pas délicat. J’ai fait un trou à l’endroit où nous sommes. ….On va décorer un officier, donc prise d’armes, tout le monde en tenue.Bien le bonjour à toute la famille et embrasse les filles pour moi.Ton mari qui t’aimesAlphonse.Note sur le côté : J’ai les pieds à la glace ce matin toujours l’humidité.

Carte : « Rarécourt-La fontaine circulaire » Alphonse note : « Il ne reste que la fontaine qui n’a presque rien ».20 novembre 1915Ma chère Thérèse,Ce matin je n’ai pu finir ta lettre. A 6 heures du matin prise d’armes pour remise des décorations. Nous avons été de 7 à 10h ½ sac au dos tu parles d’un poids. Pour la fromagée tu ne t’es pas trompée, les camarades m’ont aidé, elle était excellente. Je t’ai dit que j’avais reçu ta lettre disant qu’Adrien Prévost était mort avec 2 jours de retard ce qui fait que je ne comprenais pas l’enterrement de qui nos parents étaient. Je te prie de croire que nous avons eu froid ce matin, ici il fait un froid de voleur et de l’humidité a discrétion, les souliers prennent l’eau.

2 cartes : « Clermont-en-Argonne » (champs de ruines)24 novembre 1915Ma chère Thérèse,J’ai bien reçu ton colis hier soir. Je te prie de croire qu’il est bien venu. En ce moment-ci c’est plutôt pire qu’à l’habitude pour la nourriture. Oh ! les vaches ! Avant hier il est passé 3 avions boches qui ont lancé des bombes sur Clermont et les environs sans accident de personne, il n’y a eu des dégâts qu’au cimetière où avec une bombe ils ont détérioré plusieurs tombes en arrachant jusqu’à des morceaux de cercueil et je ne t’en met pas plus long, c’est trop macabre. Ici nous sommes sur le qui-vive toujours dans l’attente d’ordres. Lesquels ? nous l’ignorons. Chacun donne son avis mais ne sait rien. Bien le bonjour à toute la famille et embrasse les filles pour moi. Dis à Henriette que j’avais bien compris. Ton mari pour la vie. A Galerne mes meilleurs baisers.il faudrait une autre fois mettre plus lisible l’encre était effacée.

2 cartes : « L’Argonne-Le Neufour. » (prise de vue antérieure à la guerre.) et tombes de soldats français tombés sur le champs de bataille de Maurupt-le-Montois 72e et 12e de ligne, 18e et 9e bataillon de chasseurs à pieds, 5e génie. »27 novembre 1915Ma chère Thérèse,Ne me parles pas de la fameuse carte qui finissait en 5 sec, que veux tu quand les ordres arrivent, pas d’explication, il faut marcher. Je ne suis jamais un jour sans t’écrire. Tu me dis que Maxime ne peut pas avoir l’habit militaire. Je te prie de croire que le casque est vraiment lourd. Pour la barbe je n’ai encore que le bouc qui a déjà 4cm de long. D’ici un moment je laisserai tout pousser à volonté. Quelle camelotes que les souliers que l’on nous donne. Aujourd’hui vous parlez de permission toi et Marie comme s’il en pleuvait. Il faut encore attendre un peu que tous ceux qui étaient au régiment avant nous y aient été et si nous changeons de régiment ce sera à recommencer. Pour les lettres je les reçois régulièrement même que quelques unes prennent de l’avance et ne mettent que deux jours à venir me trouver. Tu me diras si tu as reçu la carte de la contrée que je t’ai envoyée. Je finis ta lettre à 6 heures du matin. J’espère ne pas être dérangé aujourd’hui. Bien le bonjour à toute la famille et embrasse les petites filles pour moi. De plus reçois de ton Alphonse ses meilleurs baisers.Ton mari qui t’aime pour toujours. A Galerne.

2 cartes : « L’Argonne-LeClaon-Vue générale » (prise de vue antérieure à la guerre) et "L’Argonne-vallée de la Biesme au Claon. »30 novembre 1915Ma chère Thérèse,Comme tu me le dis je ne suis pas de ces plus heureux sans pipe surtout qu’ici nous avons du mal à nous procurer du tabac fin, il est rare ; je ferai tout mon possible pour ne pas la perdre. Comme elle le sera je la trouverai bien. Je vois aussi que les allocations sont revues de près. Pour ce qui est des 10,50 je les ai aussi touchés seulement comme nous étions toujours en train d’emménager il se peut que j’ai oublié de te le dire. Maintenant nous allons être chez nous. J’ai les mains totalement abîmées à force de bricoler heureusement que c’est bientôt fini, je ne ferai qu’une petite chose tous les matins. Heureusement que nous sentirons le … (illisible) le vent est à peu près le maître tout au plus s’il veut laisser la bougie allumée, il va falloir que je fasse une lanterne avec une bouteille comme cela nous nous serons éclairés. Il y a un moment que je n’ai pas eu de nouvelle de Marcel. Te dire ce qu’ils feront de nous je l’ignore, on doit toujours aller à l’arrière mais quand voilà ? Nous étions sur le palier de l’escalier après avoir fait 3 chambres pour travailler et tout ça en une semaine. Heureusement que c’est fini et qu’il tombe de l’eau jusque sur le lit qui est à trois étages, mais comme je couche en bas il faudra qu’il en tombe beaucoup. De 10° au dessous de zéro le temps s’est radouci et il pleut à torrent depuis hier midi. Un sale temps qui est de tout ce qu’il y a de plus malsain. Mais je plains les malheureux qui sont dans les tranchées par un temps pareil. Quel chien de pays. Je joins l’article qui remets les choses au point. Tu conserveras les deux. Bien le bonjour à toute la famille et embrasse les filles pour moi.Ton mari qui t’aime pour la vie. A Galerne.

2 Cartes : « La messe en plein air - Argonne » et « près de Ville-sur-Tourbe (Marne) Convoi apportant des chevaux de frise aux tranchées » avec commentaires : « Ils sont faits avec des bois en forme de tambours mais avec des fils barbelés tout autour et entrelacés. »3 décembre 1915Ma chère Thérèse,Je vois que tu n’as eu de lettre le 29. Moi je les reçois régulièrement. Ici comme temps c’est toujours le déluge, de l’eau à discrétion. Il faut croire qu’elle ne coule pas chère comme dit mon père. On doit avoir non 3 mais au moins 6 hommes de plus à la pompe et tu parles d’une humidité et d’une boue, même qu’elle a de l’amitié, souvent elle essaie de vous retenir même qu’elle garde la galoche au moment où on ne s’y attend le moins. Tu parles d’un plaisir. Il est vrai que c’est de la glaise dans les tranchées, les malheureux ont de la boue par dessus les souliers. Je les plains.Je ne crois pas que nous partions tout de suite. Peut-être à la fin du mois. Nous attendons. Adolphe Servoin est arrivé hier soir au repos. Il est venu me voir aussitôt arrivé. Surtout ma Thérèse ne te tourmentes pas pour moi, tu sais que je ne suis pas bileux, que veux tu il faut prendre sa misère en patience et les déboires par le bon côté. Si tu aimes mieux il faut être philosophe dans ce métier là. Oh ! oui espérons qu’un jour viendra où nous serons ensemble mais à moins d’imprévu il est encore lointain. Je ne vois plus rien pour le moment. J’ai demandé la grosseur du doigt à Blanche (1). J’attend pour lui faire une bague. Bonjour à toute la famille et embrasse les petites filles pour moi.Ton Alphonse pour la vie. A Galerne.

(1) Blanche épouse de Marcel Robillard, frère de Thérèse. Donc belle sœur.

2 Cartes : « Campagne de 1914-1915 en Argonne – Une tranchée » et « Les ruines de Clermont – en - Argonne (Meuse) Sous aucun prétexte sauf de dissimuler leurs vols, le pays fut détruit par les flammes. »8 décembre 1915Ma chère Thérèse,Je te prie de croire que ta pipe est souvent à ma bouche car ce que j’en fume de ces pipes. Elle est très bonne tu sais. Tu demandes quand la guerre finira. Voilà ce que je ne sais pas, tu sais. Cela ne va pas vite malgré que le canon ne cesse de tonner du côté de la Champagne. Je ne sais vraiment pas ce qui se passe de ce côté là, je crois qu’il va encore rester sur le carreau beaucoup de malheureux. Cela chauffe toujours dur dans ce coin là. Encore 10 hors de combat chez nous dont 3 morts.Maintenant le lieu de repos est changé, il est remis dans un petit pays au milieu des bois et au fond d’un ravin du diable, si les boches vont les dénicher là ! Au moins ils pourrons être tranquilles.Pavie doit descendre aujourd’hui pour travailler avec nous et ce n’est plus un jeune qui va remonter prendre sa place. Il n’est pas content du tout.Je ne sais pas quand nous irons à l’arrière, le mouvement est commencé, c’est tout ce que je puis te dire. Bonjour à toute la famille et embrasse bien les filles pour moi.Ton mari qui t’aime pour la vie. A Galerne

2 cartes : « Campement complet d’artillerie en Woëvre ». commentaires : Mets en Argonne et tu te feras une idée de ce que j’ai vu en rive des bois en allant aux tranchées.« En Champagne. Au bois sabot. Une tranchée de 1ère ligne. »12 décembre 1915Ma chère Thérèse,Je te dirai qu’aujourd’hui je n’ai pas eu de nouvelle. Il y a trop longtemps que ça n’était pas arrivé depuis quelques temps. Il ne faut pas que je me plaigne, je ne vois pas grand chose à te dire pour le moment. Nous sommes toujours sur le qui vive. D’un moment à l’autre nous pouvons voir les compagnies qui sont au repos remonter. Dans les tranchées depuis quelques temps ces sales boches font des leurs. Aujourd’hui il a passé le 48ème d’infanterie. Il devait aller du côté de Taluire probablement. Les pauvres jeunes je les plains. Je ne vois rien de plus pour le moment, pour nous il n’y a toujours aucun nouveau. Je ne crois pas que ce soit tout de suite. Bien le bonjour à toute la famille et embrasse les petites filles pour moi.Ton mari qui t’aimera toujours. A galerne.

2 Cartes : « Sainte – Ménéhould – Vue panoramique » Photographie prise avant la guerre et « Perthes-les-Hurlus (Marne) – L’entrée du village après les terribles bombardements. »Reçois mille baisers de ton Alphonse. (écris au-dessus de la légende de la carte)Ma chère Thérèse,Je ne vois rien de nouveau à te dire pour le moment. Tu me parles toujours des permissions. Si je reste au 30ème mon tour viendra toujours bien dans 6 mois comme je suis affecté au 2ème Bataillon et qu’il n’a pas ses 6 mois de front il n’y a presque pas de permissions. Si d’ici quelques temps je suis changé de régiment je serai remis à la gauche, c’est à dire à la suite de la liste, alors je ne vois pas quand je pourrai y aller tu sais, car ici nous ne sommes que comme une cinquième roue à un carrosse. Si je restais ici peut-être pourrais-je y aller un peu plus tôt, car je ne suis pas mal avec mon capitaine. Mais que veux tu, si nous changeons ça dépendra de l’endroit où nous irons. Je crois que tu ne deviens pas dormeuse, mais surtout ne te rend pas malade. Vous sachant en bonne santé, je ne me frappe encore trop, mais s’il fallait que je vous sache malades les uns ou les autres ce que je me ferais vieux, ici loin de vous. Bien le bonjour à toute la famille et embrasse nos petites filles pour moi. Ton mari qui t’aime pour la vie. A Galerne.

Carte : « La guerre dans les Vosges 1914-1915 – Saint Dié avant l’occupation allemande. Déserteurs allemands au col de Saales ».Ma chère Thérèse,Je te prie de recevoir mes meilleurs vœux et souhaits de bonne année et cette fois-ci je suivrai cette carte de quelques jours. C’est le 1er janvier que nous partons pour vous rejoindre. Je te pris d’embrasser nos parents pour moi ainsi que nos filles.Reçois de ton mari les meilleurs baisers ma Thérèse chérie. A galerneComme Mr Marcel ne m’a jamais répondu je ne leur envoie rien, honneur aux anciens.

Cartes sans date et secondes cartes d’envois dont les premières sont disparues ou expédiées avec des lettres.

Carte : « Les Islettes » commentaire : Nous sommes à 2 km de ce paysLes boches sont arrivés dans la contrée le 5 septembre et ne sont pas encore bien loin. Comme tu le vois, ils ont fait brûlé plusieurs maisons dans certain pays des environs. Surtout Clermont en Argonne. Les habitants s’étaient tous sauvés, quand ils sont revenus, plus rien, que le vieux linge de resté, plus de batterie de cuisine, le lit et les meubles enduits de m… même qu’il y en a un cochon qui a ch… dans le béret d’un gamin de 4 ans. Pour les habitants qui restaient ils ont emmené prisonniers les hommes valides et pour les femmes, inutile de te raconter plusieurs scènes que j’ai entendu ici.

 Sources

  • Personne: Familiales

  Photos & documents

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 Aperçu de l'arbre

sosa Eugène Maximilien Galerne 1824-1898 portrait
sosa Françoise Victoire HUBERT 1824-1912
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sosa Paul Jolivet 1832-1909
 portrait
sosa Genviève Déparday 1827-1904
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portrait
sosa Alfred Galerne 1853-1925
 portrait
sosa Armandine Anaïse Angelina Mandine Jolivet 1856-1935
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sosa Alphonse Galerne 1875-1935