Message d'information du propriétaire de l'arbre

close

Commencée il y a une vingtaine d'années, cette généalogie réunit plus de 59 000 individus. Plus de 23 000 ascendants directs identifiés.

Mes recherches relèvent de la tradition généalogique (documents familiaux, Mairies, Archives Départementales) et se sont complétées au fil du temps par les réseaux  que sont les cousinages, les forums, les membres de Geneanet,  les  échanges fructueux avec d'autres passionnés et de façon non négligeable que sont  les sites  privés ou  détenus par les associations.

A l'instant,  la machine à remonter le temps est placée  au niveau de « Berthe Au Grand Pied » et à Pépin Le Bref  non sans avoir cité  Rollon Ier de Normandie qui nous vient du peuple viking.

Cette généalogie est complétée par des apartés thématiques liés au contenu de ma chronique familiale.

Que soient remerciés, ici, celles et ceux qui m'aident dans la réalisation de cet Arbre Généalogique, ils sont cités dans mes sources.

 Chronique familiale



  SAINTE-FLORINE : LA GRĖVE DES BOULANGERS (1903) ©




locom.gif


Après une fin d’année 1902 douloureuse1 pour les habitants de Sainte-Florine où la fermeture définitive du puits de Bouxhors 2 a touché un nombre important de familles , les florinois vont connaître au mois de mars 1903 une pénurie de pain.

Les 3200 résidents vont se trouver, malgré eux, les victimes d’une lutte politico-corporative opposant la municipalité socialiste et les boulangers de la localité.

C’est une ambiance délétère qui règne dans la localité. Forte des décisions nationales, la municipalité veut éliminer du champ public les Congrégations Religieuses et deux camps s’affrontent. N’a-t-on pas interdit aux prêtres de porter la soutane ? Des pétitions circulent sous le manteau et chacun s’affronte par communiqués de presse.

1 Sainte- Florine - Une page de l’anticléricalisme et du mouvement ouvrier (1900 – 1902) giphy.gif
2 Situé à la limite des communes de Sainte-Florine et de Vergongheon.

Assistance_aux_obseques.jpg

La municipalité de Sainte-Florine a interdit le port de la soutane sur la voie publique (Arrêté municipal du 14 juin 1900) .
Pour être présent à l’inhumation du défunt au cimetière, le prêtre doit prendre place dans un véhicule fermé.


Sommaire

 1 - LES RAISONS DE LA COLÈRE


En fin de l’année 1902, pendant la période des grèves, les boulangers et autres commerçants ont soutenu le mouvement social en accordant des facilités à leurs clients allant jusqu’à 45 jours et permettre ainsi aux familles de subsister.

Mais en début de 1903, la corporation fait preuve d’une grande détermination face au refus du maire Parrassols d’augmenter le prix du pain.

En juin 1900, alors que les farines valaient 30 francs le quintal, le maire avait pris, un arrêté visant à limiter le prix du pain à 0,30 franc pour la première qualité et à 0,25 franc pour la seconde.

Depuis cette époque, les boulangers de Sainte-Florine se sont toujours conformés à l’arrêté municipal.

Mais depuis le début de l’année 1903, le prix des farines s’est constamment enchéri pour atteindre 33,50 francs le quintal.

Compte-tenu de cette réalité économique, les boulangers considèrent qu’ils ne peuvent plus vendre le pain au prix fixés par l’arrêté municipal.

Alors que prix du pain en Haute-Loire et dans les départements limitrophes est passé à 0,35 franc sans opposition des municipalités, forts de ses droits, la corporation a présenté au maire « une réclamation les autorisant à vendre le « pain blanc » au prix de 0,35 franc et le « pain bis » à 0,30 franc ».

Chaque fois qu’ils se présentaient en mairie, le premier magistrat est absent ainsi que son adjoint. Le secrétaire de mairie se borne à prendre note et assure que la réclamation sera transmise au maire

A cette période, il convient de le préciser, le maire Louis Parassols, militant actif de la cause socialiste, est plus souvent à Paris qu’auprès de ses administrés, d’où les raisons de ses absences.

Face au mutisme municipal, les boulangers jugent qu’ils ne peuvent vendre le pain à perte et décident d’augmenter d’eux-mêmes le prix du pain.


 2 - LA RĖACTION DE LA MUNICIPALITĖ


Le premier jour de l’augmentation se passe en toute quiétude. Mais le deuxième jour, la population est prévenue par tambour de ville que le prix du pain est toujours fixé respectivement à 25 et 30 centimes et chaque boulanger est invité à appliquer l’arrêté municipal en la matière.

Les boulangers font fi de cette intervention et vendent le pain selon leur désir.

Les conseillers municipaux crient « Halte-là ! aux boulangers ». Flanqué du garde-champêtre, un élu florinois se présente dans les boulangeries et demande le prix du pain ; la réponse est unanime « trente-cinq centimes ». Et l’élu de faire signe à son chaperon qui articule la formule « Au nom de la loi, je vous dresse procès-verbal ».

C’est ainsi qu’à compter du 2 mars 1903, les boulangers cessent de fabriquer du pain. Ils sollicitent l’intervention du sous-préfet de Brioude, mais ce dernier les renvoie auprès du maire, seul en capacité, de modifier l’arrêté municipal.

L’adjoint au maire, accompagné de deux conseillers sont partis pour Brioude d’où il ramène un char de pain. Mais la quantité est insuffisante. On a recours aux boulangers de Brassac, Jumeaux, Auzon et Vergongheon qui assurent vaille que vaille le ravitaillement.

La municipalité Florinoise a d’ores et déjà contacté deux propriétaires de fours de Brassac-les-Mines et s’est assurée du concours de deux ouvriers boulangers. Elle envisage sérieusement la création d’une boulangerie coopérative ; une réunion se tient à la Bourse du Travail au cours de laquelle est proposée la création d’un établissement coopératif. On décide de lancer une souscription de 500 actions à 20 francs.


 3 - LE MĖCONTEMENT DE LA POPULATION


Mais la population est mécontente. Insuffisance des quantités livrées à laquelle d’ajoute la mauvaise qualité d’un produit qui se conserve mal et que les plus faibles ont bien du mal à digérer.

Les florinois ont de plus en plus de mal à se satisfaire « du pain de ravitaillement » et une affiche apposée par la mairie ne les incite pas à être optimistes. « La taxation du pain à 30 et 25 centimes reste maintenue jusqu’au 15 mars ».

La municipalité compte sur la création de la boulangerie coopérative. On précise que les versements sont reçus tous les soirs en mairie. Les souscripteurs les plus nombreux sont les verriers et les plus optimistes entrevoient son ouverture à Pâques.

Mais quelques jours plus tard, on désenchante. Comment obtenir à ce que les boulangers de Sainte-Florine consentent à vendre le pain moins cher que dans les localités voisines, y compris Brioude !

Les adhésions à la Coopérative n’ont pas le succès annoncé. Des hésitations apparaissent de plus en plus nombreuses et les souscripteurs potentiels sont dans l’expectative.

Manifestement, la population souhaite qu’une solution à la crise intervienne dans les plus brefs délais.


 4 - UN COMMUNIQUĖ LACONIQUE


La presse du 23 mars 1903 informe la population que les boulangers ont décidé de relancer l’activité de leur four dès ce jour. Cependant, par l’intermédiaire du premier adjoint, « le pain municipal » est fourni aux Florinois qui le souhaitent. Toujours dans l’optimisme, la municipalité annonce l’ouverture de la boulangerie coopérative pour le 1er avril prochain.

Fausse alerte le 27 mars, à cette date, les boulangers sont toujours en grève et la fourniture du pain est assurée par « une boulangerie qui s’est montée à Brassac ». Serait-ce la boulangerie coopérative annoncée ?

Le 31 mars, les boulangers lèvent la grève et vendent le pain au prix de …. 25 et 30 centimes !


 5 - EN FILIGRANE…


Mais en filigrane se dessinent les élections municipales de l’année suivante. Le scrutin est fixé aux 1er et 8 mai 1904 où s’affrontent deux listes de candidats. Une conduite par le maire sortant Louis Parassols sous l’étiquette « socialiste » et la seconde qui se revendique « d’union républicaine démocratique ». Les électeurs florinois doivent choisir 21 conseillers municipaux, le nombre de votants exige 404 voix pour être élu dès le premier tour.

Au premier tour, trois conseillers sortants sont réélus mais le maire n’obtient que 371 voix le plaçant au 38e rang sur les 42 candidats. Deux de ses lieutenants se classent au 40 et 41e rang.

La seconde liste obtient six élus et les conseillers sortants qui se sont faits particulièrement remarqués lors du mandat de Parassols sont éliminés.

Au terme du scrutin du 8 mai 1904, le conseil municipal est alors composé de 15 élus sous l’étiquette « socialiste » et de 6 élus « républicains ». Est élu maire, M. Arnaud Bellony « radical-socialiste », tandis que MM. Philippe Cellier et François Craponne qualifiés de « socialiste » prennent les places d’adjoints.

« Tout ça … pour ça » la population a été privée de pain bien local pendant 29 jours ! …


Biscuits_Ventadour.jpg Biscuits_Ventadour_1.jpg

Sainte-Florine : La Biscuiterie Ventadour au début du 20e siècle
La présence de cette famille de pâtissiers est connue depuis 1893


Main.gif Traquenard dans une auberge - Anzat-Le-Luguet (1902) <<< ∞∞∞∞∞ >>> Faux médecin mais véritable escroc à Siaugues-Saint-Romain (1928)

SOURCES & BIBLIOGRAPHIE
  • Collection « Presse auvergnate » des Bibliothèques et médiathèques de Clermont – Auvergne –Métropole :
    • Journal « Le Moniteur du Puy-de-Dôme » : éditions du 1er mars au 3 avril 1903,
    • Journal « L’Avenir du Puy-de-Dôme » : éditions du 1er au 31 mars 1903.

Janvier 2019




INDEX THÉMATIQUE

BSP_BLOG_MARIA.JPG Geneawiki.jpg Clermont_Auvergne_metropole.JPGLogo La Ruche_1.JPG


Index des pages