Marius-Prosper-Antony de LORT-SERIGNAN
Marius-Prosper-Antony de LORT-SERIGNAN
  • Né le 24 novembre 1885 - Piton Saint-Leu, , , ,
  • Décédé le 25 décembre 1969 - Auterive, 31033, Haute Garonne, Midi-Pyrénées, France,à l'âge de 84 ans
  • Militaire
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 Notes

Notes individuelles

Marius-Prosper-Antony de Lort-Sérignan naît à Piton Saint-Leu, un modeste bourg situé sur la commune de Saint-Leu. Il est le treizième et dernier enfant du couple formé par Prosper-Aphrodise de Lort-Sérignan et son épouse Esther-Irène Hibon. Il grandit au village des Avirons où sa famille s'est installée dans les années 1890. Antony perd sa mère en 1899 puis son père en 1912. De taille modeste (1,61 m) il a des cheveux noirs, des yeux bleus gris et le teint assez clair pour un créole.

Appelé sous les drapeaux en 1905 (matricule 921), le jeune homme se fait enregistrer au bureau militaire de Saint-Leu où il tire le n°8. Du fait de sa situation de famille - il est en effet le seul garçon au milieu de ses dix sœurs, il pourrait bénéficier d'une dispense au motif de l'article 21. Mais il refuse cette possibilité et il obtient de faire malgré tout son service militaire. Il est alors dirigé vers la Métropole où il s'installe chez son cousin Jules Delval. Le 8 octobre 1906 il est incorporé à Antibes au 112ème régiment d'infanterie comme soldat de deuxième classe (n° 9006). Le 27 octobre 1907 il est promu au grade de caporal.

Le 1er août 1908, arrivé au terme de ses deux années de service obligatoire, il décide de se réengager pour deux années supplémentaires. Il passe alors au 141ème régiment d'infanterie également basé à Antibes (1er octobre 1908). Il monte peu à peu en grade et devient sergent le 22 août 1909 puis sergent-fourrier le 22 octobre 1909 ce qui lui donne la charge des fournitures de sa compagnie. Le 18 octobre 1910 il se réengage pour quatre nouvelles années et le 15 avril 1913 il passe au 173ème régiment d'infanterie.

Après s'être réengagé une nouvelle fois le 7 janvier 1914 il obtient de rejoindre les troupes coloniales. Le 9 janvier il intègre le 4ème régiment de Zouaves basé au fort de Rosny-sous-Bois. Le 4ème RI est une unité d'élite, formée de certains des meilleurs soldats de France. Parmi ses supérieurs se trouve notamment le colonel (et futur général) Henri Giraud. Le 1er avril 1914 il accède au grade de sergent-major. C'est à Rosny qu'il apprend l'ordre de mobilisation générale du 2 août 1914.

. La Grande guerre

Affecté à la 38ème division, le 4ème régiment de Zouaves est tout d'abord convoyé par train jusqu'à la frontière belge le 6 août 1914. Du 22 au 23 août 1914 il reçoit son baptême du feu au combat de Tarcienne en marge de la grande bataille de Charleroi. Le 29 août 1914 dans le cadre de la bataille de Guise de Lort-Sérignan affronte à nouveau les Allemands à la tête de sa section dans le secteur de Ribemont. Du 5 au 12 septembre il participe à la grande bataille de la Marne qui permet à l'armée française de mettre en échec les plans d'invasion de l'ennemi. Le 17 septembre 1914 le 4ème RI combat à Ailles (Aisne). Le 23 septembre 1914 le sergent-major de Lort-Sérignan est blessé à l'épaule droite par un shrapnel sur le plateau de Paissy près de Craonne. Il refuse cependant d'être évacué et choisit de demeurer auprès de ses hommes. A peine quelques jours plus tard cependant, le 28 septembre, il est de nouveau blessé au combat de la ferme d'Hurtebise sur le Chemin des Dames. Il reçoit cette fois-ci un éclat d'obus au niveau des reins. Les médecins constatent une fracture du sacrum et décident de le retirer du front.

Le sergent de Lort-Sérignan passe trois mois en convalescence à l'hôpital de Fontainebleau. Le 1er octobre 1914, alors qu'il est encore allongé sur son lit, il apprend sa promotion au grade d'adjudant. De janvier à mars 1915, une fois remis sur pied, il sert comme instructeur militaire au dépôt de mobilisation du 4ème régiment de Zouaves. Le 17 mars 1915 il est élevé au grade de sous-lieutenant ce qui lui permet d'intégrer le corps des officiers. Ses supérieurs le décrivent tous comme un soldat zélé et compétent, plein d'initiative et surtout extrêmement brave. Il inspire une grande confiance à ses hommes qui le suivent sans hésiter.

Le 18 mars 1915 il passe au 1er régiment de Zouaves. Il participe en son sein à la bataille de l'Artois sous les ordres du lieutenant-colonel Rolland. Du 5 au 15 mai 1915 il combat à Het-Sas au nord de la ville d'Ypres en Belgique. Du 16 au 23 juin 1915 il est sur le front de Souchez entre Arras et Lens où il participe notamment à la défense de la côte 123.

Le 12 août 1915 il rejoint le 9ème régiment de marche des Zouaves. Du 24 août au 24 novembre 1915 il est retiré du front et soigné pour de très douloureux maux de ventre (peut-être dus à un stress post-traumatique ?). Le 10 janvier 1916 il demande à être affecté à La Réunion mais cette sollicitation est refusé et il est finalement renvoyé au front au début du mois d'août 1916 au sein du 9ème régiment de marche des Zouaves alors que celui-ci combat les Allemands sur la Somme.

Le sous-lieutenant de Lort-Sérignan rejoint donc la 9ème compagnie du 3ème bataillon du 9ème RI. Le vendredi 18 août 1916 il s'illustre lors des combats menés dans la partie nord du village de Maurepas. Alors que son lieutenant vient d'être blessé il prend le commandement de la compagnie et la mène à l'assaut des positions adverses qu'il parvient à prendre et à défendre malgré des bombardements intenses et une résistance ennemie acharnée. Le 6 septembre 1916 il est élevé au grade de lieutenant. Le 14 septembre 1916 il est cité à l'ordre de sa division en raison de sa remarquable conduite au feu. Le 14 octobre 1916 il reçoit une seconde citation, cette fois-ci à l'ordre du 114ème régiment.

Le 12 novembre 1916, dans les derniers moments de la bataille de la Somme, son régiment tient le bois de Saint-Pierre-Vaast situé sur le territoire de la commune de Sailly-Saillisel. Dans l'après-midi du 15 novembre, il subit une très violente attaque ennemie. Lorsque les Allemands investissent sa tranchée, le lieutenant de Lort-Sérignan commande ses hommes jusqu'à l'extrême limite de ses forces. Il finit par s'écrouler lorsqu'une balle entre par sa nuque avant de ressortir par sa mâchoire en lui faisant sauter onze dents ! Il se réveillera prisonnier dans un infirmerie de campagne allemande. Au cours de cette seule journée particulièrement tragique le 4ème RI aura enregistré la perte de 24 officiers tués, blessés ou disparus ainsi que celle de près d'un millier de soldats ou de sous-officiers, dont 110 tués, 290 blessés et 676 autres disparus ou faits prisonniers.

. La captivité

Transféré en Allemagne le lieutenant de Lort-Sérignan y restera soigné dans un hôpital militaire jusqu'en novembre 1917. Ayant perdu toutes ses dents sauf une molaire supérieure il doit désormais porter un appareil dentaire adapté. Il est ensuite transféré à Lausanne où il est assigné à résidence à l'Hôtel central en vertu d'une convention franco-allemande ayant trait aux prisonniers de guerre convalescents.

Le 18 octobre 1918 il épouse par procuration mademoiselle Rosine Sarrabeyrouse. Née en 1891 dans les Hautes-Pyrénées, Rosine est la fille d'Isaïe Sarrabeyrouse et de Marie-Malvina Dossat. Ayant perdu très jeune ses deux parents elle avait été prise en charge pas son oncle, administrateur de l'hôpital de Pamiers (Ariège). Devenu institutrice à Nogent-sur-Marne elle avait ensuite trouvé un emploi au ministère des Finances où elle travaillait désormais à la direction du mouvement général des fonds. En 1918 la jeune femme avait trois sœurs, l'une mariée aux États-Unis, l'autre surveillante à l'hôpital Saint-Louis de Paris et la dernière vivait avec son grand-père dans les Pyrénées. Le mariage de Rosine et d'Anthony sera enregistré par la mairie du 5ème arrondissement puisque la jeune femme résidait alors chez une certaine madame Délié au 18 rue des Ursulines.

. L'après-guerre

Libéré par les autorités allemandes le 23 novembre 1918 le lieutenant de Lort-Sérignan rejoint alors Saint-Cloud où se trouve le dépôt du 9ème régiment des Zouaves. Il sert pendant quelques temps comme chef d'un bureau de démobilisation. Ses blessures et sa captivité ne lui ont rien fait perdre de ses qualités physiques. Il est toujours décrit comme un grand sportif.

Le 18 janvier 1919, après la dispersion du 9ème régiment de Zouaves, il rejoint le 65ème régiment d'infanterie. Le 23 juin 1919 son action d'éclat du 15 novembre 1916 lui vaut d'être cité à l'ordre de l'armée (n° 19484). Le 16 juin 1920 il reçoit officiellement la médaille de chevalier de la légion d'honneur. Il était déjà titulaire de la croix de guerre avec une palme et deux étoiles, de la croix de guerre belge avec palme, de la médaille commémorative de la Grande guerre et de la médaille de la victoire interalliée.

Il retrouve les Zouaves en étant muté au 1er régiment de Zouaves le 1er octobre 1919. En mars 1920 il fait part de sa volonté d'être muté en Algérie mais cette demande lui est refusée. En avril suivant il offre donc de pouvoir servir dans l'armée coloniale. Sa demande est cette fois-ci acceptée. Le 2 juillet 1920 il est détaché à Rochefort au 3ème régiment d'infanterie coloniale (3 RIC) avant d'être transféré le 21 septembre 1920 au 21ème régiment d'infanterie coloniale (21 RIC).

Le 24 novembre 1920 il est choisit par ses supérieurs pour intégrer le corps d'occupation de Constantinople (Istanbul). Il embarque donc à Marseille le 24 décembre 1920 à bord du vapeur « Ionie ». Placé sous le commandement du général Charles Charpy (1869-1941) le corps expéditionnaire français compte plusieurs milliers d'hommes. A partir du 6 janvier 1921 le lieutenant de Lort-Sérignan occupe les fonctions d'agent de liaison au sein du 12ème régiment de tirailleurs sénégalais (12ème RTS). Il est rapatrié de Constantinople le 24 novembre 1921 et débarque à Marseille le 30 novembre 1921.

. Une difficile fin de carrière

A la fin de l'année 1921 un événement inconnu (d'origine familial ?) semble l'avoir particulièrement affecté. Il refuse sa titularisation dans l'armée et se fait mettre en retraite proportionnelle avant de gagner l'île de la Réunion. Le 15 décembre 1921 il s'embarque depuis Marseille à bord du « Néra » et, après vingt jours de voyage par le Canal de Suez, il débarque au Port de la Pointe des Galets le 14 janvier 1922. Installé aux Avirons il change brusquement d'avis au bout de quelques mois et exprime sa volonté d'être versé dans la réserve. Cette demande sera acceptée par la commission de réforme de Tananarive du 10 octobre 1922.

Jamais plus cependant il ne retrouvera le zèle et l'envie qui étaient les siens avant et pendant la guerre. Alors qu'il avait connu jusque-là une carrière exemplaire ses dernières années de service seront plus difficiles. Ses notes vont d'ailleurs baisser assez sensiblement. Le 24 octobre 1922 il rentre en France sur « l'Amiral Pierre » l'un des paquebots des « Messageries Maritimes ». Il passe l'hiver 1922-1923 à Nice, Villa Neiro, avenue Thérésa, chez son cousin Arthur Wilmann. Alors qu'il avait jusque-là toujours maintenu que son lieu de résidence habituel était situé aux Avirons il accepte désormais l'idée de s'installer à demeure en Métropole.

Le 1er mai 1923 il obtient son affectation au 73ème bataillon de transition des troupes coloniales de Fréjus/Saint-Raphaël. Le 15 juillet 1925 il est (enfin) promu au grade de capitaine de réserve.

Le 29 octobre 1926 il rejoint la caserne des Tourelles à Paris pour intégrer le 1er régiment d'infanterie coloniale (1 RIC). Il emménage alors au 7 rue Ernest Renan.

Le 1er mai 1929 il est détaché au Centre de mobilisation coloniale d'infanterie n° 49 (CM 49) basé à Dreux.

En septembre 1930 il demande à bénéficier d'un emploi réservé d’auxiliaire permanent au Ministère de la Guerre. Le 30 mai 1931 sa demande est acceptée et il intègre donc le service spécial de la direction du contrôle. Du 6 au 26 juin 1932 il effectue une période d'instruction au 23ème RIC au camp de Mourmelon. Le 12 février 1933 une commission médicale le juge invalide à 20%.

Le 8 mars 1934 il fait part de sa volonté d'être rayé des cadres, une mesure qui est acceptée et qui deviendra effective le 7 décembre 1934 suivant. Il continuera cependant d'occuper son emploi au Ministère au moins jusqu'en juillet 1936. Le 11 décembre 1935 une commission de réforme de la Seine le jugera invalide à 50%.

Il prend alors sa retraite après trente années de service. Il réside à cette époque dans une belle maison en pierres meulières située au 35 avenue du Bois de Boulogne à Clamart - l'actuelle avenue Henri Barbusse. C'est-là sans doute qu'il va passer toute la guerre ainsi que l'occupation allemande.

Après-guerre (avant 1955) il s'installe rue Gambetta à Auterive en Haute-Garonne, dans la région d'origine de son épouse. Le 24 novembre 1958 la commission de réforme de Toulouse lui accorde une pension d'invalidité de 85%. Il mourra onze ans plus tard.

 Sources

  • Personne: Dossier militaire de Marius-Prosper-Antony Delort-Sérignan, GR 7 YE 1712, Service historique de la Défense, Vincennes.

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 Aperçu de l'arbre

Adorable-Prosper de LORT-SERIGNAN 1807-1870 Marie-Arsène DENNEMONT 1808-1847 Etienne-Prosper-Célestin HIBON 1807-1877 Françoise-Esther GEORGET 1812-1858
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Aphrodise-Prosper de LORT-SERIGNAN 1838-1912 Esther-Irène HIBON 1841-1899
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Marius-Prosper-Antony de LORT-SERIGNAN 1885-1969