Bonjour à tous les visiteurs !
N'hésitez pas à me contacter pour me demander des renseignements, pour me communiquer des informations complémentaires, ou encore me signaler des erreurs. Merci d'avance.
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La famille est présente à Fontainebleau avant 1570, où l'on trouve le nom de Jean Nivellon, jardinier du roi, cité dans les Comptes des bâtiments du roi pour avoir reçu 155 livres, à raison de 5 livres par mois, ce qui fait remonter sa présence à près de trois ans.
On trouve aussi à la même époque, François de Nivellon, commis aux bâtiments du roi, sous les ordres du Primatice (1), mais sans qu'il soit possible de faire aucun lien avec la famille étudiée.
Dans les documents d'archives, on trouve alternativement les deux orthographes, avec deux l ou un seul.
À Jean, succède Claude Nivelon, jardinier du jardin de la reine. Il n'est pas possible à ce jour de dire si Claude était le fils de Jean, même si la transmission de la charge peut être un indice en ce sens. Claude, qui ne savait pas écrire, signait en dessinant un râteau (2). Dans les registres paroissiaux d'Avon (la paroisse dont dépendait alors Fontainebleau), on ne trouve que le prénom de son épouse, Nicolle, avec qui il a eu au moins trois enfants : Gilles, Jean, Catherine, baptisée le 7 mai 1598, et vraisemblablement Bonaventure.
L'ordre retenu pour la présentation privilégie les fratries plutôt que les lignées, afin de limiter les allers-retours dans le temps.
Fils aîné de Claude, Gilles a épousé Françoise Bouzé, le 25 novembre 1595, à Avon, et en secondes noces en août 1624, Barbe Bertrand, veuve de Barthélémy Legoust. Sa seconde épouse décède très peu de temps après son mariage, puisque ses enfants exécutent son testament le 19 décembre 1625, par lequel elle dispose d'une pièce de terre en faveur de l'église d'Avon.
On lit les noms de Claude, de Gilles et de ses fils dans des relevés d'actes notariés (4), dont quelques-uns sont repris ci-dessous :
Au moins 3 enfants sont nés de son premier mariage : Claude, l'aîné, Gilles, en 1604 et Pierre vers 1613. C'est ce qu'on déduit de l'acte qui suit :
Nous reviendrons plus loin sur les trois fils de Gilles Nivellon, peintres tous les trois.
Autre fils de Claude, Jean est le plus souvent qualifié de joueur d'instrument, parfois « d'honorable homme » ce qui semble attester d'une certaine importance sociale, sans qu'on sache comment il exerçait son activité de musicien.
Il épouse Louise Loiseau. Nous savons qu'ils ont eu au moins deux enfants : Jean, joueur d'instrument également et maître à danser, et Martin, sur lesquels nous reviendrons.
En 1621, il achète cinq perches (environ 200 m²) de terre, au terroir de Bourron, rue des Francs Bourgeois, attenant à son jardin.
Comme son frère Gilles, il a fait l'acquisition d'un office de garde des chasses.
On trouve trace d'une transaction du 23 janvier 1647, entre lui et Savinien Patrix, qu'il avait blessé
Bonaventure est vraisemblablement un troisième fils de Claude. Nous ne savons que peu de choses sur lui, sinon qu'il était aussi jardinier au château de Fontainebleau.
Il est parrain de Claude Nivelon, fils de Gilles, le 21 décembre 1627. Il est très courant alors de choisir les parrain et marraine de ses enfants, d'abord parmi ses frères et sœurs, beaux frères et belles sœurs pour les aînés, amis ou relations ensuite, et pour les puinés, leurs frères et sœurs aînés ou neveux et nièces. À la lumière de cette observation, la lecture des actes de baptême trouvés dans les registres paroissiaux de Fontainebleau nous aide à situer Bonaventure dans la famille Nivelon.
L'âge requis pour être parrain et marraine était alors de 14 ans, on peut donc supposer que Marie est née avant 1628. On peut supposer également que René et Marguerite sont aussi des enfants de Bonaventure, plus âgés et mariés avant 1642 et 1643.
Louis Chalas, l'époux de Marguerite Nivelon est également jardinier du roi. À cette époque, la plupart des mariages se faisaient dans une même caste : on estime qu'au XVIIe siècle, 90% des mariages se font entre gens de même corporation. Le couple a eu au moins cinq enfants nés entre 1635-1636 et 1643 : les deux Jean ci-dessus, nés en 1636 et 1642, Marie, née en 1638, Marguerite en 1643 et Zacharie dont on ignore la date de naissance, mais qui est décédé le 17 novembre 1715 à Fontainebleau. Marguerite est décédée le 23 août 1692, âgée de 84 ans selon l'acte d'inhumation, à laquelle assiste son fils Zacharie. qui exerce le métier de fossoyeur.
Nous reviendrons sur René Nivelon, dont la descendance a pu être reconstituée sur douze générations.
On ignore la date du décès de Bonaventure, survenu avant 1659.
Dans l' « état des gages des officiers du roi » (8) à Fontainebleau pour l'année 1664, on voit que son épouse lui a survécu au moins jusqu'à cette date.
Voilà une illustration du travail de Colbert pour organiser l'administration du royaume...
Claude est le fils aîné de Gilles et de Françoise Bouzé. Né avant 1600, il a la qualité de peintre lorsqu'il assiste à la signature du contrat du second mariage de son père, le 5 août 1624. À cette date, il est déjà marié lui même : il a épousé vers 1620 Marguerite Jacquet (peut être une petite fille du sculpteur Antoine Jacquet, dit de Grenoble, auteur de la cheminée monumentale du château de Fontainebleau, chef d'œuvre de cinq années de travail réalisé sous le règne de Henri IV).
Les registres paroissiaux nous indiquent qu'ils ont eu au moins sept enfants, entre 1620 et 1636.
Claude, baptisé le 3 mai 1621 à Avon.
Gilles, baptisé le 5 mars 1627 à Fontainebleau et qui est mort en bas âge.
Louis, baptisé le 1er septembre 1629 à Fontainebleau.
Nicolas, né peut-être en 1630.
René, baptisé le 6 janvier 1631 à Fontainebleau.
Marguerite, baptisée le 16 mai 1633 à Fontainebleau.
Et enfin, Jean, baptisé le 17 septembre 1636 et tenu sur les fonts baptismaux par Jean Dubois, peintre et valet de chambre du roi, fils d'Ambroise Dubois (9), et dont le nom est si souvent répété dans les actes de baptême, que l'on peut en déduire qu'il jouissait d'une grande considération auprès des artistes et des habitants de Fontainebleau (10).
La carrière artistique de Claude Nivelon est presque entièrement consacrée au château et à l'église neuve de Fontainebleau : en 1640, il travaille sur un chantier conduit par le maître peintre grisailleur Coubichon, à raison de 30 sous par jour. On sait aussi qu'il est allé travailler à Montereau-Fault-Yonne (11) avec son confrère Lefèvre en 1620 et qu'il y retourne en 1635, pour la décoration du chœur de l'église de Notre-Dame, cette fois-ci en collaboration avec Thibault Letellier, peintre de Moret, à côté de Fontainebleau (12).
En 1629, dans l'acte de baptême de son fils Louis, Claude a la qualité de « sergent à garde de la forêt de Bière ».
Marguerite Jacquet est décédée en 1649 et Claude Nivelon après le 19 juillet 1667, date du second mariage de son fils René, dont l'acte signale sa présence
Gilles est le frère de Claude qui précède. Nous avons vu plus haut qu'il est né en 1604 et qu'il est peintre également. Il a épousé Perrine Saulnier, avec qui il a eu au moins neuf enfants.
Claude, né le 21 décembre 1627. Son parrain est Bonaventure Nivelon, jardinier du roi.
Gilles, né le 8 septembre 1630. Son parrain est Jean Desbouts, également jardinier du roi et que nous retrouverons dans le chapitre consacré à cette famille.
Louise, née vers 1631. En 1657, elle épouse Léonard Petit qui est décédé le 4 décembre 1661 à l'âge de vint-six ou vingt-sept ans. Elle épouse en secondes noces Claude Hamelin qui est décédé le 3 avril 1682 à l'âge de quarante-deux ans. Louise lui a survécu plus de trente ans et est décèdée le 24 septembre 1711. De son premier mariage, elle a un fils, Charles, né en 1658, qui se marie à Bourges, âgé d'une trentaine d'années et alors qualifié de sculpteur. Dans l'inventaire des archives civiles du Cher (13), on lit :
Pierre, baptisé à Fontainebleau le 22 avril 1635.
Marie, née le 26 décembre 1637 et qui n'a pas vécu.
Marie, baptisée le 20 janvier 1641, qui épouse Henri Bezard, marchand à Fontainebleau, le 24 avril 1662.
Magdeleine, née le 26 juillet 1643. Elle a épousé Moïse Jolly, avec qui elle a eu au moins trois enfants : Marie décédée en 1669, Louis et François, présents à l'inhumation de leur mère.
Etienne, baptisé à Avon le 16 juin 1649.
Et enfin, Louis, né le 15 août 1659.
Nous ne savons presque rien de son activité de peintre, sinon les rares fois où le nom de Gilles Nivelon est cité comme travaillant au château sur le même chantier que son frère Claude, mais comme broyeur (chargé de la préparation des couleurs) en 1640, pour 14 sous par jour, et en 1641 à 20 sous par jour pour de menus ouvrages de peintures et de dorure (14).
Gilles est décédé entre 1674 (il est présent à l'inhumation de son frère Pierre, le 3 novembre) et le 19 octobre 1677, date du décès de Perrine Saulnier, son épouse, dont l'acte d'inhumation indique qu'elle est veuve.
Dernier des trois frères Nivelon, c'est aussi le moins connu. Il est né vers 1613. Il a épousé Louise Saulnier. On connaît deux de leurs enfants : Pierre, né vers 1647 et Bonaventure, né vers 1648, également peintres tous les deux, comme nous le verrons plus loin.
Sur la fin de sa vie, Pierre Nivelon habite rue des Maudinets, à Fontainebleau. C'est là qu'il est décédé, âgé d'environ soixante et un ans.
Les trois frères sont toujours restés dans l'indivision et on trouve leurs noms réunis dans divers actes retraçant leurs déboires financiers (15).
Signatures des trois frères NIvelon
Martin est un fils de Jean Nivelon, joueur d'instrument, et de Louise Loiseau. Il a épousé Anne Bouvais, avec qui il a eu au moins quatre enfants.
Anne, baptisée le 15 avril 1635.
Françoise, baptisée 27 décembre 1636, sa marraine est Françoise Nivelon.
Alexandre, baptisé le 16 mai 1639.
Henri, baptisé le 22 avril 1642, son parrain est Henri Desbouts, jardinier du roi.
On sait peu de choses sur cette famille. Martin Nivelon est cité parmi les broyeurs de couleur travaillant au château avec son cousin Gilles, en 1640 à 14 sous par jour, et en 1641 à 14 ou 16 sous selon les tâches (16).
Dans les registres paroissiaux, on trouve en date du 23 janvier 1662, l'acte de mariage de sa fille Anne avec Marc Sugy, cordonnier à Fontainebleau. Le contrat de mariage a été signé trois semaines plus tôt. On y lit que les parents d'Anne Nivelon sont tous deux décédés.
Jean, né vers 1604, est également un fils de Jean Nivelon, joueur d'instrument, et de Louise Loiseau. Il a épousé Jeanne Gervais. On sait qu'ils ont eu au moins sept enfants.
Françoise, née vers 1634. Elle a épousé Louis Lemery, « maître couvreur d'ardoises ».
Michel, baptisé le 9 mai 1635, son parrain est Jean Dubois, peintre et valet de chambre du roi. Il est d'abord joueur d'instrument puis devient marchand tailleur pour femmes. Il a épousé en premières noces Henriette Narjot, le 22 novembre 1660 et en secondes noces le 16 janvier 1663, Virginie Friscal, avec qui il a eu au moins douze enfants.
Jacques, baptisé le 3 novembre 1637. Musicien, son nom figure en 1674 dans la liste des neuf violons de Monsieur, le duc d'Orléans (17). Il a épousé Magdeleine Bodin. On leur connaît au moins deux enfants mariés : Marie Catherine, née vers 1665, et dont nous reparlerons et François ordonnance de la musique du duc d'Orléans également.
Pierre, baptisé le 6 novembre 1639.
Henri, baptisé le 19 octobre 1640. Il est « maître à danser » et il a épousé Magdeleine Finet le 5 février 1663 ; le couple a eu au moins huit enfants.
Signature de Henri NIvelon
Marie, baptisée le 18 mars 1643. Elle a épousé Bernard Lémery, également « maître couvreur d'ardoises ».
Et Anne, qui a épousé Jean Gobert, sculpteur du roi.
Mais revenons à Jean, leur père. Le 12 novembre 1669, il présente une requête au prévôt de Fontainebleau :
Le 7 mai suivant, il se plaint au prévôt de Nicolas et Jean Nivelon (vraisemblablement les fils de son cousin Claude, le peintre), ainsi que de Chatin père et fils, lequels « quoiqu'ignorants et incapables, se mêlent et s'ingèrent, au préjudice de la jeunesse, de montrer à danser. » Défense est faite aussitôt de jouer du violon et de montrer à danser, pour tous ceux qui n'auront pas été agréés par le lieutenant du roi des violons (18).
Il est décédé à Fontainebleau, le 3 juin 1672.
Comme pour Bonaventure, nous avons, très peu de renseignements à son sujet. Les registres paroissiaux contiennent deux actes de baptême de ses enfants : Zabulon, né le 1er septembre 1640 et Jean le 19 janvier 1643, déjà mentionné. Le nom de son épouse y est peu lisible : Nicolle Tonnelier ?
« Le 2 Septembre 1640 Zabulon fils de René Nivelon et de Nicole Tonnelier sa femmeson parrain Zabulon Saizy celuy qui lui a donné son nomsa marraine Marie Royer (?) femme de Claude Tisserand vitrier du Roy à Fontainebleau... »
Dans « L'état de la France... » de 1683 (19), dans la liste des « Officiers pour les Bâtimens, & pour la garde du Château & des Hôtels » de Fontainebleau, figure
Dans un inventaire de déclarations censitaires de 1679 à 1686, on trouve celle de « René Nivelon, concierge et garde du mail de Fontainebleau, y demeurant... » (20).On note encore sa présence, dans l'acte d'inhumation de sa belle-fille, Marie Desbouts, le 5 janvier 1690.
Il est parfois difficile de se retrouver dans la généalogie des Nivelon : la plupart des couples ont de nombreux enfants, choisissent les mêmes parrains et marraines, donc les mêmes prénoms, ceux qu'ils portent eux-mêmes, ou ceux de leurs ou frères et sœurs. Ainsi trois générations de Claude Nivelon se succèdent et les trois sont peintres.
Claude, le fils aîné de Claude et de Marguerite Jacquet, a épousé Anne Thion vers 1647. On sait qu'ils ont eu au moins dix enfants.
L'aîné est Claude, baptisé le 3 avril 1648 à Avon. Son parrain est le peintre Claude de Fontenay (21).
Gilles, baptisé le 30 septembre 1649 et son frère Anne, baptisé le 23 décembre 1651, meurent en bas âge.
Marie Anne, baptisée le 8 janvier 1653. Elle a épousé le 6 octobre 1676 à Fontainebleau, Paul Garreau, le fils d'un « hasteur de cuisine » (rotisseur) de la reine.
Jean, baptisé le 11 mai 1655, meurt en bas âge.
Elisabeth Isabelle née le 8 janvier 1657. Elle a épousé Arnaud de Besson, chirurgien.
Daniel Marie, baptisé le 13 janvier 1659, a pour parrain le peintre Daniel Pintenelle (22).
Les jumelles Anne et Louise sont baptisées à Fontainebleau le 6 février 1662 et meurent, Anne le 8 et Louise le 9 du même mois.
Et enfin François, baptisé à Fontainebleau le 13 juin 1663.
Il semble que Claude Nivelon suive d'abord la carrière paternelle. En 1641 et 1642, il est employé avec son père aux travaux du roi, appointé à 30 sous par jour, alors que son père a 40 sous par jour.
Sa réputation s'étend pourtant à quelques lieues autour de Fontainebleau (23), et c'est lui que, le 30 octobre 1673, les marguilliers du Vaudoué (24) choisissent pour restaurer les tableaux de leur église. Dans le marché passé à cet effet, il s'intitule « maître peintre du Roi à Fontainebleau » et s'engage,
Anne Thion, son épouse, a été inhumée à Fontainebleau, le 23 avril 1664, âgée de quarante ans et Claude Nivelon, le 19 avril 1681.
Nicolas est le frère de Claude, qui précède. Il est qualifié de « tourneur en bois ».
Il a épousé Angélique Voltigean, fille de Henri Voltigean et petite-fille de Josse de Voltigem (25), peintres du roi. Le couple a eu au moins six enfants.
Marie, née vers 1653 et décédée le 19 novembre 1677.
Nicolas, né vers 1658 et décédé le 3 août 1677.
René, qui est tourneur comme son père, a épousé Catherine Benoist, le 18 janvier 1684 et on peut suivre leur descendance à Fontainebleau sur trois générations.
Anne, née le 11 mars 1668 et baptisée le 12 ; le parrain est Jacques Philippe Boisseau, Sieur de Castillon, jardinier du roi, la marraine est Anne Molet, veuve de feu A. Debray aussi jardinier du Roi. Elle est décédée le 28 août 1669.
Puis Angélique, baptisée le 3 mars 1670, et Antoinette, baptisée le 4 août 1673 et décédée le 30 juin 1679.
Frère de Claude et de Nicolas, qui précèdent.
Il épouse, le 18 octobre 1660 à Avon, Louise Meusnier qui décède en accouchant de leur troisième enfant, le 3 mai 1667.
L'ainé, Adrien, est né le 6 septembre 1663.
La seconde, Marguerite, est née le 19 août 1665. En janvier 1696, elle a épousé Étienne Chenard, tapissier.René épouse en secondes noces, le 19 juillet 1667, Jeanne Jatteau : leurs trois enfants meurent très jeunes.
Dans tous les actes, il est qualifié de peintre, comme son père et son frère aîné. Il est aussi supposé avoir été sculpteur : aucun indice toutefois, sinon la chaire et le banc d'œuvre de l'église de Villiers-sous-Grez (26), qui portent sa signature, mais avec la date de 1673 (27), alors qu'il est décédé le 16 novembre 1671 !
Jean est le dernier fils de Claude et de Marguerite Jacquet.
Dans les actes, il est le plus souvent qualifié de tourneur, parfois également de joueur d'instrument (ce dont se plaint Jean, le cousin de son père en 1670). Le 30 décembre 1668, « Honorable homme Jean Nivelon, maître sculpteur, assiste au contrat de mariage de Pierre Friscal », beau-frère de Michel Nivelon, son cousin issu de germain.
Avec Anne Sébille, son épouse, ils ont eu au moins sept enfants.
Renée, qui a épousé André Morin, menuisier, le 6 octobre 1670 : Jean n'a alors que 34 ans !
Jeanne, baptisée le 28 février 1662, a épousé Jean Canto en 1681.
Bonaventure, baptisé le 12 septembre 1664, a épousé Marie Guay le 2 décembre 1684. En 1692, il est qualifié de maître menuisier.
Nicolas, baptisé le 8 juin 1668 et décédé quelques semaines après.
Guillaume, baptisé le 23 avril 1670 et décédé le 4 juillet 1692.
Marie, qui a épousé Jean Chenard.
Elizabeth, qui a épousé Jean Favron, puis Antoine Souchard.
Jean Nivelon est décédé le 20 septembre 1686.
Fils de Pierre, il est peintre lui aussi et il a travaillé au château. Mais il est surtout connu pour avoir été condamné à mort. Il fait partie d'un groupe d'artistes tapageurs, dont les noms reviennent fréquemment dans les plaintes et informations de la prévôté, pour des disputes ou des bagarres, dans les dépendances même de la demeure royale, et ce, malgré les édits contre les duels, même si ceux-ci visaient surtout les gentilshommes (28).
Le 25 août 1666, lors d'un duel, il tue son adversaire, Jean Lefèvre (29) de deux coups d'épée. C'est aussi un Lefèvre, avocat à Nemours, qui se charge de suivre l'instruction devant la prévôté de Fontainebleau. En janvier 1667, Pierre Nivelon est condamné à être pendu et ses biens sont confisqués. La sentence n'est pas exécutée, car il s'est expatrié (30).
Plus tard, des lettres de rémission lui permettent de rentrer à Fontainebleau où il épouse Agnès Guillin de Saint Hubert, le 9 janvier 1677, en présence de Bonaventure, son frère et de Michel et Henri Nivelon, ses cousins musiciens, invités à de nombreux mariages pour jouer les violons du bal.Leur première fille, Louise Catherine est baptisée le 25 novembre 1677.
L'année suivante, il cède à nouveau à son caractère violent : il a une rixe dans le parc du château en jouant aux boules avec son cousin Claude Nivelon, puis le 20 octobre 1681, il attaque devant le prévôt, Jacques Louis de Francqueville, qui l'a, dit-il, injurié et battu. Quelque temps après ces événements, il quitte Fontainebleau avec sa famille, pour s'installer à Melun. L'acte de baptême de sa fille Agnès le 21 septembre 1682, est le dernier à mentionner son nom dans les registres de Fontainebleau.
Catherine, son épouse, est inhumée dans le cimetière de Melun, le 30 novembre 1685 : il est alors archer en la maréchaussée.
Remarié avec Anne Morigny, il aurait eu deux enfants : une fille morte à un an et un garçon Pierre.
En août 1688, il est « commis aux aides en l'élection » et à sa mort le 14 août 1690, huissier royal (31).
Sa fille Louise Catherine s'est mariée en 1699, avec Jean Clary, « garde à cheval des chasses et menus plaisirs du Roi, fils de François Clary, notaire à Gap » (contrat du 9 novembre 1699) (32).
Fils de Pierre également, il est comme son père, « peintre du Roi ». Le 9 janvier 1677, il est témoin du mariage de son frère Pierre. Vers 1700, il demeure à Fontainebleau, rue de la Cloche, à l'enseigne de l'Espérance (33). Il est décédé le 27 juin 1705. Il ne semble pas qu'il se soit marié.
Comme on l'a vu ci-dessus, Zabulon, le fils de René Nivelon et de Nicole Tonnelier (?) est baptisé le 2 septembre 1640.
On ne connaît pas la date exacte de son mariage avec Marie Desbouts, mais on sait que le contrat a été signé le 14 janvier 1669 :
Un brevet du 24 septembre 1677 confie la charge de « l'entretenement du Mail de Fontainebleau et palissades d'icelui à Zabulon Nivelon, jardinier, en place de René Nivelon, son père, démissionnaire » (35). La liste des officiers du roi à Fontainebleau, établie en 1663, dans laquelle René Nivelon figurait en qualité de garde du mail, précisait que l'office serait transmis à son fils, Zabulon, « à survivance ».
Zabulon Nivelon et Marie Desbouts ont eu au moins neuf enfants baptisés à Fontainebleau entre 1669 et 1690.
Jean, baptisé le 22 novembre 1669 ; son parrain est Jean Desbouts.
Marie Catherine, baptisée le 3 septembre 1671.
Claude, baptisé le 12 novembre 1673
François, baptisé le 27 janvier 1677 et décédé le 23 novembre 1686.
Louis Anne, baptisé le 2 décembre 1678 : son parrain est Louis Desbouts, officier du roi.
René, baptisé le 21 août 1682 et décédé le 24 juin 1684.
Jeanne, baptisée le 2 novembre 1684.
Zabulon, baptisé le 20 février 1687.
Et enfin Claude né le 2 janvier 1690 : son parrain est Claude Collet, son oncle et sa marraine, Marie Catherine Nivelon, sa sœur ; il ne vit que trois jours.
Marie Desbouts décède, elle aussi, le 4 janvier, à quarante-quatre ans.
Un acte notarié du 3 novembre 1693 indique que « Zabulon Nivelon, jardinier du roi au château, tuteur des enfants de Marie Desbouts, sa femme, fait un transport d'héritage», c'est à dire qu'il cède, contre paiement, le droit qu'il a sur cet héritage.
Zabulon Nivelon et son fils Jean ont travaillé aussi à Versailles, déclarée résidence officielle du souverain et de la cour en 1682. On relève leurs noms dans un ouvrage consacré aux jardins et aux jardiniers de Versailles au Grand Siècle (36) :
Zabulon Nivelon est décédé à Fontainebleau, le 15 décembre 1694.
Claude est le fils aîné de Claude Nivelon et d'Anne Thion.
Le 19 août 1665, il est parrain à Fontainebleau de sa cousine Marguerite, fille de René Nivelon et de Louise Meusnier. Le 6 octobre 1676, il assiste au mariage de sa sœur Marie Anne avec Paul Garreau.
Le 10 avril 1681, son père « appréhendant de mourir de la maladie dont il est détenu et voulant préserver les difficultés qu'il y auroit après son déceds pour assembler les parents paternels et maternels de Daniel et François, enfants mineurs » déclare nommer et élire « la personne de Claude Nivelon, son fils aisné, peintre et dessignateur ordinaire du Roy, pour tuteur auxdits mineurs, attendu même que ladite tutelle lui appartiendroit et lui seroit déférée par les parents desdits mineurs estant leur frère et fort attentionné pour eux ». La charge de curateur des biens est confiée à Bonaventure Nivelon « peintre et bourgeois de Fontainebleau, son cousin et amy » et les témoins sont « Alexandre Bettou et Henry Voltigean tous deux peintres également » (38). Claude Nivelon père est décédé le 19 du même mois.
Cet acte nous montre le milieu d'artistes dans lequel Claude Nivelon a été élevé. Il s'est, sans aucun doute, formé au dessin et à la peinture aux côtés de son père et de son grand-père. Il semble qu'il dispose déjà d'une solide formation et fasse preuve d'une grande maturité à treize ans lorsqu'il rencontre Charles Le Brun (39), venu à Fontainebleau en 1661 à la demande du roi. L'artiste jouit alors d'une grande renommée et un premier séjour à Fontainebleau en 1640 avait déjà créé la légende d'un peintre de génie, faisant forte impression auprès des peintres locaux, et notamment Henri Voltigean dont il avait fait le portait. On comprend donc que le le jeune Claude Nivelon ne reste pas indifférent à la présence de Charles Le Brun à Fontainebleau, mais on ne sait pas dans quelles circonstances il en est devenu l'élève.
En 1667, Claude Nivelon rejoint son maître à Paris. « Lorsqu'il débuta sa collaboration avec Le Brun, Nivelon était déjà intimement son élève. (...) Il a d'abord pour tâche de faire des copies inversées, d'après ses compositions pour les transmettre aux graveurs, de reproduire fidèlement en cartons de tapisserie ses ouvrages et plus tard, lorsque sa main s'est affermie, d'exécuter en peinture, les abondants décors que son génie prodiguait pour les bâtiments royaux.» (40)
À partir de 1680, il perçoit de l'administration royale, 100 livres d'appointements par mois pour ses services aux Gobelins, où il sera logé pendant de nombreuses années.
« Avec le temps, Le Brun lui donne toujours plus de responsabilités, le gratifie de ses avis et de ses confidences, lui faisant même l'honneur, comme le rapporte Nivelon lui-même avec une modestie où transparaît une pointe de fierté, de lui exposer les principes sur lesquels il envisageait de fonder ses théories sur la physionomie. Le premier peintre lui octroya même une certaine indépendance, en lui permettant de conduire à sa guise quelques parties des décorations qu'il avait conçues. » (41)Leur collaboration durera vingt-trois années, jusqu'en 1690, date du décès de Charles Le Brun.
Les archives (42) nous permettent de connaître quelques éléments relatifs à sa vie privée.
Le 17 octobre 1681, il déclare « avoir mis comme alloué » son frère Daniel « avec Nicolas Aubry, chirurgien à Paris ».
Le 2 mars 1683 à Paris, un contrat de mariage est passé entre « Claude Nivelon, peintre et dessignateur du Roy demeurant sur le fossé Saint Victor » et Catherine Bailleul, fille de feu Louis Bailleul, bourgeois de Paris. Le couple ne semble pas avoir eu d'enfant.
Le 17 novembre 1683, Claude Guignebault, peintre demeurant à Fontainebleau, au nom et comme procureur de Claude Nivelon et par conséquent de Daniel et François mineurs sous la tutelle de leur frère, déclare avoir convenu avec Paul Garreau, mari de Marie Anne Nivelon et Arnaud de Besson, chirurgien demeurant à Souvigny près Moulins en Bourbonnais, mari d'Élisabeth Nivelon, de la nomination de deux experts pour parvenir au partage des biens de la succession de leur père et estimer les terres et prés qui leur appartiennent en commun.
Le 9 septembre 1686, Claude Nivelon et sa femme Catherine Bailleul, assistent au mariage de François, frère de Claude et peintre également, avec Vincente Avril.
En 1694, Daniel Cronström, correspondant à Paris de Nicolas Tessin architecte et surintendant des bâtiments royaux de Suède, lui commande des copies des dessins faits d'après les plafonds de Versailles. Il le sollicite à nouveau en 1698 afin d'acquérir le livre La vie de Charles Le Brun que Claude Nivelon achevait d'écrire et s'apprêtait à faire publier. Pour des raisons inconnues, ce texte ne fut jamais publié. Le manuscrit original, disparu, fut transcrit au début du XIXe siècle dans des circonstances difficiles à établir. Cette transcription, conservée à la Bibliothèque nationale de France, n'a jamais été éditée elle non plus. En 2004, Lorenzo Pericolo en fait une édition critique, permettant donc pour la première fois de consulter ce témoignage sur cinquante années de production artistique en France au Grand Siècle et la source la plus importante sur l'art du premier peintre de Louis XIV.
Le 17 octobre 1709, Marie Anne Nivelon cède à son frère Claude sa part sur la succession de leur frère Daniel, chirurgien, ce qui permet de supposer qu'il est mort sans héritier direct.
Devenu vieux et hors d'état de travailler, Claude Nivelon est pourvu d'une pension de 800 livres en qualité d'ancien peintre et dessinateur (43).
Frère de Claude qui précède, il est peintre également.
En 1686, il demeure à Paris, rue Saint Victor, vraisemblablement chez son frère Claude. Le 10 septembre il y épouse Vincente Avril, fille de Louis Avril, marchand, bourgeois de Balancourt.
Le jeune couple s'installe à Fontainebleau et le 26 mai 1687, Vincente met au monde un fils, prénommé François. Peu de temps après, la validité de leur mariage à Paris est contestée et les époux décident de repasser devant l'Église :
Ils ont un second fils, Nicolas, le 6 avril 1689. Vincente Avril décède après la naissance de Marie Anne, le 28 mars 1690. L'enfant ne vit que 2 jours.
François Nivelon s'est remarié le 4 septembre 1691, avec Marie Anne Arnault, avec qui il a eu trois enfants : François, Anne François et Marie Anne. Seul le second a atteint l'âge adulte, mais est décédé à 21 ans, le 22 novembre 1715.
On sait qu'en 1686, Francois Nivelon a travaillé au château et qu'en 1693, il entreprend avec Claude Guignebault et Louis Dubois, de décorer la voûte de l'église.
Plus tard, toujours associé à Guignebault, il exécute au château d'assez importants travaux de « grosse peinture en huile et détrempe », pour lesquels il touche en deux fois, près de 2000 livres (44).
Le 2 mai 1714, il assiste au mariage de son neveu : « François Garreau, chirurgien à Fontainebleau, fils de Paul Garreau et de Marie Anne Nivelon, et Nicole Blondeau, fille de deffunt le sieur Charles Blondeau, vivant hostelier à Fontainebleau et de Charlotte Romain maintenant sa veuve». On lit dans l'acte, que Paul Garreau est « concierge de Monseigneur le Mareschal de Villeroy » : il a donc succédé à son beau-père, Claude Nivelon, dans cette charge.
Le 2 septembre 1716, il assiste au contrat de mariage de sa nièce Françoise Garreau avec Jean Nivelon (45), « officier du Roy, demeurant à Fontainebleau, veuf de feue damoiselle Marie Charlotte de la Noue ».
En 1717, François Nivelon est « concierge de Madame la Mareschal d'Estrez en son hostel à Fontainebleau ».(46)
Il est décédé le 29 novembre 1733 à Fontainebleau.
Louis Nivelon est le fils aîné de Henri Nivelon, maître à danser, et de Magdeleine Finet.
Le 24 mai 1683, à Fontainebleau, il épouse Elizabeth Desquinz.
Le couple a eu au moins sept enfants.
Elizabeth, née en 1686 et décédée le 30 août 1687.Elizabeth, née le 18 juillet 1687 et baptisée le 7 septembre.Magdeleine Louise, née le 14 avril 1689.Marie Catherine, née le 24 mai 1690 et décédée le 28 novembre 1691.Anthoinette Catherine, née le 12 août 1691 et décédée le 26 mars 1692.Hélène Catherine, née le 11 juillet 1695.Christophe, né vers 1702, vraisemblablement pas à Fontainebleau, et décédé le 2 janvier 1708.
Des incertitudes demeurent sur sa vie professionnelle, cependant à partir de recoupements on peut penser qu'il est le personnage décrit ci-dessous.
Bien que dans les actes de baptêmes et de sépultures de ses enfants, il soit uniquement qualifié de bourgeois de Fontainebleau, il semble qu'il fût également « maître de danse », comme l'indique un acte de notaire de 1698 :
Un peu plus tard, on le retrouve comédien danseur : il est fait mention de la présence de Louis Nivelon, danseur, à Lyon en mai et en novembre 1710 au théâtre Dominique ; dans le même texte, il est également question de « Claude Nivelon et sa femme Elisabeth Dequint, à Lyon le 6 juin 1710 » (49) : à moins d'une extraordinaire coïncidence, il y a sans doute erreur de prénom.
Suivent d'autres arguments qui vont dans le sens de nos suppositions.
Louis Nivelon a épousé une Anglaise ; Nivelon, le danseur s'est produit à l'étranger avant mai 1683 : le 12 mars 1682, il signe un contrat à Paris, pour danser à Copenhague.
Louis Nivelon n'assiste pas à l'inhumation de ses filles décédées en novembre 1691 et en mars 1692, ce qui laisse supposer qu'il est loin de Fontainebleau quand elles décèdent.
Son milieu familial suffit à expliquer comment il a appris la danse et la musique, et fait connaître ses talents : il est le petit-fils de Jean Nivelon « maître de tous les maîtres joueurs d'instruments et à danser de tout le royaume », son père Henri Nivelon est également maître à danser, son oncle Jacques Nivelon est un des musiciens du duc d'Orléans, ainsi que son cousin François.
Sa troupe était composée de danseurs connus : l'Anglais Baxter, « étoit d'une taille et d'une figure très jolie sous le masque et l'habit d'Arlequin, rôle qu'il adopta en débutant chez Nivelon ; assez bon danseur et extrêmement léger : travesti en femme, il copiait parfaitement l'inimitable Demoiselle Prévost dans la danse du Caprice et celle de la Tempête d'Alcyone », Saurin « un gros garçon de fort bonne mine, jouait les travestissemens d'hommes en femmes, et les rôles de Sultan et de Pere, de plus, il étoit chargé du soin de débiter le compliment en prose qu'on faisoit en ce temps à l'ouverture de chaque foire », la demoiselle Maillard, qui jouait le rôle de Colombine, Maillard, son mari « grand et assez bien fait, il jouoit le rôle de Scaramouche », Gênois, né en Italie, « est le premier qui ait dansé sur la corde avec des sabots où il faisoit des grimaces fort plaisantes », et Mesdemoiselles Bel : « Mademoiselle Bel l'aînée était jolie et bonne danseuse de corde, elle épousa Evince, de la même troupe, le premier qui ait fait en France le saut du tonneau ; Mademoiselle Bel la cadette, voltigeoit et dansoit sur la corde lâche.» (52)
Aucune des diverses parutions consacrées à la danse, au théâtre ou aux foires, où son nom est cité, même sans le prénom, ne vient contredire notre hypothèse. L'existence de fils aussi danseurs, n'y fait pas obstacle non plus : ils ont pu naître hors de Fontainebleau, tout comme son autre fils, Christophe, décédé en 1702.
Dans un lexique des troupes de comédiens du XVIIIème siècle (53), on lit :
Les réponses nous sont apportées par la revue Le Mercure musical du 15 janvier 1907 où le nom de Nivelon fils, apparaît dans dans un article consacré à la carrière de Marie Sallé (54) : on y apprend que Nivelon fils avait été engagé par John Rich, directeur du théâtre Lincoln's Inn Fields de Londres pour les saisons 1725-26 et 1726-27, ainsi que deux autres danseurs de foire, Dupré et Poitier.
En 1728, il se produit à la foire Saint-Laurent :
L'opéra-comique, Achmet et Almanzine, de Lesage, Fuzelier et Dorneval réunissait, Nivelon et Marie Sallé. Après que l'ouvrage eut été joué pendant deux mois, sans interruption, les deux danseurs entrèrent à l'Académie royale de Musique, qu'on avait pris l'habitude d'appeler simplement « l'Opéra » (56).
On retrouve Nivelon fils à Londres (toujours selon le Le Mercure musical) en 1730-31 dans le même théâtre:
Une universitaire anglaise (58), situe l'arrivée de François Nivelon et de son jeune frère Louis à Lincoln's Inn Fields, à la fin de l'année 1723, où il se firent rapidement remarquer dans une danse du style comédie d'entr'acte, appelée « The Two Pierrots ». Le 20 décembre, ils commencent la représentation de « The Necromancer, or Harlequin Dr Faustus » avec John Rich lui-même dans le rôle d'Arlequin, Louis Nivelon dans le rôle de Pierrot et François Nivelon dans le rôle de Punch. Alors que Louis semble être rentré en France à la fin de la saison suivante, François est resté à Londres pendant une quinzaine d'années, le plus célèbre et le mieux payé de tous les danseurs de l'époque.
Il est fait allusion à François Nivelon dans d'autres textes anglais, un livre consacré à John Rich (59), qui engagea dans son théâtre, le Lincoln's Inn Fields, des danseurs français notamment Louis Dupré, François Nivelon, Marie et Francis Sallé... et dans le texte d'une conférence (60) consacrée au peintre William Hogarth, qui fut un ami très proche « d'un des plus célèbres Français vivant à Londres à cette époque, un danseur nommé François Nivelon, qui écrivit un livre fascinant. Si vous voulez savoir comment il faut s'asseoir, se tenir, parler – vous pouvez sourire mais pas rire dans le Londres du 18ème siècle – vous devez lire « The Rudiments of Genteel Behaviour » de Nivelon, un livre merveilleux et je vous le recommande, si vous pouvez en trouver une copie ».
Anne Nivelon, fille de Jean Nivelon, « joueur d'instrument et maître à danser », et de Jeanne Gervais a épousé Jean Gobert, « sculpteur du roi » (61). On leur connaît au moins trois enfants : Jean qui sera « peintre ordinaire du roi », Anne et Pierre.
Pierre est né vers 1662, vraisemblablement à Paris, lieu de résidence de ses parents. Élevé dans une famille d'artistes, c'est sans doute tout naturellement que lui vint la vocation de peindre, mais on ignore totalement qui l'initia à l'art du portrait. Ce qui est certain, c'est la précocité de sa carrière et la rapidité de sa réputation, puisque dans sa vingt-et-unième année, il travaille déjà pour la famille royale (62).
Précoce également pour fonder une famille, Pierre Gobert, épouse le 16 octobre 1681 à Fontainebleau, une cousine germaine, Marie Catherine Nivelon, fille de Jacques Nivelon et de Marie Magdeleine Bodin.
Au sujet de ce mariage, les archives nous indiquent que la dot de 2 600 livres promise par Jacques Nivelon à sa fille ne fut payée que le 29 mai 1685 (Minutes Maguier, chez Me Rigault à Paris).
Nous connaissons sept enfants du couple. Deux sont morts très jeunes : Jean François, né à Paris en mars 1687 et décédé chez une nourrice à Fontainebleau le 19 novembre de la même année, et Marie Anne, née le 28 novembre 1694 et décédée à Fontainebleau à moins d'un mois.
Louis François est né au début de l'année 1702 et est décédé à Fontainebleau le 11 août 1711, sans doute chez son grand-père Jacques Nivelon, seul membre de la famille cité dans l'acte d'inhumation.Philippe Alexis est né à Paris le 16 juillet 1704. Il a vécu avec son père. Au décès de ce dernier, il est qualifié de « peintre du roi ». Il semble avoir été spécialisé dans la miniature, mais son œuvre n'est pas connue. Il a épousé, après la mort de son père, Jeanne Anne Françoise Queuxdanne de Tiercelin, fille de René Queuxdanne, dit Tiercelin, peintre de l'Académie de Saint-Luc, dont Philippe Alexis Gobert est membre également. Il est décédé le 21 mars 1769. On ne lui connaît pas d'héritier direct.Les dates de naissance des trois autres enfants ne sont pas connues.
Edmée Jeanne est restée célibataire, vivant avec son père et avec son frère Philippe Alexis.
Anne Madeleine se fait religieuse le 19 septembre 1719 au couvent des bénédictines de Moret, où elle prend le nom de sœur Marie Pierre (63). Le 7 juillet 1721, son père lui constitue une rente viagère de 250 livres, à laquelle s'ajoutent en 1769, 25 livres de pension léguées par son frère Philippe Alexis. Elle est sous-prieure en 1762, puis prieure avant 1767 et est décédée entre 1774 et 1778.
Pierre Michel est religieux feuillant, doté lui aussi par son père le 7 juillet 1721 de 60 livres, auxquelles s'ajoute en 1769, une pension supplémentaire de 25 livres léguée par son frère Philippe Alexis.
Marie Catherine Nivelon, leur mère, est décédée à Paris, le 19 novembre 1723, âgée de cinquante-six ans.
On sait l'œuvre de Pierre Gobert nombreuse, mais son nom est peu connu. Il ne signait presque jamais ses toiles : la plupart sont donc classées parmi les « inconnus de l'École française », voire attribuées à d'autres peintres plus célèbres. Voici ce qu'écrivait à son sujet, Fernand Engerand en 1897, alors qu'il travaillait à l'élaboration du catalogue de l'œuvre de Pierre Gobert (64).
Deux sources de renseignements ont cependant permis de constituer un catalogue abondant : des documents tels que des correspondances, comptes, inventaires, livrets de salon, et les estampes gravées d'après ses œuvres.
Fin 1682, il est choisi pour faire le portrait du petit duc de Bourgogne (65).
Appelé à Munich par la cour de Bavière (66), il y fait notamment le portrait au pastel du prince électeur Maximilien Emmanuel.
Sa notoriété lui permit de prendre pour modèles presque tous les enfants de la famille royale. Il fait notamment des portraits de plusieurs des enfants du régent Philippe d'Orléans et de Mademoiselle de Blois (67) : Marie Louise Élisabeth, Louise Adélaïde, Charlotte Aglaé, Louis, et Louise Diane (68).
En 1701, le 24 septembre, il se présente à l'Académie royale de peinture « pour être receu Académicien, et (…) fait voir de ses ouvrages. La Compagnie, après avoir pris les voix par les fèves, a agréé sa présentation, et pour ouvrages de réception, lui a ordonné de faire les portraits de Messieurs Van Clève et Boulogne le jeune » (69). Il les soumet le 31 décembre à l'Académie, qui le reçoit pour académicien. Il ne semble pas y avoir été très zélé, à part peut être dans les dernières années de sa vie, et se consacre essentiellement à sa production.
Au seul salon de 1704, sont présentés dix-sept portraits de sa main, dont deux de la duchesse de Bourgogne (70), et ceux du tout jeune duc de Bretagne (71), de la duchesse de Bourbon (72), de la duchesse d'Orléans (d'avant 1692, lorsqu'elle était encore Mademoiselle de Blois), du comte d'Eu (73), du comte Honoré Charles d'Albert (74), et de Marie Catherine Nivelon, son épouse.
De septembre 1707 à mars 1709, il séjourne à la cour de Lorraine à Lunéville, où il est chargé de diriger la fabrication d'une série de dix copies de portraits du prince Léopold (75), de son épouse et de leur quatre filles. Il y fait aussi les portraits des princes Charles Joseph, évêque d'Osnabruck et François, tous deux frères de Léopold, et de Léopold Clément son fils. Il revient avec le titre de peintre ordinaire de Léopold et une créance de 6 415 livres sur le trésor lorrain.
On lui attribue au moins trois portraits de Louis XV : l'un du dauphin à quatre ans en 1714, un du roi encore enfant en 1716, un troisième plus tard du roi en pied, payé cinq cents livres mais la facture conservée à la Bibliothèque nationale ne comporte pas de date.
En 1714-1715, il est à nouveau appelé par la maison de Lorraine comme l'indiquent deux toiles représentant les fils de Léopold, les princes Léopold Clément et François.
En 1717, il fait le portrait de Pierre Ier, tsar de Russie, lors de son voyage à Paris.
Vers 1718, il peint le prince Louis Henri de Bourbon (76) et son épouse Marie Anne de Bourbon-Conti.
En 1720 ou 1721, il a pour modèle Mehemet Effendi ambassadeur de l'empire ottoman pendant son séjour à Paris.
En 1721, il effectue un nouveau déplacement en Lorraine au cours duquel il exécute les portraits de Léopold Clément et François, le futur empereur d'Allemagne.
En 1724, il fait, sur commande une copie du portrait de la comtesse de Toulouse (77).
En 1725, il est mêlé à une intrigue qui va le faire contribuer, inconsciemment, au mariage de Louis XV. Voici comment le raconte Eugène Thoison d'après les éléments révélés par plusieurs historiens.
Peintre officiel de la maison royale, Pierre Gobert fait les portraits de plusieurs enfants de Louis XV et de Marie Leczinska : Marie Louise Elisabeth et Anne Henriette (78) avant 1732, et Louise Marie (79) en 1732.
En 1726, Pierre Gobert est reparu à l'Académie, dont il a été nommé conseiller. Il se déplace moins et devient plus assidu aux séances.
Trois de ses tableaux sont exposés au salon de 1737, dont un représentant la duchesse de Bourbon en habit de veuve.
Pierre Gobert est décédé le 13 février 1744, âgé de quatre-vingt-deux ans, dans sa maison de le rue Saint-Thomas du Louvre à Paris.
Jean est le fils aîné de Zabulon Nivelon et de Marie Desbouts. Il est jardinier comme son père à qui il succède dans sa charge :
Dans le paragraphe consacré à son père, nous avons vu qu'ils avaient tous les deux travaillé dans les jardins de Versailles.
En 1696, il épouse Marie Charlotte de la Noue, fille de Nicolas de la Noue, marchand de Fontainebleau et de Marie Bachelier.
Au moins quatorze enfants sont nés de leur mariage, entre 1696 et 1711.
Gabriel Jean, né le 20 décembre 1696.
Simon, né le 28 mars 1698.
Marie Anne, née le 20 avril 1699.
Mathurin, né en mai 1700.
François, né le 3 juin 1701 ; sa marraine est Catherine Delanoue, sa tante. Il est décédé le 13 juillet suivant, à Montigny-sur-Loing, un village situé à 11 km de Fontainebleau.
Jacques, né le 29 juillet 1702 ; son parrain est Louis Nivelon, fils de Zabulon, et sa marraine est « Jeanne Nivelon, sœur dudit parrain ».
Charles François, né le 25 juillet 1703 et décédé le 8 janvier 1705.
Agathe, née le 4 août 1704 et décédée le 5 juillet 1705.
Agathe, née 30 octobre 1705.
Marie Catherine, née le 7 décembre 1706. Elle a épousé Jacques Morin. Elle est décédée le 25 février 1763.
Jeanne, née le 1er janvier 1708.
Nicolas, né le 5 avril 1709.
Charles, né le 11 août 1710 et décédé le 9 octobre 1711.
Louise Charlotte, née le 6 octobre 1711.
Marie Delanoue est décédée le 23 octobre 1711, âgée de trente-six ans.
Le 3 septembre 1716, Jean Nivelon épouse en secondes noces, Françoise Garreau, une cousine éloignée, fille de Paul Garreau et de Marie Anne Nivelon. Ils ont eu au moins deux enfants.
Paul, né le 4 mars 1717 qui a épousé Anne Marguerite Dantan le 24 octobre 1471, et avec qui il a eu au moins neuf enfants.
Anne Françoise, née le 7 juin 1720 et décédée le 25 juillet suivant.
Fils de Jean Nivelon et de Charlotte Delanoue, il exerce le métier de menuisier. Il épouse Marie Anne Guilley, à Fontainebleau, le 2 janvier 1725, avec qui il a eu au moins dix enfants nés à Fontainebleau entre 1725 et 1740.
Gabriel Charles, né le 18 novembre 1725 et décédé le 27 août 1728.
Marie Catherine, née le 2 novembre 1726 et décédée le 20 septembre 1728.
Un enfant non baptisé né le 8 août 1728 et décédé le même jour.
Jean Simon, né en 1729 et décédé le 24 juillet 1731.
Mathurin Philippe, né le 9 juin 1731 et décédé le 4 octobre 1733.
Jean Gabriel, né le 28 septembre 1732 et décédé le 6 décembre 1735.
Marie Anne, née le 22 février 1734 et décédée le 19 septembre 1735.
Charles, né le 3 novembre 1735.
Marie Anne, née le 10 octobre 1737 et décédée le 12 juin 1751.
Marie Jeanne, née le 14 mars 1740.
Marie Anne Guilley est décédée le 17 septembre 1776, à Fontainebleau, à l'âge de quatre-vingt-un ans.Gabriel Jean Nivelon est décédé le 30 mars 1782, à Fontainebleau également, à l'âge de quatre-vingt-cinq ans.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, des portraits attribués à Anne Baptiste Nivelon sont conservés ou exposés au musée national du château de Versailles, mais sa biographie reste étrangement mystérieuse. Il est toutefois vraisemblable que son nom trouvera un jour la place qui lui revient dans cette chronique familiale, parmi la lignée de peintres qui l'ont précédé. Les recherches se poursuivent...
Première interrogation : un peintre ou une peintre ? Sous l'ancien régime et notamment dans l'aristocratie, Anne est également un prénom masculin. Eugène Thoison, déjà cité, en parle au masculin, en doutant qu'il pût être le fils de Claude Nivelon, contrairement à ce qu'avançait Philippe de Chennevières (82) en 1854. Claude était né en 1648, soit plus de cent ans avant la période d'activité d'Anne Baptiste, et il n'y a aucune trace de descendance : testament, succession, ou autre. À l'inverse, plusieurs documents d'époque mentionnent Madame ou Mademoiselle Nivelon.
Nous avons laissé une deuxième question sans réponse : qui étaient ses parents ? Nous verrons plus loin qu'Anne Baptiste Nivelon a exercé son activité à Versailles : peut-être est-ce sa ville de naissance, où s'est marié un des fils de Michel Nivelon et de Virginie Friscal : Michel, avec Marie Anne Souscatel le 8 juin 1702. C'est une piste à explorer.
Et enfin, nous ne savons rien de sa durée de vie, hormis la période d'activité que lui attribuent les sites dédiés à la peinture, avec cette formule lapidaire : « Anne Baptiste Nivelon, peintre français, actif de 1750 à 1764 ».
Un ouvrage sur Marie-Josèphe de Saxe (83), sous forme d'inventaire (84), nous fournit les deux indications suivantes :
À propos d'une autre copie du portrait du roi d'après van Loo (85), des échanges de correspondance (86) éclairent un point de la biographie d'Anne Baptiste Nivelon. Le 22 mars 1758, le duc d'Aumont demande au marquis de Marigny « de permettre que Mlle Nivelon copie le portrait du Roy d'après Vanloo ». Le marquis de Marigny transmet la demande à M. Portail, en dictant presque la réponse : « Vous serez agréable de faire sentir à cette demoiselle l'extrême difficulté de lui accorder cette permission, vu la quantité de copies ordonnées par Sa Majesté d'après ce même portrait original, auxquelles vous faites travailler... ».Le 8 août 1766, M. Jeaurat, informe le marquis de Marigny que Mlle Nivelon avait été chargée par Madame Adélaïde (87) « … de m'ordonner de sa part, de faire ôter des grands appartemens le portrait du Roy, original fait par M. Michel Van Loo pour le faire transporter chés la De Nivelon qui doit lui faire une copie et la Princesse désire qu'elle soit faite à son retour de Compiègne. Comme vous m'avés ordonné expressément, Monsieur, il y a deux ans, de ne point déplacer ce tableau, et que vous ne voulûtes pas même que je le fisse apporter à la surintendance pour y être copié, j'ay jugé à propos de ne rien prendre sur moy avant que vous ne m'aiés donné sur cela un ordre particulier, que vous aurés la bonté s'il vous plait de m'adresser et que je suivray avec la dernière exactitude... »Ce à quoi le marquis de Marigny répond le 24 août : « … Ce n'est qu'avec la plus grande répugnance que je verrais déplacer ce tableau pour être emporté chez un particulier. Mais il y a un tout semblable chez M. Michel Vanloo d'après lequel la De Nivelon peut faire sa copie que vous lui demanderez pour remplir les intentions de Madame Adélaïde. Quant à celui qui est dans les grands appartemens, vous vous excuserez de le déplacer, à cause du danger qu'il courroit d'être gâté dans le transport... ».
Louis de France, dauphin, fils de Louis XV (1729-1765)représenté tenant des plans militaires,par Anne Baptiste Nivelon – 1764.
En dehors du portrait ci-dessus, ses autres œuvres connues sont les portraits de Marie Josèphe de Saxe, dauphine de France (1764), de Marie Louise Thérèse Victoire de France (fille de Louis XV), dite Madame Victoire, jouant du clavecin, de Louise-Marie de France (fille de Louis XV), Prieure du Carmel de Saint-Denis, dite Madame Louise, et de Charles Louis Auguste Fouquet de Belle-Isle, duc de Belle-Isle, maréchal de France.
Voilà un autre personnage dont l'ascendance n'est pas encore établie, même si ses talents de danseur nous permettent de la présumer. À l'inverse du précédent, il ne subsiste pour ainsi dire pas de zones d'ombre sur sa vie, de nombreux détails ayant été rendus publics, même de son vivant.
Son père était donc musicien, mais aussi maître de danse. Dans les Mémoires de mademoiselle Mars (88), on apprend qu'il échappa de justesse à l'incendie qui détruisit l'opéra en 1781 :
À part cette anecdote, nous n'avons que peu d'éléments sur la vie du père de Louis Marie Nivelon, sinon qu'il est né à Sceaux en 1731 où son père, Simon Nivelon, était valet de pied du duc du Maine et peut être un fils de Zabulon Nivelon (cf. supra 1.17). Mais laissons Louis Émile Campardon nous retracer la carrière artistique du fils danseur (89), sans toutefois nous attarder sur sa vie mondaine tumultueuse, dont les gazettes de l'époque semblent avoir été friandes.
Il reçut les leçons de Gardel aîné, et débuta à l'Académie royale de musique avec le plus grand succès, le dimanche 14 décembre 1777, dans Hylas et Zilis, opéra de Bury.
L'année suivante, il dansa dans Le Devin du village, intermède de Jean-Jacques Rousseau, où, secondé par sa camarade Mlle Cécile Dumégnil, il fit preuve d'un véritable talent. La jeunesse des deux artistes, les agréments de leur extérieur, la légèreté de leurs pas produisirent sur le public une grande impression. Doué comme il l'était d'avantages physiques, Nivelon, dans le milieu où il vivait, ne pouvait manquer de devenir un homme à bonne fortune. Mlle Cécile, qui en était devenue éprise en jouant avec lui le Devin du village, le voyant préférer une autre danseuse, Mlle Michelot, se porta un jour aux dernières violences contre cette dernière...
Deux ans plus tard, Nivelon osa entrer en rivalité avec un personnage important, M. de Clugny, maître des requêtes, qui, indigné de voir le danseur lui enlever une femme qu'il aimait, s'oublia jusqu'à le frapper de sa canne. Immédiatement Nivelon se transporta chez un commissaire au Châtelet et y porta plainte contre son adversaire, ce qui valut à M. de Clugny d'être exilé de Paris pendant plusieurs mois.
En 1782, Nivelon, qui avait contrevenu plusieurs fois, en s'absentant sans congé, aux règlements de l'Opéra et qui en avait été quitte pour des réprimandes, encouragé par l'impunité, s'avisa un jour de refuser son service en prétextant qu'il était libre de danser ou de ne pas danser. Par ordre supérieur, il fut immédiatement arrêté et emprisonné à la Force, où on le laissa plusieurs jours. Cette détention arbitraire calma pour un moment son indiscipline, mais bientôt le naturel reprenant le dessus, il causa mille ennuis aux administrateurs de l'Académie royale de musique. Une note datée de 1784 et qui émane de M. de La Ferté, intendant des Menus-Plaisirs et chargé de la haute surveillance du théâtre, s'exprime en ces termes sur le compte de Nivelon.
D'une autre source (90), on apprend qu'en octobre 1781, il avait décidé de fuir à l'étranger.
Le récit ne dit rien de la fin de l'escapade, mais on sait que tout rentra dans l'ordre, car en 1790, non seulement, Louis Marie Nivelon était encore attaché à l'Opéra, mais depuis 1787, il jouissait, en qualité de danseur des ballets de la Cour, d'une pension du roi de 500 livres, « accordée sur le trésor royal, en considération de ses services » (91).
Il a épousé une actrice du théâtre de la Comédie Italienne, Marie-Gabrielle Malacrida, dite Carline, que Chateaubriand évoque dans les Mémoires d'outre-tombe (92).
Carline est née à Paris, en 1763. Elle et son mari se sont retirés à Saint-Martin d'Étrépagny (arrondissement des Andélys, dans l'Eure), où elle est décédée le 19 octobre 1818.
En 1808, Babault l'avait nommée dans son Dictionnaire général des théâtres (93), sous cette rubrique :
Dans la chronique théâtrale du Monde dramatique du 5 août 1837, on lit que « le danseur Nivelon, mari de l'actrice Carline, vient de mourir à Étrépagny ».
Signature de Louis Marie Nivelon en 1807, dans un registre d'état civil de la commune Saint-Martin-au-Bosc, dont il a été adjoint au maire, puis maire de 1807 à 1809, date à laquelle elle a été rattachée à Etrépagny.
Charles Nivelon est le seul fils connu de Gabriel Jean Nivelon et de Marie Anne Guilley, parvenu à l'âge adulte.
Le 10 mars 1757 à Fontainebleau, il a épousé Marie Courtois, fille de Marc Courtois, marchand de bestiaux, et de Catherine Fortier. Dans leur acte de mariage, il est qualifié de vitrier. Six naissances sont mentionnées dans les registres paroissiaux de Fontainebleau, de 1758 à 1780.
Charles Marc, né le 4 janvier 1758.
Une fille née le 22 octobre 1758 et décédée le même jour.
Un garçon né le 17 août 1759 et décédé le même jour.
Marie Anne, née le 13 avril 1761 et décédée à Fontainebleau le 7 novembre 1843, âgée de 82 ans et veuve en secondes noces de François Guillot, marchand fripier.
Charles François, né le 9 août 1769, exerce le métier de « voiturier par terre ». Il a épousé Françoise Marguerite Ponceau, avec qui il a eu au moins quatre enfants : Charles François vers 1795, Louis vers 1797, Jean-Baptiste en 1799 et Françoise Marie Anne vers 1804. L'acte de mariage de cette dernière, à Burcy (Seine-et-Marne) en 1823, mentionne que son père est décédé ; sa mère est présente, ainsi que ses frères Charles François et Jean Baptiste, tous deux vignerons à La Chapelle-la-Reine (Seine-et-Marne).
Et enfin, Louis Ange Charles, né le 11 décembre 1780. À cette date, Charles Nivelon exerce la profession de marchand de vin.
En 1805, dans l'acte de mariage de son fils Louis Ange Charles, Charles est qualifié de propriétaire.
On ignore dans quelles circonstances Louis Ange Charles Nivelon quitte Fontainebleau et arrive à Échilleuses (Loiret), où il se marie, le 13 messidor an XIII (2 juillet 1805), avec Marie Dugué, âgée de 37 ans, fille de Joseph Dugué et de Marie Pinçon, de Beaune-la-Rolande (Loiret). Elle est veuve d'un premier mariage avec Mathurin Nodeau.
Le couple a eu deux enfants nés à Échilleuses : Louis Jean Baptiste, né le 26 février 1809 et François, né le 23 février 1811.
Louis Ange Charles Nivelon est qualifié de cultivateur en 1805, de vigneron en 1809, de cabaretier en 1811, d'aubergiste en 1829.
Marie Dugué est décédée le 6 juillet 1829, à Échilleuses, à l'âge de soixante et un ans. Elle a un frère, Louis, né vers 1774, qui a servi dans l'armée de Napoléon Ier. Il devait être encore en vie en 1857, puisqu'il a reçu la médaille de Sainte Hélène (95). Cette médaille est restée dans la famille des héritiers de sa sœur.
Louis Ange Charles Nivelon épouse en secondes noces, Marie Jeanne Brochet, le 13 avril 1831, à Échilleuses. Le couple s'installe à Fontainebleau où trois enfants sont nés : Charles le 4 février 1834, Rose le 4 octobre 1835 et Antoinette le 18 janvier 1837. Louis Ange Charles est cabaretier en 1834-1835, puis manouvrier en 1837. Une autre fille est née à Gentilly (Seine) le 8 mars 1843 ; elle a épousé Auguste Perraud le 4 juin 1861 à Fontainebleau.
Louis Ange Charles Nivelon est décédé à Fontainebleau le 25 mai 1852.
Louis Jean Baptiste Nivelon, le fils de Louis Ange Charles et de Marie Dugué a épousé Catherine Poisson, le 3 février 1834 à Échilleuses.
Le couple a eu au moins quatre enfants nés à Échilleuses, entre 1834 et 1841.
Léopold Hector, né le 13 octobre 1834. En 1864, il est lui aussi charron à Échilleuses. Il a épousé Annette Alexandrine Crosnier : on ne leur connaît pas d'enfant. Il est décédé à Essonnes (ancien département de Seine-et-Oise), le 2 juin 1901.
Marie Anne Amélie, née le 7 février 1738, décédée le 4 septembre 1839.
Madeleine Honorée Euphrosine, née le 11 décembre 1839.
Et Frédéric, né le 1er novembre 1841 : il ne semble pas qu'il se soit marié. Il vivait avec son frère lorsque celui-ci est décédé en 1901.
Catherine Poisson est décédée le 11 mars 1864 à Échilleuses, à l'âge de cinquante-neuf ans.
Louis Jean Baptiste Nivelon est décédé le 26 mars 1885, âgé de soixante-seize ans, à Jarrisoy, commune de Beaune-la-Rolande, où il était propriétaire.
Nous n'avons que très peu d'information concernant Madeleine Honorée Euphrosine Nivelon. En 1867, à la naissance de son fils, elle est sans profession, domiciliée à Corbeil (ancien département de Seine-et-Oise), au n° 7 de la rue de l'Arche.Elle est décédée, vingt ans plus tard, à Paris, où elle était journalière.
Jules Honoré Nivelon est né le 23 septembre 1867 à Corbeil.
Le 6 avril 1893, à Puiseaux (Loiret), il a épousé Louise Alice Beaugeard, couturière, fille de Jean Beaugeard et d'Émilie Angélique Sabatier. La famille Beaugeard est déjà présente à Puiseaux vers 1680.
Le couple a eu deux enfants : Roger Jules, né le 18 janvier 1896 et Régine Alice, née le 10 juin 1901 ; elle a épousé Edmond Moureau, le 19 décembre 1932, à Puiseaux et y est décédée en 1974.
Jules Honoré Nivelon est d'abord maçon, au moins jusqu'en 1901, puis employé des chemins de fer.
En 1896 et 1901, la famille est domiciliée rue de l'Église, à Puiseaux.
Vers douze ans, il est pensionnaire au cours supérieur de Saint-Fargeau (98). Vers quatorze ans, il apprend le métier de serrurier dans l'entreprise Siriex à Puiseaux. Encore adolescent, il contracte la typhoïde.
Mobilisé en 1916, il participe à la bataille de Verdun (99) et est blessé par un éclat d'obus.
Louise et Roger, vers 1917
Roger Nivelon épouse Louise Eugénie Venet le 30 août 1921 à Puiseaux. Ils s'installent à Orléans pendant quelques mois, puis reviennent à Puiseaux où sont nées leur deux filles : Hélène Louise le 21 juin 1922 et Simone Alice le 22 octobre 1927.
Pendant plusieurs années, il travaille à l'usine à gaz de Puiseaux. Il est à nouveau mobilisé en 1939. À son retour, il est employé par le Crédit agricole.Roger Nivelon est décédé le 14 septembre 1972 à Puiseaux et Louise Venet, le 22 novembre 1973, à Puiseaux également.
Elle a épousé Marcel René Dedours le 22 octobre 1950 à Puiseaux.
Le couple a eu trois enfants : Dominique Hélène née à Puiseaux le 12 août 1951, Laurent Roger né à Montargis le 19 novembre 1952 et Rémi Marcel né le 4 septembre 1954 à Montargis également.
Alliée à la famille Nivelon : Marie Desbouts épouse Zabulon Nivelon en 1669.
On voit cette famille à Fontainebleau avant 1550.
Jean Desbouts, tapissier de haute lisse est attaché à la manufacture royale du château de Fontainebleau, par ordonnance de 1543(100).
Au cours de la première moitié du XVIe siècle en France, les fabricants de haute lisse végétent face à la concurrence des ateliers flamands de Bruxelles et d'Anvers, dont la réputation attire les plus grosses commandes, y compris celles du roi de France (101).
François Ier, roi emblématique de la période la la Renaissance française, installe la première manufacture royale de tapisseries vers 1530 dans le palais de Fontainebleau pour son embellissement. Le trésorier de France, Babou de la Bourdaisière qui partage les goûts du roi pour les arts, assure la surintendance de l'établissement, placé sous la direction immédiate du Primatice (102). Des peintres, de renom dont Matteo del Nassaro et Nicolò dell'Abbate, travaillent sous ses ordres et certains, moins connus, reçoivent des émoluments fixes pour « vacquer aux patrons de tapisseries que le Roi fait faire audit Fontainebleau ». On retrouve leur nom dans les Comptes des bâtiments du roi où figurent aussi dans une rubrique Ouvrages de tapisseries, les noms des tapissiers de haute lisse, appointés à 15 livres, 12 livres et demie, ou 10 livres par mois. Ce sont Jean et Pierre le Bries, Jean Desbouts, Pierre Philbert, Pasquier Mailly, Jean Texier, Pierre Blassay, Salomon et Pierre de Herbaines, Jean Marchais, Nicolas Eustace, Nicolas Gaillard, Louis du Rocher, Claude Le Pelletier, Jean Souyn. Les artisans sont cependant employés à la tâche et non à la journée.
On trouve aussi le nom de Jean Desboutz dans des registres de notaires en 1545 et 1548.
Le 23 août 1548, Pierre Lebryais, à la requête de Jean Desbouts, déclare en quoi consistaient certaines malfaçons dans une tapisserie :
L'atelier de Fontainebleau a sans doute poursuivi son activité sous le règne de Henri II (1547- 1559), mais certainement pas au-delà, époque du retour de la cour à Paris.
C'est donc très vraisemblablement le même Jean Desbouts qu'on voit jardinier, également dans les comptes des bâtiments du roi, pour l'année 1557 :
On trouve de nombreux autres exemples de changement ou de cumul de professions et la différence d'orthographe n'est pas un obstacle non plus : le nom Desbouts est aussi parfois écrit Desboutz, Desbousts ou Des Bouës.Félix Herbet (106) suppose que la ruelle des Boues ou la rue de la Fontaine des Boues mentionnée dans des actes de 1634, 1662 et 1663, tire son nom de cette famille.
Le 7 juin 1572, Charles Desboues (!), peintre est parrain à Avon.
En 1589, Charles Desboutz, devenu jardinier pour le roi de son jardin des Pins, épouse Madeleine de Boissy, veuve de Bernard Diane qui était maître orfèvre-graveur à Paris (contrat devant Gilles Langlois, notaire à Fontainebleau, du 14 janvier 1589) (107). On la retrouve marraine le 28 juillet 1599.
La charge de jardinier du jardin des Pins s'est maintenue plus d'un siècle dans la descendance de Jean Desbouts.
Après Charles Desbouts, elle est confiée à Henri Desbouts, « jardinier du roi, ayant le soin des jardins, pins et étang du château et des allées renfermées d'eau proche le chenil », ou plus simplement « ayant l'entretien du jardin des Pins et de l'Etang » (108).
Il n'est pas possible à ce jour de déterminer le degré de parenté entre Jean, Charles et Henri, sauf à supposer que la charge de jardinier se soit transmise de père en fils.
Le château de Fontainebleau,dessin à la plume de Jacques Androuet du Cerceau (1520-1586).
Dessin du château de Fontainebleau par Adam Perelle, XVIIe siècle.
Henri Desbouts épouse en premières noces Marie Langloix et en secondes noces Étiennette Vassault. Il a au moins huit enfants sans qu'il soit possible de dire combien avec chacune des deux épouses, sinon les trois plus jeunes, pour lesquels le nom de la mère est mentionné dans des actes les concernant. Toutefois, il semble y avoir un écart important entre les aînés et les quatre plus jeunes (environ dix ans).
On peut estimer que Jean est né avant 1616 : il est parrain à Fontainebleau en 1629 et l'âge requis pour être parrain était alors de 14 ans. Il est à nouveau parrain, de Gilles Nivelon, fils de Gilles, le 8 septembre 1630 à Fontainebleau, puis de Henri Nivelon, fils de Martin, le 22 avril 1642.
Avec le même raisonnement, on peut situer la naissances de Catherine avant 1621 : elle est marraine en 1634. Elle a épousé le 24 février 1649, Pierre Bourdois, procureur en la cour du Parlement de Paris fils de Pierre Bourdois, lieutenant du baillage de La Chapelle-la-Reine et frère d'Aubin Bourdois, chirurgien à Fontainebleau.
Marie, née avant 1630, est la marraine de Henri Desbouts, fils de Henri et d'Étiennette Vassault, le 24 février 1644. On la retrouve plus tard, mariée à Louis Vassault, porteur de meubles de la chambre du roi.
Le parrain est Claude, son frère. Il devient prêtre le 20 septembre 1654, ministre de la Sainte Trinité au couvent du château.Louis, baptisé le 18 mai 1642 - l'acte indique « âgé de 25 mois ou environ » - est donc né vers avril 1640, plutôt du second mariage de Henri, avec Étiennette Vassault. Son parrain est Jean Vassault, porteur de meubles de la chambre du roi, la marraine est Marie Desbouts, fille de Henri.
Geneviève est baptisée le même jour, le parrain est Jean Desbouts, la marraine Geneviève Vassault, fille de Louis Vassault, également porteur de meubles de la chambre du roi.
Henri est baptisé le 26 février 1644.
Enfin, on trouve Louise Desbouts, marraine en 1665, puis en 1682, sans autre précision. Peut-être est-ce cette même Louise à qui « David de Verneuil, argentier du prince de Condé, loue pour six ans, une maison sise à Fontainebleau, devant les fossés du Château (...) à raison de 50 livres par an » (4 mars 1671) (109).
Félix Herbet, déjà cité, place aussi Marguerite Desbouts dans la liste des enfants de Henri Desbouts. Cette hypothèse n'est pourtant pas vraisemblable. Elle est veuve de Jacques Roger, de son vivant « chef d'échansonnerie-bouche de la Reine », quand elle se remarie le 22 octobre 1616 avec Claude Bertélémy, artiste huguenot, né en Lorraine, « peintre et émailleur sur terre ». Elle pourrait donc être une sœur de Henri et non sa fille. Quand elle décède en 1620, Henri Desbouts est tuteur de sa fille Marguerite Roger, née de son premier mariage vers 1610.
Maître Henri Desbouts est décédé le 20 septembre 1647.
Jean succède à Henri, son père, dans la charge de jardinier des jardins de l'Étang et des Pins.
Il a épousé Geneviève Vassault : il s'agit probablement de la marraine de Geneviève Desbouts baptisée en mai 1642, et dont il est le parrain. Étaient-ils déjà mariés à cette date ? L'acte ne le mentionne pas.
La famille Desbouts est unie à la famille Vassault par plusieurs alliances : la seconde épouse de Henri Desbouts est Étiennette Vassault. Jean Desbouts, le fils de Henri a épousé Geneviève Vassault fille de Louis. Enfin, Marie Desbouts, la fille de Henri est mariée à Louis Vassault. Il est difficile d'établir avec certitude les liens de parenté entre ces personnes. Une hypothèse toutefois peut être avancée avec l'acte de mariage de Louis Desbouts (voir ci-dessous), fils de Henri et d'Étiennette, en 1663 « en présence de Louis Vassault, porteur de meubles de la Chambre du Roy, oncle du garçon...», ce qui laisse supposer qu'il est le frère d'Étiennette. Geneviève Vassault, l'épouse de Jean Desbouts, pourrait être leur sœur et tous trois pourraient donc être les enfants de Louis Vassault père, également porteur de meubles de la chambre du roi (cf. ci-dessus, le baptême de Geneviève Desbouts « la marraine Geneviève Vassault, fille de Louis Vassault, également porteur de meubles de la Chambre du Roy »).Ce qui semble accréditer cette hypothèse et permet de supposer qu'Étiennette Vassault est encore jeune lorsque Henri, son mari, décède, (et en plus de l'âge de leurs enfants), c'est la charge qui lui est confiée, indépendante de celle de son mari et éloignée du jardin des Pins : l'entretien des allées, palissades, plates-bandes et devant des cascades du parc, avec logement dans les Héronnières. Cette charge reviendra à son fils Louis en 1671.
On connait cinq enfants du couple Jean Desbouts et Geneviève Vassault.
Marie, née vers 1646, épouse Zabulon Nivelon en 1669.
Catherine épouse le 5 janvier 1672, Mathurin Denize, huissier royal à Fontainebleau. Ils ont au moins quatre enfants : Catherine en 1673, Pierre en 1674, Anne en 1679 et Jeanne en 1690.
Gabriel, sur qui nous reviendrons.
Jeanne, née vers 1651. Le 5 novembre 1682 à Fontainebleau, elle épouse Claude Collet, valet de chambre à Paris, puis tapissier à Fontainebleau en 1685 à la naissance de leur fille Geneviève. Elle est décèdée le 25 février 1731 à Fontainebleau : l'acte indique « environ 80 ans ».
Elizabeth, baptisée le 17 mars 1655 : le parrain est Antoine de Marne, argentier de la bouche de la reine, la marraine Elizabeth Budé, femme de M. Florent Paquier de Valgrand.
On trouve le nom de Jean Desbouts dans un constat datant de 1667.
Jean Desbouts est décédé vers 1672.
Un des jeunes (demi-?) frères de Jean, Louis (né en 1640), se marie le 5 juin 1663. Il est peintre officier du roi et il épouse Antoinette Thuillier, la fille d'un tapissier flamand - originaire de Gravelines - avec qui il travaille. L'acte de mariage indique la présence de Jean Desbouts, son frère, de Louis Vassault, son oncle, porteur de meubles de la chambre du roi, et d'Henri Voltigean, peintre et officier du roi.
De cette union vont naître au moins six enfants.
Louis, né le 18 janvier 1664, qui ne vit que six jours. Le parrain est Henri Voltigean, la marraine est Geneviève Vassault.
Claude, né le 15 décembre 1664, qui ne vit que deux semaines. Le parrain est Jean Desbouts, la marraine Louise Desbouts, fille d'Etiennette Vassault.
Étiennette Antoinette, née le 26 décembre 1665. Le parrain est Louis Vassault, la marraine est Étiennette Vassault, veuve de Henri Desbouts. Vers 1681, elle épouse Louis Paulmier, notaire à Fontainebleau.
Claude, née le 19 octobre 1668, décède le 6 octobre 1669.
Louis Gaspard, né le 15 novembre 1676, sur qui nous reviendrons.
Claude, né le 22 septembre 1680. Le parrain est Jean Vassault, la marraine est Louise, fille de Henry Desbouts et d'Étiennette Vassault.
Comme indiqué plus haut, Louis a succédé à sa mère, Étiennette Vassault, par brevet du 1er janvier 1671 (113). Après cette date, les actes lui attribuent la qualité de jardinier du roi et il figure dans la liste des officiers de la couronne pour les demeures royales :
Il est déjà décédé quand son fils Louis Gaspard se marie en novembre 1697.
Gabriel, le fils de Jean et jardinier comme lui, succède en 1672 à son père décédé.
En 1683, Gabriel Desbouts figure, comme son oncle Louis, dans la liste des officiers du roi à Fontainebleau (116). L'auteur y distingue trois sortes d’officiers à Fontainebleau :
Il a épousé Jeanne Denize le 23 janvier 1674. C'est la sœur de Mathurin Denize, marié avec Catherine Desbouts deux ans plus tôt. Les parents sont François Denize et Anne Collet.
Acte de mariage de Gabriel Desboutz et de Jeanne Denize – 24 janvier 1674(Registres paroissiaux de Fontainebleau – Archives départementales de Seine-et-Marne)
On trouve au moins dix-huit enfants dans les registres paroissiaux de Fontainebleau entre 1675 et 1698.
Gabriel, né le 30 avril 1675.
Jeanne, née le 22 juillet 1676 et décédée le 18 janvier 1748. Il semble qu'elle ait été religieuse.
Gabriel, né le 23 juillet 1677, ce qui semble indiquer que leur fils aîné qui portait le même prénom était décédé.
Anne, née le 20 juin 1678. Elle a épousé Joseph Destendes, puis François Charles Débonnaire en secondes noces le 8 novembre 1727. Elle est à nouveau veuve quand elle décède le 4 janvier 1746. L'acte de sépulture mentionne la présence de son frère Gabriel, officier du roi.
Marie Magdeleine, née le 22 juillet 1679. Le parrain est Pierre Bourdois, fils d'Aubin Bourdois, lieutenant des chirurgiens et de Geneviève Simon, la marraine est Marie Magdeleine, fille de Louis Vassault, porteur de meubles de la chambre du roi et de Marie Desbouts.
Magdeleine, née le 21 septembre 1681 et décédée le 27 août 1687.
Marie Gabrielle, née le 22 octobre 1682.
François, né le 23 septembre 1683 et baptisé le 7 octobre 1683. « Le parrain est Monseigneur François de Beauvilliers, Duc de Saint Aignan, Pair de France, chevalier de l'ordre du Roy, lieutenant général des camps et armées du Roy, gouverneur de la ville et citadelle du Havre de Grâce, Montvilliers, Harfleur et pays en dépendant, premier gentilhomme de la chambre, la marraine est Françoise de Rancé, Duchesse de Saint Aignan, femme de mon dit Seigneur ».Le 30 octobre 1713, il épouse en premières noces Anne Marguerite Delamare : sa mère, Jeanne Denize et sa sœur Louise Desbouts sont présentes. Veuf, il épouse en secondes noces, Anne Catherine Marchand, le 15 octobre 1754. Les deux actes de mariage indiquent qu'il est officier du roi. On peut supposer qu'il a succédé à son père, décédé avant 1712.Il est décédé le 9 octobre 1764. Son cousin Philibert Desbouts et Paul Nivelon assistent à son inhumation.Claude né le 19 septembre 1685. Le parrain est Claude Jamin, la marraine Anne Devenelle, épouse de Robert Jamin. Il décède le 6 août 1690.
Elisabeth, née le 26 septembre 1686.
Thérèse, née vers 1687 et décédée le 23 décembre 1690.
Gabriel, né le 10 janvier 1688.
Anne Louise, née le 8 mai 1689.
Gabriel, né le 17 avril 1690 et décédé le 31 octobre 1691.
Jean François, né le 17 mai 1691 et décédé le 30 mars 1692.
Marie Anne, née le 21 juin 1692.
Pierre Louis, né en 1694 (à part le nom, l'acte est illisible). Un registre de notaire nous apprend que « le 27 juin 1712, Jeanne Denize, veuve de Gabriel Desbouts, constitue 60 livres de rente à Pierre Louis son fils pour qu'il puisse se faire prêtre. » (117)
Marie, née le 2 août 1698 et décédée le 1er septembre suivant. Le parrain est François, son frère, la marraine est Jeanne, sa sœur.
Le 28 août 1690, Gabriel Desbouts prend part à la décision de construire une chapelle à l'endroit où a été placée une image de la Vierge, appelée Notre-Dame de Bon Secours (118).
Fils de Louis et d'Antoinette Thuillier, Louis Gaspard, né en 1676, épouse le 19 novembre 1697 Anne Poiret, « fille de feu Nicolas Poiret, vivant argentier du Roy (…) en présence de Jean Pomier (en réalité Paulmier) notaire Royal, son beau frère, et de Claude Pomier son cousin ». On a vu plus haut que sa sœur Étiennette Antoinette avait épousé Louis Paulmier vers 1681. Leur fils Claude à donc déjà l'âge d'être cité dans l'acte.
L'acte de mariage indique que Louis Gaspard est officier du roi et émancipé. Il a reçu la charge laissée vacante par son père.
Dans les registres paroissiaux, on trouve neuf enfants, nés entre 1698 et 1708.
Louis, né le 21 août 1698 et décédé le 30 novembre de la même année. Le parrain est Jean Paumier, notaire royal, la marraine est Magdeleine Poiret.
Anne, née le 5 août 1699 et décédée le 23 juin suivant.
Anne Magdeleine, née le 14 juillet 1700. Elle est décédée le 31 août 1746, à Fontainebleau. Son frère Noël Philibert est présent à son inhumation.
Marie Angélique, née le 16 juin 1701.
Anne, née le 20 juillet 1702.
Louis Gaspard, né le 13 avril 1704. Il a épousé Marie Anne Renault (ou Régnault). Ils ont au moins deux enfants. Henri, né le 5 mai 1737 (le parrain est Henri Rebours dit Laboie, garde des plaisirs du Roy, la marraine est Magdeleine Desbouts, tante de l'enfant) et Jean, né le 11 mai 1741, quelques semaines après le décès de son père survenu le 16 mars 1741. Louis Gaspard exerçait le métier de « tailleur d'habits ».
Noël Philibert est né vers 1706, mais son acte de baptême ne figure pas dans les registres de Fontainebleau. Nous en reparlerons ci-dessous.
Louise, née le 1er juin 1707 et décédée le 6 octobre 1718. À son inhumation sont présentes Anne Poiret, veuve de Louis Desbouts, sa mère, Antoinette Desbouts et Magdeleine Poiret, ses tantes.
Martin, né le 12 juillet 1708. Le parrain est Martin Dantan, fils de Laurent Dantan.
Dans l'inventaire des archives départementales de Seine-et-Oise (119), on trouve la trace d'une requête adressée par Anne Poiret, devenue veuve, à madame de Maintenon (120).
On en déduit que Louis Desbouts est décédé vers 1710.
Il est « tailleur d'habits » comme son frère Louis Gaspard.
Il épouse en premières noces Marie Marguerite Vassault qui décède le 19 décembre 1731, âgée de vingt-huit ans. L'acte d'inhumation mentionne la présence « de son époux, de Gaspard Guinteau de Richemont, son beaufrère, de Henry Vassault, tailleur d'habits, son frère, et de Jean Vassault, chirurgien, son oncle ».
Il a épousé en secondes noces, Marie Marguerite Fleury, le 15 juin 1733 : ils ont eu au moins huit enfants, nés entre 1734 et 1746.
Pierre Philibert, né le 9 septembre 1734 et décédé le 16 du même mois.
Philibert Gaspard, né le 10 septembre 1735. Le 13 janvier 1756, il épouse Marie Cornu. Tailleur d'habits également, il est décédé à Versailles le 27 février 1768.
Magdeleine Marguerite, née le 29 août 1736. Le parrain est Mathurin Delanoue, épicier, la marraine Magdeleine Desbouts, tante de l'enfant. Elle est décédée le 1er janvier 1776, célibataire. Ses frères Jérôme et Jacques assistent à son inhumation.
Bon Alexis, né le 27 janvier 1740 et décédé le 19 février de la même année. La marraine est Marie Catherine Vassault.
Louise Simone, née le 3 avril 1741.
Jérôme, né vers 1743.
Philippe Bernard, né le 28 août 1746.
Et Jacques, dont l'acte de baptême ne semble pas figurer dans les registres paroissiaux de Fontainebleau.
Noël Philibert Desbouts a été inhumé à Fontainebleau, le 13 février 1768, en présence de son fils Jérôme
Il a épousé Marguerite Coulon le 20 janvier 1777 à Fontainebleau. Il est alors garçon tailleur.
Ils ont eu au moins cinq enfants, nés à Fontainebleau, entre 1778 et 1788.
Louise Gabrielle Jeanne, née le 31 décembre 1778, et décédée le 21 janvier suivant.
Jean Baptiste Jacques, né le 20 janvier 1781 et décédé le 3 août de la même année.
Jeanne Gabrielle Catherine, née le 14 septembre 1782 et décédée le 11 décembre 1783.
Georges, né le 27 mars 1785.
Jean Pierre, né le 21 juin 1788.
Dans les registres d'état civil de la commune de Saint-Fargeau (Seine-et-Marne), on note la présence de Jacques Desbouts et de son épouse au mariage de leur fils Jean (Pierre), le 29 août 1808. Jacques Desbouts y est encore cité, « âgé de 66 ans, tailleur demeurant à Fontainebleau » déclarant du décès de sa petite-fille Félicité, le 10 avril 1815.
Il épouse le 22 avril 1806 à Fontainebleau, en présence de ses parents et de son oncle Jérôme, Jeanne Antoinette Eugénie Lefebvre, née le 14 janvier 1786. Il est perruquier (le terme désignait le fabricant de perruques, mais aussi un barbier, un coiffeur).
Le 28 mars 1808, il déclare le décès de Marie Catherine Desbouts, âgée de 70 ans. Il s'agit peut-être d'une tante, mais dont l'acte de baptême ne figure pas non plus dans les registres de Fontainebleau. L'acte de décès indique qu'elle est est l'épouse de Jean Claude Coulon (le même nom que la mère de Georges Desbouts) et qu'elle est décédée à l'adresse du domicile de Georges Desbouts, au n° 685 de la rue Égalité à Fontainebleau.
Il assiste au mariage de son frère Jean (Pierre) le 29 août 1808 à Saint-Fargeau.
Il est décédé le 20 août 1850, à son domicile, au n° 184 rue Grande, à Fontainebleau. L'acte de décès indique que « son épouse lui survit » et cite comme déclarants : « Théophile Adolphe Desbouts, coiffeur, âgé de 36 ans, neveu du défunt, domicilié à Paris, 36 rue de Malte et Pierre Guillaume Gally, instituteur, âgé de 71 ans, ami du défunt ».
Le couple ne semble pas avoir eu d'enfants nés à Fontainebleau.
Domicilié à Ponthierry, commune actuelle de Saint-Fargeau - Ponthierry, il y épouse Marie Anne Clotilde Emilie Galisset le 29 août 1808. Il est coiffeur.
Le couple a eu quatre enfants, tous nés à Ponthierry : Emilie Marguerite le 16 juin 1809, Georges Eugène Gabriel le 3 novembre 1810, Félicité Augustine le 20 août 1812 (décédée le 10 avril 1815), et Théophile Adolphe le 6 juin 1815.
Jean Pierre Desbouts est décédé à Ponthierry le 2 août 1816, à l'age de 28 ans.
Son fils Théophile Adolphe, cité dans l'acte de décès de son oncle Georges, est à ce jour le dernier représentant connu de la famille Desbouts.
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