PhilibertDRILLIEN

Sommation
L’an mil neuf cent quatorze et le douze Octobre
A la requêtede Mlle Isabelle de Murard célibataire
majeure domiciliée à Paris, 13rue de l’Université. Pour
laquelle domicile est élu à Mâcon en l’étude de Me Guillemin
avoué.
Je, Antoine BERRY, huissier près les Tribunaux séant à
Mâcon, demeurant en cette ville, rue Philibert-Laguiche, nʻ37
soussigné, certifie avoir dit et déclaré à M. Philibert DRILLEN
fermier domicilié à Vaux commune de Verzé, en son domicile ou
je me suisrendu parlant à sa personne.
Que Drillien occupe en qualité de fermieret en vertu de conventions
verbales des immeubles appartenant à Isabelle de Murard
requérante et situés sur la commune de Verzé.
Qu’au moment de son entrée dans cette ferme il lui a été
fourni un cheptel en argent de la somme de Mille francs
qu’il doit rembourser au jour de sa sortie, Qu’à ce jour Drillen
a vendu la plus grande partie du bétail qu’il possédait.
Que Drillen doit quitter la ferme à lui louée le onze
novembre prochain.
Qu’à cette date il devra à Isabelle de Murard requérante :
fermage annuel : 750 F
redevances évaluées : 42 F
cheptel fourni : 1000 F
Au total : 1792 F
Qu’il doit en outre selon les usages du pays ensemencer
les terres de la ferme qu’il occupe.
Quejusqu’à ce jour il n’a procédé à aucun des
travaux nécessaires pour cet ensemencement.
C’est pourquoi à même requête et parlant comme ci-dessus
j’ai fait sommation à Philibert Drillen d’avoir à déclarer
s’ilentend satisfaire aux obligations incombant à tout
fermier sortant eten conséquence ensemencer les terres
de la ferme qu’il doit quitter auonze novembre prochain.
Et en cas d’affirmative de m’indiquer quel jour
il commencera les travaux nécessaires.
Lui déclarant qu’à défautpar lui de les exécuter
et dans le cas où il refuserait de procéder aux ensemence-
ments auxquels il est tenu, ma requérante fera procéder
elle-même aux travaux nécessaires et à ces ensemencements
et se mettradès à présent en possession des terres à ensemencer
et des locaux de la ferme indispensable pour y procéder sous
la réserve expresse de réclamer à Drillen le remboursement
des frais qu’elle exposera et de justes dommages-intérêts.
A cette sommation Drillen a répondu : « Je ne cesse pas de
leur refaire la semaille de blé à une sortie en raison de ceque je l’ai déjà faite
à mon entrée pour la plus grande portion au moins, malgré le désir
que j’ai d’être agréable à ma propriétaire sans considération si j’en ai
l’obligation ou si j’aurais avantage à faire leur semaille, je suis dans l’impossi-
bilité absolue de le faire, parce que tout mon personnel qui m’en faisait
En marge ma culture a été mobilisé
mais je ne m’oppose
aucunement à ce que
Melle de Murard fasse
faire le nécessaire à
cet égard, étant prêt
à la faciliter autant
que je le pourrai et à
régler mon compte agréé,
elle ayant une sortie
de laferme.»
Et toujours à même requête j’ai fait défense à
Philibert Drillen de vendre ou disposer du bétail se
trouvant encore dans la fermepar lui occupée avant
règlement complet des sommes par lui dues à ma
requérante.
Avec déclaration qu’à défaut par lui de tenir
compte de cette défense madite requérante se pouvoira
contre lui ainsi qu’elle avisera.

Verzé le 19 octobre 1914
Monsieur Berry, huissier
à Mâcon
Samedi prochain, j’irai à
Mâcon et vous remettrai l’argent
que je pourrai pourm’acquitter
envers Mlle de Murard ma propriétaire.
Il va me manquer quatre à
cinq cent francs et cela en raison
de la grêle qui est tombéecette
année en deux fois (mai et juin)
et qui a détruit en bonne partie
les récoltes blé et vin.
Veuillez agréer Monsieur
mes sincères civilités
signé : Drillien