Message d'information du propriétaire de l'arbre

close

Commencée il y a une vingtaine d'années, cette généalogie réunit plus de 59 000 individus. Plus de 23 000 ascendants directs identifiés.

Mes recherches relèvent de la tradition généalogique (documents familiaux, Mairies, Archives Départementales) et se sont complétées au fil du temps par les réseaux  que sont les cousinages, les forums, les membres de Geneanet,  les  échanges fructueux avec d'autres passionnés et de façon non négligeable que sont  les sites  privés ou  détenus par les associations.

A l'instant,  la machine à remonter le temps est placée  au niveau de « Berthe Au Grand Pied » et à Pépin Le Bref  non sans avoir cité  Rollon Ier de Normandie qui nous vient du peuple viking.

Cette généalogie est complétée par des apartés thématiques liés au contenu de ma chronique familiale.

Que soient remerciés, ici, celles et ceux qui m'aident dans la réalisation de cet Arbre Généalogique, ils sont cités dans mes sources.

 Chronique familiale



  LES CARNETS DE TANTE ANAÏS : RÉCITS, MYTHES ET TRADITIONS …
Chapitre 6


PLUS DE 300 TEXTES EN LIGNE

Diablotin_Blog.jpg



livre_078.gif



Main.gif Vers le sommaire complet de tous les textes


Chapitre 1fleche._Simple_G.gifChapitre 2 fleche._Simple_G.gifChapitre 3 fleche._Simple_G.gifChapitre 4 fleche._Simple_G.gifChapitre 5 fleche._Simple_G.gifChapitre 6 fleche._simple_Bas.gifChapitre 7 fleche._simple_D.gifChapitre 8 fleche._simple_D.gifChapitre 9 fleche._simple_D.gifChapitre 10 fleche._simple_D.gifChapitre 11 fleche._simple_D.gifChapitre 12 fleche._simple_D.gifChapitre 13 fleche._simple_D.gif Chapitre 14 fleche._simple_D.gif Chapitre 15 fleche._simple_D.gif


Sommaire

 1 - LA TRIOURA DAS FADAS -TAILHAC


Tailhac.jpg« Sur une petite éminence de La Margeride, à une lieue sud-ouest de Talhac, on voit encore les restes d’un, ou plutôt de deux autels druidiques considérables. Aux dimensions colossales des pierres, à la façon dont elles sont disposées, il est impossible de méconnaître la cause première de leur présence en ce lieu. L’autel principal avait peu près la forme cubique : quatre dalles plantées en terre formaient les côtés ; une cinquième, plus large que les autres, devait être la table des sacrifices ; la dernière servait de pavé. Sous celle-ci était une espèce de caveau, dans lequel on pénétrait au moyen de quelques marches.

A deux pas en avant de cet autel s’en trouvait un second plus petit, plus endommagé qu’on nommait vulgairement dans le pays Crèche de l’Ane, sans doute parce que les visiteurs attachaient là leurs montures.

On dit qu’un paysan, qui espérait trouver un trésor dans le mystérieux caveau à demi comblé, tenta des fouilles en cet endroit, mais les recherches furent dirigées avec si peu de précaution, que le malheureux faillit rester victime de sa cupide curiosité. Le terrain s’éboula sous ses coups de pioche ; les pierres latérales s’écartèrent, la table fut renversée.

La foule, qui puise presque toujours ses enseignements dans les traditions mensongères des veillées de village affirma longtemps que des fées blondes et pâles venaient toutes les nuits sur ce tertre.

« Quand l’ombre couvre les montagnes, dit la légende, les petites fées quittent en silence le bois de Gilbertez, où elles se réfugient pendant le jour. Elles cheminent en filant leur quenouille de laine blanche et noire , et portent sur leur tête, sans le moindre effort, ces énormes pierres de Talhac, dont une seule écraserait vingt hommes. Quand elles sont arrivées, elles déposent leur fardeau qui leur sert pour s’asseoir ; puis tout en continuant leur travail, elles prédisent l’avenir aux bonnes gens de ce pays ».

D’après Francisque Mandet - « Velay et Auvergne » - Contes et Légendes recueillis par Régis Marchessou Imprimeur – Editeur au Puy en Velay – 23 Boulevard Carnot – 1903

Autres versions :
- Les Dames Blanches de Tailhac présentée en avril 2017
- Les Pierres de Fées présentée en novembre 2015


 2 - LA LÉGENDE DE LA DAME BLANCHE - CHOMÉLIX


Dame_Blanche.jpg« A l’est du château d’Arzon et sur le versant méridional de la montagne, on vit un rocher dont l’arête est entaillée en forme de chaise à bras ou fauteuil. Ce lieu est hantée par la Dame Blanche, la mystérieuse Dame Blanche et son siège se nomme, en langue vulgaire : Tsadeyra de la Dame (Chaise de la Dame).

Habitante du désert, la Dame blanche fait entendre ses gémissements pendant les nuits les plus sombres et mêle ses cris au bruit du vent et des eaux. Mais pendant les orages nocturnes, - alors que la foudre, non contente de ses grondements ordinaires, emprunte la voix des montagnes voisines pour inspirer à la terre une frayeur plus vive, - la Dame Blanche apparaît sur son siège à la lueur des éclairs, de bout, les yeux en pleurs, les cheveux flottants, la tête couronnée d’une auréole de lierre phosphorescent. Elle tient son bras étendu vers l’Orient et semble indiquer du geste la route que le voyageur doit suivre pour ne pas s’égarer et périr dans les abîmes. Après une attente, qui n’a de mesure que la nuit sombre et tempête, elle s’assied, verse des larmes de feu qui s’allument en tombant et s’éteignent sur les plis de sa robe moirée, pousse un cri de désespoir et d’angoisse que l’écho dédaigne, et disparaît comme une vapeur légère. »

D’après l’Abbé Payrard - Notice sur le château d’Arzon – Imprimerie M.P Marchessou – Le Puy


Autre version de la légende :La Tsadaïre de la Damma



Décembre 2014



 3 - LA LÉGENDE DU PONT DE L’ENCEINTE - YSSINGELAIS


Le_Pont_de_l_Enceinte.jpg« Près de la maison qui est avant le pont existe une source miraculeuse. On rapporte qu’une certaine Marie-Marguerite, religieuse au couvent de la Séauve, étant atteinte d’une affreuse maladie, sorte de lèpre, errait dans les bois. Elle apparut par une journée sombre au milieu d’une lumière éclatante et se rendit au lieu où est la source qu’elle fit jaillir et y revint à plusieurs reprises pour s’y désaltérer, et à chaque fois elle creusait avec un petit marteau la roche granitique jusqu’à ce qu’elle eut creusé une excavation circulaire en forme de coupe dans laquelle elle pût boire plus commodément. Cette cavité dans laquelle coule la source est circulaire. Il y a quelques années, le propriétaire de la maison voulut extraire un rocher au-dessus de la source, et l’eau cessa de couler. On fut obligé de faire dire nombre de messes, après quoi la source reparut. »



D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)


Décembre 2014



 4 - LE DRAYE A SAUGUES


Saugues.jpg« La Seuge, rivière limpide et poissonneuse prend sa source sur les plateaux de la Margeride, dans la commune de Chanaleilles, et réunit, après un parcours de vingt cinq kilomètres, ses eaux à celles de l’Allier au-dessous du village de Prades. Elle arrose dans son cours capricieux à travers le canton de Saugues les belles prairies de cette ville et, près de la ferme de Luchadou, bâtie sur les ruines de l’ancien château de ce nom, elle bondit sur des amas de roches, tombe en cascade et produit une chute appelée Saut du Luchadou.

Quand la lune répand une douce lumière sur les prairies, il n’est pas rare de voir, disent les habitants du pays, un cheval à la robe éclatante de blancheur et à la fière encolure, fouler d’un pas rapide les gazons fleuris des bords de la Seuge, dresser sa tête altière, humer l’air parfumé des nuits d’été et pousser de longs hennissements.

A cet appel, les enfants préposés à la garde du bétail accourent avec empressement, montent à l’envi sur le dos du noble coursier qui, se dirigeant alors vers la rivière, y précipite ses innocentes victimes.

Ce cheval blanc, le lutin ou le Draye est doué d’une propriété singulière, celle d’allonger sa croupe au gré de ses désirs, ce qui lui permet de porter un plus grand nombre de cavaliers. Il est la terreur de la contrée et fournit chaque année à la Seuge, au grand désespoir des familles, de larges hécatombes.

On rapporte qu’un ermite des environs, consulté sur les moyens de remédier aux ravages du Draye, prescrivit à ceux qui le monteraient à l’avenir de réciter le Gloria Patri, ajoutant que, malgré ses efforts, le cheval ne pourrait désarçonner ses cavaliers et leur donner la mort. Ce qui fut dit fut fait, un soir où le Draye, chargé de vingt quatre enfants, se disposait à les noyer dans la Seuge, ils entonnèrent le Gloria Patri. En vain, pour se débarrasser de son fardeau, le cheval se dressa sur ses pieds de derrière et secoua sa croupe monstrueuse, les enfants restèrent fermes sur son dos et quand, brisé de fatigue, l’animal remonta sur la berge, on l’entendit murmurer, dans l’idiome du pays :
Sein lou Gloria PatriNin nedgeava vienta quatri »

D’après A Lascombe – Communiqué par l’abbé François Fabre, de Saugues - « Velay et Auvergne » - Contes et Légendes recueillis par Régis Marchessou Imprimeur –éditeur au Puy en Velay – 23 Boulevard Carnot – 1903

Décembre 2014



 5 - LA LÉGENDE DE NOTRE-DAME DU PUY


ND_du_Puy.jpg« En des temps très anciens, vivait près de la Borne, une femme atteinte depuis longtemps de fièvre. La Sainte Vierge lui apparut et lui dit :
« Toi qui pries au milieu des douleurs, je te sauverai. Demain tu seras guérie. Tu iras trouver l’évêque et tu lui exprimeras mon désir d’avoir sur la montagne d’Aunis une église qui me soit consacrée ».
Il en alla ainsi. On était au mois de juillet, mais en arrivant sur le rocher, l’évêque et son entourage furent surpris d’apercevoir de la neige à cet endroit. Un éclair de tonnerre retentit et sur le tapis de neige on vit soudain un cerf bondir, décrire un cercle et disparaître comme un éclair.
Les lieux prédestinés furent enclos d’une haie de buissons et les jours passèrent.
Un nouveau miracle attesta la volonté de la Vierge.
Une dame de Ceyssac, paralysée, reçut un avis céleste d’avoir à se faire transporter au rocher Corneille. Elle obéit et on l’étendit sur une dalle de pierre qui se trouvait là. Elle s’endormit et dans son sommeil, la mère de Dieu lui répéta ce qu’elle avait déjà dit. Se relevant guérie, la dame informa l’évêque Evodius.
Celui-ci aidé par l’architecte Scutarius, décida la construction du sanctuaire.
Or, un jour que le maître d’œuvre, Philippot, inspectait les travaux, les ouvriers réclamèrent du pain. Leur chef prit alors des pierres et les lança à terre. En touchant le sol, les moellons furent transformés en tourtes savoureuses. L’église fut enfin édifiée.
Evodius et Scutarius partirent alors à Rome pour y demander des reliques. En arrivant à Bellevue, ils rencontrèrent deux vieillards vêtus de blanc qui portaient des coffrets, ils les remirent à l’évêque et disparurent.
Une procession s’organisa pour le retour au Puy. Au moment où elle arrivait devant l’église, les portes s’ouvrirent d’elles-mêmes, les cloches sonnèrent, sur l’autel s’allumèrent des buissons de cierges et l’on entendit des chants angéliques.
Le dévôt et singulier oratoire de Notre-Dame du Puy était consacré. »

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947) Lire la biographie de l’auteur

 6 - COUTUMES FUNÉRAIRES – BLESLE ET SA RÉGION


toussaint.gif« Lorsqu’un décès survient, certaines familles arrêtent le balancier de l’horloge et se font un devoir de placer un nœud de crêpe noir sur les ruches d’abeilles ; ces laborieux insectes sont considérés comme faisant partie de la maisonnée, à la prospérité de laquelle ils contribuent par leur féconde activité.

Dans la plupart des hameaux, les habitants se réunissent, à la tombée de la nuit, pour réciter la prière du soir et le chapelet autour du lit du mort de leur compatriote défunt.Quant au costume de deuil, il reste généralement de couleur noire ; cependant on rencontre ça et là, quelques femmes âgées qui continuent à se couvrir d’un voile en toile blanche pour accompagner leurs morts au cimetière.

A Chadecol et à Bousselargues près de Blesle, lorsque le cercueil quitte la mason mortuaire pour la cérémonie des obsèques, les amis du défunt aspergent à tour de rôle le corbillard avec de l’eau bénite, puis brisent le verre qui la contenait contre une muraille pour symboliser la séparation du décédé de ceux qui subsistent.

Dans beaucoup de localités persiste l’usage de faire précéder le corbillard funèbre de plusieurs draps mortuaires, coutume qui permet aux différentes sociétés ou corporations de prendre part plus effective aux funérailles ; toutefois, de nos jours, cet usage tend à se raréfier. Au retour du cimetière, on distribuait des aumônes aux pauvres, et dans quelques endroits le repas familial est suivi de récitations « des grâces » qui, il y a quelques années, constituaient un genre de litanies funèbres très expressives.A Saint-Etienne sur Blesle, la fête des morts se célèbrent le jeudi de l’Ascension ; les habitants de cette petite commune auxquels se joignent de nombreux bleslois, font un cortège « l’ascension » de la montagne abrupte sur laquelle se trouve le cimetière près duquel était érigée l’ancienne église paroissiale, remplacée par celle du village du Cheylat.

On pourrait citer certes d’autres coutumes funéraires particulières à quelques localités ; elles indiquent toutes que le culte des morts, pendant le mois de novembre spécialement, est toujours suivi dans la musique qui, à l’église Brioude, avait remplacé l’antique « serpent », sorte d’ophicléide en forme de reptile qui servait à accompagner les motets funèbres ; en dernier lieu il avait été remplacé par l’alto ou baryton dont les derniers titulaires furent le père Toucheboeuf dit « Tinette », Boyer et Chevalier. Les sons de ces instruments retentissaient en lugubre plainte dans les rues de la ville pendant les enterrements. »

D’après l’ Abbé Julien Lespinasse – Chroniques du Brivadois – Un peu d’histoire locale – Edition « Almanach de Brioude » - 1965

Novembre 2014



 7 - LA BERGÈRE BONITE - AZÈRAT


« Bonite était une bergère d’Alvier1, qui faisait paître ses moutons sur les bords de l’Allier. Elle était si dévote à son seigneur saint Julien, qu’elle allait tous les jours dire sa prière sur le tombeau du martyr. Alors elle plantait au milieu du pâturage sa houlette, qui gardait son troupeau comme une personne naturelle, et attachait à un buisson d’aubépine sa quenouille, qui filait toute seule la toile dont elle faisait ses chemines.

Que les eaux de la rivière fussent ou non débordées, elle passait l’Allier à pied sec. Dans une de ses excursions aériennes, Bonite tomba entre les mains d’une bande de gens armés qui, voulant s’emparer de Brioude par surprise, s’étaient embusqués dans les bois qui bordaient alors l’Allier. Ces rôdeurs de nuit étaient des Anglais dont une de leurs bandes s’était avancée dans les environs de Brioude. Ne pouvant prendre de force la ville bien fortifiée, ils comptaient l’enlever de nuit par un coup de main ; pour cela, ils attendaient tapis dans broussailles, sous les arbres, l’instant favorable, sans faire le moindre bruit.

Ce fut cause que Bonite, volant comme un étourneau, selon son habitude, au tombeau de saint Julien, tomba dans la gueule du loup. Ce loup, heureusement n’avait pas de si grandes dents que celui qui croqua le petit Chaperon Rouge, car après avoir fait une grosse peur à la naïve pastourelle, il la laissa partir pour la ville, en lui faisant jurer sur les livres saints, dont les Anglais avaient fait provision à l’une des églises qu’ils avaient pillées, de ne révéler à aucun chrétien, ni même à âme qui vive, la présence de l’ennemi prêt à marcher sur Brioude.

Bonite jura tout ce qu’on voulut ; mais, chemin faisant, elle était toute triste et dolente, car elle désirait sauver l’église et le tombeau de saint Julien de la dévastation, de l’incendie, de la profanation, et ne voulait pas non plus, en se parjurant, un péché mortel.

Bonite s’en vint à Brioude, disant tout le long de la route, la tête baissée, sans parler à âme qui vive, ne s’adressant qu’aux pierres du chemin, en patois d’Alvier ; Peïre, peïre, ieie te diso que lis Englès sount à la ribeïre ; ce qui se traduit en français : « Pierre, pierre, je te dis que les Anglais sont à la rivière ». Ce qui l’entendirent répéter toujours ses mêmes mots, crurent d’abord que la bergère d’Alvier était devenue simple et s’en moquèrent . Enfin, on finit par pressentir la vérité, et les miliciens de la ville, allant à la découverte du côté de l’Allier, découvrirent les Anglais, dont ils ne firent qu’une bouchée, les ayant surpris à demi-endormis, au moment où ils venaient de vider les tonneaux de bon vin vieux enlevés au Bénédictines de Lavaudieu.

Les habitants et les chanoines, rendirent alors des actions de grâce à Bonite, déposèrent après sa mort, ses restes dans un reliquaire placé à côté de saint Julien ; puis, l’église de Brioude la béatifia ».

1Alevier, village de la commune d’Azérat (Haute-Loire)

D’après Amédée de Saint-Férréol - « Velay et Auvergne » - Contes et Légendes recueillis par Régis Marchessou Imprimeur –éditeur au Puy en Velay – 23 Boulevard Carnot – 1903

Novembre 2014


Autre version de la légende : Sainte Bonnette d’Alvier
Sainte Bonnette toujours fêtée en 2014
2014_10_31_La_Ruche.JPG

Journal La Ruche de Brioude - 31 octobre 2014


 8 - NOTRE-DAME TROUVÉE DE LA VOUTE-CHILHAC


N.D_Trouvee_Lavoute_Chilhac.jpg« Le 10 juillet 1496, deux filles âgées de six à sept ans, prenant plaisir de battre les pierres une contre l’autre sur le rivage de la rivière Allier pour faire du feu, en prirent une assez grosse et la jetant contre une autre, elle se fendit en deux pièces, d’où sortit une petite image de Notre-Dame, tenant le petit Jésus sur le bras gauche, peinte en or et azur, la tête découverte, le poil blanc, cinq fleurs de lis sur la robe, avec une étoile sur la poitrine.

Ces enfants criant à la merveille, tout le monde y courut et entre autres certains soldats du sénéchal d’Agenois qui étaient logés là. Ils furent tous ravis de voir la beauté de cette image qui surpasse de peu la grandeur d’une amande et se résolurent d’en faire présent à leur capitaine qui la reçut avec beaucoup d’honneur et se sentant divinement inspiré, il jugea à propos de la mettre à l’église des religieux, afin qu’on l’honorât au lieu où on l’avait trouvée. Ce qu’il fît sur le champ, ne réservant qu’une partie de la pierre d’où elle était sortie. »

D’après Branche « Vie des Saints et des Saintes d’Auvergne et du Velay » rapporté par Ulysse Rouchon - Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

Novembre 2014



 9 - LE CULTE DE SAINT ROCH EN BRIVADOIS


Saint_Roch_2.jpg« Bien rares sont les églises de la région brivadoise qui n’ont point leur statue de Saint-Roch ; nos populations aiment à contempler et à prier le « bon Saint Roch » revêtu de l’habit de pèlerin, portant l’attribut traditionnel, la coquille de Saint-Jacques, avec la gourde attachée au bâton ; le saint à la jambe nue, et un chien, son inséparable compagnon, s’appuie sur lui, léchant la plaie de la cuisse ou tenant une sébille à la manière des fidèles toutous des « pauvres aveugles ». Souvent le chien tient entre ses crocs un pain, en souvenir de la nourriture qu’il portait au saint lorsque celui-ci vivait retiré dans son hallier.

Quelle charmante bonhomie dans ces représentations délicieuses et naïves du grand saint de Montpellier qui, au début du XIVe siècle, fut le grand guérisseur des pestiférés languedociens.

Et lorsque, au XVIIe siècle, la peste fit son apparition dans nos contrées, on éleva en l’honneur de Saint Roch des églises et des chapelles ; on plaça sa statue dans presque tous les chefs-lieux de paroisse, et le peuple lui témoignait sa reconnaissance en organisant des cérémonies, des processions qui n’ont pas été interrompues et subsistent encore à beaucoup d’endroits.

C’est à cette époque que Saint Roch est devenu le patron principal ou secondaire des paroisses de Chavagnac, Domeyrat, Sembadel, Collat, etc. ; c’est à cette époque que furent construites les chapelles rurales de Preyssat (paroisse de Chaniat), de Langeac (sur la butte qui porte encore le nom de Saint-Roch), de Léotoing, de Saint-Arcons-d’Allier, de La Vernède (près de Saint-Didider-sur-Doulon), de Tapon (paroisse de Saint-Ilpize), chapelle érigées sous le vocable de Saint-Roch. Dans celle de Preyssat, il y a, chaque année un reinga très suivi ; quand à celle de la Vernède, elle est le but d’une grande procession qui a lieu le jeudi de l’Ascencion ; la procession du saint se fait au jour de sa fête, le 16 août , mais seulement dans les rues du bourg.

Dans plusieurs localités Saint Roch est invoqué pour la préservation des maladies épidémiques et aussi pour la protection du bétail. Ces deux circonstances en ont fait un saint très populaire parmi les habitants de nos campagnes ; et il semble qu’il manquerait quelque chose à l’âme française de nos paysans, à l’âme de nos pères et à la nôtre, si nous n’avions pas dans nos églises « Saint Roch et son chien »

D’après l’ Abbé Julien Lespinasse – Chroniques du Brivadois – Un peu d’histoire locale – Edition « Almanach de Brioude » - 1965
Crédit photo : Site de la Commune de Saint-Didier-sur-Doulon

Novembre 2014



 10 - SAINT ANTOINE DE BILHARD – MONISTROL-SUR-LOIRE


Les_gorges_de_Bilhard_2.jpg« En ce temps là, vivait à Monistrol, un bien digne homme du nom d’Antoine. D’une grande piété, il passait sa vie en prières. Prières avant les repas, prières après les repas, prières le matin, prières le soir, prières encore. Il priait même en marchant et vous répondait brièvement entre deux Pater ou deux Ave.

Tant de ferveur lui avait valu une grande réputation de sainteté. Et, cependant, Antoine priait toujours, ne cessant d’implorer le pardon divin. Il imposait à son corps les plus dures mortifications, mangeant à peine, travaillant ferme et dormant peu. Souvent même on le surprit, frappant la terre de son front et pleurant à chaudes larmes, en criant : « Miséricorde, seigneur ; miséricorde pour le pauvre pêcheur. »

Dans ses promenades, taciturne et courbé, fuyant toute compagnie, il allait s’isoler dans une grotte, le long du ruisseau de Monistrol. « Je passerai là, dit-il un jour, une nuit de prières, à genoux et sans lumière. »

« Je le tiens, se dit le diable, qui depuis longtemps veillait ; je le troublerai dans ses prières. Il tremblera dans sa grotte, et quittera la place. J’aurai raison de cette ferveur et il verra quelle est ma puissance. »

Dès que la nuit tomba, Antoine entra dans la caverne et se mit en prières.

A ce moment précis, le ravin s’emplit de mouvement et de bruit.

Des cris atroces éclatèrent de toutes parts : hurlements aigus, sifflements stridents, grondements terribles, bruits de chaînes qu’on traîne, carillons échevelés, cri d’animaux, concert affreux dont seuls sont capables les diables de l’enfer menés par la baguette du vindicatif Bilhard.

Les rochers entrèrent dans la danse et se mirent à gambader, sauter, rouler, autour de la grotte, qui semblait s’écrouler sur le lieu saint. Tantôt même ils sautaient d’une rive à l’autre, comme lancés par un bras terrible, capable de jouer au palet avec leur masse. Les eaux du torrent produisaient un bruit pareil à celui des vagues de l’océan.

De soudains arrêts, plus effrayants que le bruit, portaient la mort dans l’âme d’Antoine.

« Vade retro Satanas, s’écriait-il, ayant reconnu la main du diable dans tout son vacarme, Ave Maria, sicut erat, vade retro Satanas. » Les conjurations les plus puissantes semblaient n’avoir point de prise sur le diable.

Quelques lutins s’enhardirent même jusqu’à monter leurs figures à l’entrée de la grotte et les mains crochues vinrent tirer le saint par sa robe.

Antoine frémissait de tout son être au contact de ces suppôts de Satan et multipliait les Ave Maria. Un diable, suprême malin, vint, par une ouverture sise au-dessus de la tête du saint, épancher sur lui un liquide innommable.

C’en était trop.

Dieu jugea l’épreuve suffisante. Il envoya un ange au saint persécuté. Ce dernier parut à l’entrée de la grotte :
- « Ta pénitence est finie ; Dieu est satisfait. Miséricorde au pauvre pêcheur. » - « Vade retro Satanas », lui cria Antoine, croyant que le diable usait d’un stratagème pour le surprendre.
L’ange surpris d’un pareil accueil, se retourna vers le ravin et étendit la main.

L’effet fut foudroyant. Diables et diablotins sentirent sur le champ la colère divine s’appesantir sur eux. Le diable insulteur, changé en rocher, prit la forme d’un moine encapuchonné dont la tête penchée semble encore aujourd‘hui s’humilier vers la grotte. »

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)Lire la biographie de l’auteur

 11 - LE MIRACLE DE SAINT PRÉJET – BRIOUDE


Saint_Prejet.jpg « Il y avait un horticulteur, Fiacrou de son surnom, qui habitait dans le rue Sainte-Barbe ; pas trop vaillant, il était plus souvent au cabaret que dans son jardin, et tirait plus de carottes qu’il n’en récoltait. Aussi la misère claquait des ailes dans son garde-manger.

Pour parler à tort et à travers, crier comme un perdu et faire : « Coua ! Coua ! « à la vue d’un curé, il n’était pas en reste, vous l’auriez entendu jusqu’au pont de Lamothe.

Lorsque les pénitents processionnaient, il suivait en chantant de drôles de cantiques.

Il en fit tant qu’à la fin la maréchaussée intervint en lui remettant une convocation : il était redevable d’une somme de sept ou huit francs envers un homme de Paulhaguet, et, ma foi, on ne lui faisait qu’un délai de huit jours pour payer, sans quoi… en avant la saisie, la vente aux enchères et les huissiers.

Il était fanfaron, mais cela lui cloua le bec. L’oreille basse, très péteux comme si on l’avait fessé, entra chez le Lami Saïpé, un arcandier, expert pour inventer une farce.
- Dis, Lami, me rendriez-vous service ? »
- « Si cela se peut »
- « Tenez, j’ai un ennui, ce vieux pèlerin de Barbote de Paulhaguet ne veut plus m’accorder de délai, s’il patientait jusqu’aux vendanges, je compléterais la somme et me tirerais d’affaire ; mais cette sale bête est têtue, il n’y rien à faire. Dites, ne me prêteriez-vous pas vingt écus ? Je vous les rendrai à la Saint Martin ! »
L’autre, que l’envie de rire étouffait et qui ne souciait pas de paraître démuni, lui dit : « Par malheur, hier j’ai acquis mon cochon, et présentement, je n’ai pas un sou vaillant. Mais innocent, va demander à Saint Préjet de t’apporter secours, vas y, je te dis »
- « Vers Saint Préjet ? mais mon pauvre Lami, ce saint m’ignore ; je ne fréquente pas sa chapelle, et son curé ne peut pas me sentir : lorsque je le rencontre, j’imite le cri du corbeau ».
- « Cela ne concerne pas le saint, vas-y je te répète, à midi, lorsqu’il n’y personne, tu lui expliqueras et je suis certain que tu seras satisfait ; une année j’y fus, et revins bien servi ».
- « Vous croyez, Lami ? Enfin, baste, si cela ne fait pas de bien, cela ne fera pas de mal. J’irai au moment de dîner, personne ne me verra ».

Et il y alla.La chapelle était vide, mais je ne vous certifie pas que ce gueux de Lami Saïpé ne soit caché quelque part.

Mon Fiacrou, à genoux devant le saint, priait : « Brave Saint, on m’a certifié que vous étiez bon, vous ne me connaissez pas, je suis un brave homme, mais je ne crois pas aux miracles, eh bien, pour voir si vous êtes capable d’en faire, je vous en demande un.
Tenez, pour acquitter ma dette envers cet avare de Barbote, il me manque vingt écus, donnez-les moi, et aussitôt je deviens pénitent, je servirai la messe et ne crierai plus : « coua ! coua ! ».
Lorsque les enfants le crieront, je les poursuivrai et les giflerai. Cela vous convient-il, je vous donne une semaine pour réfléchir.
Je reviendrai dans huit jours, si ça fait l’affaire, vous déposerez un écu devant vous ; s’il n’y rien, eh bien, le bal ne sera pas terminé pour votre curé » Et il s’en alla.

Le Lami n’était pas le seul à s’être dissimulé , le curé, un brave homme comme il n’y en a peu, assis dans son confessionnal, entendit Fiacrou, et, ma foi, pour convertir un pareil incroyant, que n’aurait-il pas fait. Le voilà parti à quêter par-ci par-là, afin de compléter les vingt écus, mais malgré ses efforts, il ne put faire mieux que d’en recueillir dix-neuf. Le pauvre curé en était bien affligé, mais il ne pouvait faire mieux.

En désespoir de cause, il mit la somme devant la statue.A la fin de la semaine, Fiacrou revint, et en entrant dans la chapelle, du plus loin, il cria : « C’est le moment ! je viens constater si vous tenez parole : où sont les vingt écus ? »

Il courut jusqu’à la statue.
- « Ah, il y a une bourse, on ne m’avait pas dit de mentir lorsqu’on certifiait que vous étiez compatissant ! »

Et il se mit à compter : « dix-sept, dix-huit, dix-neuf ! c’est tout. Eh l’ami le compte n’y est pas, la promesse n’est pas tenue, tant pis pour vous ».

Il ramassa l’argent et s’en alla. Le lendemain, il partit pour Paulhaguet ; en chemin, il grommelait : « tout de même, pour un écu manquant, ce putain de Barbote ne m’adressera pas les gendarmes. Tout de même, il ne faut pas trop se fier aux saints, vous leur faites confiance et ils en détournent un peu à leur profit ! Tout de même, il y a toutes sortes de monde au Paradis ».

Lorsqu’il fut à Cougeat, il rencontra un jeune homme qui se rendait à Brioude.
- « D’où êtes-vous, jeune homme, »
- « Je suis de Saint-Préjet ! »
- « De Saint-Préjet ! Eh bien mon pauvre garçon, votre père ne vaut pas cher ; il m’a frustré d’un écu, mais voyez sans souci, je lui en garde une tenace rancune ! »
- « Oh ! ne dites pas ça, mon père m’a chargé de payer les Brivadois qui se considéreraient lésés. « Vois m’a-t-il dit, je ne me souviens pas des noms de tous, mais à Brioude, il n’y a pas de voleurs ! paie ! Alors, si mon père est en dette d’un écu, le voilà ; lorsque je serai de retour à la maison à Saint-Préjet, je lui dirai ».
Et il lui remit l’écu.

Fiacrou faillit s’évanouir : « Ça y est ! je suis sauvé, me voilà pénitent, bedeau, sonneur, pour un miracle c’en est un, certainement je me sanctifierai ! ».

Et, de vrai, à Brioude, on ne reconnaissait plus Fiacrou : il ne quittait plus l’église, il servait la messe, chantait les vêpres, portait la bannière des pénitents, les dévotes le dévoraient des yeux, et il ne s’enivrait que le samedi en cachette. Il fit si bien que lorsqu’il mourut, on conserva ses reliques et son prénom figura au calendrier. »

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

Octobre2014



 12 - LE SOUFFLET DE LA GUITE – AU PAYS DES BITOUX


Confessionnal.jpg « Trois fortes filles originaires des Bitoux 1 étaient descendus à Issoire pour la loue et par hasard elles avaient trouvé de bonnes places, du brave monde facile à servir.

La semaine il fallait trimer, bien travailler, mais le salaire était convenable, et le dimanche tout était parfait ; après-dîner, elles se rassemblaient toutes trois et elles allaient danser dans un auberge où il y avait un joueur de cabrette et de nombreux soldats ; là elles secouaient les fourmis de leurs jambes, et puis avoir bien gambadé elles faisaient un petit tour à l’extérieur, au clair de lune, pour écouter le chant du rossignol, et vous pouvez me croire ; le rossignol chantait !...

Elles n’auraient pas mieux demandé que cette vie se prolonge, mais la fleur des fèves noires fut vite là, le moment vint où il fallut revenir à la ferme pour faner, et elles s’en allèrent.

Mais, voilà le malheur, elles arrivèrent juste la semaine où prêchait une mission de la paroisse, et leurs parents les invitèrent à recevoir les sacrements de pénitence ! Pour ce faire, il fallait se confesser !

Se confesser !
- « Comment ferons-nous, dit l’aînée, la Marguerite Vin Blanc, jamais je ne pourrais avouer ce que j’ai fait là-bas ».
Les deux autres aussi étaient bien dans l’embarras !.

Tout à coup la Julie Poulette dit :
- « Vous ferez comme vous voudrez, vous autres, mais moi je lui dirai : « j’ai soufflé ! » il ne saura pas ce que cela peut être… souffler… il ne voudra pas passer pour un innocent, il s’en contentera, et le tour sera joué ».

La Vin Blanc et l’Eléonore Mange Bon en convinrent ; « elles diraient : j’ai soufflé ».

La Vin Blanc, un dragon, pas cachotière, passa la première dans le confessionnal et quand elle eut vidé son sac, le curé lui demanda : « Il n’y a plus rien ? »
- « Je crois bien qu’il reste encore quelque chose : j’ai soufflé ! »
- « Vous avez soufflé ! soufflé ! Quand ? et combien de foi ? »
- « Un petit coup chaque dimanche »
- « C’est beaucoup trop, ma mie, il ne faudra pas recommencer ».
Il l’a laissa partir.

La Poulette vint ensuite, et elle aussi termina sa confession en disant : « J’ai soufflé ».
- « Oh, toi aussi, Julie, tu as soufflé ! allons ma mie, aujourd’hui, je ne peux pas être méchant, mais ne recommence pas, sans quoi !... »
Et la fille s’en alla.

La Mange bon avait du toupet à l’extérieur, mais lorsqu’elle fut devant la petite fenêtre elle ne fanfaronnait plus, le curé l’aidait autant qu’il le pouvait, mais c’était laborieux pour sortir. A la fin dans un gros soupir, la fille se dégonfla : « j’ai soufflé ».
- « Soufflé !, soufflé ! vouas avez toutes soufflé ! que faisais-tu, explique moi ? »
- « Je n’ose pas le dire ? »
- « Allons, parle, n’ai pas peur, où étais-tu quand tu soufflais ?
- « J’étais assise sur un tertre ».
- « Toute seule ? »
- « Non, avec un soldat ».
- « Petite coquine, malheureuse, tu as laissé patauger ta vertu ! Tu iras en enfer, brûleras, cuiras, et ce sera bien fait ! Va-t-en, demain, je te donnerai pénitence… »

Honteuse, la drôle alla dire son malheur à a Poulette et à la Vin Blanc, et cela ne se demande pas si ces dévergondées se firent du bon sang.

Comme elles riaient à gorge déployée la Guite Borgne, une vieille bigote passa à côté d’elles.
- « Où allez-vous, Guite ? »
- « Je vais me confesser, et, pauvres petites, je ne suis pas à mon aise, je ne sais comment faire, pourtant je n’ai pas mangé de haricots ! et bien, excusez-moi, je ne fais que péter ! J’ai peur que le curé le prenne mal ! Oh, je suis ennuyée, ça n’est rien de la dire ».- « Oh ! Guite, ne vous tourmentez pas, vous n’avez qu’à dire en entrant dans le confessionnal : « Monsieur le Curé, je ne cesse plus de souffler », et cela suffira ».
- « Vous croyez petites ? »
- « Sûr, vous allez voir ! »

Et ma Guite, va se fermer dans le confessionnal, et aussitôt entrée : « Monsieur le Curé, j’ai honte, mais ne vous fâchez pas : je souffle, je ne fais que souffler ! »
- « Vous aussi, Guite, vieille comme vous êtes, vous soufflez ? »
- « Oh oui, monsieur le curé, autant que je le peux, je me retiens, mais je souffre trop, quand je souffle ça me soulage et je suis bien aise ! »
- « Malheur de malheur ! la Guite souffle ! la fleur de mes dévotes est dévergondée ! Ma paroisse est perdue ! Les enfants de Marie sont des enfants d’enfer. Allez-vous en, scandale, allez-vous en ! »

Toute affolée, la Guite s’en alla, et le curé faillit tomber raide, quand il entendit qu’elle lui criait de loin : « Ayez pitié ! J’essaierai bien, mais je ne crois pas pouvoir tenir un bouchon ».

1 Par le mot « Bitou » , on désignait ordinairement les habitants de toute une contrée de l’Auvergne située sur la rive droite de l’Allier entre le voisinage de Collat et celui du Livradois.

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

Octobre2014



 13 - LA « NIUDZIRUNA » - CHASSAGNES PRÈS DE PAULHAGUET


chapelle_de_chassagnes.jpg« Dans le village de Chassagnes, près de Paulhaguet, devant le parc du château, se trouve une chapelle dédiée à Notre-Dame de Bon-Secours ; les gens du pays l’appellent « Niudziruna », , « Nioudsuna », « Nostra-Dama de Nioudzeï », en français Notre Dame du Noyer. Cette dénomination provient d’une curieuse légende dont voici la teneur :

Aux temps passés, raconte-t-on, il y avait à la base septentrionale du pays de Chaliergue, une vaste forêt de chêne s’étendant de Salzuit à Chassagnes. La légende dit que cette forêt était l’habitat de trois fées, suivant les uns, de trois sœurs « vierges », selon les autres, mais plus vraisemblablement de trois statues de la Vierge.

Cette forêt était aussi le repère d’une bête féroce qui, préludant aux ravages de la fameuse Bête du Gévaudan, attaquait tous ceux qui s’y aventuraient. Dans leur grande désolation, les habitants des lieux circonvoisins s’adressèrent aux « trois Vierges », les priant de les délivrer de ce monstre par leur vertu. Alors s’opéra un prodige inexplicable, semblable à celui qui causa la cruelle mort du célèbre athlète Milon de Crotone 1 ; la bête fut un jour prise entre deux chênes qui se refermèrent sur elle ; aux hurlements poussés par le monstre, les gens accoururent et lui tranchèrent la tête.

En témoignage de gratitude, les Paulhaguétois, plus riches et plus nombreux que ceux des autres villages, décidèrent d’élever, à l’entrée de leur bourg, une chapelle assez vaste pour abriter les trois vierges libératrices. Lorsqu’elle fut achevée, ils y apportèrent les trois statues ; mais le lendemain, quelle ne fut pas leur surprise ?

Deux des Vierges avaient disparu elles étaient reparties dans leur ancienne résidence : celle de Salzuit, sous une aubépine toujours fleurie ; celle de Chassagnes entre les branches d’un noyer ; il ne restait plus dans la chapelle que celle de Paulhaguet. Les habitants comprirent que les deux premières voulaient rester aux endroits choisis par elles.

A Salzuit, on érigea une chapelle au-dessus de l’aubépine en fleurs : c’est Notre-Dame-de-Grâce 2 A Chassagnes, la chapelle fut construite à l’ombre du noyer où la Vierge se tenait ; c’est Notre-Dame-du-Noyer, la « Niudziruna ». Quant à celle de Paulhaguet, la statue fut plus tard placée sur la façade de la chapelle de l’hôpital. »

D’après Abbé Julien Lespinasse – Chroniques du Brivadois – Un peu d’histoire locale – Edition « Almanach de Brioude » - 1965

1Le fameux athlète Milon de Crotone a connu une fin de vie à la fois pitoyable et surprenante. Il était âgé, puisqu'il avait pris sa retraite; il était en voyage et, par hasard, il était seul. Au bord de la route, il aperçut un chêne, largement fendu en son milieu.
Il a glissé les doigts dans les creux de l'arbre pour tenter de l'écarteler. Et de fait il l'ouvrit en son milieu et l'écartela. Il a, alors, relâché la pression de ses mains et le chêne, déjà fendu en deux, a repris sa forme primitive et coincé dans son tronc refermé les mains de Milon, faisant de notre homme la proie des fauves.

2Autre version de la légende : Salzuit – La Chapelle de Notre Dame des Grâces


Octobre2014



 14 - SAINT GEORGES ET LE DRAGON – SAINT ETIENNE LARDEYROL


Saint_georges_et_le_dragon.JPG« Sur un rocher phonolithique dit Huche, non loin des roches Saint-Martin, au bord d’une partie très polie se voient trois petites croix et deux traits plus marqués.

Les paysans racontent qu’un effroyable serpent ravageait le pays ; son corps depuis le ruisseau du Rodez , qui coule au bas de la colline, entourait de ses replis toute la montagne.

Saint Georges, premier évêque du pays, arrive, monté sur un vigoureux coursier, et à coups de sabre coupe sur cette pierre le corps d’un monstre. L’échancrure de la pierre et trois petites croix qui sont auprès en indiquent la place. Les rayures profondes sont la marque des coups de sabre. Il paraît cependant que la lutte ne fut pas sans péril, car on a trouvé, ajoute-t-on, les os du cheval dans le sol du cercle de pierres. »

D’après Gilbert Conche - « Légendes & Diableries de Haute-Loire » – Collection Histoire en France

Octobre2014



 15 - LA CONFRÉRIE DES CORNARDS – LE PUY-EN-VELAY


Cornard_1.jpgCornard_2.jpg« A la fin du siècle dernier, passant près d’un village, un étranger fut très surpris de voir des gens de bonne mine danser autour d’un peuplier séculaire, puis en baiser plusieurs fois le tronc. Une telle manifestation fait soit crier au fou, soit penser à la survivance d’un ancien culte gaulois. Certains auteurs l’ont rattaché à Cernunnos, dont le front est généralement surmonté d’une forte ramure de cerf. On ne sait pas grand-chose de lui…

Mais pour un Français volontiers goguenard, le rapport est clair : au Puy, après les Guerres de religions, fut fondée la société dite Confrérie des cornards, dont témoignent deux mascarons qui ornent le numéro 16 de la rue Chamarlenc. Les confrères déambulaient en cortège excentrique avant d’aller ripailler à Saint-Germain-La-Prade, sur la rive droite de la Loire. Ils portaient une fleur jaune à la boutonnière. Ils faisaient halte près du gros peuplier aux branches fourchues sous lequel on intronisait les impétrants et élisait chaque année le grand Maître de la confrérie. On se devait bien sûr de vénérer cet arbre dit des Cornards en l’embrassant. »

D’après Gilbert Conche - « Légendes & Diableries de Haute-Loire » – Collection Histoire en France

Octobre2014



 16 - LA LESSIVE DE LA MARGOTON - CHILHAC


lavoute_chilhac.jpg « La Margoton ne faisait rien comme les autres femmes de Chilhac.

Un dimanche, quand elle eut soupé, elle dit à son Baptistin :
- Eh bien, je vais préparer la lessive, ce soir, je la laverai demain.
- Mais c’est dimanche, anuit, l’avez-vous oublié ? répondit le Baptistin. Vous voulez vous damner ?
- A quoi allez-vous penser, grand nigaud ! Croyez-vous que je me damnerais pour une petite lessive que je préparerai un dimanche ? Et plus, laissez-moi faire ! Allez-vous en ronfler tout seul, comme un verrat, si vous ne voulez point m’aider !
- J’aime mieux ronfler tout seul que de voir le diable en votre compagnie !... Vous savez ce qui arriva, chez Bourrat, l’année passée ?
- Lourdaud que vous êtes ! Vous savez, de reste, que je n’ai point volé de jardin au lieu dit « Mariette de La Croisette »… Si Bourrat a la conscience chargée du bien qui ne lui appartient pas, je suis légère, moi !

Et pour montrer à Baptistin qu’elle était légère, son épouse le saisit par le cou et le fit virer six fois …
- Comme vous voudrez, Margoton , fit le mari : si quelque chose de fâcheux vous arrive, vous le verrez…
- Oui, oui, je le verrai, n’ayez point peur, et je vous le ferai voir … Allez donc vous coucher, emplâtre !

Le Baptistin s’en alla vers son lit et la Margoton auprès de son feu. Elle y mit une botte de sarment, de grosses buches par-dessus, elle accrocha le chaudron à la crémaillère, et, pendant que l’eau chauffait, elle commença de placer la lessiveuse.

Et elle monologuait :
- Ah ! ce vil animal de Baptistin ! Le voilà qui se roule dans son lit, comme un âne qui gagne son avoine … Je pouvais me donner de la peine pour remplir ma paillasse avec de la paille d’orge… C’est lui qui use les draps, et c’est moi qui fait la lessive !... Ce méchant homme prendra ses aises pendant que je travaillerai !...

Elle en aurait dit davantage, mais d’une idée à l’autre, elle en vint à penser au feu. Elle regarda s’il brûlait bien.

Ah ! bonnes gens ! Jamais les bûches n’avaient contenu autant de résine, jamais le feu n’avait flambé de la sorte, et jamais la Margoton n’avait vu ce qu’elle vit… Elle en demeurait plantée comme une souche, elle ouvrait les yeux et elle ouvrait la bouche, et elle ne savait ni si elle devait demeurer là, ni si elle devait fuit, ni si elle devait crier…

Au coin du feu, un homme était assis, qui se chauffait. Cet homme avait un drapeau noir avec de larges bords qui couvraient un visage pointu, et il ne s’arrêtait point de dire en chauffant ses mains ouvertes : « J’ai froid !... J’ai froid !... J’ai froid !... »

Je crois que la Margoton avait plus froid que lui et que l’envie de faire la lessive l’avait quittée. Elle courut vers le Baptistin et se cacha derrière le lit :
- Dieu de miséricorde ! bonne vierge ! saint joseph ! Notre Dame de Trouvée ! soupirait la femme, aidez - moi !

L’homme au chapeau large, au coin du feu, continuait à dire « J’ai froid !... J’ai froid !... J’ai froid !... »
- Au secours, Baptistin ! Au secours ! cria la Margoton dans l’oreille du Baptistin qui ronflait.

Le Baptistin se réveilla subitement :
- Ah ! oui, dit-il en bâillant, vous croiriez de me faire lever pour vous aider ?
- Ne criez pas, Baptistin ! Le diable est dans la maison !

Le Baptistin cacha vitement sa tête dans les draps…
- J’ai froid !... J’ai froid !... J’ai froid !... disait l’autre, au coin du feu.

La pauvre Margoton s’était blottie dans la ruelle du lit, et elle pleurait et se lamentait :
- Mon dieu, mon dieu, que ferai-je ? Qu’ai-je fait de commencer la lessive anuit, dimanche !... Baptistin levez-vous !

Le Baptistin, en proie à une peur qui l’étranglait, regarda avec précaution en soulevant le linceul :
- Allez voir le curé, pauvre Margoton, autrement nous sommes perdus !

Assurément, il n’y avait que le curé qui eût quelques pouvoirs, en cette affaire. Mais, pour aller jusqu’à lui, il fallait sortir de la maison. Et si Satan se levait…
- J’ai froid !... J’ai froid !... J’ai froid !..
br>Pourtant, la Margoton résolut d’aller voir le curé. Afin de se protéger, si le diable faisait mine de la toucher, elle attacha un rameau bénit au lien de son tablier et elle suspendit un crucifix à son cou. Puis, mettant un sabot dans chaque main, elle courut à travers la maison, franchit la porte, descendit deux par deux les marches de pierre de l’escalier et galopa, telle une chienne échaudée, par la rue obscure. Vous pouvez croire, au surplus, qu’elle n’avait aucune envie de regarder derrière elle… Elle fit lever le curé et lui conta ce qu’elle avait fait, et que le diable était venu au coin de son feu.
- Vous le voyez, Margoton, répondit le curé, ce que je vous disais, l’autre dimanche en chaire : « Ceux qui œuvrent le jour du bon Dieu, ne travaillent point pour eux ; ils travaillent pour le diable !
- S’il vous plaît, monsieur le curé, ayez pitié de moi !
- J’y consens, pour cette fois, pourvu que vous ayez le ferme vouloir de n’y plus revenir, autrement je ne pourrais rien faire.
- Pour ce qui est de n’y plus revenir, vous pouvez compter sur moi, je vous le promets, monsieur le curé ; mais tire-moi d’embarras, je vous en supplie !
- Eh bien, voici ce que vous ferez ; allez vous placer devant votre escalier, et criez trois fois : « Le feu est au cimetière ! » Vous verrez comme Satan sautera. Quand il sera dehors, entrez, fermez vitement votre porte à clef et mettez-y la barre, renversez sur le feu le chaudron plein d’eau, versez le baquet par la maison, plantez lez crucifix au milieu de la table, et attendez le diable, car il reviendra, sachez-le. Mais quand il sera revenu, laissez-le crier et se débattre. Vous lui répondrez seulement s’il dit :
- Porte, ouvre-toi !
Alors vous direz :
- Par la croix, demeure fermée ! Que la diablerie s’en aille !

La Margoton, un peu moins inquiète, remercia le curé et alla crier trois fois devant son escalier :
- Le feu est au cimetière ! … Le feu est au cimetière !... Le feu est au cimetière !...

A peine eut-elle pousser le dernier cri, bonnes gens, qu’un éclair brilla devant sa porte : on entendit un bruit semblable au meuglement d’un taureau et un vent, qui sentait le soufre, souffla en rafale et faillit renverse la Margoton.

En même temps, on eût dit que se faisait entendre un chien à qui une roue de charrette a écrasé la queue, et une voix criait :
- Malheur ! J’ai perdu ma place !... Malheur ! J’ai perdu ma place !... - Malheur ! J’ai perdu ma place !...

La Margoton, tant elle était effrayée, se virait pour se sauver. Mais à ce moment, elle entendit ricaner tout près d’elle, et elle eut vite fait de monter son escalier !

Elle se hâta de fermer sa porte à clef, de l’assurer avec la barre et de faire, ensuite tout ce que le curé lui avait recommandé. Ah ! je vous assure qu’elle avait oublié son Baptistin ! Celui-ci voyait qu’il ne faisait pas bon, en ce lieu ! Il avait disparu sous le linceul et il s’était pelotonné, dans son lit, de telle façon que le diable le plus fin ne se fût aperçu de sa présence ! C’est lui qui aurait pu dire : « J’ai froid !... J’ai froid !... J’ai froid !... »

La Margoton était assise, devant sa chaise, et elle disait son chapelet.

Pan ! Pan ! Pan ! entendit-on, tout à coup, à la porte.

C’était le diable qui revenait ;
- Baquet, ouvre-moi ! cria-t-il.
- Je suis renversé, répondit le baquet.
- Feu, ouvre-moi !
- Je suis éteint !
- Chaudron, ouvre moi !
- Je suis dans dessus-dessous !
- Porte, ouvre-moi !

Et la Margoton répondit :
- Par la croix, demeure fermée ! que la diablerie s’en aille !

Le diable poussa la porte ; mais quand il vit qu’elle était fermée à clef et assurée par la barre, il se retira. En dévalant l’escalier, il cria :
- Tu peux te féliciter qu’on t’aie conseillé !... Pour un peu, je t’emportais… Tu peux remercier ton curé !...
>
La Margoton alla bien se coucher, mais je n’ai pas besoin de vous dire qu’elle n’eut point sommeil, non plus son Baptistin. La nuit lui parut autrement longue que celle de ses noces !...

Et, par la suite, ce n’est pas la femme de Menlon qui aurait voulu faire la lessive le dimanche… Ah ! Certes, non ! Ce jour-là, elle allait à la messe et se reposait, et vous ne lui auriez pas même fait virer le chat par la queue !... »

D’après Henri Gilbert « Contes populaires et légendes d’Auvergne » - Richesses du Folklore de France – Les Presses de la Renaissance - 1979

Septembre 2014



 17 - LE FAUBOURG DES CONSTANTS – CRAPONNE



Craponne_quartier_des_Constants.jpg« Charles VII, en 1438, par lettres patentes du 21 juin datées de Bourges, accorda à la ville de Craponne la permission de se clore et de se fortifier. C’était en reconnaissance de sa fidélité au roi et de la résistance que ses habitants avaient opposée aux Bourguignons. A cet acte de fidélité se rattache une tradition locale que nous devons noter.

Isabeau de Bavière avait livré la couronne de France à l’Angleterre et le duc de bourgogne attendait la soumission du Languedoc. Mais le Velay résiste, les bourguignons l’envahissent et s’emparent des hauteurs qui lui servent de ceinture. Ils marchent sur Le Puy : Craponne se trouvait sur leur route.

L’armée bourguignonne, suivant la route de Montbrison au Puy, s’étaient arrêtés à Pontempeyrat. Une femme Catherine Belloreille, simple matelassière, mais d’une énergie qu’avait grandie la guerre civile, instruite des projets de cette troupe que servait si bien dans le voisinage le sire de Rochebaron, s’en vint, toute haletante, porter la nouvelle à Craponne. Division dans la cité. On se prononce, qui pour Isabeau de Bavière, qui pour le roi. Comme toujours il arrive, le plus mauvais parti fut le plus exalté, le plus audacieux. Son exaltation, son audace se traduisent en voies de fait déplorables.

La violence allait triompher de bon droit. Catherine Belloreille, digne devancière de Jeanne Hachette, prend une lance et s’écrie : « A moi ! qui aime le roi me suive ! » La portion fidèle de la population s’enthousiasme, suit l’héroïne et se poste sur le chemin que doivent suivre les Bourguignons. L’ennemi paraît. Déjà des sentiments meilleurs sont revenus aux habitants restés dans la ville : ils se joignent à l’attroupement qu’anime encore Belloreille ; et, cette fois, tous unis autour du château 1 ils s’apprêtent à combattre. L’ennemi, jugeant l’attaque inutile ou dangereuse, passa outre. Me le lieu où s’étaient d’abord retirés les partisans du roi, prit et conserve encore le nom de Faubourg des Constants. »

1Le château de Craponne fut rasé plus tard par ordre de Saint-Vidal, le puissant gouverneur du Velay. »

D’après l’Abbé Maitrias « Esquisse historique sur la ville de Craponne » publié dans les Annales de la société d’Agriculture du Puy ( 1832)

Septembre 2014



 18 - LA TSADAÏRE DE LA DAMMA – ENTRE CHOMÉLIX ET SAINT-PIERRE-DU-CHAMP


chateau_d_arzon.jpg« Dans le commune de Saint-Pierre-Duchamp, au nord du vieux château d’Arzon, on montrait, il y a peu de temps, une dalle gigantesque posée debout, à la façon des Peulvan 1, et à laquelle se rattache une sorte de vénération singulière. On l’appelait dans le pays La tsadaïre de la Damma.

Des esprits invisibles, dit la Chronique, avaient apporté là cette pierre, sans qu’on ait pu savoir à quelle époque.

Seulement, on assurait que jadis, lorsque les nuits d’hiver étaient tellement froides, tellement obscures que les voyageurs ne distinguaient plus leur chemin et courraient grand risque de mourir glacés dans les neiges, une femme vêtue de blanc, couronnée de houx sauvage, venait s’asseoir à cet endroit et chantait en s’accompagnant d’une harpe.

Ses chants étaient d’une tristesse profonde ; sa voix, plaintive comme le murmure des vents, s’élevait par intervalles plus haut que celle de la Loire et faisait entendre par-delà le fleuve un cri mortel de désespoir ; puis on voyait s’échapper de ses yeux de grosses larmes qui tombaient enflammées et s’éteignaient sur son sein. »

1 Pierres fichées sur terre avec une grande solidité, mais sans le moindre appareil ; elles servaient à indiquer certains passages aux endroits les plus fréquentés.

D’après Francisque Mandet - « Velay et Auvergne » - Contes et Légendes recueillis par Régis Marchessou Imprimeur –éditeur au Puy en Velay – 23, Boulevard Carnot – 1903

Septembre 2014



 19 - LA LÉGENDE DE SAINT MARCEL – LE PUY


Pont_d_Estrouillas.jpg« Marcel ne fut pas évêque du Velay ; on ignore même à quelle province il appartenait. Passant un jour près d’Anis1, il sentit le besoin de prendre quelques instants de repos. Il avait fait un long voyage et il était épuisé de fatigue. La saint origine d’Anis devait lui faire croire que tous les habitants étaient religieux et hospitaliers ; il s’arrêta donc, plein de sécurité, dans le faubourg situé sur la rive gauche de la borne et il frappa à la porte des chaumières pour y solliciter la charité : mais au lieu de recevoir quelque secours, il fut brutalement éconduit et outragé.

Comme le voyageur cherchait à convaincre les paysans de l’excellence de sa foi, ceux-ci, furieux, l’entrainèrent sous un grand ormeau branchu ; ils l’attachèrent à cet arbre, lui coupèrent la tête et prirent ensuite la fuite.

Quelques heures après, le corps décapité se redressa. Le saint prit sa tête toute sanglante dans ses mains, alla la laver dans une fontaine voisine, puis la porta dévotement à l’église Notre-Dame pour y recevoir la sépulture.

La fontaine2 où Marcel mêla à l’eau son sang est aujourd’hui entourée d’une vénération et l’on prétend qu’à certains jours, notamment le jour anniversaire de sa mort, l’eau prend les couleurs rouges rappelant la fin de l’apôtre. »

1Au début de l’ère chrétienne, de ce qui est aujourd’hui la ville du Puy, bien peu de choses existaient. Il y avait dans la vallée une rivière, appelée maintenant La Borne, surplombée par deux rochers : le roc Corneille, formant le Mont Anis et le roc d’Aiguilhe. À leurs pieds, quelques maisons constituaient la petite cité d’Anicium.
2La fontaine coule entre la Borne et le pont d’Estrouilhas lieu du duel mortel entre Pierre de la Rodde et Antoine de Saint –Vidal en 1591.
Cette fontaine est située à l’emplacement du martyr de Saint Marcel.


D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

Septembre 2014



 20 - LE ROCHER DE SAINT MAURICE – SAINT-ARCONS-DE-BARGES


Barges_Bas.jpg« Dans le bois de la Griseyre, à quelques enjambées du village de Pigeyres (canton de Pradelles), se trouve un énorme bloc de granit, déposé en ce lieu, dit la légende par Saint Maurice le Légionnaire, thébain et l’ennemi juré des difformités physiques susceptibles de ravir quelques sujets au dieu des armées.

Or, dans le pays, les pieds-bots étaient nombreux.

La croyance populaire prête au rocher de Saint Maurice la vertu miraculeuse de redresser, moyennant certaines conditions, les jambes arquées, les pieds contrefaits, certaines autres infirmités analogues.

En 1550, mention est faite du rocher de Saint Maurice « oncque ne vist clame son fils cy posté les pieds bost ».

En 1902, le rocher n’a rien perdu de sa renommée. Des cantons sud et sud-est de la Haute-Loire, de la Haute-Ardèche, de La Lozère, des mères viennent à la Griseyre, leurs nouveau-nés sur les bras.

Elles s’agenouillent, placent les jambes de l’enfant dans une anfractuosité du roc, adressent par trois fois l’invocation suivante : « Saint Maurice ! Ayez pitié ! Guérissez-le ! », glissent une offrande sous le rocher, gravent une croix sur l’écorce des pins voisins et s’en retournent.

La condition sine qua non de la guérison de l’enfant est que le premier passant prenne l’offrande, s’agenouille à son tour et prie.

L’offrande est toujours prise, car les bergers des environs guettent ; ils n’omettent point la pièce, tant est respecté saint Maurice… »

D’après V. Merle - « Légendes & Diableries de Haute-Loire » – Collection Histoire en France

Septembre 2014





Gifs_Animes_Fleches_100_.gif


Main.gif Vers le sommaire complet de tous les textes


Chapitre 1fleche._Simple_G.gifChapitre 2 fleche._Simple_G.gifChapitre 3 fleche._Simple_G.gifChapitre 4 fleche._Simple_G.gifChapitre 5 fleche._Simple_G.gifChapitre 6 webmaster_fleches015h_Haut.gifChapitre 7 fleche._simple_D.gifChapitre 8 fleche._simple_D.gifChapitre 9 fleche._simple_D.gifChapitre 10 fleche._simple_D.gifChapitre 11 fleche._simple_D.gifChapitre 12 fleche._simple_D.gifChapitre 13 fleche._simple_D.gif Chapitre 14 fleche._simple_D.gif Chapitre 15 fleche._simple_D.gif


VERS SOMMAIRE

Geneawiki.jpg



Index des pages