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Commencée il y a une vingtaine d'années, cette généalogie réunit plus de 50 000 individus. Près de 19 000 ascendants directs ont été recensés.

Mes recherches relèvent de la tradition généalogique (documents familiaux, Mairies, Archives Départementales) et se sont complétées au fil du temps par les réseaux  que sont les cousinages, les forums, les membres de Geneanet,  les  échanges fructueux avec d'autres passionnés et de façon non négligeable que sont  les sites  privés ou  détenus par les associations.

A l'instant,  la machine à remonter le temps est placée  au niveau de « Berthe Au Grand Pied » et à Pépin Le Bref  non sans avoir cité  Rollon Ier de Normandie qui nous vient du peuple viking.

Cette généalogie est complétée par des apartés thématiques liés au contenu de ma chronique familiale.

Que soient remerciés, ici, celles et ceux qui m'aident dans la réalisation de cet Arbre Généalogique, ils sont cités dans mes sources.

 Chronique familiale



  LES CARNETS DE TANTE ANAÏS : RÉCITS, MYTHES ET TRADITIONS …
Chapitre 4


PLUS DE 300 TEXTES EN LIGNE

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Main.gif Vers le sommaire complet de tous les textes


Sommaire

 1 - LE PONT DU DIABLE À CHALENCON



Diable.jpg« Un maître maçon ayant pris à forfait la construction du pont de Chalencon, il y avait beaucoup d’ouvrage pour le faire.

Ce pauvre n’était pas riche. Il aurait eu besoin de quelqu’un pour l’aider. Comme il n’avait pas d’argent, il se trouvait fort en peine.

Cependant on lui avait fixé l’époque où le pont devait être fini. Il encourrait une amende considérable si le travail n’était pas terminé au jour dit.

L’entrepreneur, très ennuyé, sortit un jour pour dissiper son chagrin. En chemin, il rencontra un bourgeois qui lui demanda pourquoi il était si triste. L’autre lui raconta son souci.

Alors le bourgeois lui répondit que s’il lui donnait ce qui passerait le premier sur le pont, il lui promettait de lui avoir bâti son œuvre en trois jours. L’homme le lui promit.

La même nuit, le diable (car c’était lui) fit sortir de l’enfer tous les maçons qui y étaient et leur ordonna de travailler dur. Le pont fut bientôt bâti.

L’entrepreneur dit à sa femme ce qui était arrivé. La femme s’écria :

« Malheureux ! Tu ne sais pas que si tu passes le premier sur le pont le diable t’emportera en son enfer ! ».

L’homme n’était pas fier en se rendant compte de ce qui allait arriver.

On « marmura » la manière dont il serait possible de se tirer d’affaire. Ce fut la femme qui suggéra le moyen : il fallait faire traverser le pont par un chien.

Pour cela, elle confia un morceau de pain à son mari ; celui-ci le jeta sur le pont et le chien courut pour l’attraper.

De colère, le diable empoigna le chien et fit un trou au milieu du pont. On a jamais pu le boucher. »

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

Mars 2014



 2 - LE SUC DE LA REINE


Pont_de_l_Ance_Viverols_Usson.jpg« La route qui va de Craponne à Ambert par Viverols descend dans la vallée de l’Ance, puis remonte en décrivant de multiples lacets jusqu’au col de Chemalatrand.

Il y avait autrefois au sommet de la montagne qui domine le col un redoutable château fort. Ce manoir était habité par une vieille reine qui possédait d’incalculables richesses.

Elles les gardait jalousement cachées, si bien que la châtelaine une fois morte, personne ne put savoir l’endroit secret où elle enfouissait son or. On fouilla le sous-sol sans résultats, on retourna en vain toutes les pierres ; le trésor resta introuvable.

Une vieille mendiante de Viverols, qui était un peu sorcière aussi, assurait que les richesses de la défunte reposaient sous une très lourde dalle que la pioche des démolisseurs n’avait pu ébranler. La nuit de Noël, pendant la messe de minuit, cette pierre se soulevait d’elle-même et la caverne du trésor restait ouverte pendant le temps de l’élévation.

Jamais l’on avait pu contrôler ce dire, car dans le pays la foi des ancêtres demeurait vivace et personne ne s’avisait de manquer la messe de minuit.

Il y avait alors au village de Baffie, un certain Jean Claude qui était besogneux et peu enclin à la dévotion. Il connaissait la légende. Aussi, une nuit de Noël, résolut-il de faire l’ascension de la montagne et de se rendre au Suc de la Reine.

La nuit était noire et froide ; une couche épaisse de neige couvrait le sol , des loups lugubrement hurlaient dans le lointain et les cloches tintaient dans l’ombre, se répondant de paroisse en paroisse et appelant les fidèles vers les lieux saints.

Sans se plaindre, Jean Claude gravissait la montagne. Après une heure de marche pénible, il parvint vers la dalle mystérieuse. Le paysan s’arrêta et attendit.

L’instant suprême arriva enfin. La lourde pierre se souleva d’elle-même : une caverne immense, éclairée d’une vive lumière, s’ouvrit devant Jean Claude ébloui. D’innombrables richesses y étaient entassées.

Pendant ce temps, dans toutes les églises d’alentour, les fidèles, pieusement, s’étaient prosternés, car la clochette avait donné le signal de l’élévation.

Résolument Jean Claude pénétra dans la caverne. Avec des gestes fiévreux il se mit à puiser dans l’or à pleines mains, remplissant son chapeau, gonflant ses poches, bourrant ses chaussures… Il ne songeait plus à la dalle qui dans quelques secondes allait s’abattre d’elle-même sur l’entrée du caveau.

Tout à coup, la grosse pierre vira… D’un bond, le gueux voulut courir vers la sortie, mais il pouvait à peine se déplacer tant était lourd le poids de l’or qu’il portait.

Quelques mètres à peine le séparaient de l’ouverture ; il allait y arriver quand il trébucha et tomba évanoui.

Dans les églises, les fidèles agenouillés se relevaient, car l’élévation était finie.

La caverne s’était refermée…

Depuis, Jean Claude demeure captif dans l’antre mystérieux qui ne s’ouvre jamais de peur que le prisonnier ne s’évade. Les bonnes gens du pays assurent que parfois on entend frapper des coups contre la paroi du rocher fermant la porte. C’est le villageois de Baffie qui demande que l’on vienne le délivrer… »

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

Mars 2014



 3 - LE VOLEUR DE LARD



Lard_frais.jpg« Je ne sais dans quelle contrée se trouvait un bourg qui avait l’avantage de posséder une église et son curé. Celui-ci s’était aperçu depuis plusieurs jours que le lard qu’il avait dans son charnier disparaissait sans que le palais de sa bouche s’en ressentît. Il porta plainte à son domestique l’accusant même de vol. Celui-ci s’en défendit très bien, disant que cela devait être les statues de Saint Pierre et de Saint Paul qui se trouvaient dans l’église.

Notre bon curé se mire à rire en entendant cela, mais le bonhomme sans se déconcerter tire le curé par la soutane en lui disant : Eh la, moussa lou courat, venez veïre aquelous saints coum’ ont la gorgea saynoussa.

Monsieur le curé céda aux insistances de notre déluré voleur. Etant arrivé auprès des statues, il vit en effet qu’elles avaient les lèvres toutes ointes de la graisse qui s’échappe du lard. Le curé voyant cela commença à soupçonner les deux apôtres. Le lendemain il alla encore à l’église, avec son domestique ; ils se rendirent auprès des statues. Le domestique en les voyant se mit à crier tout stupéfait : Ouija ! Moussa lou courat, sougna aneï mei qu’avère la boucha saynoussa, vé, aquelous saints couma bavouni.

Alors le curé saisi d’un mouvement de colère prend un gros bâton et se met à frapper les saints.

Le domestique riait sous cape.
- Piqua bien, moussa lou courat, disait-il, foutez ieour nein d’aquelous vouleurs, aco est que de couquis.<

Le curé réduisit les saints en miettes, mais comme les jours suivants, le lard manquait encore, il finit par s’apercevoir que le voleur était le domestique et il le chassa. »

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)



Mars 2014



 4 - LA GROTTE AUX FÉES



La_Fee.jpg« Qui se souvient encore en Velay et Forez de ce charmant jeune homme qui s'appelait François-Pierre Baronchet ou Barouchet, natif des environs de Monistrol, et qui dans les tumultueuses années de la révolution, fit, par une claire nuit d'automne la rare et curieuse rencontre de trois fées, sur le plateau embrumé des contreforts méridionaux du Forez. L'air était doux, les fées que le plateau baigné de brumes nocturnes ne semblait guère impressionner, chantaient et riaient en esquissant comme des pas de danse.

François-Pierre, charmé par l'inhabituel et troublant spectacle s'approchât. Loin d'être importunées par cette visite inattendue, elles l'invitèrent à danser; et c'est avec plaisir qu'il partagea leurs jeux, racontant toutes les histoires qui lui venaient à l'esprit pour rire de plus belle et prolonger cette nuit décidément pas comme les autres. Il est vrai qu'on ne rencontre pas souvent, au hasard de promenades nocturnes, des fées de belle allure et des plus cordiales. On était loin, ma foi, des terreurs habituelles des nuits sans lune. Loin des drac, lutins, chasse galière, la nuit était plaisir et le jeune homme ne voulait pour rien au monde rompre le charme. Surtout que lorsque son regard croisait celui de la plus jeune des fées, le rouge lui venait brusquement aux joues. Une passion violente s'empara de lui.

Rentré chez lui, au matin, il confia à quelques proches sa rencontre, sans préciser le lieu, ni l'endroit précis, la grotte où ils devaient se revoir. On crut François-Pierre devenu fou, bien qu'ayant une réputation de garçon, calme, posé et fin d'esprit. On pensa même que cette histoire de fée devait sans doute dissimuler quelque galante aventure dont il ne voulait pas dévoiler l'identité.

Nul ne fut sans remarquer que François-Pierre disparaissait presque toutes les nuits et ne rentrait, sur son cheval, qu'au petit matin frileux, enveloppé dans son grand manteau.

Les amis, intrigués par ces mystérieux rendez-vous, plusieurs fois avaient tenté de le suivre, mais en vain. Il ne voulait livrer à d'autres regards que le sien, le trésor de beauté qu'était le doux et noble visage de sa fée bien-aimée.

Les semaines passèrent ainsi, mais François­Pierre comprit bien vite qu'il ne pourrait vivre les nuits , éveillé de caresses et de baisers comme le souhaitait sa belle, et dormir le jour.

Un après-midi, rompant le pacte, il décida d'aller l'attendre à la grotte, bien décidé de la persuader que leur amour serait encore plus beau au grand jour. Il traversa le plateau désertique au galop, mais soudain l'idée lui vint que son amour de fée était peut-être là, à l'entendre déjà, tant il est vrai que les amoureux ont souvent les mêmes pensées aux mêmes moments. C'est donc, à pas de loup qu'il descendit jusqu'à la grotte d'où il perçut comme un doux murmure. Il lui sembla que les violents battements de son cœur allaient s'entendre et trahir sa présence. Il avait deviné juste... elle était là, rêvant pour distraire les heures qui la séparaient de leur rencontre. Il se pencha vers l'entrée, à l'aplomb de la roche bombée comme un casque, écartant doucement quelques feuillages. Mais ce qu'il découvrait le pétrifia. Son sang sembla se figer d'horreur dans ses veines. Sa belle, certes, était bien là, assise au milieu de l'entrée de la grotte, sur le rocher en forme de tabouret. Elle semblait s'amuser avec de grands vers grisâtres qui lui sortaient des narines et de la bouche, rentrant et ressortant sans cesse. D'autres encore se tortillaient dans ses cheveux. Et son visage avait perdu le doux éclat qui faisait à chaque regard chavirer le cœur de François-Pierre.

Glacé d'effroi et de dégoût, il réussit à rejoindre son cheval sans attirer l'attention, bien qu'il pensait que ses jambes allaient, à tout moment, se dérober sous lui. Il galopa dans on ne sait quelle direction et on ne le revit jamais. Sa famille et ses amis n'eurent jamais plus de ses nouvelles.

Ce que nous savons de cette aventure, fut narré par un homme qui passa près de sa demeure dans les semaines ou les mois qui suivirent sa disparition.

Il raconte avec force détails ce qu'un certain François-Pierre Barouchet lui avait confié alors qu'il semblait avoir le diable à ses trousses et les yeux pleins de terreur, en bredouillant qu'il fallait se méfier des fées qui chantent et dansent les nuits d'automne sur le plateau de la Madeleine; mais il ne put indiquer l'endroit où était situé exactement la grotte dans l'entrée de laquelle il devait se trouver un rocher en forme de tabouret.

Oui, qui se souvient encore en Velay et en Forez de ce charmant jeune homme qui s'appelait François­Pierre Baronchet ou peut-être Barouchet et qui devient éperdument amoureux, une nuit d'automne, d'une fée qui dansait avec ses sœurs quelque part sur un plateau désertique des contreforts des Monts du Forez. »

D'après G. Lagonche « Les légendes et diableries de Haute­Loire »

Mars 2014



 5 - ACHARNÉ À MOURIR

ARVANT_L_interieur_de_la_gare.jpg« Un individu de passage à Arvant où il était arrivé depuis mercredi de la semaine dernière a tenté à plusieurs reprises de mettre fin à ses jours pour des raisons mal définies.

Le jeudi soir, il s’était rendu chez M. Vallier pharmacien, et demanda des pilules d’opium, qui ne lui furent d’ailleurs pas délivrées. Il prit un flacon de teinture d’iode qu’il absorba dans la chambre d’hôtel où il était descendu. Il n’obtint que des vomissements et une brûlure dans la bouche.

Il essaya alors, le lendemain, de se jeter sous le train de 8h ½, à la gare d’Arvant. Il en fut arrêté à temps par M. Mailhe, employé à la Compagnie.

En présence de ces tentatives, on avait fait prévenir la gendarmerie qui après beaucoup de difficultés, se rendit sur les lieux, mais notre homme avait pris la direction de Lempdes et à 3 heures du soir, on le trouvait couché en travers de la voie à l’arrivée d’un train que le mécanicien a arrêté à temps avec beaucoup de sang-froid.

L’individu a été enfin cueilli par la gendarmerie et gardé en lieu sûr. »

D’après L’Abeille Brivadoise, édition du 15 février 1913

Mars 2014



 6 - LA LÉGENDE DU LAC DU BOUCHET



Lac_du_Bouchet.jpg
Résolu de punir cette vengeance exécrable, le Messie voulant épargner néanmoins l’unique personne qu’il eût trouvée, dans ce lieu, hospitalière et attentive à ses conseils, dit à la veuve ; « Femme, votre charité ne restera pas sans récompense ; prenez avec vous ce que vous avez de plus précieux et sortez de ce lieu sur lequel la vengeance du ciel va s’appesantir ». Elle obéit, prit sa « selle » à trois pieds, sa seille et suivit à distance les pas de l’étranger, comme sa chèvre suivait les siens. Cependant les airs se couvraient des plus sombres nuages.

Quand ils furent parvenus presque sur la hauteur d’un coteau planté de bois, l’inconnu dit à la veuve :
« Arrêtez-vous ici. Que votre âme charitable et pieuse ne se trouble point au lugubre spectacle qui va s’offrir à vos yeux : le ciel est à vous ».

La veuve s’étant assise sur son banc en face du village frappé de la malédiction divine posa son vase de bois à terre ; et tandis que la chèvre broutait les feuilles d’un buisson, elle se mit à la traire.

Mais les vents se déchaînent avec violence ; l’orage éclate de toutes parts ; la pluie et la grêle tombent avec fureur ; la foudre, à coups redoublés, frappe, sans choix, gens et maisons. Le sol s’ébranle, s’entr’ouvre, et en une seconde le bourg s’abîme dans un gouffre immense et sans fond. L’eau sort à flots pressés de dessous de terre, noie ceux que la tempête avait épargnés et forme ce lac, témoin immuable de la colère divine, ce lac qui recouvre tant de victimes sous ses ondes impassibles.

La veuve n’avait pu assister sans douleur et sans effroi à l’anéantissement de cette autre Gomorrhe, entendre les cris déchirants de tant de gens connus ou aimés sans que son cœur en saignât. Elle regardait anxieusement autour d’elle et, n’apercevant pas celui qui commandait aux éléments, elle se mit à pleurer. Soudain Jésus apparaît et lui dit :
« Que la paix soit avec vous ! Femme, sachez qu’un verre d’eau donné en mon nom ne reste point sans récompense. »

Ils avaient à peine fait quelques pas ensemble dans l’intérieur du bois, que la veuve aperçut, en tout semblable à la sienne, une chaumière évidemment préparée pour la recevoir. Émue jusqu’aux larmes, la pauvre femme s’agenouilla et dit à celui en qui elle avait reconnu l’envoyé de Dieu :
« Maître, c’est ici que je dois désormais finir mes jours dans la prière, la crainte du ciel et la reconnaissance de vos bienfaits. Souffrez seulement que vous demande une dernière grasse : je ne saurais me servir de l’eau du lac où tant de cadavres sont engloutis… »
- « Femme, répondit Jésus, ôtez la pierre qui est près du buisson. » Elle le fit et ne fut pas peu surprise de voir jaillir une source limpide.

C’est à la place même d’où la veuve avait pu suivre toutes les phases de cataclysme que s’élève aujourd’hui la « Croix de La Chèvre ». Quelques anciens du pays savent où gisent, sous la ronce, trois pierres qui marquent ce lieu : si l’ une avait été posée la seille, sur l’autre le banc, sur la troisième les pieds de la sainte femme. D’aucuns vous diront que, par un temps bien clair, alors que les eaux ont une grande transparence, on s’aperçoit à leur surface l’image des ruines du bourg ; d’autres assurent qu’on entend, dans le silence de la nuit, le son d’une cloche d’alarme montant du fond du lac. A l’ardeur avec laquelle elle est mise en branle, on comprend que les noyés réclament impatiemment un secours, qui hélàs ! se fera attendre jusqu’au Jugement dernier1.

Le braconnier des environs renonce volontiers à sa proie, quand il faut aller la relever un peu loin des rives. On croit que le réservoir, si tranquille en apparence, engloutirait vite, dans un tourbillon rapide, tout imprudent qui oserait fendre les flots. Cependant, on assure qu’un villageois s’aventura, un jour, jusqu’au milieu du lac, pour en sonder la profondeur au moyen d’une marmite attachée à une corde prodigieusement longue. Il la retira pleine de sang2. Si celui-là pu regagner le bord, c’est évident qu’il fut protégé par saint Nicolas, patron du lieu. Nombre de femmes osent à peine s’en approcher pour y laver leur linge, tant «elles redoutent le monstre affreux qui, dit-on, sort menaçant de l’abîme quand on ose profaner son humide séjour.

Les troupeaux ne partagent pas ces craintes, ils courent avidement s’y désaltérer ; ce qui fait supposer, à tort, que les eaux du lac étaient légèrement salines. »

1 Une croyance veut encore que plus les eaux du lac sont basses, plus grande est l’abondance des moissons.

2 Une autre version dit que la marmite était seulement rouge, chauffée qu’elle aurait été par le feu qui ne cesserait de brûler au fond de l’eau.

D’après J.P Prunet « Velay et Auvergne – Contes et Légendes » recueillis par Régis Marchessou – Imprimeur - Éditeur 23, boulevard Carnot au Puy en Velay (1903)

Février 2014



 7 - GUSTAVE ET SAINT ANTOINE



Saint_Antoine.jpg « De là-haut, de Langeac – il y a bien longtemps de cela, - le sonneur Gustave et le chantre Pierre s’entendaient tels deux frères ; pour vider une chopine, même deux, ils ne craignaient personne ; le dimanche pour se donner de la voix, avant la messe ; Pierre attirait Gustave chez la Chanterelle, et là ils lampaient le vin blanc, vas y petit ! Aussi, lorsque le Pierre entonnait « le Gloria » il faisait vibrer l’église. Parfois, pour les fêtes, le Gustave le secondait, et alors, pensez si ça ronflait.

Le Gustave était pêcheur et nageait comme un barbeau, mais il ne redoutait pas l’eau pour s’y plonger, vous ne lui en auriez pas fait boire un Louis d’or : « C’est trop mouillé pour mon estomac » disait le bel oiseau.

Plusieurs fois il avait sauvé des gens de la noyade dans l’Allier, et pour cela, il avait gagné une jolie médaille dont il était fier ! Les jours de foire, pour les reinages, il n’omettait pas de la porter sur son plus beau costume.

Un jour que l’évêque était venu confirmer les enfants, avant vêpres, mes deux lurons entrèrent chez la Chanterelle, et du café « Trois couleurs », on pousse et on repousse, je paie, tu payeras, ils avaient pris tant de voix qu’ils n’en finissent pas de chanter la Madelon : ils oublièrent l’évêque, les vêpres et le sacrement. Il était nuit lorsque Pierre se souvint de son devoir, il pleurait sur l’épaule de Gustave : celui-là, raide comme père et mère, dormait sur la table.

Mais la Madeleine, l’épouse de Gustave qui n’a jamais connu la plaisanterie, vint l’interpeller et le traîna à la maison ; là, avec son fléau , elle le frappas comme un sifflet et le laissa à l’étable.

Le lendemain, lorsqu’il s’éveilla, le Gustave ne pouvait plus se redresser ! Il s’aperçut que sa médaille n’était plus sur son costume. Cherche que tu cherches, dans l’étable, à travers les rues : pas de médaille. En flânant d’ici, de là, il rencontra Pierre qui musardait, tout juste dessoûlé et il lui raconta son malheur.

-« Innocent, va t’en porter dix sous à Saint Antoine qui est si mignon dans l’église, les gens prétendent qu’il fait trouver tout ce qui est perdu ».
-« Dix sous ! dix sous ! Il faudrait les avoir ! »
-« Tiens, dit Pierre, dans mes poches, j’ai sauvé dix sous à l’insu de ma femme, je te les prête, vas-y ! »

Et Gustave s’en alla en courant vers le saint.-« Dites, jeune homme, vous avez l’air plaisant, j’ai perdu ma médaille, si vous me la faites retrouver il y a dix sous pour votre salaire. Tenez, je ne peux pas vous tromper, je les mets à côté de la fente du tronc, vous ne travaillerez pas en vain ».

Et il partit. Lorsqu’il fut chez lui, que vit-il ? sa médaille sur la table ; la Madeleine lui avait ôtée lorsqu’elle le corrigeait.

-« Ah, mille bougres, cria Gustave, l’Antoine est capable d’extorquer ma pièce ».
Et en courant, il se rendit à l’église et cria : « Eh, jeune homme, ne bougez pas, ma médaille n’était pas perdue, je ne vous doit rien ».
Il prend ses dix sous, se sauve et appelle le Pierre :

« Viens, viens, nous sommes bons pour cinq rations d’eau de vie à deux sous chez la Chanterelle, ton Antoine ne sait rien faire, ton argent n’est pas bon pour les fainéants ».

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

Février 2014t



 8 - L’HISTOIRE DU MARAÏRE D’ORIOL



fantome.jpg « Il y avait à Oriol un habitant mi-cloutier mi-cultivateur qui vivait en si mauvais termes avec son père qu’il refusa d’assister à ses obsèques.

Une nuit, il se leva pour aller à la pêche. Il descendit jusqu’au dessous de Rochemue pour lancer son filet dans la rivière en remontant le courant.

Arrivé au-dessus d’un gour poissonneux bien connu de lui, il étendit son filet sur l’épaule et sur le bras puis il le jeta dans le gouffre. Le bruit que fit l’engin en tombant était à peine calmé que la maraïre entendit près du bord opposé le bruit d’un autre filet lancé dans la rivière. Le pêcheur regarda attentivement mais il ne vit rien sur l’autre rive.

Cependant, comme il tirait sur l’épervier, apparut sur l’autre berge, une ombre qui tirait aussi un filet. A chaque mouvement qu’il faisait, l’ombre faisait le même. Effrayé, la maraïre se mit à courir et arriva au moulin de Cadelou, les cheveux raides et droits avec le chapeau à leur cime.

Peu de jours après il se trouvait, à la tombée de la nuit, dans sa forge et il était occupé à forger des clous. Tout en tirant son soufflet, il entendit sur les rochers un bruit de pas dans lequel il reconnut la marche de son père. Il sortit devant la porte et vit un fantôme chaussé de sabots de pin comme en portait son père. L’ombre s’évanouit aussitôt.

La maraïre, ennuyé de ces apparitions, prit la verge de fer qui chauffait dans la forge et aiguisa la pointe. Puis pour faire la tête du clou, il engagea la verge rougie dans le tube de l’enclume, mais, à sa stupeur, au moment où son marteau se levait pour frapper, il vit apparaître une main dont un doigt entourait l’extrémité du tube tandis qu’une voix caverneuse disait : Frappe si tu l’oses.

Le maraïre lâcha ses outils et s’enfuit à travers champs. »

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

Février 2014



 9 - LE TRÉSOR DES DRUIDES



Chateau_hante.jpg « Dans le château du Mézenc, racontaient les anciens, se trouvait, jadis, une table d'or. Un gros crapaud, placé là par le diable, et diable lui-même, était chargé de la surveiller et se tenait accroupi sur elle pour plus de sûreté ; on l'appelait, dans le pays, « le crapaud de sabbat ». Vous pensez bien que tout le monde désirait s'emparer de la précieuse table, mais les tentatives sont restées vaines. Le crapaud faisait bonne garde et veillait à la stricte exécution imposée par Satan : il fallait qu'une nourrice apporte son enfant avant d'être baptisé et le dépose sur la table d'or. Tandis que le crapaud, redevenu diable, emportait le nourrisson et son âme, la nourrice devait s'emparer de la table. »

Le trésor du château du Mézenc rappelle très exactement la légende du Suc de la Reine (sur la route de Craponne à Ambert près de Viverols). Selon Boudon-Lashermes, les trésors des druides se trouvaient au Mézenc dans un souterrain qui débouchait d'une part au Chastelas, de l'autre dans le fort des Chazeaux au Tombarel.

Les Romains étant parvenus au Chastelas et menaçant les Chazeaux, les fées de Toupernas firent écrouler un roc sur l'entrée. Mais comme dans toutes les légendes celtiques, la crypte s'ouvre une fois l'an sur l'amas des richesses interdites. »

D’après Contes et légendes de la Haute Loire et de l'Ardèche

Février 2014



 10 - LES PIERRES QUI FONT DU BIEN



« Lorsque la médecine échoue, les mères malheureuses ont recours à certaines roches légendaires où elles vont plus ou moins secrètement :

  • A la Pierre de Saint Andéol, à Chapteuil où, pour que les petits enfants marchent plus tôt et bien droit, on leur fait faire à quatre pattes trois fois le tour du monument.
  • A la Pierre de Saint Chaffre aux Eygaères, près de Saint Martin de Fugères, qui porte une empreinte du pied du saint.
  • A la Pierre de Saint Pancrace à Saint Victor Malescours, utilisé en même temps que la fontaine voisine pour guérir les maladies nerveuses.
  • A la Pierre de Saint Martin, à Herbet, près de Saint Just Malmont, on y mène les petits enfants et, en général, les enfants infirmes pour les faire marcher plus tôt. En 1807, même des pèlerins adultes s’y rendaient : mais leur invocation ne produisait d’heureux résultats que si elle était faite avant le lever ou après le coucher du soleil.
  • A la Roche de Saint Martin, à Claudette, près de Rosières, qui a un grand creux naturel ou bassin dans lequel on baignait les petits enfants.
  • Aux Pierres de Saint Martin à Malavas, près Chaspinhac qui ont des bassins guérisseurs.
  • Aux Pierres de Saint Martin, avec bassins et empreintes, à Vertaure, près de Roche en Régnier.
  • A la Pierre de Saint Roch, à Montbonnet, près de Bains, portant deux empreintes objets d’une légende de Statue récalcitrante, et où l’on menait les bêtes atteintes de maladies contagieuses.

    Pierre_guerisseuse.jpgDans les bois de la Griseyre, à quelques enjambées du village de Pigères (commune de Saint Arcons de Barges), se trouve un énorme bloc de granit déposé en ce liei, dit la légende, par saint Maurice, le légionnaire thébain.
    Or, dans le pays les pieds-bots étaient nombreux.

    La croyance populaire prête au rocher de saint Maurice la vertu miraculeuse de redresser, moyennant certaines conditions, les jambes arquées, les pieds contrefaits et autres infirmités analogues. En 1550 mention est faite du Rocher de Saint Maurice :
    « Oncques ne vist clame son fils sy posté les pieds-bots. » En 1902, le rocher n’a pas perdu de sa renommée. Des cantons sud et sud-est de la Haute-Loire, de la Haute-Ardèche et de la Lozère, des mères viennent à la Griseyre leur nouveau né sur les bras. Elles s’agenouillent, placent les jambes de l’enfant dans une anfractuosité du roc, adressent par trois fois l’invocation suivante :
    « Saint Maurice, ayez pitié, guérissez le », glissent une offrande sous le rocher, gravent une croix sur l’écorce d’un des pins voisins (les arbres sont couverts de ces croix) et s’en retournent. La condition sine qua non de la guérison de l’enfant est que le premier passant prenne l’offrande, s’agenouille à tour et prie.

    L’offrande est toujours prise, car les bergers des environ guettent : ils n’omettent point la prière, tant est respecté saint Maurice… »

    D’après Arnold Van Gennep « Médecines populaire et magie – Le Folklore de l’Auvergne et du Velay » - 1942

    Février 2014



 11 - LES CENDRES



Les_cendres_2.jpg« Au temps où Saint-Pierre1 était paroisse, le curé brave homme comme il y en a peu, avait convié pour le Mardi Gras ses deux homologues de Saint- Jean1 et de Saint-Préjet1.

Inutile de vous dire quel dîner firent nos trois amis ; leurs servante, la Dorothèe, l’Angèle et la Céline s’en étaient occupées, et vous pouvez croire que ce fut cuisiné convenablement ; elles n’avaient rien économisé !

Aussi, le mercredi quand il fallut se lever pour imposer les cendres, impossible ! Mon pauvre curé ne put se tirer du lit, cela l’avait saisi à un pied, il souffrait à en crier ! Il faisait pitié, cette pauvre fille de Dorothée en pleurait.

Pourtant, rien à dire : « mon bel ami », il fallait imposer les cendres ! Pas question de demander de l’aide aux camarades, ils avaient assez de travail dans leurs paroisses.

Il y avait bien les messieurs du Chapitre, mais c’était des lève-tard, pas complaisants pour deux liards, et puis qui sait, s'ils avaient fêter dignement le Mardi Gras, ils devaient être peu enclins à rendre service, et puis ils étaient si fiers !...
- « Ma foi, au hasard, dit-il, Dorothée va me quérir le Florimon ».

Le Florimon était sabotier dans l’impasse et chantre de la paroisse.

La Dorothée trouva l’homme tout juste dessoûlé, elle l’adressa au curé.

- « Mon pauvre Florimon, il faut me rendre un service, je ne peux pas me déplacer, il faut me remplacer : va prendre la soutane, ton surplis, la Dorothée te donnera une assiettée de cendres, et tu te rendras à l’église, ensuite, lorsque les femmes se présenteront, tu leur frotteras le visage avec les cendres et tu diras : memento homo quia pulvis, etc ».

- « Je veux bien, monsieur le curé, cela ne présente aucune difficulté, mais je ne me souviendrai pas de tout le texte, écrivez- le moi sur un papier ».

- « Oui bien, si tu veux, tiens, prends cette feuille, tu la liras en frottant les femmes ; surtout, n’omets pas les termes que je te dis sans quoi ce ne serait pas valable ».

Le Florimon, promu curé, n’était pas un peu fier, et le voilà parti vers l’église, une assiettée de cendres en main. En route, il s’adjoignit le Justin Fendu, le fils de l’Eugénie Trompette ; et tous deux, après s’être vêtus à la sacristie, montèrent pour donner les cendres.

Mais voilà, par malheur, le papier était dans la bourse, dans le pantalon du Florimon, et notre homme, encombré par sa soutane, son surplis et son assiette, ne pouvait pas le sortir.
-« Tant pis, cela ira quand même, dit-il au Justin, allons-y, et à l’aise ».

Lorsque les femmes s’approchèrent, la première fut l’Antoinette Jambette, une de ses anciennes relations alors en lui frottant le museau, il se baissa légèrement et lui dit à l’oreille :
« Mon manteau et ta main ! il en manque, mais pour le moment je ne peux pas sortir le reste, je l’ai embarrassé dans mes pantalons, patiente un peu tu reviendras ce soir, je l’aurai sorti et je finirai de te frotter ; chacune vous aurez ce qu’il vous faut ».

Et après l’une, l’autre, toutes furent servies de la même façon.

Et bien, vous pouvez me croire : le matin il n’y avait seulement qu’une douzaine de dévotes, le soir l’église fut pleine.

Ce n’était pas une assiettée de cendres qu’il aurait fallu, mais un double décalitre. »

1Paroisse de Brioude

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

Décembre 2013



 12 - UNE CURIEUSE LÉGENDE ENTRE AUZON ET LÉOTOING



Leotoing.JPG« … On raconte une curieuse légende concernant le château de Léotoing et celui d’Auzon d’où l’on voit nettement le castel de Léotoing ; une jeune fille des seigneurs d’Auzon, dite d’Espinchal, voulait épouser un jeune seigneur de Léotoing, mais les parents de ce dernier s’opposaient à cette union.

Les deux intéressés communiquaient cependant par signaux conventionnels , à l’aide de lanternes, et des valets aux gages faisaient passer leur correspondance secrète.

Un jour, il fut convenu que la Marguerite ferait semblant d’être « morte ensevelie ; on la plaça dans un cercueil spécial, et au jour des obsèques le seigneur de Léotoing accourut avec sa suite au cimetière d’Auzon, et emporta sa fiancée qu’il épousa.

On composa sur ce curieux incident une naïve complainte que les anciens du pays aimaient à chanter durant les veillées d’hiver. »

D’après l’Abbé Julien Lespinasse – «Léotoing» - Chroniques du Brivadois, un peu d’histoire locale – Edition « Almanach de Brioude » - Imprimerie Watel - 1965

Décembre 2013



 13 - AUZON - LA FONTAINE SAINTE-VÉRÈNE



Sainte_verene_Auzon.jpg« La petite ville d'Auzon possédait jadis un Chapitre de chanoines, un couvent de Religieuses bénédictines et quatre chapelles rurales. En outre, depuis fort longtemps, une fontaine sacrée y était dédiée à Sainte Vérène par un acte sur parchemin , du 11 août 1370, relatif à une donation d'immeuble à Auzon, la mentionne en ces termes : viam publicam qua itut apud fontem ste verine (la voie publique allant à la fontaine de Sainte Vérène).

Quelle est la sainte qui était honorée en cet endroit ? Serait-ce Sainte Vère, vierge et martyre d'Auvergne, dont le nom est inscrit dans une leçon de la fête de tous les saints d'Auvergne, au Propre du diocèse de Clermont, et dont le corps était vénéré au Xe siècle, à côté du tombeau de Saint Anlhème?

Nous pensons plutôt qu'il s'agit de Sainte Vérène, vierge honorée en Suisse, dont la fête se célèbre le 1er septembre .

En tous cas, la fontaine Sainte-Vérène d'Auzon n'est actuellement l'objet d'aucun culte mais son emplacement est encore marqué par une petite voûte à la façon d'un puits d'Auvergne, au sud est de la ville, près de la route d'Auzon à Champagnac par Saint-Hilaire .

Dans la région, on la désigne ordinairement sous le nom de Fontaine Sainte-Vérine, et, il y a seulement quelques années, les habitants des environs s'y rendaient pour la guérison des maux d'yeux. »

D’après l’Abbé Julien Espinasse – Les Fontaines Saintes de l’arrondissement de Brioude - Almanach de Brioude et de son arrondissement (1924)

Décembre 2013



 14 - CAMBACÉRÈS ET LES CLARISSES DU PUY



cambaceres.jpgUn jour de l'an 1764, deux sœurs converses de sainte Colette du couvent du Puy frappaient à la porte de l'hôtel Cambacérès, à Montpellier.

Les pieuses filles furent introduites aussitôt pour y recevoir l'aumône toujours réservée en cette maison aux servantes de Dieu, mais ce fut pour assister d'abord à une correction sévère infligée par sa mère à un gamin de onze ans, Jean-Jacques, auteur d'.une vilaine sottise.

Le petit se débattait avec énergie tandis que la maman s'efforçait de le fouetter; ce que voyant, les religieuses essayèrent timidement d'obtenir le pardon du jeune criminel récalcitrant. La douce insistance des clarisses finit par obtenir ]a miséricorde maternelle, et Jean-Jacques Cambacérès échappa au châtiment sans doute bien mérité.
« Quand je serai grand, dit-il à ses libératrices, souvenez-vous de moi si jamais je puis quelque chose pour vous. Je reste votre ami dévoué. »

Les années passèrent, et avec elles la tempête révolutionnaire qui avait dispersé les nonnes du monastère du Puy.

Cambacérès était devenu député à la Convention, puis aux Cinq-Cents, enfin second consul. Les survivantes de la tourmente, regroupées après maintes lamentables pérégrinations, désirant rétablir la communauté, songèrent alors à la parole du futur archichancelier de l'Empire. Elles firent à pied le voyage de la capitale et demandèrent une audience au grand dignitaire du nouveau régime.

Aux religieuses en larmes, Cambacérès 1, très ému par cette rencontre, répondit par une démarche immédiate et pressante auprès de l'Empereur, si bien que le vieux couvent s'ouvrait bientôt à nouveau par décret signé de Varsovie.

On pense si les clarisses du Puy gardèrent de la gratitude envers ie petit-fils de l'ancien receveur des tailles de leur diocèse… Les pauvres filles désirèrent la lui témoigner autrement que par leurs prières et ne trouvèrent pas mieux que d'envoyer à leur bienfaiteur des fromages de la Haute-Loire, des pois et des lentilles vertes de Polignac .

Le cadeau arriva parfaitement à son destinataire et, quelque temps après, un large pli scellé de cire rouge était remis a la tourière de la calme retraite du quartier de Ponsarot.

Voici le billet de Cambacérès :
«14 brumaire an XIV.J'ai été infiniment touché de la marque d'attention que Madame la supérieure et ses compagnes viennent de me donner. Ne voulant pas les désobliger, j'ai accepté avec reconnaissance les légumes dont ces dames se privent pour moi et qui sont arrivés à bon port. Je les prie d'agréer, à leur tour, la somme de 50 francs, qui sera payée par le receveur général du département de la Haute-Loire à vue du mandat ci-joint.

Ma famille a toujours contribué au soutien du monastère de Sainte-Claire en Velay. Je me fais un devoir de suivre cet exemple et, en offrant mes hommages à Madame la supérieure et Mesdames ses compagnes, je me recommande à leurs prières.

Signé CAMBACÉRÈS. »

Ainsi s'établit au monastère une tradition d'échange de vœux et de petits cadeaux entre le puissant duc de Parme et !es modestes colettines du Pùy. Et quand il mourut, le 8 mars 1824 dans ce coin des montagnes cévenoles, le glas des trépassés tinta longuement au clocher de la chapelle monacale où s'échappaient de lèvres anonymes les plus ferventes prières pour le repos de l'âme du petit Jean-Jacques, le protecteur et l'ami fidèle des humbles « columbetes » de Saint-Claire, qui n'avait pas oublié la promesse faite à Montpellier.

D’après Ulysse Rouchon - Journal des Débats Politiques et Littéraires du 22 août 1924.

1Cambacérès (1753-1824):Jean Jacques Régis de Cambacérès, duc de Parme, Prince-Archichancelier de l’Empire, Grand Aigle de la Légion d’Honneur, membre de l’Institut.

Décembre 2013



 15 - LE SAINT MARTIN DE POLIGNAC



Eglise_Polignac.jpg« Dans l’église de Polignac, il y avait une statue de saint Martin, une vieille statue en bois et si antique qu’en l’examinant de près l’on s’apercevait qu’elle était minée par les vers et qu’un jour ou l’autre s’effondrait de son socle.

C’est ce qui arriva et, un matin en entrant dans le sanctuaire, le curé trouva son saint dégringolé sur le pavé.

On convoqua le menuisier de Chanceaux, Bérard, qui à l’aide de poix et de clous, redressa tant bien que mal la statue. Mais il ne put entièrement atténue l’usure des ans et rendre au vieux Martin l’aspect qui inspirait jusqu’alors confiance aux fidèles.

Désormais, la piété méprisa la statue et on dut la reléguer dans un coin de l’église.

Cet ostracisme rencontra un cœur compatissante, celui d’une béate.

La brave fille résolut de rendre l’honneur au saint ainsi sacrifié et elle conçut le projet de la changer de place. Un soir, donc, elle vint à l’église, et, prenant l’effigie vermoulue à bras le corps, elle se disposa à l’installer ailleurs.

Dans ce geste d’affection, le clou que Bérard avait piqué au pied gauche de Martin accrocha le bas de la jupe de la sœur… Offensée dans sa pudeur, la roublaque s’écria, assure-t-on, comme une folle :
« Que faites-vous« Que faites-vous, saint Martin, vous ne voyez pas que vous me damnez ? Pour un saint de votre âge, vous manquez de sagesse ! Le diable vous possède… Qui se serait imaginé qu’un infirme comme vous pût se dissiper ainsi ?... »
Et le pauvre saint Martin resta dans son coin. »

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

Décembre 2013



 16 - LES BANDITS DE LA FORÊT DE BREYSSE



Monts_Breysse.jpg« Tout le monde connaît les deux sucs de Breysse qui dominent au midi le canton du Monastier. Sur le suc le plus élevé et au pied s’élevait jadis un village. Une forêt sombre l’enveloppait de toutes parts. Loin de s’occuper de la culture de leur terre et de l’élevage de leur bétail les habitants ne s’adonnaient qu’au vol et aux déprédations.

Comme leurs confrères de la Calabre ils se mettaient en embuscade derrière un rocher et tombaient à l’improviste sur les voyageurs qui se rendaient du Monastier à Montpezat.

C’est surtout au XIIe siècle à l’époque des croisades que ces écumeurs de grand chemin se livrèrent aux spoliations et aux meurtres. Maint chevalier quittait son château portant dans son escarcelle le fruit de ses économies, souvent de l’argent emprunté à gros intérêt à un usurier et était lâchement assassiné en se rendant à Aigues-Mortes pour s’embarquer pour la Palestine.

On rapporte que 200 hommes furent envoyés et tombèrent la nuit sur ce village que gardaient d’énormes chiens et des hommes placés en sentinelles. Les soldats massacrèrent tout sauf une vingtaine d’hommes qui parvinrent à se sauver dans les bois et qui allèrent plus tard s’établir à Marseille dans une rue qui porte le nom de la rue des Breyssous.

Le village fut livré aux flammes et détruit de fond en comble.

Aujourd’hui en parcourant ces lieux où s’étendent des pacages on voit des pans de mur s’élever à la surface du sol. Le pâtre dont l’œil interroge au loin l’horizon foule ces débris avec indifférence et la tradition seule a conservé le souvenir de ces bandits. »

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

Novembre 2013



 17 - LA FONTAINE DE SAINT JULIEN DE BRIOUDE



Fontaine_Saint_Julien.JPG« A 1 500 mètres environ de Brioude, sur la route de Clermont, on voit encore les vestiges de l'ancien couvent des Minimes 1.Auprès du bâtiment qui constituait jadis le monastère des religieux, dans le jardin appartenant actuellement à M. Alphonse Blanc, se trouve la fontaine dite « de Saint Julien ». C'est là qu'en l'an 304, lorsque les soldats de Crispinus eurent tranché la tête du saint martyr qui s'était réfugié dans le lieu voisin de Vinzelle2, son chef ensanglanté fut lavé, avant d'être emporté a Vienne. L'eau de cette fontaine, tout empourprée du sang de Saint Julien, devint aussitôt un lieu de pèlerinage célèbre et Grégoire de Tours, le grand historien des Gaules au VIe siècle, lui a consacré les lignes suivantes, que nous traduisons textuellement :

« Au lieu même où le bienheureux martyr fut frappé est une belle et agréable fontaine, qui donne en abondance les eaux les plus douces, et dans laquelle les persécuteurs lavèrent sa tête après l'avoir tranchée.

Ces eaux guérissent beaucoup de maladies. Souvent « les aveugles, après en avoir humecté leurs s yeux, recouvrent la lumière. Ceux qui souffrent des ardeurs de la fièvre tierce ou de la fièvre quarte 3 se sentent soulagés dès qu'ils en ont bu. Quiconque est atteint d'un mal grave et éprouve, par l'inspiration du martyr, le besoin de boire de ces eaux, y retrouve aussitôt la santé, et le feu de la fièvre s'y éteint aussi rapidement que le ferait l'incendie d'un immense bûcher que l'on noierait sous les ondes. Le peuple se réjouit sans cesse des faveurs qu'il obtient par ses ardentes supplications à son glorieux patron et ceux qui viennent en ce lieu dans la tristesse, s'en retournent dans la joie ».

Grégoire de Tours déclare avoir expérimenté sur lui-même l'efficacité de cette eau qui le délivra de violentes douleurs de tête dont il souffrait. Et il cite également le fait merveilleux arrivé à Saint Aridius (ou Yrieix), abbé d'Altaue en Limousin, qui, après avoir rempli une petite bouteille de l'eau de cette source, s'aperçut en chemin qu'elle s'était épaissie comme du baume et qu'elle en avait pris l'odeur . »

1 Un des nombreux couvents de Brioude avant la Révolution

2 Etymologiquement, le mot Vinzelle signifie « territoire sur une petite éminence. » Le lieu du martyre de Saint Julien se trouvait en effet sur le coteau actuellement dénommé Chaumaget ».

3 Fièvres intermittentes dont les accès se renouvelaient tous les trois ou quatre jours. >

D’après l’Abbé Julien Espinasse – Les Fontaines Saintes de l’arrondissement de Brioude -Almanach de Brioude et de son arrondissement (1924)

Novembre 2013



 18 - LA « FLEUR D’ ORANGER » DE LA MARION



recolte_fleur_d_oranger.jpg« La Marion Minette, la sœur jumelle de l’Eléonore d’Alvier, qui avait épousé le fils de Panate, le boulanger de la rue Séguret, voulait se marier à tout prix ; elle bouillait.

Malgré que ses parents soient aisés, malgré qu’elle eut deux belles pommes de reinette dans son corset, la Minette avait des difficultés pour trouver un amant.

Il y avait bien une essaim de « saute-genêt » qui venait bourdonner autour, mais cela ne valait pas deux liards, et ne parlait que de badinage.

Elle était souvent à la foire à Issoire et à Massiac ; où on ne la regardait pas, cela l’enflammait. Un jour de la foire de la Saint-Clément, sur le Postel, elle entra en conversation avec un fermier de Tourchon, un gaillard fort comme un rocher et coquin comme un marchand de cochons, Jean Le borgne, qui avait autant envie de se marier que d’aller se noyer. Celui-ci ne disait jamais non, mais ne disait pas plus oui. La Marion, excitée comme un poêle, se dépensait pour hâter la noce, lui, tout simplement faisait le câlin et, puis tout à coup, on ne le vit plus. Cela s’était rompu !....

Et oui, braves gens, cela s’était rompu et pas moyen de la raccommoder.

Et pensez si les commères furent à la fête ! L’une disait l’une, l’autre disait l’autre, et personne en fait, certifiait le pourquoi.

Et la Marion était là, restée pour compte.

Mais la fille, avec sa tête de mule, ne lâcha pas prise, à la foire de la Sainte-Blaise, à Lamothe, sur le Valla, elle en ramassa un : l’Antoine Tou Mou de Costecirgues ; et lorsqu’elle l’eut saisi elle le tînt bien.

Ma cadette qui savait que plus ça se prolonge, plus ça risquait de se rompre, mena la dans tambour battant, et ils se marièrent le Mardi Gras suivant.

Ah, on avait bien dit de la noce du Panate qu’il n’y en avait jamais eu, et qu’il ne pourrait jamais y en avoir de pareille ; et bien la noce de la Marion Minette et du Tout Mou la laissa loin derrière.

De Chassignolles jusqu’à Cohade, d’Azérat à Dintillat, toute la jeunesse se rassembla à Alvier, le tambour, la musique, la cabrette, tout ronflait, on resta attablé deux jours.

Le soir, lorsqu’il fallut aller dormir, le Tou Mou était un peu ivre, on ne peut pas dire qu’il délirait, mais on ne peut pas dire non plus qu’il avait toute sa raison.

Fermés tous deux dans la chambre, mon Tout Mou donna à la Marion une volée de baisers.

- « Enfin, dit-il je peux t’embrasser tout à mon aise, ma mie, tu m’as assez fait languir, chaque fois que je voulais te caresser, tu me rabrouais ! mais maintenant je vais me régaler ! Dis-moi pourquoi tu me tenais éloigné, pourquoi n’as-tu pas mis de « fleur d’oranger » à ton bonnet ce matin, il me semble que c’est la coutume d’avoir une fleur ? »

- « Eh, mon ami, dit l’épousée, lorsque l’on a été déçue cela suffit pour une fois. Le Borgne avait tant de mauvaises idées que depuis je me méfie ; de baisers en « léchée » et de « léchée » en baisers, on voit bien quand cela commence mais on ne sait pas comment cela finira ; cet arcandier était câlin, il m’embrassait bien, et il voulait voir mon bouquet de noces et renifler « la fleur d’oranger » que ma mère m’avait donnée ; et ma foi, il prit le bouquet et déchira ma coiffe ! Cela m’offusqua jusqu’à crier, lui s’esclaffait. Ma mère vint et le chassa à coup de balai. Il n’est pas revenu et je n’ai pu avoir d’autre bouquet ! »

- « Ah ! fichtre ! » dit l’Antoine.

- « Eh ! mon ami, ne vous plaignez pas, dit la Minette, en caressant ses deux pommes de reinette, mon bonnet est raccommodé, presque neuf, et vous, à défaut de la « fleur d’oranger », vous serez le mieux servi : vous aurez les oranges ! »

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

Novembre 2013



 19 - UN REMÈDE CONTRE LES BORBORYGMES



Borborymes : Bruit produit par les aliments liquides et par les gaz qu'ils dégagent dans l'estomac ou l'intestin au cours de la digestion.

Brives_Charensac.jpg« La croix de l’abbé Perbet, ancien chapelain de Queyrières, qui fut assassiné en 1794 par les gendarmes d’Yssingeaux, se voit sur la route du Puy, entre Saint-Hostien et Le Pertuis. C’est un lieu de dévotion où l’on vient de bien loin pour les personnes soufrant de coliques et surtout de borborygmes.

On raconte qu’un paysan de Loudes se rendant à la croix de Perbet afin d’obtenir quelque soulagement pour sa femme affligée d’une continuité douloureuse de vents, s’arrêta à Brives et entra dans un cabaret où se trouvait une jeune fille à laquelle il demanda quelque chose à manger.

Celle-ci ayant répondu qu’il lui restait seulement un œuf , le voyageur la pria de le lui faire cuite. La jeune fille mit aussitôt cet œuf sous la cendre, non toutefois sans avoir , au préalable, craché sur la surface de la coquille.

Le client s’en étonna et s’enquit de la raison de cette précaution. Il lui fut répondu sans malice :
Aco est per l’empachar de petar. Et, en effet, le paysan constata que la coquille restait intacte.

« Puisqu’il en est ainsi, pensa la Loudois, il est bien inutile d’aller plus loin : je saurai bien guérir moi-même ma femme. »

Il paya son écot et, retournant sur ses pas, il repris le chemin de la Bernarde.

On ne dit pas si l’application réussit. »

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

Lire la biographie de l’auteur

Novembre 2013



 20 - LES OREILLES DU CURÉ



Oreilles_d_abbe.JPG« Bref, ce pauvre curé avait l’habitude d’inviter des abbés. Enfin ça va bien, et il dit à la servante :

- Tu feras un bon repas
Et la servante du curé dit :
- Oui, j’ai des cailles, les mettrai.
- Ça fera bien, dit le curé

Enfin la servante du curé prépare les cailles.
Et voilà que le pauvre abbé arrive. En même temps elle avait fait sécher des champignons qui ressemblaient à des oreilles, au moment où ils sont secs. Et ces cailles sentaient bon !
Et, tout d’un coup, elle pensa :
« Bougre si je les goûtais ! »
Et elle commence seulement par en manger un peu d’une.
« Oui, dit-elle, mais qu’elle est bonne ! »
Elle la finit ;
Elle dit « Mais ça va bien pour une ! tu diras que le chat l’a emportée ! ».

Enfin, ça va bien, mais d’un coup, la gourmandise fut plus forte, elle mange aussi l’autre ! Et sur ces entrefaites tout d’un coup l’abbé arrive, il voit les champignons qui séchaient.
- Hou, dit-il, que faites vous sécher là !
- Oh, dit la servante du curé, c’est un secret ; mais je vous le communiquerai, dit-elle. Vous ne savez pas : toutes les fois que M. le Curé invite des abbés à manger, il leur coupe les oreilles …et nous les faisons sécher là !
- Hou, dit-il, si c’est comme ça …
- Ah ! ne le dites pas au moins ! ne le dites pas !

Et alors l’abbé fiche le camp avec ses oreilles.
Et alors le curé dit :
- Qu’y-a-t-il ?
- Oh ! dit la servante, il emporte les deux cailles.
Et le curé lui part après :
- Au moins une des deux, une, au moins des deux, une !
- Je les tiens et je les garde ! Je les tiens et je les garde ! »

D’après P. Chapuis « Légendes & Diableries de Haute-Loire par Gilbert Laconche

Novembre 2013




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