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Commencée il y a une vingtaine d'années, cette généalogie réunit plus de 50 000 individus. Près de 19 000 ascendants directs ont été recensés.

Mes recherches relèvent de la tradition généalogique (documents familiaux, Mairies, Archives Départementales) et se sont complétées au fil du temps par les réseaux  que sont les cousinages, les forums, les membres de Geneanet,  les  échanges fructueux avec d'autres passionnés et de façon non négligeable que sont  les sites  privés ou  détenus par les associations.

A l'instant,  la machine à remonter le temps est placée  au niveau de « Berthe Au Grand Pied » et à Pépin Le Bref  non sans avoir cité  Rollon Ier de Normandie qui nous vient du peuple viking.

Cette généalogie est complétée par des apartés thématiques liés au contenu de ma chronique familiale.

Que soient remerciés, ici, celles et ceux qui m'aident dans la réalisation de cet Arbre Généalogique, ils sont cités dans mes sources.

 Chronique familiale



 LES CARNETS DE TANTE ANAÏS : RÉCITS, MYTHES ET TRADITIONS …
Chapitre 13


PLUS DE 300 TEXTES EN LIGNE

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Chapitre 1fleche._Simple_G.gifChapitre 2 fleche._Simple_G.gifChapitre 3 fleche._Simple_G.gifChapitre 4 fleche._Simple_G.gifChapitre 5 fleche._Simple_G.gifChapitre 6 fleche._Simple_G.gifChapitre 7 fleche._Simple_G.gifChapitre 8 fleche._Simple_G.gifChapitre 9 fleche._Simple_G.gifChapitre 10 fleche._Simple_G.gifChapitre 11 fleche._Simple_G.gifChapitre 12 fleche._Simple_G.gifChapitre 13 fleche._simple_Bas.gifChapitre 14 fleche._simple_D.gif Chapitre 15 fleche._simple_D.gif



Sommaire

 1 - LE TRÉSOR DE LA ROUE

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« C’était grand-père qui m’en racontait de belles légendes ! Je me revois assise tout près de lui, sur un petit tabouret bas, la tête à peine plus haute que son genou. Là, je passais des moments délicieux. Grand- père était si heureux de me raconter des histoires, et moi… si heureuse de les écouter. Je sentais que sur son visage tout était plus doux, ses yeux semblaient briller davantage et toutes ses rides riaient…
- « Dis grand-père, « raconte » …une bien jolie…, il était une fois …. »
Il allumait sa pipe, tirait une bonne bouffée et regardait un peu la fumée blanche décrire de folles arabesques, puis… il commençait et c’était toujours la plus jolie. Et comme je m’en souviens des histoires de grand-père ! Je me souviens d’une qui parlait du Manoir de La Roue.

Silencieux et froid, le vieux manoir se cache dans les bois sombres, tout près de Saint-Anthème. Une route en lacets puis un rude chemin caillouteux y conduit… de plus en plus, on s’enfonce sous les branches odorantes des sapins et de plus en plus, la fraîcheur, l’humidité des bois vous enveloppe, on devine tout près la masse imposante du château qui va brusquement surgir à nos yeux.

Une haute tour, une lourde porte cloutée, un vieux balcon en bois, tout ici respire quelque chose d’ancien et l’on sent peser sur soi la légende, car en effet il y a bien ici une pierre qui a la sienne..

Le dernier des seigneurs de la Roue, Balthazar Pierrefort peut être, a caché là sous une très grosse pierre toutes les richesses anciennes du château. Maintenant, chaque année, la nuit de Noël, alors que les flocons blancs tournent dans l’air glacé, alors que les petits enfants font des rêves bleus et que le père Noël ouvre largement la main dans les cheminées fumeuses, il se passe quelque choses d’étrange…

Lentement, minuit sonne à Saint-Anthème, douze coups étouffés dans la tourmente… un…deux…trois… A la Roue un arbre gémit plus fort sous le vent, la pierre craque, bruit lugubre, la pierre s’ouvre. Toutes les richesses des seigneurs des pièces d’or, des bijoux de toutes sortes, sont là, brillant d’un incomparable éclat. Un trésor immense resplendit éclairant toute la façade nord de l’austère château, toute la neige suspendant des gouttes de lumière aux branches alourdie de flocons…

A nouveau, douze coups se perdent dans la nuit aveugle … dix…onze… douze , au château tout s’éteint, tout s’efface… le trésor a disparu. Alors, malheur à l’imprudent qui émerveillé aurait voulu plonger la main dans les bijoux, car la pierre garde fidèlement son trésor et garderait même le bras qui voudrait le voler.

Et le conte se terminait là à ces mots que grand-père répétait « oui malheur à lui, car le diable veut son âme … »

D’après Jeanne Quiquandon élève du Cours Complémentaire de Saint-Anthème - 1936-1937 - (Overnia – Bibliothèques & Médiathèques de Clermont Communauté – Archives d’Henri Pourrat - Cote : HP 86 )

Octobre 2017



 2 - LA PÉNITENCE DE L’AUBERGISTE

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Chaque sept ans, le bon Dieu faisait sa tournée sur la terre avec saint Jean.

Cette fois-là les deux voyageurs entrèrent dans une auberge, pour se restaurer.

L'hôtesse les servit. Quand ils eurent mangé et bu, le bon Dieu dit à Jean :
— Paye, Jean.
— Mais, Seigneur, je n'ai pas d'argent, je n'ai rien...
Alors le bon Dieu mit sa main à la poche et en sortit une bourse pleine d'or. L'hôtesse ramassa, le prix du repas et s'en fut trouver son homme :
— Si tu avais vu cette bourse ! Il y en avait, des louis, il y en avait !... Si nous pouvions les leur dérober ?...
L'aubergiste va se poster à la croisée trois chemins.

Quand Notre-Seigneur et saint Jean y furent arrivés, le mauvais hôte leur saute dessus en criant :
— La bourse ou la vie !

Mais le bon Dieu avait reconnu l'homme de l'auberge ; il le touche de sa main et le métamorphose en âne !

Nos voyageurs, comme si de rien n'était, s'installèrent commodément sur leur nouvelle monture et firent chemin.

Un peu plus loin, ils trouvèrent un brave meunier qui portait un sac de blé , et qui peinait; le pauvre !

Le bon Dieu lui dit :
— Bonjour, brave homme !
— Bonjour, monsieur.
—- Oï ! Pourquoi vous fatiguez-vous avec ce sac de blé ? Vous devriez nous louer notre bidet ?
— Votre bidet ?... Je veux bien, si vous ne me demandez pas trop cher.
— Oh ! pour çà , non. Ecoutez ; nous vous le louerons pour sept ans ; et tous les jours que le bon Dieu fera, vous mettrez un sou dans une bourse et, quand de nouveau nous passerons, nous prendrons l'âne avec la bourse.
— A ce prix-là, j'en louerais bien deux ! s'écria, le meunier, tout réjoui ; marché conclu !
Et surtout, dit Notre-Seigneur au meunier, n'oubliez pas que cet âne ne doit faire que travailler du matin au soir. Et pour toute nourriture, des « regardelles » rien du tout. Et chaque qu'il braiera ou ruera, prenez un gros gourdin et zou ! sur l'échine.

Tout se passa le mieux du monde . Le meunier, secondé par son âne, eut tôt fait d'avoir une petite fortune. L'âne-aubergiste peinait dur . Il ne faisait que travailler, et lorsqu'il se révoltait, vite une bastonnade le remettait dans le droit chemin.

Au bout de sept ans, Notre-Seigneur et saint Jean passèrent de nouveau sur leur terre. Ils allèrent au moulin chercher leur âne avec la bourse. Et le meunier les paya et les remercia avec effusion.

Les deux voyageurs prirent l'âne et la bourse et retournèrent à l'auberge,

L’hôtesse en les voyant les reconnut et se prit à dire en larmoyant :
- C’est bien vous, braves gens, qui, il y a sept ans, êtes passés ici à mon auberge et peuchère mon homme a disparu depuis votre visite.
- Votre homme ? lui dit Notre-Seigneur mais il est là devant la porte !
L’hôtesse sort et ne voit sur le seuil qu’un âne aux yeux tristes.
- Ça mon homme?

Mais sous ses yeux la métamorphose s’opéra et l’aubergiste pleurant de joie et de repentir se jeta dans les bras de sa femme abasourdie.

Alors le bon dieu dit à l’ aubergiste :
- Eh bien ! te souviendras de la leçon que je t’ai donnée ? Tiens, prends cette bourse ; elle contient l’argent que tu as gagné pendant tes sept ans de pénitence. Et tu te souviendras que l’argent, pour qu’il profite, il faut le gagner, non le voler.
- Oh ! celui-là, pour sûr, je ne l’ai pas volé ! s’écria l’ancien bidet en tâtant son échine. »

D’après Louis Neveu, publié dans : Le Massif Central, supplément de L'Auvergnat de Paris

Octobre 2017



 3 - TRADITIONS LORS DES FÊTES DE SAINT-BLAISE ET SAINT-ROCH EN AUVERGNE

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  • Saint Blaise ou Saint Roch
    Dans le canton de Tauves, le jour de Saint Blaise ou Saint Roch, les paysans conduisent leurs bestiaux sur la place publique après la messe, pour que le prêtre les bénisse. Ils lui donnent un petit sac d'avoine et un morceau de pain. Tous les sacs d'avoine, tous les morceaux de pain sont réunis dans deux grands sacs que le prêtre met aux enchères ; celui qui les obtient le vend ensuite aux paysans qui les donnent à manger aux bêtes. L'avoine et le pain ont été préalablement bénits.

  • Le jour de Saint Blaise
    On assiste à la messe, avec un petit cierge à la main. On achète plusieurs de ces petits cierges que l'on allume et que l'on fait brûler dans les étables, dans les poulaillers, les écuries, les porcheries (Gerzat).
    En certains villages, toutes les bêtes sont amenées sur la place, et le prêtre leur donne la bénédiction.
    En d'autres villages, la cérémonie de la bénédiction des animaux domestiques se fait sur la place publique, près de la croix du village, le jour de Saint Roch (Vassel, Courpière).

    D’après la Revue des traditions populaires - Auteur : Musée de l'homme (Paris) - Éditeur : Société des traditions populaires au Musée d'ethnographie du Trocadéro (Paris) - Date d'édition : Janvier 1898

    Octobre 2017



 4 - LA CROIX DE SAINT-ANDRÉ

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« La tradition rapporte en effet que ce saint fut crucifié sur deux troncs d’arbre assemblés en sautoir ; il avait les bras liés sur les deux branches supérieures et les jambes sur les branches inférieures, la tête restant dans l’intervalle des deux premières. Toutefois sur des peintures anciennes, on trouve Saint André martyrisé sur un arbre en forme d’Y ; les jambes sont alors réunies sur le fût du bas. Mais la croix en X (crus decussata) a prévalu sur celle d’Y dans l’iconographie chrétienne et a reçu la dénomination de « croix de Saint-André ». Selon l’historien Emile Male, la représentation de cette forme de croix apparaît pour la première fois dans un manuscrit de la « Légende dorée » et situerait entre les années 1300 et 1320.

Dans la région brivadoise, Saint André est le patron de Lavaudieu et de Prades. Cette dernière localité possède une très curieuse statue de ce saint, elle est du XIVe siècle et en pierre. Son originalité en fait une pièce archéologique unique en son genre ; on n’en retrouve aucun autre spécimen iconographique : en effet, les bras du saint sont remplacés par deux bandes plates et oblongues se croisant de manière à former un X, et tenant toute la face antérieure de la statue, donnant à l’ensemble un aspect inattendu d’un caractère singulier. Malheureusement la tête était séparée du tronc il y a quelques années et pour ce motif, la statue avait été reléguée au premier étage du clocher. Il y a d’ailleurs dans l’église de Prades, une autre statue de Saint André qui n’est point dépourvue d’intérêt.»

D’après l’Abbé Julien Lespinasse – Chroniques du Brivadois – Un peu d’histoire locale – Edition « Almanach de Brioude » - 1965

Octobre 2017



 5 - BARBE-BLEUE

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Il y avait autrefois sur les montagnes d'Auvergne un magnifique château avec de grandes tours ; on ne pouvait y pénétrer qu'en passant sur un pont volant qui se relevait immédiatement, et l'on disait dans le pays que tous ceux qui y entraient n'en ressortaient pas. On l'appelait le château maudit.

Les gens du pays évitaient de passer dans les environs et aussi craignaient de rencontrer le seigneur. C'était un homme bien méchant, très grand et très fort, ne sortant que vêtu de fer et monté sur un cheval noir. Il avait une grande barbe à reflets bleus ; pour cela on ne l'appelait que Barbe-Bleue. Il était toujours seul et on ne lui avait jamais connu d'amis.

Les femmes, surtout, craignaient sa rencontre, car l'on disait qu'il emportait dans son château toutes celles qui lui plaisaient et que jamais plus on ne les revoyait.

Or, un jour la belle Catherine, la fille au père Barriez, était allée chercher du bois dans la forêt. Elle était bien contente, ce jour là, car elle venait d'être fiancée au plus beau et meilleur garçon de l'endroit et leur mariage devait avoir lieu après la moisson.

Tout en chantant, elle alla bien avant dans la forêt, jusqu'au sentier des Trois Solitaires, ne pensant guère au méchant Barbe-Bleue.

Son fagot de branches sèches était terminé et elle s'apprêtait à rentrer chez son père, quand tout à coup Barbe-Bleue se trouva devant elle. Il la saisit, la plaça devant lui sur son cheval et, au galop, regagna son château. Il l'amena dans une belle chambre où il y avait des meubles recouverts de soie, d'or et d'argent.

« Tout cela t'appartiendra, Catherine, lui dit-il, car dans trois jours tu seras ma femme ; prépare-toi, voici des étoffes pour te faire des robes; n'épargne rien, car je veux que tu sois belle le jour de notre mariage ; tu peux aller prier dans la chapelle du château; mais ne cherche pas à fuir, ce serait inutile : le pont volant est levé, les tours sont hautes et les fossés profonds. Tu entends les aboiements d'un chien; il te dévorerait certainement s'il pouvait te saisir; de plus tu es si éloignée de chez ton père que dans huit jours tu ne pourrais y parvenir : tu mourrais de fatigue ou j'aurais le temps de te retrouver pour te tuer.

La pauvre fille eut beau supplier de la laisser retourner chez son père, auprès de son fiancé, tout fut inutile : Barbe-Bleue la quitta en lui annonçant qu'il allait chercher au loin un prêtre pour les unir, et qu'on le mettrait à mort après.

Catherine était bien effrayée, car elle avait entendu dire bien des fois que Barbe-Bleue avait eu plusieurs femmes et qu'il les avait fait mourir quelques jours après le mariage. Ce qui la faisait beaucoup pleurer c'est qu'elle ne devait plus revoir son fiancé qu'elle aimait tant. >
— Je vais prier, dit-elle, et me préparer, non au mariage, mais à la mort.
>Elle s'en fut dans la chapelle qui était resplendissante de lumières; tous les cierges étaient allumés, mais elle fut bien surprise et eut grand'peur quand elle aperçut devant l'autel trois énormes pierres, trois tombeaux.

Catherine s'agenouilla et commença sa prière, l'entrecoupant de larmes et de sanglots. Tout à coup elle entendit une voix qui disait : « Pauvre Catherine! » Aussitôt une seconde voix dit :
« Pauvre Catherine ! » et une troisième répéta tristement : « Pauvre Catherine ! » et en même temps les pierres qui recouvraient les trois tombeaux se soulevèrent.
— Qui êtes-vous, dit-elle, vous qui me plaignez tant?

Trois femmes enveloppées de leurs suaires sortirent des tombeaux et lui répondirent :
— Nous sommes les trois femmes que Barbe-bleue a tuées et tu feras la quatrième si tu ne réussis à te sauver.
— Et comment pourrais-je fuir? dit Catherine; le pont volant est levé, la tour est haute et les fossés sont profonds, le chien me dévorerait, et la route pour aller chez mon père est si longue, si longue que je ne pourrais y arriver en huit jours.
— Prends cette corde avec laquelle Barbe-Bleue m'a étranglée, dit la première, et tu te laisseras glisser le long de la muraille.
— Prends ce poison avec lequel Barbe-Bleue m'a empoisonnée, dit la seconde, tu le jetteras au chien qui l'avalera et tombera mort.
— Prends ce gros bâton avec lequel Barbe-Bleue m'a assommée, dit la troisième, tu t'appuieras dessus pour faire ton long voyage.

Et toutes trois ajoutèrent :
- Dépêche-toi, car si Barbe-Bleue revenait, il te tuerait. Bonne chance, Catherine, adieu. Et elles rentrèrent dans leurs tombeaux.

Catherine prit le poison, la corde et le bâton. Dans la cour elle jeta le poison au chien qui s'élançait sur elle, il l'avala et tomba foudroyé; elle attacha la corde et se laissa glisser le long de la muraille.

Une fois dans les champs Catherine se mit à courir, tant elle était pressée de s'éloigner du château maudit, mais elle fut bientôt fatiguée, et elle s'appuya sur le bâton. Après avoir longuement cheminé, elle rentra chez son père qui pleurait au coin du l'eu parce qu'il croyait que sa fille avait été dévorée par les loups.

Un mois après Catherine épousait son fiancé; ils furent très heureux et eurent beaucoup d'enfants; elle ne retourna jamais dans la forêt, mais elle apprit que lorsque Barbe-Bleue était rentré chez lui, furieux de ne pas la retrouver, il s'était mis à sa poursuite dans le but de la ramener dans son château pour la faire bien souffrir et la tuer après.

Pendant des mois, il parcourut les environs, la cherchant partout inutilement. Enfin, un jour, on le trouva mort, juste à l'endroit où il avait rencontré Catherine ; c'était un loup-garou qui l'avait tué, disait-on. Longtemps après l'on entendait encore, la nuit, au sentier des Trois Solitaires, des rugissements et des sanglots. Les habitants du pays n'y passaient jamais après le coucher du soleil, quand les poules sont au poulailler.
br>A l'endroit où se trouvait le château de Barbe-Bleue, l'on vit pendant longtemps des spectres blancs, des revenants; c'étaient, disait-on, les femmes et les prêtres que le méchant seigneur avait assassinés.

Jeunes filles, n'allez jamais trop avant dans la forêt, rappelez- vous les malheurs de Catherine, vous pourriez y rencontrer des méchants Barbe-Bleue et vous seriez perdues. »
>
Conté par Jean Raynaud, le vieux tisserand. D’après Antoinette Bon - Revue des traditions populaires - Auteur : Musée de l'homme (Paris). - Éditeur : Société des traditions populaires au Musée d'ethnographie du Trocadéro (Paris) -Date d'édition : 24 avril 1887

Octobre 2017



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 6 - LE COCHON DANS LE BERCEAU

2017_11_Cochon_dans_un_berceau.jpg « Il y avait une fois, à Saint-Dier-d’Auvergne, un homme qu’on appelait le Grabié et qui volait des poules, des lapins, et toutes sortes de choses dans la commune. Mais personne ne lui faisait d’observation parce que les gens avaient peur que cet homme mît le feu à leur maison ou qu’il leur mette un malheur. On le laissait donc faire. Une nuit revenant de marauder et n’ayant rien trouvé il rentrait bien ennuyé. Tout à coup il entendit dans le fossé quelque chose qui remuait il s’approcha et vit un joli petit cochon qui était couché dans le fossé. Comme il faisait un beau clair de lune il s’approcha de bien près et reconnut le cochon de la Bigaude. Elle l’avait acheté pour le tuer pendant l’hiver. In n’osait pas l’emporter. Puis il dit : « puisque c’est la nuit et que tout le monde est endormi personne ne me verra ». Il se dépêcha de rentrer chez-lui. Il cacha le cochon dans un coin, sous l’escalier. Puis il alla se coucher disant à sa femme : « Porte pas peine, y aura bon fricot demain . »

Le cochon était bien celui de la Bigaude, le Grabié ne s’était pas trompé. Le soir en allant lui porter à manger la Bigaude avait oublié de refermer la porte. Et pardi ! le cochon était parti et il avait couru sur la route jusqu’à ce que n’en pouvant plus, il s’était étendu dans la fossé. Le matin la Bigaude fut bien surprise en voyant l’étable de son cochon vide ; elle l’appela ; mais ne le voyant pas venir ; elle dit : ça peut être que le Gabrié qui l’a volé. Elle partit tout de suite chez lui.

Quand le Gabrié la vit venir il se croyait perdu. Puis soudain il eût une idée il dir : « femme emporte la gamin dans une autre pièce et je vais mettre le cochon que j’ai trouvé hier dans le berceau et je le bercerai parce que la Bigaude vient le chercher sans doute, je la vois venir par le chemin là-bas et elle marche d’un bon pas. »

Alors, il mit le cochon dans le berceau et il secoua le berceau en chantant comme s’il faisait dormir son petit. Il l’avait coiffé le cochon d’un bonnet.

La Bigaude arriva :
- Bonjour Grabié , alors ça va bien
- Oui ça va bien. Qu’y a-t-il donc à votre service
- Je viens voir si vous n’avez pas pris mon cochon,
- Moi ! avoir pris votre cochon, moi ! mais vous n’y pensez pas, moi ! avoir volé votre cochon en une fois.
- Oui vous, vous, faites pas votre innocent je dis que c’est vous.
- Eh bien tenez c’est pas si tellement grand chez-nous vous pouvez regarder partout et si vous le trouvez vous serez fine.
- Il n’y a pas de « cherchez » je vous dis de me rendre mon cochon.
Alors le Grabié se mit en colère et il alla vers la table, prit un couteau et dit : mieux que de passer pour avoir volé votre cochon je vais tuer celui qui est dans le berceau
- Faites pas de malheur Grabié, fermez-moi ce couteau, je me suis trompée ça peut bien arriver à tout le monde, je vous fais excuse.

Alors la Bigaude s’en alla bien triste. Et voilà comment le Grabié put faire un bon dîner le lendemain. »

D’après Jeanne Gachon élève de l’Ecole de Filles de Bertignat - Mai 1937 - (Overnia – Bibliothèques & Médiathèques de Clermont Communauté – Archives d’Henri Pourrat - Cote : HP 86 5

Septembre 2017



 7 - LE POULET CHANGÉ EN CRAPAUD

2017_11_Crapaud.jpg « Trois frères étaient assis autour d’une table bien servie. Il y avait du vin et du poulet.

Ils aperçoivent à travers les fenêtres venir leur père ; ils enlèvent le poulet à la hâte et le cachent dans une armoire.

Le père parti, ils songent à reprendre leur régal. Ils ouvrent l’armoire, en retirent l’assiette au poulet. Mais eux bien étonnés de voir à la place du poulet un gros crapaud noir.

Par la permission de Dieu, le poulet était devenu crapaud. »

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

Septembre 2017



 8 - L’HISTOIRE DE LA ROCHE DES FÉES À LA BOURBOULE

2017_11_La_Roche_des_fees_La_Bourboule.jpg A cette époque, loin, très loin de nous, ni les romains, ni même les Gaulois n’avaient découvert les prodigieuses sources thermales qui jaillissent un peu partout en Auvergne, pour notre plus grand bien-être à nous autres, pauvres humains sans cesse accablés de maux de toutes sortes.

Ces sources cristallines bouillonnaient secrètement dans le ventre opulent et démesuré de la Terre, là où le feu souverain liquéfie la roche pâteuse, où le sang rouge de la lave irrigue puissamment ses entrailles profondes. En surface, seuls affleuraient ça et là, parmi l’herbe et les cailloux, quelques lacs miroitants. Dans le Massif des Monts-Dores (Massif du Sancy), sauvage entre tous, les habitants étaient rares et la nature triomphante. De nombreuses roches, énormes et escarpées, parsemaient le paysage. Gardiennes fidèles de la Haute-Auvergne, elles dominent toujours fièrement pâtures, forêts, villes et villages.

Celle qui nous occupe aujourd’hui se dresse au-dessus de La Bourboule et porte un nom symbolique : la Roche des Fées. Pourquoi ce nom ? Voici une légende qui va vous le confier. Savez-vous bien que, de nos jours encore, de multiples génies sont les gardes vigilants de la fournaise souterraine ? Sinon, comment expliquer que nos volcans, gants de pierre assoupis, puissent contenir en leurs flancs de redoutables les flots incandescents ? Oui, ce sont des génies, attentifs et dévoués, qui constamment les répriment de leur mieux. Qu’ils négligent, un instant leur tâche et le feu de la terre jaillira de nouveau !

Autrefois, ces génies étaient les alliés des nombreuses fées de l’eau prisonnière sous les montagnes. Hélas, ces bienveillantes magiciennes ont toutes disparu de notre région. Un soir, en leur festin on les effraya, et elles fuirent à jamais. Mais, pour preuve de leur lointaine présence, la pierre grise de la Roche porte l’empreinte de leurs assiettes, plats et gobelets et aussi l’immense poêle où elles cuisinaient, paraît-il, l’omelette. Ces traces, vous pourrez les voir sans peine, chaque Bourboulien est à même de vous les montrer.

En ces temps lointains, dans le Massif seules quelques huttes de boue et de branchages abritaient une poignée d’humains. Les fées bien obligeantes protégeaient le Massif dans le secret le plus total...

D’après Traditions, légendes, contes mystérieux d'Auvergne

Septembre 2017



 9 - SORCELLERIE

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Une femme de Courpière allaitait un jeune enfant. Vint à passer un homme, un inconnu, qui demanda à la femme un verre de son lait. Je viens, dit-elle, de donner le sein à mon enfant, et en ce moment je ne puis vous satisfaire. Repassez demain.

L'homme vint le lendemain, et trouva sur la table le verre de lait promis. Il dit à la femme de le suivre jusqu'à l'étang voisin. Arrivé près de l'eau, il mit une certaine poudre dans le lait, et le fit jeter par la femme dans l'étang. Il lui demanda si elle ne voyait rien dans l'eau. Elle répondit: je vois des cochons et des vaches.

Vous m'avez trompé, dit-il, c'est du lait de vache que vous m'avez donné et non du lait de femme.

A partir de ce jour, une très grave maladie s'abattit sur ces animaux, mais les humains furent épargnés, grâce à la ruse de la femme qui avait donné, au lieu du sien, du lait de vache.

Conté par Marie Bardin-Loubardy, de Courpière (Puy-de-Dôme) et recueilli par le Docteur Pommerol - Revue des traditions populaires - Éditeur : Société des traditions populaires au Musée d'ethnographie du Trocadéro (Paris) - Date d'édition : novembre 1898

Septembre 2017



 10 - LE RENDEZ VOUS DES SORCIERS



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« Selon certains auteurs, après le départ des moines, le sommet du Puy de Dôme servit de lieu de sabbat aux sorciers….

La nuit de la Saint-Jean d'été donc, les sorciers arrivaient là, de l'Auvergne, du Limousin, de la Marche, du Velay, du Vivarais, du Gévaudan, voire du Languedoc. Car ils n'avaient qu'à enfourcher leur balai de bouleau pour être rendus en un clin d'œil dans les vents de la nuit.

Leur maître, c'était Satan, qui avait la figure d'un bouc. Il les recevait au milieu d'un rond tracé sur le gazon au sommet de la montagne. Chacun venait allumer sa chandelle à la chandelle noire qu'il portait sur les cornes et dévotieusement lui baiser la fesse.

Pour commencer le sabbat, le diable disait la messe à sa façon, avec une tranche de rave en guise d'hostie. Puis il distribuait les métiers de sorcellerie pour leur nouvelle année, faisant largesse de charmes contre le feu, les loups, les bêtes sauvages, et soufflant sur ses suppôts pour leur donner le pouvoir de prédire l'avenir.

La tradition populaire veut que, pendant cette messe noire, à cet endroit du puy de Dôme qu'on appelle « le cratère du Nid de la Poule » , soit apparue une énorme poule noire à trois queues (elle pondait trois œufs noirs puis disparaissait dans les flammes). Les sorciers se précipitaient alors, brisaient les œufs et y trouvaient les ordres de Satan pour l'année à venir.

Sorcier.jpegEn cette année de la Saint-Jean, où le crépuscule du soir rejoint presque celui du matin, la foule noire de sorciers grouillait longtemps dans le gris blafard, là-haut, d'où l'on domine, si bas au-dessous, une infinité de pâturages, de forêts et de campagnes. Assis sur l'herbe rase, ces maudits faisaient un repas de pain, de vin et de fromage, toutes provisions mises en commun, pour signifier qu'ils étaient tous frères. Puis, jusqu'à l'heure où l'air de pâle devient rouge, leurs cérémonies se continuaient par des débordements, des horreurs, des lubricités qui ne vaudraient rien à êtres retracées.

Ces choses sont si vieilles qu'on n'oserait les donner pour tout à fait véritables. Cependant, encore aujourd'hui, les bergers montent à la Saint-Jean sur la plus haute montagne pour voir danser le soleil : car il danse, ce jour-là, à son lever, ne sachant s'il doit aller à droite ou aller à gauche.Beaucoup en ces cantons écartés ont dû demeurer longtemps païens et magiciens dans le secret de leur cœur .

Ce site n'est d'ailleurs pas le seul dans la chaîne des Puys à avoir mauvaise réputation : le sommet très étroit de ce puy Chopine, qui a tant décontenancé les géologues, passe lui aussi, pour avoir eu une chapelle et avoir été un rendez-vous de sorciers. Et tout le monde sait bien qu'au Suquet de la Fachineire (la petite montagne de la fée) entre le puy de Pourcharet et le puy de Montillet, il n'est pas prudent de tenir des troupeaux après le coucher du soleil... »

D’après Traditions, légendes, contes mystérieux d'Auvergne

Juin 2017



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 11 - LA MESSE DES MORTS

Pretre_fantome.jpg« Il y avait une fois une veuve qui alla prévenir ses amis et ses voisins que, suivant l'usage, on célébrerait la messe de bout de l'an de son mari. La veille elle se coucha comme d'habitude; mais au milieu de la nuit, elle se réveilla ; l'on était en hiver et la cérémonie devait avoir lieu au petit jour. Comme elle ne savait pas quelle heure il était, elle se leva et alla regarder à la fenêtre.

L'église était tout près de sa maison, et elle vit les fenêtres éclairées, comme si les cierges étaient déjà allumés pour la messe. Elle se hâta de prendre ses habits de deuil et de s'y rendre.

Elle entra dans l'église, mais ne reconnut aucune des personnes présentes; plusieurs, de même qu’elle, portait, comme c'est l'usage, un voile sur la figure. Le prêtre dit la messe des morts, et quand arriva l'offrande, elle s'aperçut qu'elle n'avait aucune pièce de monnaie sur elle. Elle ôta sa bague de noce et la mit dans le plateau des offrandes, se proposant de la redemander au prêtre le lendemain et de la remplacer par une pièce d'argent.

Lorsqu'elle s'en alla après ite missa est, l'officiant et les deux assistants l'accompagnèrent jusqu'à la porte. Elle ne reconnut pas le prêtre; et s'étant retournée, elle vit que l'église était vide et retombée dans l'obscurité.

Le jour n'était pas encore levé ; elle se remit au lit et s'endormit.

Il était tard quand elle s'éveilla dans la matinée, et elle rencontra ses voisines qui lui demandèrent pourquoi elle n'était pas allée à la messe de bout de l'an de son mari.
- Si, répondit-elle, j'y ai assisté, et la preuve c'est que mon anneau de noce n'est plus à mon doigt; comme je me suis aperçue au moment de l'offrande que je n'avais pas de monnaie, je l'ai donné à l'officiant. Il disait la messe à l'autel de la Vierge.

Comme ses voisines continuaient à lui affirmer que personne ne l'avait vue à l'église, elle alla trouver le curé qui lui assura qu'il ne l'avait point vue à la messe. On chercha la bague dans l'église, et on vit qu'elle s'était incrustée dans la pierre de l'autel où le prêtre fantôme avait dit la messe. »

D’après le Docteur Paulin - Revue des traditions populaires - Auteur : Musée de l'homme (Paris). - Éditeur : Société des traditions populaires au Musée d'ethnographie du Trocadéro (Paris) -Date d'édition : 25 mars 1886

Juin 2017



 12 - LA LÉGENDE DU ROND-POINT

parterre_d_anemones.jpg« Je connais la légende des « Pierres folles », de la « Roche du lit », la légende du « Chemin de Mandrin » et aussi la légende du « Rond-Point », celle qui m’a le plus intéressé et que je vais vous conter …

Je la tiens d’une vieille, très vieille femme autant dire d’une fée qui me la dite un jour que j’avais été très sage… J’avais alors une dizaine d’années. Une histoire, une légende … joie ! j’étais sage aussitôt. Je m’assieds sur un petit tabouret devant « ma fée » et les yeux fixées sur les flammes vacillantes de la cheminée silencieuses, vive, vite j’écoute, vite, vite racontez ma bonne fée.

Voilà la légende du Rond-Point telle qu’elle me fut contée.

Il était une fois – il y a longtemps – très longtemps, c’était au temps, où paraît-il, les maisons étaient de verre, et les fleurs de sucre, au temps où vivaient la fée Mélusine et l’enchanteur Merlin, une jeune princesse âgée de huit ans, belle comme le jour : Aurore (belle comme l’aurore sans doute ! pensez-donc). C’était une blondinette aux yeux de pervenche si bleus et si beaux, que même les myosotis n’osaient les regarder. Elle vivait avec ses parents dans un magnifique château de marbre, bâti « au fond » de la forêt de Boisgrand…. Princesse, comme toutes les autres petites princesses, elle était belle – belle à croquer dit la légende, elle était riche, heureuse aussi sans doute ! Quelle est donc la petite fille d’aujourd’hui qui n’envie son sort ? qui ne souhaite être la princesse Aurore afin d’être heureuse comme elle… car je pense, vous l’avez vu heureuse… n’est-ce pas ? Eh ! bien non, elle n’est pas heureuse du tout … ! Savez-vous pourquoi ? Devinez … Elle s’ennuie, elle s’ennuie à mourir… Souvent elle entend son père parler du malheureux bûcheron (serf au service de la famille royale) qui travaille nuit et jour pour nourrir sa nombreuse famille : six petits enfants. Pensez-donc, comme il faut travailler … souvent dis-je elle pleure, comme elle voudrait être la fille de ce pauvre, avoir cinq petits frères, elle ne s’ennuierait plus, elle irait au bois, cueillerait des fleurs, des fraises, s’amuserait à faire des fagots de bûchettes, oh ! elle serait heureuse !.

Un jour qu’elle se promenait autour du château, elle s’apprêtait – c’était bien temps d’ailleurs, car il était presque nuit – à rentrer, en proie à une profonde tristesse. « Comme je suis malheureuse, pensait-elle, toujours seule, toute seule… » Aurore, les yeux remplis de larmes, le cœur gros s’assied sur une pierre, la tête cachée dans ses mains… Elle pleure…pleure.. jamais elle ne sera heureuse…

Soudain, elle sent une petite main se poser sur son épaule. Elle relève la tête, regarde : une fillette, petite brune avec de grands yeux noirs, la regarde avec douceur un bouquet d’anémone dans se main gauche …
- « Oh ! Jeannette (fille du bûcheron), ma chère petite amie donne-moi tes anémones, je te donnerais tous mes jouets, toutes mes belles robes, mon plus beau bracelet …
Confuse, Jeannette ne répondait pas.
>- C’est convenu, tu me donnes tes anémones, je te donnerai mon bracelet de diamants ..
- Oui, répond Jeannette, ce soir à huit heures au « Rond-Point » . Portez votre bracelet, je vous donnerai mes anémones. »

Le soir vient… Aurore, en cachette, à peine une étoile scintille dans le firmament, s’échappe de sa chambre. Dans sa main, elle serre le précieux bracelet, qu’elle va donner pour un bouquet d’anémones… Elle arrive et s’assied en attendant Jeannette. Jeannette arrive, Aurore ne la reconnaît pas tant elle a changé depuis ce matin. Elle a grandi, elle est devenue jolie, elle est maintenant bien habillée, dans sa main une baguette scintille au bout de laquelle le bouquet d’anémones promis.
- « Bonsoir princesse – Vous désirez des anémones, vous en aurez… »
A ce moment, Jeannette (qui n’est autre qu’une fée) frappe de sa baguette magique le bracelet. Celui-ci disparaît et s’envole… Aurore ne voit plus rien… une gerbe de lumière l’enveloppe, une étoile brille au-dessus de sa tête.

Lorsqu’elle revient à la réalité, Jeannette a disparu … le bracelet a disparu, mais tout autour d’elle une collerette d’anémones s’épanouissent et murmurent tout bas, agitant leurs clochette de cristal rose :
- « Nous sommes les petites anémones, fille d’Aurore la Reine Anémone »

Et c’est depuis ce jour qu’il existe à l’entrée de la forêt de Boisgrand une petite allée circulaire fleurie d’anémones : le Rond-Point ». >

D’après Raymonde Guillot élève du Cours Complémentaire à Saint-Anthème (Puy-de-Dôme) – (1936/1937 - (Overnia – Bibliothèques & Médiathèques de Clermont Communauté – Archives d’Henri Pourrat - Cote : HP 86 8)

Juin 2017



 13 - ENCORE UNE HISTOIRE DE DIABLE

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« Voici une histoire du diable telle que me l’a raconté tant de fois mon grand père dans ma prime jeunesse. Avec sa petite voix de vieux timide et charmante comme elles étaient suaves ses histoires. Vieux magicien … il en savait avec des loups, des brigands, des lutins ou le diable. Le diable surtout et c’était celle-ci que j’’aimais le mieux écouter.

« Ce soir là – c’était vers la fin de décembre – il y avait une grande veillée à Mascortel (commune de Saint-Clément-de-Valorgue) , car Mascortel désert aujourd’hui était autrefois plus bruyant qu’une ruche. Tout le monde la savait … une veillée. Tel un parfum enivrant la nouvelle s’était répandue. Elle était venue s’insinuer jusque dans les maisons isolées, même dans la maison de la vieille Jeanne, maison là-bas du côté de Marchand.

Cette bonne vieille ne pensait guère à la veillée . « yeu no me fa re » (Moi, ça ne me fait rien). Mais elle n’était pas toute seule. Avec elle vivait la Catherine, brune paysanne, allant sur ses vingt ans. Et à vingt ans, on a de ces frivolités …

Catherine sut la nouvelle. Du coup elle n’en dormit plus ; tout le jour elle y pensait. Aussi quand vint ce soir tant attend, doucement, lorsque la mère fut couchée , elle partit. Elle fut dehors en un instant.

Dehors, la nuit brumeuse et sournoise de décembre. Il faut passer à Garrérou, nom qui sent la « Gaillipotte » à dix lieues.

Trop vite, elle à l’endroit réputé. Le vent souffle, les hautes verges se penchent et tremblent en proie de frissons. L’eau blanchie de l’Ance roule des fantômes et gronde traitresse. Vrai royaume du diable aux pieds fourchus, hirsute et mystique qui hantait nos campagnes.

Croire au diable à vingt ans … allons vous voulez rire. Catherine incrédule mais hésitante avance toujours. Car du diable on n’en vit pas traces.

Voici la passerelle. Elle avance toujours. El là-bas …. Une masse noir en assise sur la planche. Un homme ? un animal ? Elle avance toujours… Le fantôme remue et se lève. Catherine voit deux braises : des yeux . Elle avance pourtant et pose un pied sur le petit pont… Le vent « tombe ». Les verges se figent. L’eau devient calme. Et gentiment avec une voix qu’il s’efforce d’adoucir, il interpelle Catherine.
- « Où allez-vous jeunette ? »
Catherine l’a reconnu. Un frisson la gagne, sa voix tremble en répondant.

- « Tsé mea grand’mare (Chez ma grand’mère)
- Bien vrai ? Il est tard pour cela ! Et vous n’avez pas peur ?...
- Pea deu diable … (Pas du diable)
- Tu crois petite. Et si je te disais que tu mens ! Que tu as laissé ta mère et que tu vas danser là- bas à Mascortel. Et si je te disais que je suis le démon. Qu’en dirais-tu ?
- …
- Tu as menti, tu as douté de moi. Et pourtant je suis le maître ici-bas. Je commande aux humains et je peux disposer de toi. »

Catherine défaille. « Leu » rit sinistrement. La voix s’enfle, gronde comme un tonnerre, emplit l’espace et terrible, prononce cette tragique sentence : « Tu seras punie, et comme châtiment, tu garderas toujours, ô perfide, l’entrée de ce pont ».

Le vent « ressouffle »… les verges crient… l’eau bondit. Le diable est parti. Et là, près de la berge, une pierre s’assombrit, tout ce qui reste de la pauvre Catherine. »

D’après Marcel Fougerousse , élève du Cours Complémentaire à Saint-Anthème (Puy-de-Dôme)– 1936/1937 - (Overnia – Bibliothèques & Médiathèques de Clermont Communauté – Archives d’Henri Pourrat - Cote :HP 86 8)

Juin 2017



 14 - UNE AUBERGE VELLAVE EN 1876

itineraire.jpg« J'avais rarement rencontré une auberge ayant aussi peu de prétention que celle du Bouchet-Saint-Nicolas ; mais j'étais destiné à en voir beaucoup du même type dans mon voyage. Elle était vraiment caractéristique de ce pays de montagnes de France. Imaginez une chaumière à deux étages avec un banc devant la porte, l'étable faisant suite à la cuisine, de sorte que Modestine et moi nous pouvions mutuellement nous entendre dîner ; l'ameublement le plus sommaire, le sol de terre battue, une seule chambre pour les voyageurs et pour tout confort, les lits. On fait la cuisine et l'on mange côte à côte dans la même pièce, où la famille couche aussi la nuit. Quiconque à la fantaisie de se débarbouiller doit le faire en public, à la table commune. Le régime est quelque peu parcimonieux ; le poisson trop cuit et l'omelette ont figuré plus d'une fois à mon menu ; le vin est déjà médiocre ; quand à l'eau-de-vie, c'est une horreur. Il n'est pas impossible que le dîner soit agrémenté par la présence d'une grosse truie qui s'agite sous la table et se frotte contre vos jambes.

Mais l'aubergiste, neuf fois sur dix, se montre bienveillant et attentif. Aussitôt que vous franchissez le seuil de la porte, vous cessez d’être étranger ; et si rudes et si peu accueillants que soient les paysans sur les chemins, on leur découvre, quand on s'assoit à leur foyer, une teinture de bonne éducation instinctive. Au Bouchet-Saint-Nicolas par exemple, comme je débouchais ma bouteille de Beaujolais et que je demandais à l'hôte de se joindre à moi, il n'en voulut accepter qu'une goutte.
- C'est que. voyez-vous, je suis amateur de bon vin, me dit-il, et je serais capable de ne pas vous en laisser assez.

Dans ces auberges rustiques, il est convenu que le voyageur doit manger avec son propre couteau ; on ne lui en donne pas, à moins qu'il ne le demande. Un verre, un morceau de pain, une fourchette de fer, et la table est mise. Le maître de l'auberge du Bouchet manifesta une grande admiration pour mon couteau dont le ressort le remplit d'étonnement
- Je n'en ai jamais vu de pareil ; je parie que ça vous coûte au moins cinq francs ?

Quand je lui dis qu'il m'en avait coûté vingt, il, resta bouche bée.

C'était un beau vieillard, doux, aimable et étonnamment ignorant. Sa femme, dont les manières étaient moins agréables, savait lire, mais je suppose qu'elle ne lisait jamais. Elle n'était pas dépourvue d'intelligence et parlait avec une autorité tranchante, comme une femme qui tient la queue de la poêle.
- Mon homme ne sait rien, dit-elle avec un mouvement de tête irrité, il est comme les bêtes.

Et le vieux bonhomme acquiesça du bonnet. Point de mépris du côté de la femme pas plus que de honte du côté de l'homme : le fait accepté loyalement, on n'en parlait plus.

La chambre contenait deux lits. On m'en donna un et j'avoue que je fus quelque peu décontenancé en voyant un homme avec sa femme et son enfant en train de monter dans le second...

Je me levai de bonne heure et dépêchai ma toilette. Je bus un bol de lait et sortis pour explorer les environs du Bouchet… »

D’après Robert Louis Stevenson - Publié dans Le Massif Central, supplément de L'Auvergnat de Paris n°16 - 1957 - - (Overnia – Bibliothèques & Médiathèques de Clermont Communauté – Archives d’Henri Pourrat - Cote :HP 86 11)

Juin 2017



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 15 - LA FONTAINE DE SAINTE NATALÈNE

Blesle_Fontaine_Sainte_Nathalene.jpg « Natalène naquit, au IVe siècle, dans la ville qui fut plus tard appelée Pamiers elle était la neuvième fille de Frédélas, gouverneur de la cité : celui-ci, furieux de n'avoir que des filles parmi ses enfants, ordonna de la noyer dans l'Ariège ; mais elle fut sauvée, à l'insu de son père, par saint Martin, dit-on, et elle se consacra ensuite aux œuvres de charité.

Un jour, Alydanus (ou Allyran), lieutenant- général de Frédélas, épris de sa beauté, tenta de la séduire; irrité de la résistance de la jeune fille, il la dénonça au gouverneur comme chrétienne zélée. Natalène fut jetée au fond d'un cachot et traduite devant le tribunal de Frédélas à qui elle déclara :
« Vous êtes « mon père. »

Surpris de cette révélation inattendue, Frédélas consentit à lui laisser la vie sauve, si elle renonçait à sa foi. Sur le refus formel de sa fille, le gouverneur la condamna à mort et les bourreaux la conduisirent sur les bords de l'Ariège où ils lui tranchèrent la tête. Mais a peine fut-elle décapitée, que l'on vit tout à coup Natalène reprendre sa tête entre les mains, au grand étonnement des spectateurs, et rentrer dans la ville jusqu'à la place du Camp où elle expira.

Plus tard , les « escholliers » de Pamiers emportèrent le corps de la sainte dans la direction de l'Auvergne. Comme ils venaient de traverser la ville de Blesle, où ils avaient déposé un instant leur pré- cieux fardeau, et gravissaient le sentier qui mène à Ardes par Bousselargues1, le corps de Natalène devint si lourd qu'ils ne purent le soulever; les cloches de Blesle se mirent à sonner d'elles-mêmes les habitants accoururent et rapportèrent le corps dans une de leurs églises où il resta jusqu'à la Révolution ; une fontaine jaillit soudain du lieu où la sainte avait été déposée c'est celle que l'on voit de nos jours encore.

La fontaine Sainte-Natalène se trouve au nord de Blesle, derrière les maisons de la place du Vallat, au bas de la montagne elle consiste en une sorte de citerne creusée au pied d'un rocher qui a été entaillé sur le devant, on a bâti une muraille soutenant un terrain planté en vigne. L'eau suinte en petite quantité le long du rocher. On n'y remarque aucune trace de niche, de statue ou de croix.

Le culte de Sainte Natalène était jadis populaire dans la contrée. De nombreuses personnes recevaientson nom au baptême. Blesle célébrait sa fête le 5 novembre, et celle de l'Invention de ses reliques le 12 du même mois. Jacques Branche rapporte que lorsqu'un incendie éclatait dans la ville il s'arrêtait dès que l'on apportait la châsse de Sainte Natalène l'intercession de la sainte se manifestait aussi contre la grêle et la sécheresse devant elle, les malades recouvraient la santé c'est ce qu'attestait Messire André Pubert (alias Aubert), curé de Blesle en 1643.

Le culte de Sainte Nalalène étant tombé en désuétude depuis la disparition de ses reliques en 1793, la fontaine sainte n'est plus aujourd'hui un lieu de dévotion. »

1 Ardes est aujourd'hui un chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Issoire (Puy-de-Dôme) Bousselargues, village de la commune de Blesle, était jadis une paroisse de l'archiprêtre d'Ardes.

D’après l’Abbé Julien Espinasse - Les fontaines Saintes de l’arrondissement de Brioude - Almanach de Brioude et de son arrondissement - Date d'édition : 1924

Mai 2017



 16 - LES SUPERSTITIONS EN LIMAGNE

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  • PRATIQUES POUR TIRER UN BON NUMÉRO À LA CONSCRIPTION
    • Mettre dans son habit la bague d'une veuve qui n'a pas eu d'enfant, ou d'une femme mariée le jour de sainte Catherine.
    • Mettre dans son habit un deux-liards qui a la croix — ou dix pièces de dix sous portant la même face et la même année — ou des grains, de chènevis.
    • On doit mettre ces objets dans l'habit, à l'insu du conscrit — généralement on les coud dans la doublure (Gerzat).

  • LES CONSCRITS
    • Les jeunes gens qui, tombés au sort, doivent bientôt partir sous les drapeaux, prennent une bouteille de vin et l'attachent au mur de l'auberge de leur localité avec un ruban ayant appartenu à leur bonne amie. Au retour du service, ils boiront ce vin vieux et bouché en compagnie des camarades.<

      Cette coutume se pratique dans les communes de Pulvérières , Billom et Loubeyrat.


  • LA TRUIE
    • Quand une femme mène sa truie au verrat, elle prend plusieurs tabliers l'un sur l'autre, pour que l'opération ait un plein succès (Gerzat).

  • LE PAIN
    • Les sorciers d'Auvergne pour guérir les malades leur donnent à manger de leur pain — un petit morceau tous les jours — c'est une espèce de communion. - Ils prétendent guérir par don, par inspiration céleste.

  • LE MAUVAIS ŒIL ET LE FER
    • Dans la Dordogne et la Creuse quand on trouve sur son chemin un prêtre, il faut se hâter de toucher un objet de fer, une clef, un couteau — une serrure — sinon il vous arrive malheur dans la journée.

  • LES ONGLES
    • On ne doit pas couper les ongles des enfants nouveau-nés durant un an parce qu'ils deviendraient voleurs.

  • LES ENFANTS PESÉS<>
    • On ne doit pas les peser, parce que cela leur porte malheur, les empêche de grandir, de se développer.

  • L’ENVELOPPE INTERNE DE L’ŒUF
    • On l'applique autour du petit doigt gauche, à l'état frais et cru ; quand l'oeuf est du jour même on en entoure le petit doigt, et cela coupe la fièvre.

  • L’ARC EN CIEL
    • L'arc-en-ciel plonge toujours dans l'eau, par un de ses bouts, généralement dans une fontaine.Si l'on boit l'eau de cette fontaine, aussitôt après la disparition de l'arc on risque d'être empoisonné (Courpière).
    • Les enfants font disparaître l’arc-en-ciel en crachant dans la main gauche, et en coupant, avec le bord cubital de la main droite, le crachat un peu fortement, de manière que la salive soit projetée.

      D’après le Docteur Pommerol - Revue des traditions populaires - Auteur : Musée de l'homme (Paris) - Éditeur : Société des traditions populaires au Musée d'ethnographie du Trocadéro (Paris)Date d'édition : Juillet 1907



      Mai 2017



 17 - LA MÉDECINE SUPERSTITIEUSE EN AUVERGNE

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  • CONVULSIONS ENFANTINES
    • Quand un enfant a des convulsions, ou toute autre maladie que l'on suppose devoir être causée par les vers, les parents prennent un certain nombre de gousses d'ail, soigneusement dépouillées de leur enveloppe, et les enfilent autour d'un fil. Il en résulte un chapelet, un collier de gousses d'ail que l'on applique autour du cou de l'enfant malade. Cette pratique n'est pas usitée chez les malades adultes.

  • LA VIPÈRE
    • Quand on vient d'être mordu par une vipère, la première chose à faire c'est de tuer l'animal. Ceci fait, on cherche alors à panser la morsure. Mais cette morsure serait beaucoup plus grave si la vipère continuait de vivre.

  • LA CRASSE DES ENFANTS
    • On doit bien se garder d'enlever la crasse de la tête des jeunes enfants (Châtelle). Elle doit tomber seule.
    • On ne doit pas guérir la crasse des enfants, parce qu'elle leur tire les mauvaises humeurs. Par la même raison, il faut se garder de les débarrasser des poux.

  • L’ETERNUEMENT
    • Quand une grande personne éternue, on lui dit : Dieu vous bénisse, à vos souhaits ! Mais si c'est un enfant, on lui dit : Critso, crois. C'est un souhait pour que l'enfant croisse bien et se développe. On dit encore à l'enfant qui éternue : Critso Sain DzanCroîs saint Jean ! Que le bon Dieu te fasse sage et grand.

  • LES DENTS TOMBÉES
    • Quand un enfant perd des dents de lait, quand un adulte perd une des dents permanentes, on a, à Gerzat, l'habitude de les mettre dans un des bénitiers de l'église ou dans un trou de mur. La raison de cet usage, qui commence de disparaître, est qu'au jugement dernier nous viendrons reprendre tous nos ossements, et c'est pour cela qu'il faut soigneusement cacher ceux que nous perdons durant la vie.

  • LE FOIE BLANC
    • On dit d'un homme qui épouse un grand nombre de femmes, après la mort des premières, qu'il a le foie, ou les poumons, ou la rate blanche, et qu'il est lui-même la cause de ces morts. Son contact empoisonne les femmes.

      D’après le Docteur Pommerol - Revue des traditions populaires - Auteur : Musée de l'homme (Paris) - Éditeur : Société des traditions populaires au Musée d'ethnographie du Trocadéro (Paris)Date d'édition : Juin 1907



      Mai 2017



 18 - LA MORT PRÉDITE

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« Dans la nuit du 2 novembre, au moment où minuit sonne, tous les spectres de ceux des habitants de la ville d’Aurillac qui doivent trépasser dans l’année, traversent un à un le porche abbatial de Saint-Géraud. Ils marchent lentement et se dirigent vers le cimetière. Là le squelette de la Mort les prend en main, et, chacun à son tout, les conduit en dansant jusqu’au cercueil où ils seront ensevelis.

On raconte qu’un jeune homme ayant voulu vérifier le fait, reconnu sa propre image dans une de ces ombres, et s’évanouit de frayeur. Lorsqu’on le releva la lendemain, il était fou. »

D’après Durif - Littérature orale de l'Auvergne par Paul Sébillot (1843-1918) - Éditeur : G.P. Maisonneuve et Larose (Paris) - Date d'édition : 1898


Mai 2017



 19 - LA FÊTE DE SAINT JEAN-BAPTISTE A MASSIAC

« Massiac, aujourd'hui chef-lieu de canton, arrondissement de Saint-Flour, Cantal, célébrait la fête de Saint Jean-Baptiste avec une pompe toute particulière. On commençait par nommer deux rois et deux reines; un fou, chargé de régler les repas, les musiques et les danses; un baile chargé de régler les dépenses sur le produit des reinages ; un secrétaire-trésorier qui seul avait le droit de publier et de percevoir les reinages.

Saint_Jean_Baptsite.jpg Le 9 juin, jour de foire à Massiac, le baile achetait une vache destinée au festin de la Saint-Jean. Mais avant de paraître sur la table, cet animal avait le privilège de pacager a sa volonté dans toutes les prairies de la vallée ; celui qui aurait voulu s'y opposer se serait attiré la colère du Saint.

On raconte que le célèbre Gaspard d'Espinchal, dit le grand-diable, ayant trouvé la vache dans ses prairies la chassa lui-même ; aussitôt il fut pris d'un tel torticolis que sa tête fut entièrement retournée. Aucun médecin ne put le guérir, et sa tète ne reprit sa position normale qu'après une amende honorable à Saint Jean en soumissionnant la charge de premier roi.

Le samedi soir, veille de la fête, le fou allait chercher les rois et reines, les menait à la chapelle de Saint-Jean, qui se trouvait au milieu de la ville, pour y terminer la neuvaine et de là au champ de foire pour allumer le premier feu de joie.

Le lendemain, la ville était réveillée au son des cloches et au roulement des tambours ; et on commençait les farandoles. Puis on conduisait les rois et leurs compagnes à la chapelle, et on allait déjeuner dans la campagne. Le soir avait lieu une procession qui faisait le tour de la ville. La musique ouvrait la marche, puis le fou suivi des étendards et des bannières représentant la vie du Saint, ensuite des hommes portant qui la tête, qui un bras, qui une jambe, enfin tous les membres d'une statue disloquée de Saint Jean.

La statue entière du Saint, portée sur un brancard placé sous un dais, suivait. Les rois et reines, le choeur des chantres et autorités de Massiac terminaient le cortège. La fête se prolongeait le lundi, et le mardi à trois heures, devant la chapelle, avait lieu la soumission pour le choix des fonctionnaires de l'année suivante. Tous les objets servant à la fête, étendards, bannières, statues adjugés au plus fort enchérisseur. Les élections faites, les rois et reines étaient couronnés solennellement, pendant que les assistants chantaient le magnificat.

Le mercredi était consacré aux cuisiniers qui, sous la conduite du fou, se livraient à la danse souillarde, farandole furibonde pendant laquelle ils se vautraient dans tous les bourbiers.

Cette fête fut supprimée vers le milieu du siècle dernier, et la chapelle de Saint-Jean-Baptiste démolie; les vieillards de Massiac racontent que l'ouvrier qui arracha la première pierre tomba et se cassa la jambe, et que le curé qui interdit la procession ne put guérir d'une gastralgie qui lui était venue en châtiment.

Quand la chapelle existait, lorsqu'un nouveau-né venait d'être baptisé, on le portait à la chapelle, et là les parrains et marraines récitaient cinq pater et cinq ave. Pendant ce temps les gamins qui avaient suivi le cortège montaient dans les tribunes et là faisaient un vacarme épouvantable, avec des crécelles et des marteaux. Si le baptisé était un garçon, cette cérémonie lui donnait de la voix, de bonnes oreilles et une bonne mémoire ; si c'était une fille, elle parlerait bien, chanterait et danserait à ravir. »

D’après le Baron du Roure de Paulin - Auteur : Société des traditions populaires (Paris) -Éditeur : Société des traditions populaires au Musée d'ethnographie du Trocadéro (Paris) -Date d'édition : Juin 1908


Mai 2017



 20 - DIEU VEUILLE QUE JE M’EN AILLE

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Sur son promontoire d'herbes sèches, à un kilomètre au nord de Volvic, Tournoël, quelque peu démantelé par les canons, est encore un assez fier édifice. Ce ne fut sans doute à l'origine qu'un typique donjon carré de montagne surplombant des ravins sauvages Les siècles le fortifièrent, l'agrandirent et l'ornèrent.

En 1594, Tournoël pris par les ligueurs : ils occupaient une maison forte près du village de Donhady où fut mortellement blessé un seigneur de Tournoël, Charles d'Apchon. Mais malgré la Ligue, malgré la Fronde, malgré les querelles de voisinage, la forteresse se transforma en un séjour plus agréable. Les portes gothiques, l'escalier d'honneur et ses fenêtres sculptées, la galerie ont encore grande allure.

Tournoël eut même un jardin intérieur à l'italienne, avec un jet d'eau, une grotte en rocaille et une volière. Tout à côté, dans les massives assises du donjon se trouve une crypte ténébreuse - les fameuses oubliettes pavées d'ossements qui affleuraient, dit-on, à la surface du sol, après les jours de grande pluie...

Dans une des trois salles du grand donjon, dans l'embrasure de la baie grillée qui l'éclaire, on distingue nettement des dessins représentant des loups, des personnages et les inscriptions « Dieu me donne sa grâce », « Dieu veuille que je m'en aille » avec la date de 1595. Les auteurs en sont probablement des captifs des ligueurs.

D'après Traditions, légendes, contes mystérieux d'Auvergne

Mai 2017



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