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Commencée il y a une vingtaine d'années, cette généalogie réunit plus de 50 000 individus. Près de 19 000 ascendants directs ont été recensés.

Mes recherches relèvent de la tradition généalogique (documents familiaux, Mairies, Archives Départementales) et se sont complétées au fil du temps par les réseaux  que sont les cousinages, les forums, les membres de Geneanet,  les  échanges fructueux avec d'autres passionnés et de façon non négligeable que sont  les sites  privés ou  détenus par les associations.

A l'instant,  la machine à remonter le temps est placée  au niveau de « Berthe Au Grand Pied » et à Pépin Le Bref  non sans avoir cité  Rollon Ier de Normandie qui nous vient du peuple viking.

Cette généalogie est complétée par des apartés thématiques liés au contenu de ma chronique familiale.

Que soient remerciés, ici, celles et ceux qui m'aident dans la réalisation de cet Arbre Généalogique, ils sont cités dans mes sources.

 Chronique familiale



  LES CARNETS DE TANTE ANAÏS : RÉCITS, MYTHES ET TRADITIONS …
Chapitre 8


PLUS DE 300 TEXTES EN LIGNE

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Chapitre 1fleche._Simple_G.gifChapitre 2 fleche._Simple_G.gifChapitre 3 fleche._Simple_G.gifChapitre 4 fleche._Simple_G.gifChapitre 5 fleche._Simple_G.gifChapitre 6 fleche._Simple_G.gifChapitre 7 fleche._Simple_G.gifChapitre 8 fleche._simple_Bas.gifChapitre 9 fleche._simple_D.gifChapitre 10 fleche._simple_D.gifChapitre 11 fleche._simple_D.gifChapitre 12 fleche._simple_D.gifChapitre 13 fleche._simple_D.gif Chapitre 14 fleche._simple_D.gif Chapitre 15 fleche._simple_D.gif


Sommaire

 1 - LES RIVES D'ALAGNON


Chateau_de_Leotoing1.jpg « Il y a longtemps, très longtemps, vivait en son château de Léautoing un seigneur craint des serfs et honni de ses hommes d'armes pour son insigne cruauté. Protégé par de gigantesques murailles dominant de très-haut les pays d'alentour, il avait bravé la colère de ses nobles voisins qui avaient essayé à maintes reprises, sans y réussir jamais, de venger l'honneur de la femme, dont après avoir fait son épouse, il avait fait sa « victime ». Resté seul avec sa fille Hortense, il passait des journées entières à errer dans les hautes salles que décoraient encore les trophées conquis par ses ancêtres et chercher à surprendre en faute quelques-uns de ses serviteurs qu'il faisait alors impitoyablement périr.

Ainsi placée entre de grossiers valets et un père soupçonneux et cruel, Hortense avait grandi amoureuse du silence et de l'ombre, aimant à écouter et cherchant à comprendre les voix de cette nature qui s'épanouissait autour d'elle, jetant sur sa vie de recluse comme un reflet de jeunesse et de gaîté.Elle errait un soir sur la terrasse du château, profitant de la fraîcheur du jour finissant, quand soudain elle entendit, semblant s'élever de la profondeur du ravin, comme un chant mélodieux et plaintif : on eut dit la voix d'un enfant tant elle était puérile et douce, ou celle d'un amoureux tant elle était chaude et tendre. Hortense prêta l'oreille et dans le calme du crépuscule elle crut entendre murmurer son nom. Elle se laissa aller à écouter les accents de cette voix caressante, enveloppée et comme grisée par cette atmosphère d'amour et il fallut pour l'en arracher la voix rude de son père.

Et, depuis ce jour-là, dès que le soleil allait se noyant derrière les grands arbres du parc, elle revint entendre la chanson de l'inconnu. En voyant le visage de sa fille tout rayonnant d'une joie qu'il ne pouvait s'expliquer, le père devint encore plus ombrageux et quelques jours après Hortense reçut l'ordre de ne plus sortir de sa chambre. Elle dut obéir, mais quand vint l'heure où d'ordinaire se faisait entendre le chanteur, devant l'impossibilité d'aller sur la terrasse, sur ses cils perlèrent silencieuses des larmes de regret.

Deux longues journées se passèrent ainsi ; vers la fin de la troisième, la jeune fille fut brusquement tirée de ses rêveries par un chant qu'elle connaissait bien, mais plus distinct qu'autrefois, si rapproché qu'on l'eut dit aux portes du château. Elle descendit à la hâte et trouva, assis à la table de famille, à la droite de son père, un jeune chevalier de mise simple, aux longs cheveux noirs, aux grands yeux tristes et voilés de mystère, portant une guitare à ses côtés.
- « C'est un ménestrel, lui dit son père, qui nous demande l'hospitalité, accueille-le comme un hôte.»
Le repas fut court et presque silencieux, chacun s'absorbant dans ses propres pensées; sur la fin le ménestrel, invité par le seigneur à faire montre de ses talents, entonna un lied éclatant de jeunesse et d'amour, mais son coeur le trahit et quand Hortense eut regagné sa chambre, il avoua au père son amour pour sa fille : la réponse fut brève et terrible. Entrant dans une violente colère le père fit précipiter dans la nuit tout au fond du ravin, ce manant qui avait osé jeter les yeux sur son enfant. La gorge résonna d'un cri de détresse qui parvint jusqu'aux oreilles d'Hortense pour lui apprendre la cruelle vérité et la guitare se brisa sur les cailloux aux reflets bleus que roule l'Alagnon.. .

Le lendemain, le seigneur appela en vain sa fille, fit sans résultat fouiller tout le château, Hortense n'y était pas. Pendant longtemps des recherches furent faites dans les environs, de nombreux serviteurs furent mis à la torture accusés de connaître et de vouloir cacher le lieu où s'était réfugiée la fugitive, mais tout fut inutile.

Quelques années après, les vilains. las de souffrir, se soulevèrent, s'emparèrent du seigneur de Léautoing, le pendirent et pillèrent le château, dont les ruines se dressent encore aujourd'hui menaçantes, et d'Hortense on ne sut jamais rien.

Mais ce que tout le monde sait en Auvergne, c'est qu'encore de nos jours, chaque soir à l'heure où la terre s'enveloppe d'ombres, tout le long des gorges d'Alagnon on entend, semblant comme l'écho de voix jeunes et tendres, bruire au travers des branches un doux chant d'amour. Sur la route qui suit en serpentant les mille contours de la rivière, de jeunes couples s'en vont joyeux, grisés par le chant rythmique que la gorge répercute. Et, parfois, quand ils s'effleurent d'un baiser, de la tour de Léautoing partent en croassant de grands corbeaux couleur de nuit. »

D’après E. A. de JAX – Revue littéraire La Sylphide (Voiron) - Date d'édition : 1897-1906


Octobre 2015



 2 - L’ERMITAGE DE POURCHERESSE


Ermite_de_Pourcheresse.jpg « Dans la région brivadoise, il y avait un ermitage célèbre, situé dans la forêt de Pourcheresse entre Chanteuges et Pébrac. Cet ermitage, cité dès le XIIe siècle était doté d’une chapelle sous le vocable de la Sainte-Trinité ; il était compris dans la justice de l’abbé de La Chaise-Dieu en sa qualité de prieur de Chanteuges. C’est pourquoi le curé de cette dernière paroisse allait y célébrer la messe deux fois par an, les 6 et 12 août. On a conservé les noms de beaucoup d’ermites, dont la plupart furent ensevelis dans la chapelle de l’ermitage.

C’était un lieu de pèlerinage très fréquenté et un certain renom de célébrité y reste encore attaché. La ville de Langeac était en effet propriétaire d’une partie de la forêt et la jeunesse de la ville avait coutume de s’y rendre tous les ans, le lendemain de la fête de saint Gal, au début de juillet. Dès l’aurore, la troupe joyeuse partait à cheval, sous la conduite d’un consul ou chaperon. A l’arrivée, elle entendait la messe dans petite chapelle ; puis elle prenait un copieux déjeuner aux frais de la ville. Les cavaliers rentraient ensuite, tout couverts de feuillage, à Langeac où ils étaient triomphalement reçus au son des fifres et des tambours.

A la Révolution, l’ermitage avec sa chapelle ont été détruits ; mais la traditionnelle promenade des jeunes gens se maintint par la suite, pittoresque réminiscence de l’ancien droit de propriété des habitants de Langeac sur la forêt de Pourcheresse.

Malheureusement, ils ne retrouvent pas l’ermite de jadis, le solitaire que nos aïeux aimaient à consulter, car il était l’homme de moult sainte vie, suivant l’ancienne expression. Souvenir d’un lointain passer à ne pas laisser tomber dans le domaine de l’oubli. »

D’après l’Abbé Julien Lespinasse – Chroniques du Brivadois – Un peu d’histoire locale – Edition « Almanach de Brioude » - 1965


Octobre 2015



 3 - À CE QU’ON DIT, LE PAUVRE ROBERT NE S’ÉTAIT JAMAIS REMIS DE LA MORT DE SA FEMME


Cave_a_fromages.jpg«C’était presque trop beau : en épousant Rose, Robert avait trouvé un joli brin de fille, et une fort belle situation. Ah, s’il n’y avait eu cette terrible épreuve, dont il ne se remit pas !

Quand Robert Lurin avait attrapé la belle Rose, il ne s'était pas contenté d'épouser la plus belle fille du quartier. Il était entré dans la famille Chabasson, les fromagers les plus célèbres de Clermont-Ferrand, trouvant du même coup un emploi « Aux bons Saint Nectaire d'Auvergne » où l'on faisait la queue tous les jours pour ramener sur sa table le roi des rois des fromages.

Le père Chabasson n'avait que des filles, et c'était aussi une aubaine pour lui que de dégotter un gendre costaud et volontaire pour l'aider à remonter ses caisses de fromages de la cave et tenir le magasin. Et par chance, les deux hommes s'entendaient comme père et fils, si bien que dix ans plus tard, lorsque Marcel Chabasson atteint l'âge de la retraite, Robert devint son successeur naturel.

Abus de fromage !

Oui, tout allait vraiment bien pour Robert… à cela près que Rose, abusant sans doute du délicieux fromage de la maison, avait quelque peu épaissi. À tel point que Robert, qui était resté beau garçon, avait commencé à regarder ailleurs.

Rien de bien original finalement si ce n'est qu'un beau jour, il tomba éperdument amoureux d'une jeunesse des beaux quartiers de Chamalières qu'il se mit en tête d'épouser.

Mais voilà, Robert n'entendait pas non plus abandonner la position respectable et rémunératrice qu'il avait acquise… et qu'il tenait de sa femme. Le problème semblait insoluble, et s'accentua quand sa nouvelle élue lui fit comprendre qu'elle n'entendait pas éternellement rester une maîtresse cachée.

La solution lui parut évidente : il lui fallait se débarrasser de Rose.

Il attendit Noël qu'ils devaient aller passer à Paris, puis, le jour du départ, prétexta un contretemps au magasin pour reculer le voyage de 24 heures. Pour autant, ce même jour, il alla à la gare déposer dans le train de Paris le sac de sa femme contenant ses papiers, puis il rentra chez lui et demanda à la pauvre épouse de venir l'aider à la cave.

Là, sans même une hésitation, il la poussa dans l'escalier avant de l'achever en l'étranglant. Il attacha ensuite le corps dans une alcôve qu'il mura… et on n'entendit plus jamais parler de Rose.

Un plan bien ficelé

Le sac, retrouvé en gare de Paris, démontra qu'elle avait bien pris le train comme le prétendait son mari, et l'enquête en conclut qu'elle avait mystérieusement disparu entre Clermont et la capitale sans jamais soupçonner le pauvre mari éploré à qui il ne restait plus qu'à attendre le temps que la décence imposait pour couler le parfait amour.

Quand la victime semble revenir se venger d'entre les morts !

Une affaire rondement menée finalement, sauf que c'est à partir de cette époque que les bons fromages de la maison commencèrent à l'être de moins en moins. Les voilà qui moisissaient, qui pourrissaient même, avec un goût âpre et acide qui sentait la mort ! Bientôt, plus personne ne vint dans la maison Chabasson qui commença à péricliter… en même temps que son patron qui s'était mis en tête que sa femme, revenue d'entre les morts, sortait la nuit faire pourrir des fromages bien mal acquis. L'homme, qui s'était mis à tout craindre, jusqu'à son ombre, entra dans une terrible dépression dont il ne sortit jamais. Le dernier souvenir qu'on ait de lui à Clermont fut la vente de son affaire, pour une bouchée de pain. Il en tira de quoi survivre à peine un an, et disparut sans laisser d'adresse.

« Une bien triste histoire ! »

Le nouveau propriétaire bien entendu s'inquiéta de cette cave autrefois réputée pour l'excellence de ses fromages et dans laquelle on n'en pouvait plus laisser un seul. Il fit venir un spécialiste qui comprit vite le problème : quelque chose avait obstrué le conduit d'aération et il lui suffit de gratter à peine le plafond au niveau de l'alcôve pour déboucher l'arrivée d'air et rendre à l'endroit toutes ses merveilleuses propriétés.

La pauvre Rose n'en fut pas dérangée, toujours dissimulée derrière trente bons centimètres de ciment, et ne hanta pas plus les nuits de la cave qu'elle ne l'avait fait auparavant.

Quant au meurtrier, on n'en eut jamais de nouvelles. Mais les anciens qui en parlent encore aujourd'hui évoquent ce pauvre Robert, si affecté par la mort de sa femme qu'il en perdit le goût de vivre.

Tout ce que le chagrin peut faire à un homme quand même. Voilà une bien triste histoire. »

D’après le journal « La Montagne » du 26 décembre 2014 .


Octobre 2015



 4 - ET TOI AUSSI…


Le_Bac_de_Prades.jpg « Il y a du temps, La Manera, du village de Prades, était marchand de vin. Il s’approvisionnait dans le bas pays et puis, à pleines outres, il le portait sur une paire de chevaux dans les villages des alentours.

Un dimanche, qu’il en portait au curé de Llordat, il arriva juste à la sortie de la grand messe, et le curé l’invita à dîner.

La Manera, ne se faisait pas prier quand il fallait donner un bon coup de fourchette ou boire quelque rasade. Il attache ses chevaux dans l’étable, leur donne ce qu’il faut, et, tout content, se met à table en tête à tête avec son hôte.

Justement, ce jour-là, Marie, la cuisinière avait fait cuire à la broche un quartier de mouton. Vous pouvez penser que les deux compères y firent honneur, et chaque bouteille était bue en un clin d’œil. Après le vin de table, vint le vin vieux ; après le vin vieux, la blanquette ; après la blanquette, l’eau de vie. Et tous deux commençaient à en raconter des vertes et de pas trop mûres, au grand scandale de la Marie, qui en était toute transie de peur.

Mais l’heure de vêpres était venue et il fallut qu’ils se levassent de table. Je n’ai pas besoin de vous dire qu’ils avaient la mine rouge, et que leurs yeux allumés avaient des éblouissements et… qu’ils ne cheminaient pas trop droit en se dirigeant vers l’église.

Le curé, qui croyait avoir la tête plus solide, dit à La Manera :
- « Brave garçon, tu n’y vois pas assez clair pour aller dans la tribune, tu pourrais te rompre le cou en montant les marches ; il vaut mieux que tu restes ici, à côté du sonneur. Assieds-toi sur cette chaise, et ne fais pas trop de tapage : tu sais que l’église est la maison du bon Dieu et que l’on y vient pour prier. »
- « C’est compris, soit tranquille », répondit La Manera, en lui tapant sur l’épaule. « Et toi, prends garde de te tenir droit pour chanter les vêpres ».

Un moment après, les vêpres commençaient.

Quand il fut l’heure du sermon, notre curé monta en chaire, fit un signe de croix, et traînant un peu la langue, dit :
- « Mes frères, mes chers frères, je ne suis pas content de vous. Vous ne faites pas ce qu’il faut pour gagner le ciel. Vous ne pensez qu’à votre corps, vous ne pensez qu’au travail, à la récolte que vous avez par les champs, au bétail que vous allez vendre à la foire ; mais à votre âme, malheureux, vous n’ pensez point du tout. Et, pourtant, vous savez bien qu’il vous faut tous, un jour ou l’autre, laisser, tout ce que vous aurez amassé ; vous savez bien qu’il vous faut mourir !...vous faut mourir… »
- « Et toi aussi ! » , fit d’une voix, du fond de l’église.

Le curé frappa un grand coup de poing sur la chaire. Puis, les bras au ciel, il se mit à crier :

- « Quel est le malheureux qui ose parler dans l’église, qui ose répondre à la voix tonnante de Dieu ! »
- « Moi, La Manera ! » fit celui-ci, en se levant. « Tu ne te prends pas, sans doute, pour le bon Dieu ! Tu sauras que le Bon Dieu ne se saoûle pas ! ».

D’après Henri Gilbert « Les contes de la Luneira » - Imprimerie de la Haute-Loire, Le Puy – 1932


Octobre 2015



 5 - L’AIGUILLE À TRICOTER DE LA NANON


Cave_et_tonneau.jpg« Le père Losange, un vieux gourmand de bélier, et Claude le cordier étaient amis, toujours l’un chez l’autre , ils n’auraient pas mangé la moitié d’une pomme de terre sans s’inviter ; je crois bien que le Claude, roublard comme un avocat, n’était pas insensible aux attraits de la Nanon, la servante du Losange, une belle fille et une futée !

Ne voilà-t-il pas que la guigne voulut que le samedi veille de Saint-Julien à la chasse, ils tirent sur le même lièvre ! Losange voulait que ce soit lui qui l’ait tué. Claude aussi, alors ils se querellèrent, et d’un mot à l’autre, ils en seraient venus aux mains, le Losange, plus têtu, garda la prise.
- « Gueux, tu ne la goûteras pas s’ écria Claude. Celui-ci l’oreille basse, s’en alla en grommelant : « Qui sait ? »
Le lundi matin, pour faire enrager le Claude, le Losange convia sur la place aux sabots deux ou trois fines bouches ; et avant de faire honneur au lièvre, pour se mettre en appétit, ils se rendirent chez la Rose la vertu, y lamper une chopine de vin blanc.

Mon Claude, pas gêné et de même que s’il avait dû participer au festin, s’assit près de la Nanon qui cuisinait ; tout d’abord il lui donna un baiser :
- « Eh bien, Nanon, ma mie ce lièvre cuit ? il sent bon ! »
- « Ah, câlin de Claude, il fera un excellent civet, nous allons nous régaler, coquin ».
- « Mais, il faudra boire abondamment pour le faire descendre ! Si nous allions au cellier y chercher deux ou trois chopines de ce vieux vin qui met en appétit ? »
Ils y allèrent tous deux ; tandis que la Nanon retirait les bouteilles du sable, Claude fit le tour de la cave.
- « Tiens, savoir si cette barrique n’a pas tourné au vinaigre ? il faut goûter », et joignant le geste à la parole, il retire la cheville de la cannelle et remplit sa tasse.
- « Aïe, qu’ai-je fait ? j’ai cassé la cheville. Vite, ma mie viens, mets ton doigt, je vais en chercher une autre en courant et je reviens ».
La Nanon mit son doigt sur le trou et le Claude s’en alla, il plaça le lièvre dans un linge, versa le civet dans un saladier… Le Claude, le linge et le saladier disparurent.

N’ étant pas patiente pour deux sous, la Nanon qui commençait à trouver le temps long cria :
>- « Descends, descends vite ! »
Au même moment le Losange, et ses invités arrivaient à la maison, ils entendirent les cris de la Nanon, et Losange s’enquit d’un mot :
- « Qu’y a-t-il ? Pourquoi cries-tu ? »
- « Je n’y tiens plus, descends vite avec ta cheville ; mon doigt est entièrement dans le trou, ça gicle, ça coule, je suis trempée »

Qui fut surpris ? Le pauvre Losange : la Nanon profondément vexée, le vin perdu, le lièvre disparu et le Claude festoyant. »

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

Octobre 2015

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 6 - RENTRÉES SCOLAIRES D’AUTREFOIS


« Au collège royal du Puy-en-Velay, dans les dernières années du dix-huitième siècle, la rentrée avait lieu le 19 octobre, «jour immédiatement suivant celui de la fête de Saint-Luc », ce qui donnait six semaines environ de vacances aux maîtres et aux élèves puisque la sortie était ordinairement fixée au 1er septembre.

Le jour de la reprise des travaux scolaires était marqué par une solennité académique prévue par le règlement. Une semaine avant la cérémonie, le principal, accompagné de l'un des professeurs, était venu inviter d'abord l'évêque auquel le programme établi avait été présenté, puis les chefs ou syndics du Chapitre cathédral, du présidial et les consuls. Ces visites, faites en grand apparat, préparaient la réception des autorités saluées à leur arrivée par les administrateurs, maîtres et régents en robe.

On se rendait ainsi en cortège dans la salle d'honneur où avaient été rassemblés les élèves et là, conformément domestiques du collège et « ne leur parler que lorsque la nécessité le requerra », que, les jours de sortie, les cafés à. une délibération du 14 août 1768, un discours latin ou français était prononcé par le professeur de rhétorique sur un sujet choisi d'avance en accord avec l'orateur et le principal.

Cette mercuriale était suivie d'une messe chantée avec les oraisons accoutumées pour le Roi et après l’Ite Missa est, le célébrant entonnait le Veni Creator spiritus repris en chœur par l'assistance.

On passait ensuite dans les classes, où, d'abord, les recommandations disciplinaires étaient faites.C'est ainsi que les nouveaux arrivants étaient prévenus qu'il était défendu de se familiariser avec les et « billards publics » étaient interdits sous peine, pour la première fois d'être sévèrement punis et, « en cas d'habitude ou de circonstance aggravante », d'être renvoyés.

Il était également indiqué que l'enseignement étant gratuit, les écoliers ou leurs parents ne pouvaient faire de collecte au profit des maîtres à l'occasion de leur fête ou « à tel jour, de l'année que ce puisse être ».

Ces instructions étaient complétées par l'énumération du régime des congés, qui ne devait pas laisser indifférents les auditeurs.

Comme à Toulouse, au Puy les classes vaquaient les lundis et mardi gras, les jeudis, vendredi et samedi saints, le mercredi saint au soir, la veille de sainte Catherine au soir, le mercredi des Cendres le matin, et encore exceptionnellement le jour de saint Jean-François Régis, ancien professeur du collège, sans parler, en outre, des jours d'exercices littéraires.

Ainsi renseignés, les élèves pouvaient se mettre au travail et aborder ces humanités peut-être un peu rébarbatives pour leur âge mais dont le dévouement inlassable des régents et leur conscience professionnelle savaient atténuer les aspérités et arrivaient à rompre lentement la dure enveloppe et à permettre ainsi aux disciples attentifs de savourer la « substantificque moelle » de l'antiquité, base de toute formation sérieuse, prémices éprouvées et irremplaçables du développement intellectuel et moral de tant de générations de bons Français. »

D’après Ulysse Rouchon – Journal des Débats Politiques et Littéraires –Edition du 24 septembre 1929.


Septembre 2015



 7 - DU FORGERON AU MENEUR DE LOUPS

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« La légende raconte que « Liancade » , originaire de Fournols, avait pris une femme de Sainte-Catherine où il devint forgeron, mais il s'était mis mal avec sa famille et avait tout lâché pour vivre en homme sauvage dans les ruines de Châteauneuf-du-Drac ».

La légende commence donc dans les ruines de l'ancien château médiéval. Le voyageur devra entrer au cœur des Monts du Livradois en direction de Saint-Germain-l'Herm puis poursuivre vers la commune de Sainte-Catherine à la limite avec la Haute-Loire. Là, plus à l'ouest dans les Bois de la Cèpe, se cachent les ruines d'une construction impressionnante, ancienne demeure des Dracs, seigneurs des lieux. Au fur et à mesure que le chemin se dévoile, le voyageur comprend vite qu'en ces lieux, la Nature a repris tous ses droits. Le lierre se mêle à la pierre pour essayer de dissimuler les derniers restes de cet ensemble monumental, théâtre d'une sombre affaire. Au XIIe siècle, le seigneur du Drac, revenu de croisade, se serait fait mettre en pièce par la meute de son propre fils, parti à la chasse dans les Bois de la Cèpe. Cependant, cette meute était composée non pas de chiens… Mais de loups !

Ainsi, c'est dans ces lieux, déjà investi par un meneur de loups au Moyen Âge, que Liancade se réfugie pour devenir un homme sauvage. « Tout chevelu, barbu, habillé de loques et de peaux, il courait la campagne avec deux loups qu'il avait dressés […] ». Et s'il n'obtenait pas ce qu'il voulait au cours de ses pérégrinations, « il aurait mis de nuit ses loups après vos moutons ». Selon la légende, c'est ce qu'il aurait fait à Madame Prunayre près d'Agnat, « qui n'avait pas voulu lui donner quelques grappes de raisins ». Il se comportait en véritable « maître de la campagne », offrant sa protection ou terrorisant les habitants.

C'est ainsi, qu'un dénommé Curabet, habitant de Saint-Hilaire, fit la rencontre de Liancade dans les bois entre Saint-Vert et Saint-Hilaire sur la partie altiligérienne des Monts du Livradois. Ce dernier « s'était attardé au moulin des Mazeaux ». Le lieu-dit des Mazeaux existe encore et le chemin qui mène au Doulon est difficilement accessible. Toujours est-il que c'est dans ces bois que « tout d'un coup, entre les arbres, Curabet aperçut un grand feu et autour, un homme avec une demi-douzaine de loups. […] Il n'aurait pas été plus étonné s'il était tombé en plein dans l'enfer.

Tu n'as pas peur à voyager seul de nuit, par ces bois ? Si tu as peur ! Et bien, je vais te donner deux gardiens mais n'oublie pas leurs récompenses ! » Alors dans la nuit noire, Curabet rentra chez lui sur son char, car « s'il avait dû faire le chemin à pied, entre ces loups, jamais ses jambes ne l'auraient porté ». Arrivé chez lui sans encombre, Curabet donna leurs récompenses à chacun des deux « mendiants » qui l'escortaient.

Ce que voulait Liancade c'est qu'« on vienne se soumettre » mais, « après bien des méfaits, l'homme-loup est abattu d'un coup de fusil dans les bois par le grand louvetier ».

Alors, sorcier meneur de loups ou bandit de grand chemin avec sa « bande », une chose est sûre, Liancade a marqué les mentalités collectives des habitants des Monts du Livradois. »

D’après le Journal La Montagne du 14 septembre 2014


Septembre 2015




Autre version : La légende des loups de Liancade (Chassignolles)



 8 - GARDEZ LES ŒUFS


loriot_deurope.jpg« Autrefois, le bailli de Bournoncle, Baptiste le Finaud, s’était imaginé de dresser des oiseaux ; il en avait une pleine maison ; pour un rossignol il aurait vendu l’Eudoxie, sa gouvernante ! ce n’est pas pour dire, mais la fille n’aurait pas tardé à être négocié en foire.Le Lapin, le fils du charron, son voisin, errait le plus souvent à travers les rues, que dans l’atelier de son père ; lui aussi voulait dresser des oiseaux, et en flânant par-ci par là, un matin, il aperçut dans une haie, un nid de loriots ; les petits venaient d’éclore, il les laissa : « Je viendrai les chercher quand ils auront perdu le poil fou ».

Les enfants parlent toujours trop . Il ne fut pas aussitôt entré à la maison qu’il commit la sottise de s’en vanter à l’Euxodie. Pensez si la belle s’empressa de tout dire à son futé de maître ! Aussi lorsque le Lapin crut aller ramasser les loriots, il n’y avait plus de nid.Je vous mentirais si je vous disais qu’il en fut vexé ; il en garda une rancune démoniaque : « Ce ne serait que dans vingt ans, il me le paiera, il ne l’emportera pas en paradis ».En attendant, lorsque le Baptiste donnait la becquée à ses oisillons, si le Lapin ne s’était pas contenu par peur de la punition divine, il aurait fait un malheur.

Il passa du temps et du temps ! Le Lapin, d’un enfant était devenu un homme solide, prêt à passer au conseil de révision bien bâti, fait pour déboussoler la tête des filles ; l’Eudoxie, n’avait pas rajeuni, elle avait une barbe naissante, pauvre monde, cela donnait des haut-le-cœur. Le Baptiste se défendait mieux, il n’était pas trop décati et pour ne pas se morfondre, il avait été quérir, je ne sais où, une nièce, la Zoé, pas manquée, avec deux petits yeux de velours qui faisaient frémir le Lapin. Si le garçon ne redoutait pas le vent du nord, la Zoé ne craignait pas celui du sud.

Que voulez vous que je vous dise ? Ça ne pouvait pas rater et cela ne rata pas ; de coups d’œil en coups d’œil, d’un mot à l’autre, la jeunesse s’enflamme rapidement ; ils sentent le désir de se serrer l’un contre l’autre pour se dire tant de belles choses. Un baiser ça va ça vient, cela est si agréable ! « si nous recommencions ? » et ils recommençaient. Il paraît que cela met en appétit ; le Lapin avait des ressources ; un bon morceau, même deux ne le faisaient pas renoncer, et pensant que le vieux, un jour lointain lui avait volé ses loriots, se régalait à caresser sa nièce.

Le bailli avait bien un doute de ce qui se passait, mais pour les surprendre, pas commode ; et l’Euxodie jalouse de la Zoé bien aise de le laisser souffrir, aurait mieux aimé se laisser fesser sur le Postel plutôt que de l’avertir.

Pourtant, un soir de Saint Jean, lorsqu’il revenait du feu de joie, notre Baptiste entendit un petit ramage dans son jardin. A ce moment, le Lapin et la Zoé, assis sous un cerisier, se payaient un peu de plaisir : le garçon tenait une grosse cerise et faisait comme les moineaux : « Cah ! cah ! Zoé ». Ils mettaient la cerise près des lèvres de la fille qui riait, elle sautait pour l’attraper, et lorsqu’elle l’avait saisie elle avalait tout, même le noyau, et des baisers à profusion, vous auriez ri de les voir.

Notre bailli lui ne riait pas, il soufflait ; il bondit sur le jeune homme : « Tas de polissons, enfin j’ai trouvé le nid, veux-tu foutre le camp, mandrin ».
- « Doucement, doucement, je m’en vais, sûr, si vous avez trouvé le nid, cette fois-ci, ce n’est pas des loriots, je vous le laisse : Gardez les œufs ! »

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.


Septembre 2015



 9 - LE MAL MARIÉ - LO MAU MARIDAT


La_seduction.jpg« Cet innocent de Joseph de la Mite s’était marié avec la Sidonie de Piquelard qui avait tout juste dix-huit ans.

La Sidonie était malicieuse et délutée, se démenait comme un poulain, et le pauvre Joseph, qui aurait pu être presque trois fois son père, n’avait d’autre envie que de manger sa soupe et de coucher comme les poules.

Et, une fois qu’il avait la tête sur son oreiller, il se contentait de ronfler… Il se souciait peu de ce la jeunesse pouvait demander… Et la Sidonie, la pauvrette tournait et retournait et languissait…

L’eau, le vent et la pluie passent ; mais il y a des choses qui ne passent point.

Joseph travaillait tout le jour, se reposait la nuit, mangeait et buvait quand la faim et la soif le lui commandaient ; sa vie tournait comme une roue de son tombereau, doucement, doucement, et il se sentait bienheureux avec sa jeune femme qui lui faisait bonne grâce.Mais la Sidonie faisait bonne grâce, cela ne veut point dire qu’elle n’eut pas envie de faire le contraire…

Croyez-vous qu’elle n’était pas ennuyée de voir, le soir, au coin du feu, un homme qui soufflait sa soupe, au lieu de lui tenir quelque agréable propos ? Il y a tant de choses qui auraient plu à la Sidonie ! Ah ! lourdaud de Joseph !...

Lourdaud de Joseph !... Un autre s’en aperçut, lui fit des yeux amoureux, tourna autour de la Sidonie, et la Sidonie eut vite compris…

Et, dès ce moment, la jeune femme, qui n’osait jamais contredire son époux, lui tint tête, oublia de préparer son dîner à l’heure, laissa, plus d’une fois, brûler le fricot, alla quérir de l’eau plus souvent, acheta une belle robe… Puis les gens parlèrent …

Il y en eut qui plaisantèrent le Joseph…
« Tiens », lui dit quelqu’un, « quiconque a une fleur qui embaume doit avoir du flair pour la sentir… »
« Sache donc ceci », lui dit un autre : « Si tu n’as point de dents, pourquoi veux-tu mâcher les noyaux ? »
Et Joseph en souffrait.

Il se mit à épier furtivement derrière la fenêtre. Au bout de peu de temps, il vit ce que tout le monde savait, et pourquoi on l’appelé « mal marié ».« Mal marié !... Mal marié !... », disait-il, tout seul ; « on dit que je suis un mal marié ! Je veux que ma maison s’écroule, si on ose me le répéter ! »

« Mal marié !... » Quand il entendait cela dans son esprit, c’était comme s’il avait reçu un coup de fouet en pleine figure ; son sang sautait ! Aussi, vous pouvez croire qu’il changea de manière avec la Sidonie… Et la Sidonie ne pouvait assez le répéter : « Ah ! mon Joseph est devenu affectueux ! Que le bon dieu est miséricordieux de me l’avoir fait comme je voulais ! Il est redevenu jeune ! Et il m’aime ! Et je suis bienheureuse !...

S’il y avait un secret, quel secret y avait-il ? Personne ne le sut : Joseph ne le dit pas. Mais la Sidonie n’en voulait pas d’autre que lui, elle ne se laissait regarder par personne, et elle savait que répondre si quelqu’un s’oubliait jusqu’à vouloir parler inconsidérément du « mal marié »…

D’après Henri Gilbert - Les conteurs du Covize – Imprimerie « La Haute-Loire » - Le Puy en Velay - 1953


Septembre 2015



 10 - LE THÉOLOGAL

Bureau_de_l_octroi.jpg« Au temps où l’évêque de Saint-Flour donnait le sacrement de confirmation à Brioude, il avait coutume de s’y rendre à la Noël.Une année, après avoir dîné copieusement chez le curé de La Chapelle-Laurent, et s’y étant attardé, son carrosse passa devant le poids public à la nuit. Il faisait noir, pauvre gens, pas moyen de voir devant soi, le carrosse n’avait qu’un petit lumignon comme un chaleil.Le Meniar, le roi des employés de l’octroi, fouineur et sévère comme il n’y en a plus, il n’aurait pas laissé passer un enfant sans le fouiller ; à cet instant il était de service, et se mit au milieu du chemin en criant.- « Arrêtez l’ami, avez-vous quelque chose à déclarer ? »
L’évêque était volontiers farceur et le bon dîner de La Chapelle, l’avait mis de bonne humeur.
- « Bien sûr, répondit-il, j’ai un théologal ».
- « Un théologal, rumina le Meniar, il faut que j’aille voir au bureau qu’est-ce c’est, et pour combien c’est imposé ».

Au bureau, l’autre employé, pas plus que le Meniar, ne savait ce que c’était un théologal, il n’en avait jamais vu ; ils consultèrent le règlement, les circulaires, nulle part, il n’était mention de ça.
- « Qui sait ce que cela peut être ? C’est peut-être un animal ou du vin d’importation, j’y retourne ».
Lorsqu’il fut devant la fenêtre du carrosse, il demanda « Dites-moi, ça se mange ou ça se boit ? »
- « Cela boit et mange »
- « Est-ce lourd ? est-ce gros ? »
- « Ma foi, dans les deux cents livres, même peut être plus, il aussi gros qu’un fût »
- « Il faut le voir, je vais chercher ma lanterne ! »
Il retourne au bureau ; le Meniar et ses collègues étaient bien embarrassés : « Combien lui ferons-nous payer ? »
- « Baste ! pour peser deux cents livres , il faut que ce soit gras, cela doit être une espèce étrangère à la région ; il faut percevoir comme pour celle du pays : deux sous la livre. »

Le Meniar prend la lanterne et retourne au carrosse, éclaire la fenêtre et reconnaît l’évêque.
- « Excusez-nous, votre grâce, mais il faut peser, ce sera deux sous la livre, nous ne pourrons pas faire à moins ; où est-il ? »
- « Tenez, le voilà ! » répondit l’évêque, et d’un coup de coude dans les côtes, il réveilla son voisin qui dormait comme une pierre dans un coin du carrosse.
- « Allons, mon pauvre ami, il faut descendre, le préposé de l’octroi ne veux pas vous laisser passer ».
Devant le bureau, le père Sabre, l’attendait et lui cria :
- « Eh bien, Meniar, qu’est-ce ? Une bête d’un sou ou de deux sous ? »
- « Ça ne se paye pas, cria le Meniar, en s’en allant, c’est un curé ! »
>D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.


Septembre 2015

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 11 - CARNAVALS D’AUTREFOIS


Carnaval_d_autrefois.1.jpg« Dans les villages du Massif Central, le Carnaval était autrefois le temps par excellence des réjouissances populaires. On s'y préparait à l'avance et, pour que l'organisation fût complète, la jeunesse se groupait, arrêtait un programme et lui donnait la .consécration d'un pacte notarié.

C'est ainsi que, le 17 novembre 1624, sept habitants de Cayres en Velay, bourgade dont l'auteur des Mémoires du comte de Vordac, l'abbé Cavard, qui en était originaire, a prétendu qu'on y rencontrait les populations « les plus intraitables de la province », comparaissaient devant Maître Gabriel Peyret, tabellion royal, et s'y constituaient gaiement en commission des fêtes.

II était convenu d'abord qu'on se travestirait « honéstement » et que l'on se munirait de fusils et de pistolets, accessoires indispensables pour provoquer la joie. Il fallait songer aussi aux dépenses auxquelles entraîneraient les festins et l'on prévoyait !a nécessité du concours de quelques ménestriers. Une fois armés et équipés, on se mettait en campagne trois semaines avant le mardi gras : gare à celui qui, pris de scrupules au dernier moment, manquerait à l'appel ! S'il ne pouvait fournir une excuse sérieuse, telle, par exemple, que maladie mortelle, et s'il ne s'était fait remplacer, il payerait tous les frais de la compagnie jusqu'au jour du refus et on le gratifierait, en outre, d'une amende de dix livres affectée à la réparation de la chapelle de Notre-Dame.

Nous ne supposons que le Carnaval de 1625 fut, à la faveur de telles stipulations, « honéstement » célébré. Il n'en était pas toujours ainsi, car l'on sait que, dans la région, les mascarades furent parfois troublées par de violentes querelles. A la suite de libations trop copieuses, les têtes s'échauffaient et il suffisait alors de la moindre bousculade pour provoquer des désordres sanglants. Si bien que Lamoignon dut intervenir et en arriver, en 1684, à des ordonnances de police prévoyant des patrouilles destinées à disperser les fauteurs de scandale et, au besoin, a les traîner en prison.

Le plus souvent, par bonheur, les choses n'en venaient pas à ces extrémités, du moins en ville, où les masques se contentaient de mettre à profit leur anonymat d'un jour pour tourner en ridicule les maris trompés ainsi que certains personnages fort en vue. Mais on allait parfois un peu loin.

A la fin du dix-septième siècle, le diocèse du Puy était administré par un prélat dont le visage provoquait le sourire à cause du nez monumental dont il était agrémenté. Ce nez, qui avait valu à son titulaire les truculents brocards d'un Roquelaure, en présence même du roi et devant toute la Cour, devait naturellement servir de cible à l'irrespectueuse malice des jeunes gens du pays. Au cours d'une nuit de février 1681, ils poussèrent l'irrévérence jusqu'à venir sous les fenêtres de l'évêché chanter des couplets égrillards à !a gloire du fatal ornement, et l'on imagine bien que cette plaisanterie ne fut guère du goût de celui qui en éprouvait les effets désobligeants.

Fort bouillant de nature, M. de Béthune monta en chaire le dimanche de Quinquagésime, à l'église des jésuites, et, prononçant un sermon sur les débordements du Carnaval, il y flétrit en termes véhéments la mauvaise éducation et l'audace des impertinents ironistes vis-à-vis des ministres de Dieu. II revint encore à la charge le premier dimanche de Carême, dans une homélie sur la tentation donnée à l'église cathédrale et toujours pour s'élever avec force contre des procédés jugés injurieux autant qu'intolérables. Il semble que ces amères considérations sur le libertinage avaient un but : découvrir l'identité des coupables et les faire poursuivre.

Effectivement, quelqu'un désigna les étourdis à l'ire épiscopale et commença de la sorte une procédure contre M. le marquis de Polignac - le futur lieutenant général des armées du roi, le neveu de l'abbé Montebourg, le frère de celui qui allait devenir ambassadeur de France et cardinal de la Sainte Eglise romaine! - et quelques autres de ses compagnons, à l'occasion de « débauches, comme insultant Monseigneur l'Evêque du Puy par dérizion ».

On dut se souvenir longtemps en Velay du Carnaval de 1681 et parler souvent de l'offense faite au nez de Sa Grandeur ! »

D’après Ulysse Rouchon – Journal des Débats Politiques et Littéraires –Edition du 22 février 1925Lire la biographie de l’auteur

Juin 2015



 12 - LA CROIX DE SAINT ROBERT

croix_1.jpg« A chacune des croix dressées sur les chemins, dans la banlieue de Craponne, la tradition attache quelque légende. Voici celle qui porte le nom de Croix de Saint-Robert.

L’illustre moine, cherchant la solitude où il voulait abriter ses vertus, s’aventura sur les hauteurs que domine la croix qui porte son nom. Déjà il avait mis la cognée à l’arbre de la forêt pour construire sa cellule, lorsqu’advinrent quelques gens du voisinage. Ils se moquèrent du saint, dit-on, se mêla même de la besogne et ajouta ses persécutions à celles des gens qui ne valaient guère plus que lui.

Ces obstacles, suscités par la terre et par l’enfer, firent comprendre à Robert que la contrée n’était pas digne de lui. Il se jette à genoux, il prie, se levant, inspiré, il lance, d’un brusque mouvement et au hasard, la hache qu’il tenait à la main, laissant Dieu maître de lui choisir le lieu où il voulait être honoré par son serviteur. La hache tomba à la place où s’éleva plus tard l’abbaye qui porta son le nom mystique de Case-Dieu1. L’ange du seigneur y emporta le saint sur ses ailes…

Pour compensations, la contrée craponnaise n’eut que le privilège d’apercevoir, du point où s’élève la croix, les hautes tours de l’église monacale. Au lieu d’un célèbre monastère et d’un glorieux tombeau, elle n’eut qu’un souvenir. »

1Saint Robert aurait été le fondateur, disons le constructeur pour répondre à la légende, de l’église du Bouchet (canton de Cayres) qui se trouvait dans l’enceinte des murs du château et fut placée sous le patronage de Saint-Nicolas, l’apôtre lorrain. Les notes de l’abbé Portalier, datées de mai 1655, confirment l’existence de cette église qui fut démolie au XVIe siècle. Les croix du Lac, du Menigot et de Foncrose ont été édifiées à l’aide de colonnes de cette église.

D’après l’Abbé Maitrias « Esquisse historique sur Craponne » - Savinel, libraire (1854)

Juin 2015



 13 - LA RÉPUBLIQUE EN PARADIS


Le_Paradis_10.jpg« Il paraît qu’il s’en est fallu de peu que dans le Paradis on instaure la République. S’il fallait croire les commérages de l’atelier du forgeron, le pauvre Bon Dieu « branlait dans le manche ».
- « Il est trop vieux, lorsqu’on lui demande quelque chose, il ne sait que répondre : « Vous m’ennuyez, si vous croyez que je n’ai rien d’autre à faire que d’écouter vos folies ! Ça ne peut pas durer, on est mal gouvernés ! »

A la fin, ils s’emparèrent de Saint-Pierre, un jour qu’il était venu faire clouter ses sabots. Ils l’invitèrent à secouer le Bon Dieu.
- « Toi qui t’entends si bien avec lui, dis-lui fermement et s’il se mutine, eh bien, nous l’expulserons, et tu fermeras le portail ».

Mon Pierre avait assez de toupet de loin et il était un peu flambard chez le forgeron, cependant il soupirait fortement pour transmettre la commission, il serait presque revenu en arrière.

Tout de même, il ne voulut pas se démentir, et lorsqu’il fut devant le trône, il expliqua en bégayant :
- « Tenez, Bon Dieu, cela se gâte, nos gens ne sont pas contents, ils sont à l’écoute de cette espèce de Mathieu, on ne connait même pas ses origines, avec ses yeux de barbeau mort, il est sournois, il harangue les autres, puis il se dissimule… et cela n’arrange rien. Ils disent que vous êtes trop vieux, que votre vue baisse, croyez-moi, si vous ne pouvez pas agir seul, prenez de l’aide, mais ne tardez pas trop, ils sont foutus d’instaurer la république ».
- « Mon pauvre pierre, si tu n’avais pas fait l’âne en laissant entrer, ce moins que rien de Mathieu, il serait en enfer, et nous serins tranquilles : d’ailleurs, toi-même tu n’es pas le dernier pour me tailler des croupières ».
- « On dit que tant qu’ils crient, ils ne sont pas plus avancés que s’ils ne disaient rien ! Et bien, assieds-toi là, fais comme si de rien n’était, faites la république pour un jour, saisissez la queue de la poêle, et ne la secouez pas trop fort, je vais profiter pour descendre là-bas et faire un petit tour, par ci, par là, cela m’assouplira un peu, j’ai des crampes. Donne-moi ta clef et fais battre le tambour ».

Et voilà Pierre devenu Bon Dieu et Daga qui fait la tournée avec son tambour, en criant : « La République … ! Nous sommes souverains ! »

Mais Pierre avait trouvé les maçons !

Il n’était pas encore assis que deux jeunes anges arrivent en courant et se disputent une pomme ; il fallut les séparer, une gifle pour un, un coup de pied quelque part, pour l’autre.

Puis, la Madeleine et la Céline, deux voisines, s’affrontaient à coups de balai, parce que la Céline avait vidé son urinoir après que la Madeleine eut balayé. Pierre en reçut un peu.

Saint Labre, pieds nus voulait une paire de sabots.

Simon voulait étrangler le garde pêche.

Saint Martin grelottait et réclamait un manteau !

Saint Julien avait saisi Mathieu par la veste, le traitant de voleur, et voulait le précipiter en enfer.

Saint Verny voulait distiller sans le contrôle des Contributions Indirectes.

Saint Avare et Saint Léonard, deux joueurs se querellaient, aussi voleur l’un que l’autre.

Sainte Bonnette avait perdu une oie et prétendait que le chien de Saint Eutrope l’avait mangée ; Saint Eutrope prétendait que ce n’était pas le sien, mais celui de Saint Hubert et Saint Hubert voulait lui donner un coup de fusil.

Et puis encore d’autres, d’autres, et ainsi de suite !

Mon pauvre Pierre n’en revenait pas, il était perdu dans tout ce tapage ; lorsqu’il s’adressait à l’un, l’autre le tirait par la veste ; même Saint Christophe qui venait protester pour ses impôts le secoua si fort qu’il faillit le détrôner, et mon Pierre, trop violent, frappa Christophe.

Ah, c’était réussi ! Jamais cela ne s’était vu dans le Paradis : le Bon dieu ne frappait personne, simplement les angelots sans jugement.

Et pensez s’il s’en assembla des gens pour crier : « à bas l’assassin ! »
- « Ça va, ça va, dit saint Pierre, je descends, j’en ai assez, je m’en vais, je n’en veux plus, je ne suis pas payé pour ce faire ; que ceux qui aspirent à la place s’assoient là, je les attends lorsqu’ils y auront goûté ».

Et il descendit. Mathieu allait s’y risquer, mais les chiens de Saint Eutrope et de Saint Hubert le prirent en chasse et il se sauva en courant.

Le lendemain, quand le bon Dieu revint, il trouva son trône vide, et Saint Pierre, l’oreille basse, penaud comme si on l’avait fessé, qui errait par là, son filet à l’épaule :
- « Eh bien ! tu y as goûté, qu’en penses-tu ? »
- J’en dis qu’il est plus difficile de commander que de servir. Daga prends ton tambour et crie de faire fête, le Bon Dieu est revenu ! ».

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

Juin 2015



 14 - LA FONTAINE DE SAINT-MARTIN


Source.jpg « A mi-chemin entre Vorey et Vertaure, entre la croix basse et la croix haute1, on remarque, à droite de la route et à une hauteur d’environ trois mètres, une excavation de forme ovoïdale creusée dans les flancs du rocher et mesurant quarante centimètres de hauteur sur trente-cinq centimètres de largeur. Le peuple voit dans cette cavité l’empreinte de la tête de cheval de Saint-Martin et en explique ainsi l’origine.

Le grand thaumaturge allait par monts et par vaux, prêchant la religion du Christ et renversant les idoles. Monté sur un cheval de haute taille, il franchissait d’un bond les vallées et les fleuves, lorsqu’arrivé aux bords du Riou, petit ruisseau né sous le village de Vertaure, son coursier s’abattit. La tête de l’animal heurtant avec force le rocher y creusa un trou appelé tête du cheval de saint Martin.

En remontant le même chemin, on trouve, à une hauteur de cent mètres et au sommet du plateau, une autre excavation percée dans un roc à parois presque verticales. C’est la fontaine de saint Martin. L’abord en est difficile par la gorge du Riou, mais on y accède aisément par le plateau et en suivant le chemin du Suc. Cette cavité, dont la capacité est de cinq à six litres, renferme toujours de l’eau ; ce n’est pas, à proprement parler, une fontaine, car aucune source ne l’alimente, les eaux pluviales seules glissant sur le rocher se réunissent dans ce petit réservoir qui, par les plus grandes chaleurs, ne tarit jamais.

Au-dessus du récipient, une autre cavité, appelée le nid de l’oiseau de proie, mesure vingt centimètres carrés. Il y a quarante ans, les habitants des hameaux voisins venaient y déposer leur modeste offrande, après avoir adressé leurs prières à saint Martin. Il existe enfin à proximité de cette espèce de tirelire, une troisième excavation de forme ovoïdale connue sous le nom de pied de saint Martin. La tradition rapporte que l’apôtre des Gaules gravissait avec difficulté un des versants abruptes du Riou, lorsque la pied de sa monture, se cramponnant à la pente glissante, s’y appuya fortement et y laissa son emprunte. »

1Ces deux croix de bois reposent sur un socle de grossière maçonnerie et ont été érigées, il y a quelques années, aux frais de trois pieuses filles de Vertaure, Rose et Madelon Ligouzat et Philomène Maurin.

D’après Adrien Lascombe - « Velay et Auvergne » - Contes et Légendes recueillis par Régis Marchessou Imprimeur –éditeur au Puy en Velay – 23 Boulevard Carnot – 1903

Juin 2015



 15 - LES CHASSEURS DE « CABRIS » D’AIGUILHE


Aiguilhe_4.jpg« Deux habitants d’Aiguilhe résolurent de quitter le village dans l’espoir de faire fortune.

Après avoir dit adieu à leurs femmes, qu’ils laissaient éplorées, ils prirent la route de Brives et arrivèrent avant la nuit au village de ce nom.
Ils entrèrent dans une auberge et demandèrent à manger. On leur servi pour unique plat du chevreau en daube. Ils le trouvèrent si bon qu’ils faillirent dévernisser le plat.

L’hôtesse, témoin de leur appétit, résolut d’en tirer profit pour sa bourse.
- Vous avez été servis en princes, leur dit-elle, pour exciter leur enthousiasme.
- Sûr, nous n’avons jamais rien mangé de si bon ! Quelle est donc cette espèce de gibier ?
- C’est du cabri – répondit la gaillarde, et sa valeur vous en fera apprécier l’existence. Vous me devez 20 francs chacun.

A cette nouvelle, les voyageurs haussèrent les épaules, firent maintes réclamations, mais à la fin, il fallut s’exécuter. Ils payèrent donc, puis ils allèrent se coucher, la panse assez bien garnie , mais l’escarcelle presque vide .

Soit que la mal du pays les eût déjà gagnés, soit chagrin de l’aplatissement de leur bourse, ils purent, ni l’un ni l’autre, prendre un instant de repos.

Pendant cette longue insomnie, l’un d’eux était tourmenté par un projet.
« Insensés que nous sommes, se disait-il, nous allons chercher loin ce que nous avons près de nous… On nous a fait payer 40 francs un plat de cabri. Ne nous serait-il pas aisé de devenir chasseurs de cabris ? Avec un pareil métier, nous serions bientôt riches… »

Il fait part de son idée à son compagnon. Celui-ci, enchanté, acquiesce.

Le jour se fit attendre encore deux bonnes heures, mais enfin à l’aurore commençant à poindre, nos deux hommes reprirent le chemin d’Aiguilhe.

Ils eurent soin, en traversant Le Puy, de se munir d’un bon fusil.
Arrivés chez leurs femmes, étonnées mais aussi ravies de les revoir après une absence de quelques heures, ils se hâtèrent de leur faire part de leur dessein.
Les chères épouses applaudirent au projet qui devait bientôt les rendre riches sans leur imposer la dure nécessité de la séparation.

Il ne fut plus question que de tenir la chose secrète afin de ne pas susciter de rivaux.

Voilà donc nos chasseurs de cabris, le fusil sous le bras quittant Aiguilhe avec l’air le plus mystérieux du monde et se dirigeant vers les prairies de la Prévôté.

On était alors à la mi-juillet. Les sauterelles – que l’on nomme en patois des « chabres » ou « chabris » - gambadaient sans obstacle dans les broussailles et sur les gazons fraichement fauchés.

L’une d’elles, effrayée par les passants et ne se doutant pas du danger, fit soudain un bond et vint se percher à la boutonnière de l’un des chasseurs.

Celui-ci retint ses mouvements et même sa respiration pour ne pas effrayer le « cabri », puis l’indiquant du doigt à son compagnon, il lui cria :
- « Tira-y ! tira-y ! »

Le camarade ajusta son coup, manqua le « cabri », mais atteignit son voisin en pleine poitrine et le tua net. »

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

Juin 2015



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 16 - L’ACCOUCHEMENT DE MONSIEUR LE CURÉ DE BERTIGNAT


Bertignat2.jpg«Un terrible enchaînement de circonstances va convaincre le pauvre curé d’une invraisemblable intervention divine?!

Mais de quoi souffrait donc le curé de Bertignat ? Après quelques analyses, le doute n’était plus permis : il était enceint d’un veau !

Cela faisait maintenant deux semaines que le curé de Bertignat souffrait d'une étrange maladie. Il y avait d'abord la fatigue, inexplicable malgré des nuits qu'il laissait s'allonger bien au-delà du lever du soleil. Et puis ces maux de ventre persistants, accompagnés de nausée en dépit de repas légers qu'il commandait à sa domestique Simone ; c'était une jeune fille peu futée, mais que le curé souhaitait garder près de lui car comme il disait à juste titre : « Que voulez-vous qu'elle fasse d'autre ? »

Le mal empirant, il avait fini par faire venir le médecin qui n'avait rien trouvé et suggéré des analyses : « Apportez-moi demain vos urines, et nous en saurons plus ». Ainsi, dès le lendemain, le curé prépara son flacon qu'il ne se sentit pas d'apporter à Vertolaye, à huit kilomètres de là. Il en chargea donc Simone qui de bon matin prit sa voiture pour se rendre chez le médecin. Mais en chemin, elle aperçut sa cousine qui s'en allait s'occuper de ses vaches.

La fiole répandue sur le sol !

Voilà donc les deux femmes discutant chiffons en pénétrant dans la chaleur de l'étable. « Et celle-ci, n'est-elle pas magnifique ? » lança-t-elle à sa cousine, se proposant d'essayer une jupe fleurie qui réchauffait l'hiver, rigoureux cette année-là. Elle posa donc son panier sur un tabouret qui traînait… et qu'une vache fit tomber d'un coup de sabot. Et la fiole de rouler au sol, et de s'y répandre au milieu des excréments de bovin ! Un moment affolée, Simone eut une idée qui allait s'avérer lourde de conséquences. Profitant d'une vache qui pissait, elle en remplit la fiole, bien convaincue que personne n'y verrait rien. Puis elle reprit la route de Vertolaye et remit le flacon au médecin, avant de revenir à Bertignat où elle fit son rapport au bon curé, omettant d'évoquer ce qui s'était passé dans l'étable… et qu'elle avait d'ailleurs oublié.

Deux jours plus tard, alors que le curé était toujours cloué au lit, le médecin appela son malade sur un ton à la fois amusé et incrédule : « Si j'en crois vos analyses, vous allez accoucher d'un veau ». Mais il ajouta qu'il croyait la chose peu probable, et qu'il passerait le lendemain pour tenter d'y voir plus clair.

Le bon curé, convaincu d'une immaculée conception quelque peu ridicule !

Le curé qui à ce moment-là souffrait de violents maux de ventre, passa par toutes les couleurs, imaginant une immaculée conception qui le couvrirait de ridicule. Il décida alors de n'en parler à personne et de filer aussitôt à Clermont pour faire procéder lui-même à de plus profondes analyses. Un chemin qu'il était bien incapable de faire : avant même Olliergues, il dut s'arrêter dans une ferme qu'il connaissait pour demander du secours. Le fermier l'accueillit avec ferveur et l'installa dans son salon avant de rejoindre son fils qui faisait accoucher une vache à l'étable. Le veau était malingre et sa survie guère assurée. La nuit étant glaciale, il fut décidé de l'installer près du feu, dans le salon même où s'était endormi le curé.

En se réveillant aux premières heures du matin, le pauvre curé eut la mauvaise surprise de découvrir, dans la lumière des braises, la bête fébrile, imaginant aussitôt la réaction des fermiers en découvrant cette étrange progéniture.

Ses maux de ventre ayant disparu, il préféra se lever en silence et reprendre la route de Clermont. Mais la neige étant tombée, il n'alla pas bien loin, et à peine passé Olliergues, le voilà bloqué à la sortie du village, devant un commerçant de ses amis qui ouvrait ses portes. « Venez donc vous réchauffer, vous repartirez une fois le chasse-neige passé » lui dit-il.

Une flaque de lait à ses pieds.

N'ayant d'autre choix, il rentra chez l'homme qui l'installa dans une arrière-salle avant de rejoindre son commerce d'où il appela sa fille pour qu'elle dépose près du malade un grand bol de lait chaud. Entre-temps, le curé épuisé tant par la fatigue que par les émotions, s'était à nouveau endormi. C'est alors que la fille arriva, les chaussures pleines de neige et glissa devant le curé, renversant son lait à ses pieds. La voilà repartie à sa cuisine pour faire chauffer un nouveau bol. C'est à ce moment que le curé se réveilla, découvrant une flaque de lait à ses pieds. C'en était trop pour lui. Convaincu qu'aucune analyse supplémentaire n'était nécessaire, il rentra à Bertignat où il reprit son ministère, retrouvant rapidement la santé, sans jamais comprendre le message que lui avait lancé Dieu. Et comme il ne parla de son aventure à personne, les hommes ne purent non plus l'aider à comprendre.

Le seul changement que ses ouailles remarquèrent sans pouvoir l'expliquer fut qu'à partir de cette époque, il ne mangea plus de viande. »

D’après le Journal La Montagne du 22 décembre 2014

Mai 2015



 17 - LES ROCHES DE SAINT MARTIN – ROSIÈRES


Rosieres.jpg« Au milieu de la crête de Saint Quentin et de Malavas, il y a trois roches à bassins, dites roches de saint Martin ; elles sont groupées à peu près en triangle. A leur face supérieure existent des cavités assez régulières taillées de main d’homme.

Si l’on interroge les paysans, les uns répondent que leurs ancêtres, au temps où ils étaient sauvages, cuisinaient dans ces vases. D’autres racontent que saint Martin, patron de Rosières, vint un jour visiter le sommet de la montagne.

L’enceinte des trois pierres fut le lieu de son ermitage ; la longue anfractuosité et les cavités de la plus grand ne sont autres que sa vaisselle, c'est-à-dire la crémaillère, le chaudron, la marmite, la casserole et l’écuelle.

Persécuté par le démon, le saint gravit avec son chien la seconde pointe du rocher, et y laissant des empreintes de ses pieds, franchit d’un saut un immense espace. Le lieu de Chaudette qu’il atteignit au bas du mont Tchouvin et près des caves des Sarrasins, a gardé sur un rocher deux marques profondes, l’une du pied de son cheval, l’autre de la patte du chien, et en témoignage de dévotion, on y porte les enfants infirmes en bas âge.

De là, le saint poursuivi encore pas son opiniâtre ennemi, franchit d’un autre saut une deuxième partie très vaste de la vallée et parvint à Rosières où, après avoir expulsé les lutins du village voisin, il mourut en paix. »

D’après Aymar rapporté par Gilbert Conche - « Légendes & Diableries de Haute-Loire » – Collection Histoire en France

Mai 2015



 18 - LE LOUP-GAROU DE LA CHAISE-DIEU


Loup_garou.jpg« Des scieurs de long avaient établi leur chantier dans la forêt du Breuil, près de La Chaise-Dieu. Chaque jeudi, deux d’entre eux allaient à La Chaise-Dieu acheter les provisions de la semaine. Ces provisions étaient mises en réserve dans l’espèce de maisonnette en planche qu’ils s’étaient construite. Ils étaient établis là depuis plusieurs années, ne s’absentant jamais excepté le dimanche ? Ce jour-là, ils allaient tous ensemble assister à la messe dans le village de Bonneval. Cela fait, ils revenaient chez eux, préparaient leur dîner, le prenaient, puis se livraient au jeu le reste de la journée.

Or il advint qu’un dimanche en rentrant dans leur cabane ils trouvèrent leur feu allumé, un couvert sur la table, une bouteille à moitié vide, du pain, etc… toutes choses enfin annonçant que quelqu’un leur avait rendu visite, préparé des aliments, manger et bu. Les scieurs se dirent que quelques connaissances ou quelque ami ne les ayant pas trouvés s’était servi et était reparti trouvant probablement qu’ils restaient trop longtemps. Ils ne firent que rire de leur aventure.

Le dimanche suivant, ils ne pensaient déjà plus à leur visiteur lorsque ‘n rentrant ils constatèrent avec surprise qu’on avait encore profité de leur absence.

Le troisième dimanche, avant de partir, ils cachèrent leurs provisions sous un tas de planches : peine inutile, le visiteur revint, les provisions furent encore mises à contribution et, chose curieuse, les planches n »étaient pas dérangées. Le diable s’en mêlait. Les scieurs de long n’échangèrent pas leurs idées ; cependant il était aisé de reconnaître qu’une grande anxiété était sur le visage de la plupart d’entre eux.

Deux pourtant, plus braves que les autres, résolurent d’avoir le mot de l’énigme. Après s’être concertés ils résolurent de se cacher le dimanche suivant et d’attendre ; ce qu’ils firent en effet. Leurs compagnons partis, ils s’armèrent d’un bon gourdin et se mirent à l’affût derrière un abri qu’ils se construisirent pour cela.

Ils étaient cachés depuis assez longtemps ; déjà, ne voyant rien venir, ils pensaient à sortir de leur cachette lorsqu’il leur sembla qu’on marchait du côté de la porte. Celle-ci s’ouvrit et nos deux hommes aperçurent à quelques pas un animal qui ne ressemblait en rien à ceux qu’ils avaient vus jusqu’à ce jour : son pelage était fauve et hérissé, ses yeux lançaient des flammes et d’énormes crocs sortaient de sa bouche, avec cela deux cornes énormes s’agitaient continuellement sur sa tête monstrueuse. Les deux scieurs retenaient leur souffle.

L’animal, après avoir flairé de tous côtés, se redressa sur ses pattes de derrière. A ce moment sa peau se détacha de son corps et roula dans un coin et nos deux amis eurent alors devant eux la plus ravissante jeune fille qui soit au monde et complètement nue. Elle avait pour tout ornement une belle montre en or attachée à une chaîne en or passée autour de son cou et qui lui tombait sur la poitrine. Elle prit la montre. Déjà dix heures, dit-elle, il est temps de préparer mon repas, les scieurs ne tarderont pas à revenir. Elle s’apprêtait à allumer le feu, mais à ce moment les scieurs apparurent. La jeune fille jeta un grand cri et voulu se précipiter vers la peau, mais les deux hommes lui barrèrent le chemin. Grâce, leur criait-elle, grâce, ne me touchez pas, vous me brûler ; mais ils ne l’écoutèrent pas. L’un d’eux prit de l’eau bénite dont il aspergea la peau. Celle-ci se mit à bondir et disparut à leurs yeux, pendant que la jeune fille tombait évanouie.

Les deux scieurs l’aspergèrent d’eau bénite, lui mirent des habits d’homme et lui prodiguèrent des soins. Lorsque les autres scieurs arrivèrent, leurs compagnons les mirent au courant de ce qui s’était passé. A ce moment un grand bruit se fit entendre mêlé de jurements effroyables. La jeune fille revint à elle, elle semblait sortir d’un profond sommeil.

Après avoir repris ses sens, elle raconta qu’elle avait fait un pacte avec le diable et que depuis, tous les dimanches, elle endossait une peau de loup et qu’elle courait les bois, puis allait manger dans les maisons laissées vides par les gens qui allaient à la messe.

Elle remercia les scieurs de long et partit au couvent où elle se fit religieuse.On montre encore la cabane des scieurs de long et l’on y vient en pèlerinage. »

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)Lire la biographie de l’auteur

Mai 2015



 19 - LE PROCÈS DE JEANNETTE REVERGEADE (1389-1390)


Bucher.jpg« Une pauvresse, « Johanette Nova, alias Revergada », originaire de Farges, près de Siaugues-Saint-Romain en Brivadis, courait le pays, tirant le plus clair de ses revenue de sa coupable industrie. La sorcière, qui vivait en concubinage, finit par échouer, en 1389, à Chadron en Velay.

Malheureusement pour elle, elle tombait mal. La justice du lieu appartenait à Messire Dragon de Saint Vidal, abbé du Monastère de Saint-Chaffre. Par la rumeur publique, l’activité délictueuse de la bonne femme ne tarda pas à arriver aux oreilles du religieux qui mit aussitôt en branle la redoutable procédure inquisitoriale.

Le 28 décembre, maître Guillaume Francisce, bailli du Monastier, fit ouvrir une information qui se prolongea six mois. Enfin, le 27 juillet 1390, la sorcière comparaît devant le tribunal. Elle a, disent ses juges, à répondre à neuf chefs d’accusation :

  • Jeannette Vergeade a couru le pays et par le moyen de son art de sorcellerie, usant de charmes, sortilèges et breuvages, elle a soustrait de l’argent à de pauvres femmes ses dupes.
  • Pénétrée de l’esprit malin et enflammée de sa science diabolique – laquelle honnie de Dieu et des hommes – elle a ainsi trouvé le moyen de sortir de la gêne. Arrivée au lieu de Chadron avant la fête de saint Michel, et après avoir séjourné au village de Valette, elle s’est placée dans la maison de Jean Terne. Elle a continué ses allées et venues, exerçant son industrie démonique, administrant des remèdes et se livrant publiquement à des rapines, au détriment de ceux qui ont cru obtenir d’elle le retour à la santé.
  • Non contente de cela, ladite Jeannette, accumulant ses malicieuses pratiques, en plusieurs lieux du mandement du Monastier, par potions, enchantements et autres maléfices, a soigné des gens del chat esbadat, de la lueta tombada1 de douleurs de ventre et de tête, et ce moyennant le versement préalable de deniers ou dons en nature.
  • De plus, pirement mauvaise à poursuivre son vice, elle s’est entretenue, dans le même lieu de Chadron, avec des personnes atteintes de diverses infirmités et femmes en couches.
  • Insistant et persistant encore dans son art diabolique, elle a palpé des hommes et des femmes souffrant de graves infirmités et leur a administré clandestinement potions et breuvages, après les avoir persuadés qu’il était en son pouvoir de les soulager, et en faisant cela, usant de pratiques sacrilèges, elle a invoqué la Sainte-Croix de Chantheuge, saint Caprais et saint Georges d’Aurac. Après quoi, les clients ont dû la remercier par des dons appropriés.
  • Noble homme, le seigneur de Borzet vivant en mauvaise intelligence avec son épouse. Espérant voir la bonne harmonie régner dans son ménage troublé, il eut la mauvaise inspiration d’avoir recours aux bons offices de la sorcière. Celle-ci lui ayant donné un philtre approprié, le malheureux, après l’avoir absorbé, retrouva définitivement la paix en allant de vie à trépas.
  • Ladite Jeannette avait avec elle, comme associé et consort un nommé Johannet, de Folhans, lui aussi sorcier.
  • Non seulement la délinquante a usé de sorcellerie, sortilège, breuvages, mais elle a encore commis plusieurs autres crimes et maléfices, soit dans le mandement du monastère, soit ailleurs, publiquement et impunément.
  • Tout ce qui est énoncé ci-dessus est vrai, manifeste, notoire, connu de la fame publique à Chadron, dans toute la juridiction et lieux circonvoisins.

    Avec de pareilles charges, la sentence à intervenir n’était pas douteuse. L’inculpée, ayant spontanément ( ?) avoué ses crimes et invitée à dire si elle avait quelque chose à alléguer pour sa défense, se contenta d’implorer humblement la miséricorde du tribunal.

    Sa requête se heurta à la dureté de juges impitoyables. Convaincue d’avoir usé de breuvages pernicieux et mortels, de sortilèges et enchantements sacrilèges, d’homicide, la malheureuse fut condamnée à être brûlée vive.

    Le 6 août, le bûcher fut préparé au couderc du Monteil-Haut dans la paroisse de Saint-Front, près de la demeure du chevalier Bernard de Monteil. Tandis que la majeure partie des hommes du mandement du Monastier était convoquée pour assister à l’exécution, le bourreau, Jacob Nègre, fut requis pour exercer son office, à savoir ligoter la patiente, la lier au poteau et entretenir le bûcher jusqu’à ce que son corps soit consommé et réduit en cendres.

    Entre-temps la condamnée avait été conduite le matin dans la salle d’audience du tribunal, près du château de Freycenet-la-Tour, où le juge Jean Laurens lui fit notifier la sentence par son délégué Jean Bertrand. Nul doute que l’infortunée guérisseuse dut monter dans la charrette fatale qui devait, deux autres lieues plus loin, la conduite au supplice ».

    1 Ces expressions figurent en langue vulgaire dans le texte latin de la procédure. Il nous paraît difficile de donner le nom médical des infirmités appelées chat esbadat (chat ouvert ?) et lueta tombada (luette tombée : il s’agit probablement ici des crises d’étouffements chez certains enfants et même chez des adultes – dues à ce que la luette en s’abaissant obstrue le larynx)

    D’après M. Juillard rapporté par Gilbert Conche - « Légendes & Diableries de Haute-Loire » – Collection Histoire en France

    Mai 2015




    Ce nouveau texte complète CHADRON - JEANNETTE BRÛLÉE VIVE présenté en janvier 2013.

 20 - HISTOIRE DE REVENANTS


Revenants.jpg« Dans un vallon, entre Lafarre et Les Sauvages, tout près de la rivière, il y avait autrefois une pauvre maison en chaume. Le père de famille mourut et peu après, la mère et les enfants quittèrent le pays. Et la maison resta là, inhabitée et sombre. Bientôt, pourquoi ? Comment ? Le bruit courut que le mort revenait ; et les racontars allaient bon train. Certains croyaient en ces racontars ; d’autres les tournaient en ridicule ; mais tous, quand, la nuit venue, ils devaient passer devant la maison qui bordait le chemin, sentaient leurs artères battre plus vite et les cheveux se dresser sur la tête. Beaucoup fermaient les yeux ou regardaient du côté opposé.

Or une année, c’était en automne, un jeune homme, ayant terminé sa journée de travail, alla cacher ses outils dans la fameuse maison ; puis, s’adressant au mort, il lui dit : puisque tu reviens, garde bien mes outils, sinon gare à toi.

Cette nuit là, même, il alla passer la veillée dans un village voisin, et il en repartit vers les onze heures du soir. Il faisait clair de lune. En route, il devait traverser un champ qui avait appartenu au mort et où ce dernier avait souvent travaillé. Comme le voyageur entrait dans le champ, il aperçut, sous le petit sentier qu’il suivait, un homme courbé en deux et qui semblait piocher. Il pesa que c’était le nouveau propriétaire, et il s’assit sur le bord du chemin puis prenant une petite pierre il la lança sur le dos du piocheur en disant : « Tu es fou de travailler à pareille heure ; allons, viens, nous rentrerons ensemble. » Alors l’homme se redressa et, avec sa pioche, tenta de prendre l’autre par le cou. Et celui-ci aussitôt reconnut le mort, le revenant. Les yeux luisaient et les chairs se détachaient des mains. D’un bond, le jeune homme se rejeta en arrière pour échapper à l’étreinte de la pioche, et s’écria : Sainte Vierge, sauvez-moi ; et il partit en courant. Mais il entendait des pas derrière lui. Il se retourna, le revenant était là qui le suivait, tenant toujours à la main sa terrible pioche. Alors il se crut perdu, et il invoqua à nouveau la Vierge Marie. Par moments, il lui semblait sentir comme un souffle de du fantôme ; alors il courait plus vite. Lorsqu’il arriva au village, il voulut entrer dans la première maison, mais des flammes s’interposèrent entre lui et cette maison et il fallut avancer plus loin. Enfin, il arriva devant une autre maison ; brusquement, il se lança contre la porte et frappa. On vint lui ouvrir, et on le trouva étendu par terre, évanoui. On eut toutes les peines du monde à la ranimer.

Aujourd’hui, il ne reste plus rien de la vieille maison, et on a peu près oublié le revenant. »

D’après Henri Hugon (1869-1944) « Les légendes du Velay » - Réédition du Musée de Saint-Didier

Mai 2015



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